Voici
exposé par Cicéron, l’un des plus grands orateurs et écrivains latins, la
conception du cosmos des Anciens. L’Homme, sur terre, occupe le centre du
monde. Il appartient à un cosmos constitué de sphères qui s’emboîtent les unes
dans les autres. La Terre se trouve à l’intérieur de la Lune qui elle-même se
trouve à l’intérieur de la sphère de Mercure et ainsi de suite jusqu’à Saturne
en passant par Vénus, le Soleil, Mars et Jupiter. La sphère de Saturne est
située elle-même à l’intérieur de la sphère des étoiles, sphère sacrée où se
tient la divinité. Cette dernière sphère accomplit sa révolution en 24 heures
dans le sens direct (sens du mouvement diurne) tandis que les deux luminaires
et, le plus souvent, les cinq planètes se déplacent dans le sens rétrograde
(sens du mouvement zodiacal).
« Ne
vois-tu pas dans quels espaces sacrés tu es parvenu ?
Tu
peux contempler les neufs cercles, ou plutôt les neufs sphères, qui forment la
contexture de l’univers ; l’une d’elles est la sphère céleste, la sphère
extérieure, qui enveloppe toutes les autres ; c’est la divinité très haute
elle- même, qui maintient ensemble et à leur place toutes les autres. C’est en
elle que sont fixées les étoiles qui, dans une course éternelle, accomplissent
une révolution circulaire.
Au-dessous
d’elle se trouvent sept autres sphères qui tournent d’un mouvement rétrograde,
dans un sens contraire à celui du ciel. L’une de ces sphères est occupée par
cette étoile que, sur la terre, on appelle l’astre de Saturne ; ensuite vient
cet astre fulgurant, bienfaisant et secourable au genre humain, que l’on nomme
l’astre de Jupiter ; puis celui que vous attribuez à Mars, dont le rougeoiement
jette l’épouvante sur la terre. Au-dessous et à peu près à mi-distance règne le
Soleil, le guide, le premier, le modérateur de tous les autres luminaires ; il
est l’âme et la puissance régulatrice du monde ; sa grandeur est telle qu’il
éclaire et remplit de sa lumière l’univers tout entier. A sa suite, les orbites
respectives de Vénus et de Mercure lui font escorte ; enfin, sur la sphère
inférieure, tourne la Lune qu’embrasent les rayons du Soleil ; au-dessous l’on
ne trouve plus rien qui ne soit mortel et périssable, à l’exception des âmes,
dont un bienfait des dieux a gratifié le genre humain ; au-dessus de la Lune,
toutes choses sont éternelles. Quant à l’étoile qui constitue la neuvième
sphère, au centre du monde, la Terre, elle est immobile et se trouve au point
le plus bas ; vers elle sont entraînés, suivant la tendance qui leur est
propre, tous les corps pesants. »
Cicéron, De
Republica VI , Paris, Les Belles Lettres, 1980
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