Ludwig Feuerbach et un philosophe et sociologue
allemand. Il étudie la théologie à Heidelberg, puis la philosophie à Berlin où
il devient un disciple de Hegel. Mais à l’issue de ses travaux sur Bacon et
Spinoza (“Histoire de la nouvelle
philosophie”), il se détache de cette pensée qu’il critique comme étant
trop “idéaliste” et voit dans Hegel un théologien travesti en philosophe. Il s’emploie
alors à “remettre sur ses pieds l’homme
que la philosophie spéculative avait mis sur la tête”.
Sa philosophie est habituellement désignée comme étant
un humanisme athée faisant de l’homme dont l’essence est le sentiment, le début
et la fin de toute réalité. Cette philosophie sensualiste le conduit
naturellement au matérialisme, privilégiant le champ de l’expérience par
rapport aux créations de l’esprit.
Dans son œuvre majeure, “l’Essence du christianisme”, Ludwig Feuerbach analyse la religion
comme une aliénation avec laquelle, l’homme, conscient de ses faiblesses,
projette en Dieu ses propres besoins et caractéristiques en les sublimant. Il
ramène la religion à une vision anthropologique, dans laquelle Dieu n’est qu’un
idéal concentrant des qualités humaines positives auquel l’homme s’asservit.
Cependant, supprimer Dieu ne doit pas enlever à l’homme ses devoirs et ses
responsabilités qui, au contraire, prennent plus d’importance, car elles ne
sont pas imposées par la puissance divine.
Ludwig Feuerbach influence les jeunes hégéliens, dit “hégéliens de gauche”, ainsi que Engels
et Karl Marx, mais ne prend pas part à l'action politique. Cependant l’auteur
du “Capital”, dont la pensée éclipse
peu à peu celle de son inspirateur, reproche à “l’homme sensible” de Feuerbach, d’être trop indépendant de son
environnement social.
“Le tournant
nécessaire de l’histoire est donc cette confession et cet aveu franc que la
conscience de Dieu n’est rien d’autre que la conscience de l’espèce, que
l’homme ne peut et ne doit s’élever qu’au-dessus des limites de son
individualité ou personnalité, mais non pas au-dessus des lois et des
déterminations fondamentales de son espèce, que l’homme ne peut concevoir,
pressentir, imaginer, sentir, admettre, vouloir, aimer et vénérer aucun autre
être comme être absolu et divin que l’être humain.”
Première publication de “l’Essence du Christianisme”
en 1841
C’est l’œuvre majeure de Ludwig Feuerbach (1804-1872) qui a fortement inspiré
Karl Marx. Elle annonce d’autres courants de pensée : Nietzsche, Freud...
Dans “L’Essence du christianisme”, l’auteur pose le
problème religieux sous l’aspect interprétation et sens. Dieu représente la
personnification du genre humain. La religion devient alors la relation de
l’homme avec lui-même.
“Le grand
tournant de l’histoire sera le moment où l’homme prendra conscience que le seul
Dieu de l’homme est l’homme lui-même.”
Feuerbach considère le christianisme comme une
illusion et une projection des aspirations humaines à la perfection.
Citations
de Ludwig Feuerbach :
« L’homme affirme en Dieu ce qu’il
nie en lui-même. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Manifestes philosophiques)
« Autant vaut l’homme, autant vaut
son Dieu, et pas plus. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Manifestes philosophiques)
« Les individus ne reconnaissent un
Dieu au-dessus d’eux que pour posséder en lui un espace infini où ils puissent
étendre et étaler dans l’éternité leur individualité particulière, pitoyable. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Pensées sur la mort et l’immortalité)
« L’individu ne s’immerge en Dieu
que pour réémerger intact et se dorer, ainsi rafraîchi et régénéré, au soleil
de sa propre magnificence, et s’il se laisse couler c’est uniquement pour
repêcher au fond de Dieu la perle de son précieux Soi. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Pensées sur la mort et l’immortalité)
« L’idole se différencie de Dieu en
ce qu’elle est quelque chose alors que Dieu est tout. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Pensées sur la mort et l’immortalité)
« Leur Dieu n’est rien que l’atmosphère,
dans laquelle les individus, tels des gaz légers qui montent de la terre,
peuvent s’exhaler et se déployer sans entrave dans la différence intéressante qu’il
existe entre eux. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Pensées sur la mort et sur l’immortalité)
« Dieu est le bon papa, le
gendarme, le gardien de nuit de l’individu lui-même, son génie protecteur, son
saint patron. Comment donc l’individu en serait-il et pourrait-il penser à sa
fin et dans sa fin puisque même dans l’infini il ne pense qu’à lui-même, puisqu’il
ne trouve pas même en Dieu la fin de lui-même et le principe de sa mort, mais
qu’il trouve seulement le principe de son existence, de sa réalité égoïste,
puisque Dieu n’est pour lui que le début de sa finitude et n’est pas en même
temps sa fin ? »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Pensées sur la mort et l’immortalité)
« Toute la théologie piétiste ou
théologie mystique repose sur un jeu de balle. L’individu ne se jette lui-même
[hors de lui-même] que pour être renvoyé à lui-même par Dieu, il ne s’humilie
devant Dieu que pour se mirer lui-même, sa perte de soi est jouissance de soi,
son humilité est élévation de lui-même... »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Pensées sur la mort et l’immortalité)
« On pourrait dire que la seule
preuve véritable qu’il y a un Dieu est le temps, car il prouve qu’il existe un
être infini dans lequel tout est consumé, face auquel tout ce qui est est fini,
et qui, seul, fait que tout ce qui est est fini, éphémère, non-persistant. Le
temps n’est que la face phénoménale du fait que tout est passé en Dieu de toute
éternité. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / Pensées sur la mort et l’immortalité)
« Le grand tournant de l’histoire
sera le moment où l’homme prendra conscience que le seul Dieu de l’homme est l’homme
lui-même. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / L’Essence du christianisme)
« Pour une âme qui aime Dieu
véritablement, l’amour pour une femme est une impossibilité - un adultère. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / L’Essence du christianisme)
« Parce que Dieu souffre et de la
manière dont il souffre, l’homme doit aussi à son tour souffrir. La religion
chrétienne est la religion de la souffrance. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / L’Essence du christianisme)
« La théologie n’est rien d’autre
que l’anthropologie ; la connaissance de Dieu n’est rien d’autre que la
connaissance de l’homme. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / L’Essence du christianisme)
« La conscience de Dieu est la
conscience de soi de l’homme, la connaissance de Dieu, la connaissance de soi
de l’homme. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / L’Essence du christianisme)
« Le tournant nécessaire de l’histoire
est donc cette confession et cet aveu franc que la conscience de Dieu n’est
rien d’autre que la conscience de l’espèce, que l’homme ne peut et ne doit s’élever
qu’au-dessus des limites de son individualité ou personnalité, mais non pas
au-dessus des lois et des déterminations fondamentales de son espèce, que l’homme
ne peut concevoir, pressentir, imaginer, sentir, admettre, vouloir, aimer et
vénérer aucun autre être comme être absolu et divin que l’être humain. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / L’Essence du christianisme)
« Dieu fut ma première pensée, la
Raison fut ma seconde, l’Homme ma troisième et dernière. Le sujet de la
divinité, c’est la raison, le sujet de la Raison, c’est l’homme. »
(Ludwig
Feuerbach / 1804-1872 / cité par Marcel Neusch, dans “Aux sources de l’athéisme contemporain”)
Une variante de cette idée est reprise notamment par Fédor
Dostoïevski dans Les Possédés où il
dit : “L’homme n’a fait qu’inventer
Dieu pour vivre sans se tuer : voilà le résumé de l’histoire universelle
jusqu’à ce moment.”
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