samedi 17 mai 2014

L'Axe du Dragon



L’orbite de la Lune :

Pour bien comprendre ce que sont les nœuds lunaires, il est avant tout nécessaire de bien visualiser le mouvement de la Lune dans l’espace, car notre satellite parcourt son orbite d’une manière complexe.
Au XVIIIe siècle il était vital pour les flottes des grandes puissances navales (Angleterre en tête) de déterminer avec une faible marge d’erreur, quelques milles marins seulement, la longitude d’un navire en pleine mer : le souverain anglais promit donc une récompense de 100 000 livres à qui trouverait une méthode appropriée. Comme le comprend facilement l’utilisateur contemporain des grandes lignes aériennes, qui sait bien ce qu’est le décalage horaire, se déplacer dans le sens de la longitude signifie “changer d’heure”. Pour la déterminer, il faut donc disposer d’une bonne montre. On peut la déduire en prenant compte que, en une minute de temps, aux latitudes moyennes, la Terre tourne d’environ 20 km.
Les spécialistes de mécanique céleste ont aussitôt pensé que la Lune pouvait être une excellente montre naturelle, facile à observer de partout, à condition bien sûr de reconstruire et de prévoir son mouvement autour de la Terre avec suffisamment de précision. Malgré leurs efforts, les plus grands savants de l’époque, tels Euler et Clairaut, échouèrent à trouver cette “théorie de la Lune” : aucun n’obtint la précision requise par les amiraux. Et c’est un horloger, John Harrison, qui empocha la récompense du roi George II, en 1759, pour avoir construit une horloge capable de donner “l’heure exacte” à la minute près, même après des mois de navigation.
L’échec des spécialistes du ciel n’était certainement pas dû à leur incapacité mais à l’extrême difficulté du problème d’un point de vue mathématique. Poser les équations décrivant la physique du problème – dans le cas de la Lune, les équations de Newton – était très simple… mais les résoudre l’était beaucoup moins : chaque fois qu’on avança des hypothèses simplificatrices pour réduire le problème, on finit par négliger un effet physique produisant des écarts significatifs entre la solution trouvée et les observations.

Pourquoi une orbite si compliquée ?

Pourquoi le mouvement de la Lune est-il si complexe par rapport à celui des planètes ? Le cas des orbites planétaires est particulier pour deux raisons : les planètes sont si petites par rapport au Soleil et si “espacées” entre elles que leurs mouvements respectifs peuvent être décrits avec une approximation satisfaisante en considérant comme dominante la force d’attraction gravitationnelle du Soleil et comme de petites “perturbations” les forces des autres planètes ; en second lieu, les distances des planètes entre elles et par rapport au Soleil sont très grandes comparées aux dimensions des différents corps, que l’on peut décrire mathématiquement comme des “points matériels” mobiles. Dans ces conditions, les orbites se comportent conformément aux trois lois de Kepler, qui sont :

1)    Les orbites des planètes sont des ellipses dont le Soleil occupe l’un des foyers (1609) ;
2)    Les aires balayées par le rayon vecteur joignant le centre du Soleil au centre d’une planète sont proportionnelles aux temps mis à les décrire (1609) ;
3)    Les carrés des périodes de révolution sidérale des planètes sont proportionnels aux cubes des grands axes de leurs orbites (1619).

Mais ces lois ne peuvent être ainsi appliquées à la Lune, sans autres précautions, sauf à admettre des écarts grossiers avec les observations.
Certes, la Lune se déplace sous l’influence gravitationnelle prédominante de la Terre, mais l’attraction du Soleil produit des effets non négligeables, comme Newton l’avait d’ailleurs déjà compris.
En outre, la petite distance moyenne entre la Lune et la Terre ne permet pas de considérer les deux corps comme des points : il s’agit d’objets étendus et surtout de forme légèrement non sphérique. En conséquence l’orbite de la Lune n’obéit aux lois de Kepler que très approximativement : ce n’est pas une ellipse avec configuration et orientation constantes dans le temps, et sa forme comme sa disposition dans l’espace varient continuellement, et assez rapidement. En effet, lors du précédent cours (Cours n°46 Les Luminaires Noirs), nous avions vu que : « l’ellipse ainsi décrite autour de nous par la Lune ne reste pas immobile dans son plan. Elle tourne dans ce plan autour de la Terre et cela dans le sens direct, c’est-à-dire dans le sens même par lequel elle est parcourue par la Lune. Autrement dit, la ligne des apsides tourne dans le sens direct à raison de 40°39’ en moyenne par an, ce qui lui fait faire le tour du zodiaque en 8 ans et 311 jours et demi. Ainsi, le pas journalier moyen de Lilith est de 0°06’30”. »

Les nœuds lunaires sous l’angle astronomique :

De plus, l’orbite de la Lune n’est pas située dans l’écliptique, c’est-à-dire elle n’est pas située dans le plan dans lequel la Terre se meut autour du Soleil. D’ailleurs c’est très simple à comprendre car s’il en était rigoureusement ainsi, il y aurait obligatoirement une éclipse de Soleil à chaque Nouvelle-Lune, ce qui n’est pas le cas.

Or, le plan dans lequel la Lune se meut est incliné, en moyenne, de 5°08’ sur celui de l’écliptique. De telle sorte que ces deux plans : celui de l’écliptique d’une part et le plan orbital de la Lune se coupent nécessairement. Voir graphique ci-dessous :


On appelle “ligne des nœuds” ou “axe des nœuds lunaires” la droite d’intersection de ces deux plans voir figure ci-dessus.
Ainsi, le Nœud Ascendant («) est le point d’intersection qui marque le passage de la Lune de la déclinaison Sud à la déclinaison Nord. Autrement dit, lorsqu’elle monte de dessous à dessus l’écliptique d’où le terme : ascendant.
Le Nœud Descendant (Á) est le point d’intersection opposé au Nœud Nord. Ici, c’est le lieu du passage de la Lune de sa déclinaison Nord à sa déclinaison Sud. Elle passe sous l’écliptique d’où le terme : descendant. Voir graphique ci-dessous :


L’axe des nœuds lunaires se symbolise comme suit : «Á
« = Le nœud ascendant, appelé aussi nœud nord, ou nœud boréal de la Lune, la Tête du Dragon. Les anciens le nommaient aussi : Le Caput Draconis. Les hindous le nomment : Rahu
Á = Le nœud descendant ou nœud sud de la Lune, ou nœud austral, la queue du Dragon. Les anciens le nommaient aussi : La Cauda Draconis. Les hindous le nomment : Kethu.

La droite qui joint les nœuds (ligne des nœuds) n’est pas fixe. Les deux graphiques ci-dessous nous montre, selon la figure 2, qu’elle (la ligne des nœuds) a tourné d’un certain angle par rapport à sa position dans la figure précédente : figure 1


En outre, la ligne des nœuds tourne dans le sens rétrograde, c’est pour cela que les nœuds moyens rétrogradent toujours, le pas journalier moyen est de 0°06’, la révolution zodiacale des nœuds a donc une durée de 18,6 ans.

Différence entre le Nœud Moyen et le Nœud Vrai :

Le Nœud lunaire moyen est calculé d’après l’inclinaison moyenne de l’orbite lunaire.
Cependant, l’excentricité et l’inclinaison de l’orbite de la Lune oscillent. Ainsi, l’excentricité varie entre 0,044 et 0,067, et l’inclinaison oscille entre 4°58’ et 5°19’ ; comme on l’a vu, le plan de l’orbite tourne dans l’espace et effectue une révolution complète en 18,6 années environ ; l’orbite achève son tour sur son plan en 8,85 années.
En conséquence, le calcul du nœud vrai tient compte de tous ces paramètres et correspond ainsi à la position exacte du croisement de l’orbite de la Lune avec l’écliptique.
Dans la pratique, le nœud vrai est préférable au nœud moyen puisqu’il est plus précis.
Le schéma ci-dessous illustre la signification géométrique des trois angles nécessaires pour décrire l’orientation d’une orbite dans l’espace (en l’occurrence ici celle de la Lune autour de la Terre).


Enfin, d’ordinaire dans les Ephémérides il est mentionné uniquement la position du nœud Nord (<), puisque celle du nœud Sud est à l’opposé (180°) ainsi il n’est pas nécessaire de le mentionner. De même, dans les cartes du ciel, nous inscrivons uniquement la position du nœud Nord (<), le nœud Sud étant toujours à l’opposé du nœud Nord, donc nul besoin d’alourdir le graphique en positionnant le nœud Sud. Par exemple, dans le thème de Gérard Depardieu, le nœud Nord (<est à 3° du Taureau par conséquent, le nœud sud (Áest à 3° Scorpion, on mentionne uniquement le nœud Nord (<comme ci-dessous :


Or, nous comprenons bien que, puisque l’orbite de la Lune est inclinée sur le plan de l’écliptique et que les deux grands cercles de la sphère se coupent suivant un diamètre, les deux points de rencontre de cette trajectoire ne peuvent que revêtir un certain intérêt. La fameuse droite d’intersection du plan de l’écliptique et du plan de l’orbite lunaire, qui détermine ainsi l’axe des nœuds, demande donc qu’on l’étudie tout particulièrement.

Les nœuds sous l’angle de la tradition :

Selon les données générales de la tradition, il est dit que le premier de ces points d’intersection se nomme le nœud ascendant. On l’appelle, du reste aussi, le nœud nord. Le second point se nomme le nœud descendant, on l’appelle encore : le nœud sud.
En outre, le nœud ascendant est réputé bénéfique, on le dit de nature jupitérienne. Tandis que l’autre point, le nœud descendant est dit être maléfique, il serait de nature saturnienne.
Allons voir cela d’un petit peu plus près. A partir des seules données astronomiques, nous allons comprendre un peu mieux le problème.
Puisque astronomiquement, le plan lunaire est incliné par rapport au plan solaire : l’écliptique, cela signifie que la Lune, en décrivant son orbite, se trouve donc, tantôt au-dessous du plan de l’écliptique, tantôt au-dessus de ce plan. Sauf, bien entendu quand elle passe à l’un ou à l’autre de ces deux nœuds qui sont précisément, le point d’intersection de ces deux orbites.
Il s’ensuit donc, qu’à l’un de ces nœuds, la Lune passe du dessous au dessus, tandis qu’au nœud opposé elle passe du dessus au dessous. Or, c’est précisément quand il y a passage du dessous au dessus, que le point d’intersection est nommé nœud ascendant, c’est l’évidence même. Tandis que lorsqu’il y a passage du dessus au dessous, le point d’intersection est nommé tout naturellement nœud descendant.
Or, vous sentez bien qu’une telle remarque cosmographique est importante, et elle est lourde de conséquence sur le plan même de l’interprétation des nœuds lunaires. A dire le vrai, même si vous avez compris cela, vous avez compris toute la symbolique d’influence des nœuds lunaires.
Le passage du dessous au dessus, n’est rien d’autre en effet, que l’émergence de la Lune au-dessus du plan du Soleil. C’est-à-dire, le passage du monde lunaire au monde solaire. Le passage du monde intérieur lunaire, le passage de la nuit intime de l’être : la Lune, au monde extérieur : le Soleil, c’est-à-dire à la lumière du social.
Par conséquent, là où est le nœud ascendant, là est le passage de l’en soi à l’hors soi, ou si vous préférez, le passage de l’interne à l’externe, de l’intime au social, etc.
Donc le nœud ascendant, nous dit comment un être sort de soi pour accéder à autrui.
Le nœud ascendant, nous raconte toute l’histoire de l’extraversion d’un être, c’est très important, car la connaissance de ce modus vivendi est capitale pour la parfaite préhension d’une âme humaine.
Et, à l’inverse, avec le nœud descendant, il y a passage du plan du Soleil au plan de la Lune. C’est-à-dire qu’il y a passage du monde solaire au monde lunaire, c’est-à-dire du monde du visible, du monde extraverti, du monde social au monde de l’invisible, de l’introversion, de l’intime.
Le nœud descendant nous raconte, par conséquent, toute l’histoire de l’entrée en soi-même, toute l’histoire de la descente dans la profondeur de son âme, là où sont les richesses de la méditation, les citadelles de la concentration, en un mot, le noyau de la personnalité.
C’est très important, car la connaissance de cette seconde face du modus-vivendi est non moins capitale pour la parfaite préhension d’une âme humaine. Non moins capitale, que le fut la connaissance avec le nœud ascendant de l’autre aspect antinomique de l’être, son modus vivendi social.
Si vous voulez, avec le nœud ascendant il y a un modus vivendi social, tandis qu’avec le nœud descendant nous avons le modus vivendi intime.
Toutefois, à travers cette explication, on comprend les raisons qui ont poussé les astrologues de la tradition à nommer “bénéfique” le nœud ascendant et “maléfique” le nœud descendant. C’est tout simplement, qu’ils ont pensé que l’extraversion d’un être c’est-à-dire sa sortie vers le social valait beaucoup mieux ou était meilleure que son entrée en lui, que sa descente dans son monastère intérieur. Mais ce n’est là qu’une question de point de vue, car nous ne sommes peut-être pas obligés de partager cette vision. Selon nous, dire que la sortie hors de son intimité vers le social est bénéfique, n’est pas plus exacte que de dire que la plongée en soi hors du social et vers l’intime est maléfique. Allons donc ! Tout dépend de la fenêtre à travers laquelle on regarde le monde.
On a voulu tout simplement signifier que la sortie vers l’extérieur était plus heureuse que la descente au fond de soi-même.
Car la sortie vers l’extérieur est promotrice d’effets visibles et elle engendre une éventuelle et apparente réussite sur le plan de la matière et du terrestre, alors que la descente en soi-même, en ne mettant plus du tout l’accent sur le monde matériel et ses pompes, se solde bien souvent par une apparence d’échec.
Je dis bien Apparence, et j’en connais certains, dont la réussite intérieure surpasse la réussite extérieure de tels autres.
C’est-à-dire qu’il faut se méfier des illusions et des trahisons de ce qui se voit par rapport à ce qui ne se voit pas. Ce qui se voit est très mensonger.
Et en ce sens, vous comprenez bien que la valeur des nœuds lunaires est à remettre en question. Il ne s’agit pas de juger les choses sur l’apparence.
Par contre, nous pouvons très bien garder la terminologie de nœud jupitérien qui est donné au nœud ascendant. En effet, ceci va tout à fait dans le droit fil conducteur de Jupiter, avec ses notions d’extraversion et d’horizontalité. Et nous pouvons également conserver la terminologie de nœud saturnien pour le nœud descendant, puisque Saturne c’est la planète de l’introversion et de la verticalité.
Ainsi allons-nous dépasser cette terminologie de Bénéfique et de Maléfique, et ne plus considérer les nœuds lunaires que comme deux portes, situées dans un thème et qui font communiquer le monde intérieur de la Lune avec le monde extérieur du Soleil.
Les nœuds se situent entre ciel et terre puisqu’ils sont les points même de section de l’orbite luni-terrienne et de l’équateur céleste. Et ainsi, appartenant au système Lune-Soleil dont ils sont les points d’intersection, ils sont donc le jour et la nuit de notre âme. Ceci si l’on s’en tient à ce que représentent exactement le Soleil et la Lune : ils sont notre inconscient et notre surconscient. Ou si vous préférez encore ils sont notre logique et notre intuition. Vous voyez bien que nous sommes loin des notions de bien et de mal, de bénéfique et de maléfique. Et plus que tout encore sont-ils l’essence et l’existence des choses, c’est-à-dire le concret et l’abstrait, nos rapports avec le visible et l’invisible, notre vie à ce monde et notre vie à l’au-delà.

Le Dragon :

Je vous faisais remarquer, qu’en symbolisme, la ligne des nœuds s’appelait le Dragon. Ceci est lourd de sens.
Voyons cela en détail, le premier des deux nœuds : le nœud ascendant, c’est la tête du Dragon. Le second des deux nœuds : le nœud descendant c’est la queue du Dragon.
Toute vie humaine se présente comme une légende au cours de laquelle il faut un jour affronter son Dragon. Au cours de laquelle, il faut un jour couper la tête du Dragon pour exister et se trouver afin de pouvoir accéder à la chambre secrète de son âme.
Et la présence des nœuds lunaires dans notre thème est la preuve qu’une vie humaine, c’est le geste, le récit de notre lutte avec le Dragon.
Ainsi, l’axe des nœuds se présente donc comme un seuil qu’il nous faut franchir. C’est ce qui est dit dans les légendes, où le seuil est franchi après la lutte avec le Dragon et le triomphe sur le Dragon, permettant ainsi à l’être d’avoir enfin accès à la chambre secrète de son âme.
Le Dragon dans un thème, c’est une antenne active qui exige toujours, pour être vécu et vaincu, un combat, parfois difficile, tant il est dit et vrai, que rien ne s’obtient dans la facilité et dans le confort. Les plus grandes choses sont celles qui s’obtiennent le plus difficilement.
Toutefois, l’axe des nœuds est dans le même temps un des aspects du libre arbitre, puisque nous restons libres de franchir ou non ce seuil proposé. Le héros lorsqu’il rentre en lutte avec le dragon a toujours le droit de refuser le combat et de s’enfuir. Il ne deviendra l’Initié que s’il assume le combat et s’il en triomphe par sa pureté, son ascétisme et le travail intérieur qu’il a pu faire avant cette lutte. Franchir le seuil, cela veut dire, qu’il faut couper la tête du Dragon qui est le gardien du seuil, et parvenir à la queue du Dragon qui est libératrice.
Certes, la lutte avec le Dragon n’est pas chose aisée car l’axe du Dragon (l’axe des nœuds lunaires) est difficile à prévoir car il remonte le zodiaque en sens inverse. Voyez déjà tout ce qu’il y a de tordu dans cette démarche. La marche est rétrograde. Il est seul à le faire, bien sûr, les planètes rétrogrades de temps à autre dans leur marche apparente, mais elles n’ont pas pour habitude de toujours rétrograder, tandis que le nœud rétrograde toujours.
        
L’interprétation des nœuds lunaires :

A la lumière de ce que nous savons et de ce qui vient d’être dit, l’interprétation est très aisée. En effet, la ligne des nœuds nous fait comprendre que la lutte avec le Dragon est constituée par deux démarches simultanées et complémentaires, qui consistent pour l’une à rencontrer le monde extérieur et à oser l’affronter, ce qui est le propre de la dialectique de la tête du Dragon qu’il faut réussir à couper ; et l’autre à se rencontrer soi-même et oser plonger jusqu’aux racines de notre Moi, ce qui est cette fois le propre de la dialectique de la queue du Dragon qui est issue et libération.
Ainsi pour connaître le visage de notre Dragon, il n’est que d’examiner avec la plus grande attention tout ce qui, dans un thème, se trouve pris dans la ligne des nœuds, que ce soit une planète, un angle terrestre, une Lune noire ou un Soleil noir. C’est là proprement le visage du Dragon.
Supposons qu’en un thème Mars soit conjoint à un nœud. Eh bien, le visage du Dragon est un visage martien. Si c’est Vénus qui s’y trouve, ça n’est pas mieux ! Le visage est vénusien, il faut s’en méfier encore plus. Si c’est la Lune noire, le visage du Dragon se confond avec Lilith. Si c’est la pointe de l’Ascendant, le visage du Dragon en ce cas c’est soi-même etc.
C’est ainsi qu’il convient de considérer la ligne du Dragon, comme le lieu du combat à livrer avec la planète qui éventuellement se trouve prise par conjonction ou aspect, mais surtout par conjonction avec la ligne des nœuds.
Et selon qu’elle participe au nœud nord ou au nœud sud, elle est l’obstacle qu’il faut nécessairement affronter pour sortir de soi-même et aller vers les autres, ou bien, entrer en soi et aller vers son âme.
Le Dragon, disais-je, est gardien d’un seuil. De telle sorte que l’on peut considérer toute planète qui est prise dans la ligne des nœuds et comme ainsi prise dans une porte, ou plus exactement, qu’elle est la porte elle-même qui fait communiquer notre monde intérieur et le monde extérieur. Ainsi, il est des portes de toutes formes et de toutes espèces et de toutes dimensions. Il est des portes solaires, des portes lunaires, des portes mercuriennes, des portes vénusiennes etc. Il en est de terribles et que garde Cerbère : ce sont les portes plutoniennes, à la semblance de cette porte de l’enfer telle qu’Auguste Rodin la sculptât.
Il en est encore qui ont le visage de l’amour, ce sont les portes vénusiennes, mais elles ne sont pas les moins terribles. Il en est de hautes et de spacieuses, ce sont celles que garde Jupiter, et il en est aussi d’étroites et sombres que garde Saturne. Il en est qui sont haineuses, ce sont celles de Mars, il en est d’autres qui débouchent sur le mystère ce sont celles de Neptune. Il y en a de mortelles qui donnent sur les ténèbres et le néant, ce sont celles du Soleil noir.
Bref, il y a des portes à la semblance de tous les astres. A chaque porte est un Dragon, chaque porte se présente comme un carrefour.
Elle est comme le carrefour d’Œdipe, là où chacun doit rencontrer le sphinx où il faut lutter, vaincre et passer ou alors se démettre et renoncer à jamais à soi et au monde. Il est nécessaire de lutter et de passer, et dans cette lutte avec le Dragon, il y a quatre solutions possibles.
         - La première solution c’est la victoire.
         - La deuxième solution c’est la défaite.
         - La troisième solution c’est une guerre perpétuelle.
         - La quatrième solution c’est une espèce de négociation amiable avec la planète qui garde le seuil. En ce dernier cas, l’homme fait une sorte de pacte avec cette planète, et il évite de la combattre, mais seulement, puisqu’il n’ose pas l’affronter, il la traîne avec lui et il passe toute sa vie avec le Dragon sur le dos.


Différence entre les astres conjoints au nœud nord ou au nœud sud :

Différencions toutefois la planète située sur le nœud ascendant et la planète située sur le nœud descendant.
La planète conjointe avec le nœud ascendant nous dira comment nous débouchons sur le monde extérieur. La planète conjointe au nœud descendant nous dira les raisons pour lesquelles nous rentrons en nous-même et en quel mode nous le faisons.
Imaginons par exemple que dans un thème le nœud nord soit conjoint à Pluton, nous en pouvons déduire que le natif débouche sur un monde extérieur d’une essence plutonienne. Il débouche sur Pluton, c’est-à-dire sur un monde mystérieux, angoissant, implacable, etc... donnez toute la terminologie de Pluton avec ses forces d’impacts et ses faiblesses dramatiques, vous aurez la traduction de cette porte.
Le nœud ascendant est conjoint à Mars, l’être débouche alors sur un monde extérieur violent, agressif, de combat, de compétition, d’ennemis.
Avec Vénus il débouche sur l’amour, c’est-à-dire qu’il débouche sur la tendresse, sur la beauté, sur le charme, etc.
Avec Uranus, il débouche sur le monde de la soudaineté, de l’inattendu, de l’excentricité etc.
Le monde extérieur a donc ainsi autant de visages qu’il existe de points sensibilisés dans un thème avec lesquels le nœud ascendant est susceptible de se conjuguer.
Une mention spéciale est à faire en ce qui concerne la conjonction du nœud ascendant avec la Lune. Que se passe t-il en ce cas ?
Je vous disais qu’avec le nœud ascendant l’être sort de son monde lunaire pour rentrer dans le monde solaire, et voilà qu’il rencontre la Lune, le monde lunaire. Il ne sort de son monde intime que pour retourner en ce monde intime, toujours il veut sortir de lui et toujours c’est lui-même qu’il retrouve. Il y a là un court-circuit, une espèce d’asphyxie terrible. C’est tout le mythe de Narcisse qui se trouve exprimer là, un tel fait céleste peut conduire, si le thème n’est pas structuré par ailleurs, jusqu’aux portes de la folie.
A l’inverse, une planète conjointe au nœud descendant nous dira le chemin du repli sur soi-même. Avec Vénus le repli se fera par et pour l’amour. Avec Neptune, le retour sur soi-même passera à travers la vertu neptunienne : la prière, la méditation. Avec Mars, l’être rentrera en lui à la suite de conflits, de guerre avec autrui, c’est-à-dire, à la suite de problèmes martiens.
Avec la Lune, il conviendra de noter une excellence de la plongée en soi, elle sera doublement intime, doublement lunarisée puisqu’en sortant du monde solaire pour rentrer dans le monde lunaire le natif va rencontrer la Lune. Quelle merveilleuse barque pour l’emporter dans son monde intime ! C’est la barque des anciens égyptiens.
La descente dans son monde intérieur prendra autant de visages qu’il existe de points sensibilisés dans un thème, avec lesquels le nœud descendant est susceptible de se conjuguer.
Une mention spéciale est à faire dans le cas d’une conjonction du nœud descendant avec le Soleil. Avec le nœud descendant, l’être veut sortir du monde solaire pour opérer un retour sur lui-même et voilà qu’il retrouve le monde solaire et qu’il est hors circuité de lui-même. Toujours il veut rentrer en lui, toujours il veut se rencontrer et toujours ce sont les autres qu’il trouve. C’est-à-dire que jamais il ne parvient à descendre en son âme, jamais il ne parvient à se trouver car toujours il est projeté vers l’extérieur. Voilà une difficulté.
Plus généralement, on peut considérer le nœud ascendant comme une mise en lumière et le nœud descendant comme une mise à la nuit.
De telle sorte qu’avec la ligne des nœuds, l’être se trouve selon que l’un ou l’autre des deux nœuds l’emporte, devant un choix à opérer entre la lumière et la nuit, entre l’existence et l’essence, un choix entre matière et énergie.
Il s’ensuit que lorsque dans un thème, l’accent est mis sur le nœud ascendant, la matière prévaut sur l’essence. Tandis que lorsque dans un thème, l’accent est mis sur le nœud descendant, c’est l’inverse qui se produit, le natif passe du monde de la matière au monde de l’énergie.
N’oublions pas que ces deux propositions du destin ont l’une et l’autre leur puissance, il ne s’agit pas de les juger. Car nous ne le ferions alors qu’à travers la ligne de nos propres nœuds, ce qui n’aurait pas de sens, car ce ne serait qu’une subjectivité négative.
La conquête du monde extérieur entreprise avec le nœud ascendant, est une libération de son monde intérieur. Mais de son côté, la conquête du monde intérieur, telle qu’elle est entreprise avec le nœud descendant, est une libération des entraves du monde et des chaînes du karma.

Chacune de ces démarches a sa force et sa faiblesse.

Les nœuds lunaires avec les trois grands axes :

Outre l’examen des conjonctions éventuelles des planètes avec les nœuds lunaires, la comparaison de l’axe des nœuds avec les trois autres grands axes du thème est propre à verser une lumière supplémentaire sur la connaissance d’une âme.
J’ai bien dit, des trois grands axes, car vous m’avez toujours entendu parler des deux axes, à savoir, l’axe Ascendant/Descendant et l’axe du Milieu-du-Ciel et du Fond-du-Ciel, mais maintenant on peut ajouter le troisième axe qui est : L’axe Lilith/Priape.
Un certain nombre de cas peuvent se présenter, et nous allons les examiner.

Position de la ligne des nœuds par rapport à la ligne d’horizon.

a) Nœud ascendant, conjoint à l’Ascendant.
C’est alors une puissance qui est accordé à l’être ou tout au moins une tendance à la puissance. Ceci est compréhensible, puisqu’en ce cas l’extraversion lui est facile. Elle est, en quelque sorte sa pente naturelle et il passe aisément vers l’extérieur.
b) Nœud descendant, conjoint à l’Ascendant.
Il s’ensuit ici une impossibilité d’extraversion de la personnalité, l’être ne parvient plus à communiquer avec autrui et c’est l’asphyxie.
c) La ligne des nœuds est en trigone et sextile avec la ligne d’horizon.
C’est là un beau facteur d’harmonie, c’est comme une sorte d’accélérateur de personnalité. Il y a équilibre entre l’extraversion et l’introversion.
d) La ligne des nœuds est en double quadrature, avec la ligne d’horizon.
C’est là l’indication d’une difficulté, l’être se manifeste inopportunément. Il agit par exemple au mauvais moment, ou bien, il se retire au moment où de toutes évidences il lui faudrait se manifester et s’extravertir. Une telle particularité thématique, à dire le vrai, apparaît comme un frein de la personnalité.

Position de la ligne des nœuds par rapport au Méridien.
        
a) Le nœud ascendant est conjoint au Milieu-du-Ciel.
C’est l’indication d’une réussite facile, d’une émergence sociale facilitée, d’une ascension rapide. L’accent est mis sur l’œuvre.
b) Le nœud descendant est conjoint au Milieu-du-Ciel.
C’est l’indication d’une réussite qui est rendue extrêmement difficile. L’être ne parvient pas à exercer sa profession. Sans doute, se montre-t-il trop introverti pour parvenir à sortir de lui-même dans un contexte social. En ce cas, l’accent est mis sur l’être.
c) La ligne des nœuds est en trigone et sextile avec l’axe du méridien.
C’est le signe d’un beau et facile destin social, l’être est pondéré dans son extraversion et son introversion. Il s’adapte aisément.
d) La ligne des nœuds est au double carré de la ligne du méridien.
Le destin social est rendu difficile, il se fait mal. L’être n’arrive pas à trouver ses chances.

Examinons la position de la ligne des nœuds par rapport à l’axe Lilith/Priape.
La conjonction de ces deux axes ou leur trigone mutuel, permet à l’être une sortie facile vers l’extérieur.
Au contraire, une quadrature ou une opposition : par exemple le nœud ascendant étant sur Priape et le nœud descendant sur Lilith, ce qui représente bien une opposition. Cela est l’indication d’une tendance à vivre dans son monde intérieur. Il y a une inadaptation foncière sous une adaptation apparente. C’est-à-dire que vu du dehors, l’être paraîtra à l’aise, mais en fait, pour peu qu’on l’examine plus profondément on s’aperçoit qu’il n’habite pas sa vie.

Conclusion :
        
Enfin, d’une manière générale, si l’on apprécie astronomiquement, les différences qui existent entre les nœuds de la Lune, la Lune noire et le Soleil noir, on entre dans une dialectique, qui sur le plan de l’interprétation éclairera plus encore notre propos et nous permettra de conclure.
Les nœuds de la lune, parce qu’ils sont une relation entre le Soleil et la Lune (en effet, ils sont les deux points d’intersection des deux plans soli-lunaire) prennent de ce fait dans l’interprétation un caractère d’organe de liaison entre l’astre du jour (Soleil) et l’astre de la nuit (Lune). Ils se présentent donc dans le thème comme une sorte de sas qui permet le passage du monde lunaire au monde solaire et vice versa.
De son côté la Lune noire, dans la mesure où elle est une relation entre la Terre et la Lune (elle appartient en effet au système ellipsoïdal Terre/Lune) prend donc, dans l’interprétation le sens d’organe de liaison entre notre monde terrestre et l’astre de nos nuits (la Lune). Elle est en quelque sorte le sas qui permet de passer de la réalité au rêve et vice versa.
Enfin, c’est parce que le Soleil noir se présente comme une relation Soli-terrienne (il appartient en effet, au système de l’ellipse de la Terre au Soleil) qu’il figure au niveau de l’interprétation, comme un organe de liaison entre les influences symboliques de la Terre et les influences symboliques du Soleil que nous lui avons vu prendre.
Mais quels que soient ces trois points fictifs que sont : les nœuds lunaires, la Lune Noire ou le Soleil Noir, ils ont tous pour effet de porter notre âme vers les problèmes de l’invisible, de l’élever et de la faire entrer en une métaphysique.

Les nœuds lunaires selon l’astrologie indienne 

En astrologie indienne le Nœud Nord ou la tête du Dragon est dénommée Rahu et la Queue du Dragon ou le Nœud Sud, Kethu.
Chez les Indiens, les Nœuds sont considérés à part entière comme des planètes.
Le Nœud Nord, Rahu, a une action bienfaisante, il augmente ce qu’il touche. Conjoint à des bénéfiques, il augmente leur bonté et conjoint à des maléfiques, il augmente leur malice. Il est bon avec les bénéfiques et mauvais avec les maléfiques.
Le Nœud Sud, Kethu, réduit et brûle ce qu’il touche. Conjoint à des bénéfiques, il réduit leur bonté et conjoint à des maléfiques, il diminue leur malice. D’une certaine façon, ses effets sont favorables avec les maléfiques et nuisibles avec les bénéfiques.
Ainsi, l’astrologie indienne considère les Nœuds lunaires comme l’astrologie traditionnelle.

Les nœuds lunaires en cosmobiologie :

L’école allemande des mi-points, considère les nœuds lunaires comme un facteur thématique au même titre que les planètes et ils ne font pas de différence entre le nœud ascendant et le nœud descendant, puisque, du fait de leur opposition, ils forment un axe.
Quant à leur interprétation, elle découle selon eux, naturellement du nom même de ce facteur : nœud. Or, un nœud sert à “nouer” des liens.
C’est pourquoi, en cosmobiologie, les nœuds symbolisent toutes les “relations” qui peuvent être nouées : Familiales, affectives, sociales, professionnelles, amicales, etc.

Réflexions sur les nœuds lunaires :

Après avoir exposé ce que représentent les nœuds en astrologie et leur symbolisme selon  la tradition, on peut se poser la question suivante :
Quelle connaissance possède-t-on réellement de ce facteur astronomique dans la sphère de la pratique astrologique ?
Si je disais laconiquement “rien”, je vexerais beaucoup de personnes qui travaillent sur ou avec cette donnée.
Il n’en est pas moins vrai que nous ne savons pas grand-chose, de bien établi surtout, en cette matière. Pour ma part, je pèche par complète ignorance et qu’on ne croit pas que ce soit par parti pris : ce n’est que par insuffisance. On a beau consacrer sa vie à l’astrologie ; il y a tellement à faire qu’on ne saurait valablement se consacrer à tout, de sorte qu’il y a des préférences marquées pour tel ou tel sujet. Et ce n’est pas parce que je n’ai pas pu me consacrer à la recherche en matière de nœuds lunaires que j’en éprouve en soi quelque réticence.
Cela entendu, il n’est pas inutile de commencer par préciser ce que nous transmet la tradition à ce sujet.

La tradition :

Ptolémée n’est pas loquace. La mention des nœuds lunaires ne figure même pas parmi les pièces constitutives de l’astrologie exposées au Livre premier de sa Tétrabible. Elle n’apparaît qu’à deux reprises, juste ce qu’il faut pour pouvoir s’en faire une certaine idée. Livrons ces deux citations :
“De plus, si les Luminaires succèdent aux Maléfiques tenant les Angles ou que les Maléfiques soient opposés aux Luminaires, surtout si la Lune est dans les nœuds et dans les signes difformes comme le Bélier, le Taureau, l’Ecrevisse, le Scorpion et le Capricorne, cela fait des bossus, mutilés, boiteux ou paralytiques”. (Livre III chapitre 17 “Des vices et maladies du corps”).

“Dans les nœuds, elle (la Lune) aiguise l’esprit et aide à la promptitude de l’invention, à l’industrie et fait les hommes plus adroits”. (Livre III chapitre 18 “De l’âme”).

Cela revient à dire qu’il n’y a là que deux notes occasionnelles situant l’importance secondaire du phénomène, lequel est considéré uniquement par rapport à la Lune elle-même et seulement dans le phénomène de conjonction. En outre, du fait que dans la première note il y a aggravation d’un mal (“surtout...”) dans une dissonance lunaire, et, dans la seconde, accentuation de qualité dans une configuration lunaire neutre, le facteur des nœuds est considéré comme un élément d’intensification de la donnée lunaire qui s’en trouve comme soulignée, sans qualification particulière. Enfin, il n’est nulle question de différenciation des deux pôles de l’axe des nœuds.
C’est tout. Mais il n’est pas interdit d’y regarder de plus près. Ainsi au chapitre III du livre II consacré à l’astrologie mondiale, Ptolémée déclare : “La première et plus puissante cause de tels événements (mondiaux) est la conjonction du Soleil et de la Lune dans les Eclipses, avec les passages des Planètes en ce même temps”. Or, n’est-ce pas sous la conjonction des nœuds qu’arrive “le défaut du luminaire” ?
Dans la circonstance particulière de l’éclipse, phénomène hautement considéré, ce facteur astronomique revêt donc une exceptionnelle importance ; seulement là toutefois.
Visiblement, Ptolémée refuse de donner dans la cosmogonie-cosmologie chaldéenne dont un Démiurge place, parmi les signes et les planètes, un grand Dragon orienté la tête au nœud ascendant et la queue au nœud descendant. Nous n’avons que des débris, qu’une caricature de cette vision chaldéenne évoquée par A. Bouché-Leclercq :
“Pour les Gnostiques (...) le Dragon était un monstre qui surveillait de là-haut l’univers entier, et au levant et au couchant. De là l’idée d’allonger sa tête jusqu’à l’Orient, sa queue jusqu’à l’Occident. Ce furent probablement les fabricants d’oracles chaldéens - des contemporains de Ptolémée - qui se chargèrent de mettre dans cette posture le grand Dragon que le démiurge créa même avant les signes du Zodiaque et les Planètes. Comment et pourquoi la tête du Dragon fut-elle assimilée au nœud ascendant de l’orbite lunaire, supposé à l’Orient, et la queue au nœud descendant, nous ne sommes pas obligés de le savoir. Une raison qui se présente d’elle-même, c’est que tous les peuples primitifs croient la Lune avalée par un Dragon quand elle s’éclipse...”
Peu après Ptolémée, Tertullien parle déjà de l’influence que les astrologues attribuent à cet axe dragonnique ; les grecs du Bas-Empire puis les Arabes en feront grand état, à titre de lieux d’abord, influant sur les planètes, puis à titre d’entités planétaires, ayant aussi leurs spécificités propres. Le Caput Draconis  (nœud Nord) sera rangé dans une catégorie masculine puis assimilé à une planète masculine ; la Cauda Draconis (nœud Sud) appartiendra au type féminin puis sera traitée comme une planète féminine.

Au Xe siècle l’Astrologue Al-Biruni écrit : “Nombre d’astrologues accordent une nature précise aux nœuds, l’ascendant et le descendant, de la Lune, en disant que le premier est chaud et Bénéfique et montre l’augmentation de toutes choses, alors que l’autre est froid, Maléfique, et s’accompagne d’une diminution de toutes influences. On raconte que les Babyloniens affirmaient que le nœud ascendant augmentait les effets des planètes, les Bénéfiques comme les Maléfiques, mais ces affirmations ne font pas l’unanimité, car l’analogie semble plutôt tirée par les cheveux.”  (Le Livre de l’Instruction en les Eléments de l’Art de l’Astrologie)
Au XIIIe Siècle Guido Bonatus, dans son Liber Astronomiae : “la Tête du Dragon est une Bénéfique naturelle, (…) elle est de la nature de Jupiter et Vénus, et c’est pour cela, qu’elle a le pouvoir d’augmenter et de signifier les choses qui subissent une augmentation, on veut parler des dignités, de la richesse, de la splendeur et de la bonne fortune. (…) la Queue du Dragon est mauvaise par nature, et est de la nature féminine, composée de celle de Saturne et Mars. Et elle a le pouvoir de signifier la diminution, et la mise à l’écart, c’est-à-dire la chute et la pauvreté, et la diminution de tous les biens et de toute chance.”  (Liber Astronomiae Tractatus Quartus Cap. VIII)

De son côté, Antoine de Villon dans son ouvrage “l’Usage des Ephémérides” (Paris 1624) en donne une des meilleures illustrations. Or, cet auteur, outre qu’il précise en marge que le nœud Nord est exalté en Gémeaux et en chute en Sagittaire, et inversement du nœud Sud, ne consacre que deux pages de sa copieuse œuvre à la question, excellent résumé du bagage traditionnel :
“Le chemin donc ou la section par laquelle les planètes coupent et traversent l’écliptique passent du côté du septentrion (nord), s’appelle nœud ascendant ou tête du dragon, et se décrit en cette sorte < : le chemin au contraire ou la section par laquelle traversant l’écliptique passent du côté du midi, s’appelle nœud descendant ou queue du dragon, et se forme en cette manière >. Les demi-cercles qui depuis l’un et l’autre des nœuds penchent de côté et d’autre au respect de l’écliptique, sont appelés bornes, extrémité, ou ventre du dragon : à savoir celui qui penche du côté du septentrion ventre boréal et celui qui tourne du côté du midi, austral. Ces nœuds font leur mouvement sous le Zodiaque dans un certain temps déterminé, car ceux de la Lune avancent tous les jours contre l’ordre des signes de 3 minutes et quelques secondes, et sont d’une très notable force au respect de ceux des autres planètes, à cause de la grande vertu que ces lieux reçoivent de la Lune, sur toutes les autres parties du Zodiaque. D’où vient que la tête du dragon est de même nature que les deux fortunes Jupiter et Vénus, et augmente la force des planètes avec lesquelles elle se conjoint ; tellement qu’avec les bons elle est bonne et fortunée, et avec les mauvais très pernicieuse. La queue du dragon au contraire est de la nature des infortunes Saturne et Mars, car elle préjudicie grandement et diminue la force des planètes avec lesquelles elle se conjoint, puisque avec les bons il est mauvais et avec les mauvais salutaire”.
En fin de compte n’est guère retenu qu’un aspect du phénomène dans sa bipolarité : la valeur “bénéfique” du nœud Nord parce qu’ascendant et la valeur “maléfique” du nœud Sud puisque descendant.

Et les modernes :

De nos jours, il y a une génération d’anciens qui ont adopté les nœuds en confiance, dans la foulée de tout ce que la tradition a fait passer, ne craignant pas d’aller jusqu’à marquer leurs aspects avec tous les autres points du thème, quitte à ne pas en tirer grand-chose. En marge, certains ne marquent ces nœuds qu’en cas d’éclipse solaire ou lunaire, voire lorsqu’ils sont en conjonction d’une planète, y voyant un indice valorisateur en vérification ou déjà établi. D’autres se font d’eux une idée personnelle qui va parfois jusqu’à l’aberration du “dada”. Enfin, depuis les années soixante, il y a, derrière la paternité de Jean Carteret, une génération de jeunes pour qui cet axe du Dragon est un facteur fondamental du thème. Facteur assimilé à une situation donnée, celle d’un passage, d’un seuil à franchir, la tête étant la barrière à laquelle on se bute, un mur infranchi, un blocage, un arrêt..., la queue, une porte entrouverte, une facilité à exploiter... C’est cette pensée que j’ai exposée plus haut.
Qui a raison ? Qui a tort ? Que sait-on en fin de compte ? C’est là qu’est la véritable question et aborder un tel sujet comme étude ne peut aboutir qu’à un appel au travail.
Henri Selva a été beaucoup plus radical sur la question. En effet, en 1930, lors d’une réunion à la Société Astrologique de France qui portait sur la question des nœuds de la Lune, celui-ci déclara : “Là où il n’y a rien, il ne peut y avoir d’influence” Certes, à cette époque, la Lune Noire n’était pas encore connue, mais on devine aisément quelle aurait été sa position sur ce sujet…
Ne soyons pas sectaire comme Henri Selva et ne passons pas à l’autre extrême comme le font de nos jours certains naïfs qui de divagation en divagation voient à travers ces points des résonances “karmiques”…
Au contraire, essayons d’édifier une technique de recherche, afin de voir si les nœuds ont une réelle influence ou non.

Repartir à zéro :

A priori, il est logique d’admettre que l’influence ou le facteur lunaire est plus sensible ou plus fort lors du passage de la Lune à la ligne des nœuds, allant de la latitude australe à la latitude boréale, ou inversement, car sa latitude est alors nulle ou faible ; surtout comparativement au temps où elle se trouve à sa latitude extrême + ou - 5°. Car, dans la conception synthétique d’un phénomène astrologique qui est l’expression du système solaire, tout passe par le Soleil, donc par la voie solaire qu’est l’écliptique.
Mais il n’y a pas lieu de faire exception avec la Lune ; les planètes sont logées à la même enseigne. On sait que le mouvement de leurs nœuds est insignifiant : moins d’un degré par siècle. Voici le tableau du nœud Nord de chaque planète pour le XXe siècle :

                                      Mercure      : 17° Taureau,
                                      Vénus         : 16° Gémeaux
                                      Mars                    : 19° Taureau,
                                      Jupiter        : 9° Cancer,
                                      Saturne      : 23° Cancer,
                                      Uranus       : 13° Gémeaux,
                                      Neptune     : 11° Lion,
                                      Pluton        : 19° Cancer.

Ce qui se conçoit, théoriquement, pour notre satellite doit se concevoir pour chaque planète. A savoir, par exemple, que la tendance martienne devrait être, en soi, plus prononcée lorsque Mars est autour du 19° du Taureau et du 19° du Scorpion. Mais encore faut-il le vérifier.

Frédéric Muscat

4 commentaires:

  1. Excellent je partage merci Frederic

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Et que penses-tu d'une planète en carré aux noeuds, elle serait similaire au carré de l'axe Ascendant /Descendant que tu évoque dans ton article ? ?, merci encore Frédéric pour ce laborieux travail sur les noeuds lunaires

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  4. J'ai été conquis par ce travail.
    Bien qu'il ne m'annonce rien de bon : j'ai Uranus conjoint Nœud Sud. Et la quasi-totalité des planètes et le milieu du Ciel concentrées autour de ce Nœud Sud.
    Mais bon, merci de la démarche

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