Pierre Teilhard de Chardin est né le 1er mai 1881 à
Orcines (Puy de Dôme) à 7 heures.
Le thème de Pierre Teilhard de Chardin est un des plus
remarquables thèmes d’amas qu’il nous est donné de voir. Dès l’abord, trois
choses retiennent notre attention, c’est tout d’abord ce groupe de six planètes
dans le seul signe du Taureau : Saturne, Jupiter, le Soleil, Neptune,
Vénus et Pluton.
La deuxième chose intéressante c’est qu’il y a sept planètes
en Maison XII : les six planètes ci-dessus nommées, qui occupent le signe
du Taureau auxquelles s’ajoute la Lune qui occupe le signe des Gémeaux en
Secteur XII.
Enfin, troisièmement il y a une belle harmonie qui vaut que
huit planètes entourent à distances égales le Soleil. Nous avons là une sorte
de gammes des planètes autour du Soleil et si nous voulions en tracer le
schéma, nous mettrions le Soleil au centre avec d’un côté Neptune, Vénus,
Pluton et la Lune et de l’autre, quatre autres astres : Jupiter, Saturne,
Mercure et Mars.
Ainsi, situé au centre d’une harmonie qui est du reste une
harmonie alternative du plus et du moins, le Soleil devient alors une manière
du pôle attractif. L’accent est ainsi mis sur l’astre central faisant de
Teilhard, à certains égards, un solarien du Taureau.
Or nous savons que la symbolique du Soleil ainsi valorisé,
est une volonté d’intégration. Il y a dans tout être marqué par le Soleil,
d’une façon ou d’une autre par une particularité thématique, une volonté
d’intégration et de synthèse.
Il convient du reste de noter, tout particulièrement que
Mercure et Pluton sont à égale distance du Soleil : 17°. Ainsi le Soleil
est situé au mi-point de l’axe Pluton/Mercure. C’est un aspect qui semble
dépasser l’individuel et rejoindre le cosmique et l’ensemble du monde. Il y a
une espèce d’organisation, dans ce thème, qui donne à l’être qu’il marque un
destin collectif. Disons que le rythme personnel de Teilhard bat au rythme du
monde, il y a coïncidence entre son existence personnelle et une volonté
créatrice faite de l’ensemble même de tous les êtres vivants à un moment donné.
Il y a une sorte de focalisation sur ce seul thème, car ce n’est pas par hasard
qu’un homme peut être le porte voix ou le prophète d’un temps, ce qui fut son
cas. Cet équilibre de Mercure et de Pluton autour du Soleil lui permet d’apporter
à la lumière ce qui était dans le subconscient collectif. Nous avons, en effet,
avec Mercure la planète la plus proche du Soleil et avec Pluton la planète la
plus lointaine. Il y a donc ici une organisation très extraordinaire entre ce
qui est proche et ce qui est lointain, entre ce qui est du visible et ce qui
est de la transcendance.
Du reste, la liaison du Soleil avec le second septénaire
indique très nettement le passage à un plan supérieur, nous sommes, en quelque
sorte, au seuil d’une ère nouvelle.
Certes, à première vue, ce thème d’amas en Taureau et en
Maison XII pourrait facilement nous induire en erreur, étant donné les valeurs
que nous attribuons au Taureau d’une part et à la Maison XII d’autre part, on
pourrait se tromper dans l’analyse de ce thème. Puisque nous attribuons au
Secteur XII des valeurs d’épreuves, d’obscurités et d’enfer ; et nous
attribuons classiquement au Taureau des valeurs de possessions matérielles.
Ainsi, on pourrait certes s’y tromper, et il n’eut pas été impossible que cet
homme en vienne à vivre un thème Taureau/Maison XII à un tout autre plan :
un plan où la possession terrestre aurait été dominante et où cette possession
aurait pu amener cet homme à faire une descente en enfer, c’est-à-dire à avoir
des épreuves à cause de cette possession. On peut s’y tromper, car il y a des
thèmes Taureau/Maison XII qui sont vécus au plus bas niveau de la courbe et qui
peuvent donner des destinés très malencontreuses. En sommes, disons que le
thème pouvait le pire comme il a donné le meilleur. Et nous donc être amener à
tenter de voir et à tenter de comprendre comment le goût de la possession est
inclut à ce thème, et comment, plus largement, l’amour de la matière et ce
besoin de possession matériel, qui est compris dans un thème marqué par le
Taureau, s’est, par je ne sais quelle étrange alchimie, sublimé en l’âme du
Père Teilhard de Chardin. Et comment la Maison XII, qui est Maison de nuit, est
devenue Maison de lumière ; et comment la Maison XII qui est Maison
d’enfer et devenue Maison de paradis ; et comment la Maison XII qui est
Maison d’épreuve et devenue Maison de succès ; comment cette part infernal
de ce thème est devenue une part divine : il y a là une transmutation qui
vaut d’être contée et étudiée.
Nous allons commencer par ouvrir le dossier de la matière
qui figure dans le thème, la vie et l’œuvre de Teilhard de Chardin : La
Matière, problème clé du Taureau.
« Materia
matrix »
c’est-à-dire la matière est la matrice de l’esprit, c’est ainsi que s’exprime
Teilhard de Chardin, qui créé, très curieusement par ce seul fait, une manière
de postulat où il montre qu’il existe une puissance spirituelle de la matière.
C’est là un fait qui nous semble aujourd’hui très évident, mais qui à l’époque
de Pierre Teilhard de Chardin ne l’était pas du tout et qui lui a valu bien des
tribulations. Il écrit ceci, la phrase qui va suivre vous la trouverez dans
l’exposé même de sa théorie, c’est dire qu’elle est un des piliers dans la
pensée de Teilhard de Chardin : “Pour qu’il apparaisse de l’esprit il faut qu’il y ait de la matière arrangée. Car il existe un
lien entre la quantité de matière arrangée et le degré de conscience. Esprit et
matière sont deux faces ou phases d’une même réalité. Et si nous voulons
davantage d’esprit, il faut davantage d’arrangement de la matière.”
Le problème ainsi posé, nous voici d’emblée au cœur même du
thème de Teilhard de Chardin, au centre même d’une tentative d’union entre le
Taureau et les Gémeaux, c’est-à-dire entre cet amas dans le signe de la matière
du Taureau et cette Lune angulaire à la pointe de l’Ascendant dans le signe
aérien (signe d’esprit) des Gémeaux. Il y a donc une fusion thématique entre la
matière et l’esprit, il pose au début de son œuvre le postulat, très étrange
qui a surpris tant de gens, que l’esprit n’apparaît qu’en fonction de la
matière, que sans le support matériel il n’y a pas d’esprit, que sans
l’organisation du cerveau et la complexification du cerveau, qui n’est en fait
que matériel, eh bien, grâce à cette complexification peut apparaître l’esprit,
ainsi dans cette complexification de la matière a pu commencer à naître
l’esprit. Voyez bien ici, c’est le thème Taureau/Gémeaux qui a fait découvrire
cette vérité à cet homme. Avec les Gémeaux Teilhard de Chardin entre en
relation avec le haut, par le Taureau il plonge dans la Terre et il trouve le
monde. Il y a donc un dialogue entre ces deux extrêmes du monde que sont la
matière et l’esprit. Il y a une tentative d’union et d’assimilation, il y a
interpénétration.
Je prends à dessin le mot « dialogue » car c’est
vraiment ce que peut souhaiter une Lune/Gémeaux importante, et cette
Lune/Gémeaux s’exprime dans un cadre Taureau d’où ce dialogue entre l’esprit
(Lune/Gémeaux) et la matière (Taureau) voyez-vous comment ça joue dans ce thème.
On peut donc dire que l’œuvre de Teilhard de Chardin est une
dialectique (terme Gémeaux) de la vie (terme Taureau). Vous pouvez résumez tout
thème Taureau/Gémeaux ainsi valorisé, en disant : “il y a dans votre esprit
une dialectique de la vie vous touchez le problème clef de son existence.” Bien sûr, il faut qu’il s’agisse
d’une personne qui réfléchisse et qui ait fait un dépassement de son thème.
Que l’œuvre soit là, aujourd’hui, pour montrer que l’homme a
réussit à réunir deux antagonismes, ceci n’exclu pas que Teilhard de Chardin
traversa toute sa vie des séries de crises et de doutes. Cela ce comprend
aisément car attiré d’un côté par la Terre du Taureau et de l’autre par l’Air
des Gémeaux, le dialogue intérieur n’est pas facile à établir, la Terre et
l’Air n’ont pas de point de contact immédiat. Du reste, cet homme ne cessa de
s’exprimer sur ce sujet et de nous montrer dans ses œuvres tout le chemin qu’il
du parcourir pour en arriver à cette
synthèse, qui aujourd’hui nous paraît d’une évidence, il en est comme toutes
les grandes choses qui une fois découvertes sont évidente seulement il fallait
le découvrir. Et toute sa vie durant, il a expliqué son cheminement d’une
manière presque obsessionnelle. Et le problème obsessionnel se produit souvent
dans un thème d’amas. En effet, quand vous voyez un thème marqué par un amas
planétaire important, vous pouvez dire que l’être est obsédé par un problème.
Ceci est très compréhensible puisque l’ensemble des planètes se trouve dans un
seul coin du thème et que par conséquent ce Signe ou ce Secteur sont beaucoup
plus valorisé que tout le reste, et l’individu est, en quelque sorte, attiré
par ce coin là. Cet endroit là du thème est pesant, le reste est vide car les
autres Signes ou Secteurs sont quasiment vide, ainsi le reste devient
secondaire. Par conséquent dans un thème d’amas il y a un problème
obsessionnel, car l’être se donne tout entier à un seul problème.
Par exemple Charles Baudelaire présente un amas en VIII,
ainsi le problème de la mort a été un problème obsessionnel dans la pensée de
Baudelaire et ses œuvres en font fois. On peut trouver d’autres problèmes
obsessionnels, je pense à Landru qui avait un thème Bélier-Taureau Maison XII,
il y avait un problème obsessionnel qui était sous titré par un Pluton angulaire,
ainsi le problème obsessionnel touchait le secret de la mort. Certes, il aurait
pu le vivre à un autre niveau…
Il y a des quantités de thème d’amas, et vous pouvez dire
qu’il s’agit-là d’un problème obsessionnel et c’est très important à délimiter.
Ceci est très compréhensible car il y a une concentration de planètes dans un
Signe et dans un Secteur, l’être est attiré, il y a comme un plomb qui est mis
là et qui l’attire.
Aussi bien, lorsqu’un être ne sentant qu’un seul problème à
résoudre dans sa vie, va donc s’enfoncer plus profondément dans ce problème que
ne l’a fait nul autre homme avant lui. Il s’exprimera donc sur cet unique
problème d’une façon plus complète, plus définitive qu’un autre homme, il dira
sur ce problème des choses qui n’ont jamais étaient dites avant lui. Et je
crois bien que l’obsession, dans une pensée humaine, est une des sources du
génie. Je crois, si je voulais l’analyser, que toutes les œuvres de génies sont
obsessionnelles. Un génie c’est un homme qui tourne toujours autour du même
problème, pris et repris sous toutes ses facettes. Si vous lisez les œuvres de
Baudelaire, de Teilhard de Chardin, d’Edgar Allan Poe etc. de tous les grands
génies qui ont illustré l’humanité, vous verrez que finalement ils ont exprimé
un seul et unique problème. Et comme c’était ce problème obsessionnel, et
qu’ils l’ont repris constamment dans leurs œuvres et formulé de façon toujours
nouvelle, eh bien il en ont dit beaucoup plus long que les autres, ils sont
allés plus loin, ils se sont enfoncé et au bout ils ont trouvé le génie :
cette source jaillissante qui est très profonde en l’âme. Voyez-vous. Molière
est obsessionnel, si vous écoutez ou lisez toutes les pièces de Molière c’est
obsessionnel, Racine c’est obsessionnel, c’est la même pièce qui est réécrite
huit fois !
En ce qui concerne Pierre Teilhard de Chardin, toute la
crise de sa vie tient en fait dans le dilemme Matière ou Esprit. C’est-à-dire
Taureau où se situent six planètes ou Gémeaux où se situe la Lune sur
l’Ascendant.
On a d’ailleurs pu dire de lui que c’était un esprit de Dieu
nourrit de l’esprit de la Terre. Voilà une très bonne définition
Gémeaux/Taureau, car Taureau en sanscrit veut dire Terre, c’est donc à
l’intérieur de la Terre que Teilhard de Chardin va trouver les matériaux pour construire
son œuvre. Mais c’est grâce à cet Ascendant Gémeaux sur lequel se trouve
conjoint la Lune, et la Lune en Gémeaux sur un Ascendant donne une mentalité
souple et plastique car le Gémeaux est un signe mutable et c’est grâce à cette
Lune qu’il comprendra la tâche qui est exigé de lui. Il se haussera donc, du
Gémeaux superficiel, de l’éphémère à un Gémeaux de la durée, ceci parce que le
Taureau vient alourdir ce Gémeaux, et il se haussera au niveau de l’intuition
et du supra-conscient par une force d’âme dont nous allons tout à l’heure
essayer de trouver les sources.
Quand il tente de s’expliquer sur lui-même c’est bien-sûr
avec une autre clé que l’astrologie qu’il parvient jusqu’à lui. Il ne parle
pas, et pour cause, d’influence Taureau ou Gémeaux car je ne sache pas qu’il se
soit jamais penché sur son thème… Mais il parle, lui, d’une influence du
tempérament d’une part et de la formation intellectuelle d’autre part et bien
entendu le tempérament c’est le Taureau, c’est là ont atavisme terrien et la formation
intellectuelle c’est toute la part de la Lune Gémeaux. Et c’est ainsi qu’il
écrit en 1934 :
“L’originalité
de ma croyance est quelle a ses racines dans deux domaines de la vie
habituellement considéré comme antagoniste. Par éducation et formation intellectuelle
j’appartiens aux enfants du ciel, mais par tempérament et par étude
professionnelle je suis un enfant de la terre. Placé ainsi par la vie au cœur
de deux mondes dont je connais par une expérience familière la théorie, la
langue, les sentiments, je n’ai dressé aucunes cloisons intérieures, mais j’ai
laissé réagir en pleine liberté l’une sur l’autre au fond de moi-même deux
influences apparemment contraire. Or, au terme de cette opération, après
trente ans consacré à la poursuite de l’unité
intérieure, j’ai l’impression qu’une synthèse s’est opérée naturellement entre
les deux courants qui me sollicitent.”
Par conséquent, si vous avez des contradictions internes et
qu’au bout d’un an de lutte vous ne soyez pas arrivé à faire une synthèse,
rassurez-vous ! On en reparlera dans trente ans ! A mon avis, la vie
s’y passe entièrement bien-sûr ! Et c’est très bien qu’il en soit ainsi,
il ne faut pas aller vite, il faut le temps d’assimiler et d’intégrer
pleinement les choses.
Disons que chez lui, une telle sérénité dans
l’accomplissement est le fruit d’une série de crises multiples. Car il traversa
des crises graves, profondes, des crises qui l’ont du reste constamment
travaillé. Disons que la sérénité, dans la plupart des cas, est le résultat
d’orages dépassés.
La première crise de Pierre Teilhard de Chardin se situe
vers l’âge de dix ans. On sait que tout enfant, vers six ou sept ans déjà, il
était attiré par la matière. On le comprend bien avec ce thème marqué par le
Taureau. La matière dont la consistance lui paraît comme l’attribut fondamental
de l’être. Et il adore son premier Dieu, et ce premier Dieu c’est le Fer. A
savoir une clef de charrue et un éclat d’obus, ce sont là ses premiers dieux.
Seulement, et vous allez comprendre la crise qu’il traverse, un jour il
s’aperçoit que le métal se rouille, c’est-à-dire que son Dieu le trahi et il a
sa première crise de doute et de désespoir, il a dix ans !
Et plus tard, il écrivit à ce sujet :
“Je
n’avais certainement pas plus de six ou sept ans lorsque je commençais à me
sentir attiré par la matière, (C’est magnifique de lire cela pour les amas de thèmes Taureau, car
ceci nous fait comprendre la mentalité du Taureau) ou plus exactement, dit-il (et c’est déjà la sublimation qui apparaît) par quelque chose qui luisait au cœur de la matière.
Je me retirais dans la contemplation, dans la possession, dans l’existence
savourée de mon Dieu le Fer. Le Fer, je dis bien et je vois même encore avec
une acuité singulière la série de mes idoles. A la campagne une clef de charrue
que je dissimulais soigneusement dans un coin de la cour. En ville, la tête
hexagonale d’une colonnette de renfort métallique émergeant au niveau du
planché de la nurserie et dont j’avais fait ma propriété. Plus tard, divers
éclats d’obus récoltés avec amour sur un champ de tir voisin.”
Sa première crise de désespoir achevée, voilà que ce Taureau
va passer du métal au minéral. Il se met ainsi à collectionner des améthystes
et des cristaux de quartz. C’est ainsi du reste que vers l’âge de douze ans il prend
tout naturellement le goût de la géologie. La géologie est bien encore un
problème Taureau. En même temps s’impose à lui l’amour des plantes, ceci est
tout naturel chez le Taureau, la curiosité, l’intérêt pour les animaux.
C’est-à-dire au fond, qu’il y a en lui cet instinct violent du Taureau qui le
porte vers tout ce qui est créer, vers tout ce qui vit, tout ce qui existe,
vers ce qu’il appellera plus tard, lorsqu’il aura fait son évolution : La
Biosphère. C’est-à-dire la sphère de la vie (bio), c’est-à-dire la couche
vivante de la Terre.
Seulement, voilà qu’un jour encore, il s’aperçoit que si la
pierre ne se rouille pas à l’égard du fer, elle se raye, que le diamant même
s’il ne se raye pas, il peut se casser. Il avait éprouvé la tentation du panthéisme
des fusions et de dissolution dans la matière et une seconde fois la matière le
trahi. C’est une nouvelle crise, son Dieu le trahi une seconde fois et cette
crise est plus grave encore que la précédente. Voyez combien dans les âmes
prédestinées, des petites choses, lesquelles qui pour un autre enfant
passeraient inaperçues, prennent la valeur d’un tournant et d’une prise de
conscience. Tout est important dans une vie quand c’est perçu superlativement.
Seulement, cette crise est très bénéfique car c’est elle qui
va le sauver du danger du matérialisme, c’est elle qui va sauver cet homme du
danger de la possession. Puisqu’il s’aperçoit que tout ce que l’on peut
posséder sur Terre n’est que vain et éphémère : le fer se rouille, la
pierre se casse, se détériore, ainsi on ne possède donc rien ! Ainsi, il
est sauvé du goût de la collection et de la possession des choses. Car s’il
s’était absorbé, enfant, dans la contemplation de son Dieu le Fer, c’était en
fait pour y trouver la plénitude et il ne l’avait pas trouvé. Et par après,
s’il s’était tout entier donné à des collections de pierres et de minéraux
c’était pour y trouver l’absolu et il ne l’avait point trouvé. Disons, en
quelque sorte, que cet homme n’avait pas trouvé ses ailes : ce n’était pas
encore le « Taureau ailé », car dans le mythe du Taureau il faut
passer de la Terre aux Ailes de la sublimation.
Disons qu’à ce moment-là, c’est-à-dire enfant, Pierre
Teilhard de Chardin n’avait pas encore trouvé ses ailes. Pour qu’il réussisse à
trouver ses ailes il devra s’enfoncer plus avant dans la matière et dans le
temps. C’est-à-dire qu’il s’enfonce plus profondément dans l’étude de la
matière planétaire ; l’étude de la matière organisée en fonction du temps
planétaire et il faudra qu’il descende très loin vers le passé du monde. Ceci
est normal quand on a un thème marqué par la Terre, comme c’est le cas ici, il
faut d’abord s’enfoncer avant de rejaillir. Disons qu’il lui faudra d’abord
dans un premier temps connaître et toucher toutes les choses palpables pour parvenir
à Dieu, c’est son chemin. Il lui faudra, d’abord reculer dans le temps jusqu’à
l’origine des hommes, je dirais même jusqu’à l’origine du monde, pour
comprendre finalement la fin de toute la création et pour déboucher vers Dieu.
Voyez le chemin étonnant de cet homme, c’est un chemin complet, c’est
merveilleux, c’est un exemple. C’est en s’enfonçant dans la matière que très
étrangement Teilhard de Chardin va rejaillir dans l’esprit.
C’est la géologie qui a fournit un support rationnel à son
intuition enfantine. La géologie, l’étude des pierres était toute naturelle.
Seulement, des pierres en mouvement le long de l’immense durée des temps
préhistoriques. C’est-à-dire les pierres qui portent l’esprit, les pierres qui
lorsqu’on les examine nous parlent de la vie de nos lointains ancêtres.
Comprenez-vous, ces pierres en somme, qui portent l’esprit. Il n’en prendra du
reste, nettement conscience qu’assez tardivement, puisque dans un texte du 26
mai 1925, il écrit ceci :
“Je
n’ai pas à vous redire combien la géologie tient peu de place au fond dans la
genèse en moi de cet évangile. J’avais le besoin d’un contact avec le réel pour
m’éveiller et me nourrire, d’un contact avec le réel aussi pour participer à
l’effort humain et pratiquer l’alliance que je prêchais entre l’homme et le
chrétien. La géologie a été cela pour moi, mais je crois que toute autre
expérience eut eu sur moi les mêmes résultats.”
Ainsi, il s’agit de bien comprendre que pour ce géologue, la
géologie n’est pas une fin en soi mais un tremplin pour l’accomplissement d’une
pensée, la solution d’une antinomie interne. Et tout homme devrait faire sienne
cette idée. Car un métier, une profession, ne doit jamais être une fin en soi,
mais un tremplin pour une évolution intérieure.
A son sujet, Claude Quénau dit ceci :
“Teilhard
n’avait rien d’un savant de laboratoire, il recherchait avant tout le contact
avec le terrain. Visuel, doué d’un rare don d’observation, il aimait les faits. Malgré la puissance de ses
intuitions, il redoutait la théorie quand elle ne s’appuie pas sur une
suffisante quantité de données concrète. Sur le terrain, son regard
s’illuminait et Teilhard devenait insensible à la fatigue.”
Ce qu’il faut bien comprendre dans l’analyse du thème de
Teilhard, c’est que c’est en utilisant son outil Taureau de la matière qu’il
put atteindre l’esprit immatériel, il s’agit de bien situer ce fait.
Or, comment procéda cet homme ? Il fit d’abord des
études sur la granitisation et l’édification progressive des continents. Il fit
aussi des études très importantes sur les insectes, puis sur les mammifères.
Afin de saisir la démarche intérieure de cet homme, on peut
ouvrir son ouvrage : Le Phénomène
Humain, au chapitre
III, qui est intitulé Dêmêtêr (La Terre Mère), nous pouvons
lire très étrangement ceci :
« Chez les insectes supérieurs, une concentration
céphalique des ganglions nerveux va de pair avec une extraordinaire richesse et
précision des comportements. Nous devenons pensifs à regarder vivre autour de
nous ce monde, si merveilleusement ajusté, à la fois, et si effroyablement
lointain. Concurrents ? Successeurs peut-être ?… Ne faudrait-il pas
dire, plutôt, foule pathétiquement engagée et luttant dans une impasse ?
Ce qui paraît éliminer, en fait, l’hypothèse que les
Insectes représentent l’issue, - ou même simplement qu’ils soient une issue – pour l’évolution, c’est que, de beaucoup les aînés des
Vertébrés supérieurs par la date de leur épanouissement, ils semblent
maintenant « plafonner » irrémédiablement. Depuis des périodes
géologiques, peut-être, qu’ils se compliquent sans fin, à la manière des
caractères chinois, on dirait qu’ils n’arrivent pas à changer de plan :
comme si leur élan ou métamorphose de fond se trouvaient arrêtés. Et, à la
réflexion, nous apercevons certaines raisons à ce piétinement.
D’abord ils sont trop petits. Pour le développement
quantitatif des organes, un squelette externe de chitine est une mauvaise
solution. Malgré des mues répétées, la carapace emprisonne ; et elle cède
rapidement sous des volumes intérieurs grandissants. L’insecte ne peut pas
grandir au-delà de quelques centimètres sans devenir dangereusement fragile.
Or, quel que soit le dédain avec lequel nous regardions parfois ce qui est
« affaire de dimensions », il est certain que certaines qualités, par le fait même qu’elles sont liées à une synthèse
matérielle, ne
peuvent se manifester qu’à partir de certaines quantités. Les psychismes
supérieurs exigent physiquement de gros cerveaux.
Ensuite, et précisément peut-être pour cette raison de
taille, les Insectes laissent percer une étrange infériorité psychique là même
où nous serions tentés de placer leur supériorité. Notre habileté reste
confondue devant l’exactitude de leurs mouvements et de leurs constructions.
Mais prenons-y garde. Observé de près, cette perfection ne tient finalement
qu’à la rapidité extrême avec laquelle se durcit et se mécanise leur
psychologie. L’Insecte, on l’a bien montré, dispose pour ses opérations d’une
frange appréciable d’indétermination et de choix. Seulement, à peine posés, ses
actes paraissent se charger d’habitudes, et se transcrire bientôt en réflexes
organiquement montés. De là les ajustements d’organes et de gestes qui, à bon
droit, émerveillaient Fabre. Et de là aussi les agencements, simplement
prodigieux, qui groupent en une seule machine vivante le fourmillement d’une
ruche ou d’une termitière. » (Le
Phénomène Humain,
pages 167 à 169)
De même que sur les insectes Teilhard de Chardin fit des
études très poussées sur les mammifères. Il étudia longuement les sicenés, ce
sont des rats taupes de Chine. Il étudia touts les vertébrés et notamment les
primats. Il écrit ceci :
« Laissons donc les Insectes. Et retournons-nous vers
les Mammifères.
Immédiatement, ici, nous nous sentons à l’aise :
tellement à l’aise, que ce soulagement pourrait être mis sur le compte d’une
impression « anthropocentrique ». Si nous respirons, sortis des
ruches et des fourmilières, ne serait-ce pas tout simplement que, parmi les
Vertébrés supérieurs, nous sommes « chez nous » ? Oh ! la
menace, toujours suspendue sur notre esprit, de la relativité !…
Si un quadrupède fourré nous paraît, en comparaison d’une
Fourmi, si « animé », si proprement vivant, la raison n’en est pas
seulement qu’avec lui nous nous retrouvons zoologiquement en famille. Dans le
comportement d’un Chat, d’un Chien, d’un Dauphin, que de souplesse ! Que
d’inattendue ! Quelle part fait à l’exubérance de vivre et à la
curiosité ! Là l’instinct n’est plus, comme dans l’Araignée ou l’Abeille,
étroitement canalisé et paralysé dans une seule fonction. Individuellement et
socialement, il demeure flexible. Il s’intéresse, il papillonne, il jouit. A la
différence de l’Insecte, le Mammifère n’est déjà plus l’élément étroitement
esclave du phylum sur lequel il est apparu. Autour de lui une « aura »
de liberté, une lueur de personnalité, commencent à flotter. » (Ibid. Pages 169-170)
Mais ne nous y trompons pas : toutes ces
recherches de Teilhard sur les Pierres,
sur les Insectes et sur les Mammifères, n’ont qu’un but, (dont il n’avait
peut-être pas conscience) à savoir, la Spiritualité.
Pour aller vers le Divin, je vous l’ai bien expliqué, il a
prit le chemin de la Matière. Ce fut son chemin, comme d’autres ont pris le
chemin de l’enfer. Si nous prenons le Complexe d’Orphée et de son Mythe, nous
comprenons que pour trouver l’Esprit il faut quelquefois traverser l’Enfer,
c’est le chemin d’une initiation. Il s’agit donc de ne pas vouloir calquer son
initiation sur quelqu’un d’autre, mais plutôt de comprendre quelle est, dans
son propre thème, le chemin de son initiation. Et, ce chemin passe forcément
par le problème thématique qui nous est propre. Voyez-vous comment il a vécu et
comment il est une leçon. Il y a bien des gens qui ont pris un autre chemin.
Par exemple, Charles Baudelaire à pris le chemin de l’Enfer ;
Michel de Ghelderode
a également pris le chemin de l’Enfer ; le Marquis de Sade a pris le chemin de l’Enfer pour
rejaillir en Esprit. D’autres ont pris d’autres chemins, il y en a qui ont pris
le chemin de la folie, qu’ils se nomment Vincent Van Gogh, Frédéric Nietzsche, ou Gérard de Nerval, ils ont pris le chemin de la folie. A vous de
chercher le vôtre. C’est la chose la plus importante que vous n’ayez à faire
dans cette vie, car ce n’est pas du tout le chemin d’une réussite sociale, mais
bien plutôt le chemin d’une réussite intérieure. Et finalement tous les chemins
des hommes devraient mener à l’esprit.
Méditons encore une fois ce que nous livre Teilhard de
Chardin :
« En soi, prise à son optimum, la différenciation d’un
organe est un facteur immédiat de supériorité. Mais, parce qu’elle est
irréversible, elle emprisonne aussi l’animal qui la subit. La spécialisation
paralyse et l’ultra-spécialisation tue. La paléontologie est faite de ces
catastrophes. – Parce qu’ils sont, jusqu’au Pliocène, demeurés par leurs
membres les plus « primitifs » des Mammifères, les Primates
(c’est-à-dire les Singes) sont aussi restés les plus libres. – Or, qu’ont-ils fait de cette liberté ? Ils l’ont
utilisée pour s’élever, par jaillissements successifs, jusqu’aux frontières
même de l’intelligence.
Ce qui fait l’intérêt et la valeur biologique des Primates,
voyons-nous d’abord, c’est qu’ils représentent un phylum de pure et directe cérébralisation. Chez les autres Mammifères, sans
doute, système nerveux et instinct vont aussi graduellement croissant. Mais en
eux ce travail interne a été distrait, limité, et finalement arrêté par des
différenciations accessoires. Le Cheval, le Cerf, le Tigre, en même temps que
leur psychisme montait, sont partiellement devenus, comme l’Insecte,
prisonniers des instruments de course et de proie en lesquels leurs membres ont passé. Chez les Primates, au contraire,
l’évolution, négligeant, et par suite laissant plastique tout le reste, a
travaillé droit au cerveau. Et voilà pourquoi, dans la marche montante vers la
plus grande conscience, ce sont eux qui tiennent la tête.
Et dès lors, ajouterons-nous, il est facile de décider où
doivent s’arrêter nos yeux sur la Biosphère, dans l’attente de ce qui doit
arriver. Partout, savions-nous déjà, en leur sommet, les lignes phylétiques
actives s’échauffent de conscience. Mais dans une région bien déterminée, au
centre des Mammifères, là où se forment les plus puissants cerveaux jamais
construits par la Nature, elles rougissent. Et déjà même s’allume, au cœur de
cette zone, un point d’incandescence.
Ne perdons pas de vue cette ligne empourprée d’aurore.
Après des milliers d’années qu’elle monte sous l’horizon, en
un point strictement localisé, une flamme va jaillir.
- La pensée est là ! » (Ibid. Pages 173-174)
C’est une page magnifique de puissance, de rythme, de
certitude et d’optimisme. Voyez-vous, on peut être très grand et génial en
parlant d’une Fourmi ou en parlant d’un Singe, car il n’est pas de petit sujet.
Et cette page, je voudrais directement la rapprocher de la
fin du 1er chapitre du Phénomène
Humain, où l’on voit
s’exprimer pleinement la tonalité Taureau qui est faites d’enthousiasme et de
jaillissement. Il écrit ceci :
« La Terre est probablement née d’une chance. Mais,
conformément à une des lois les plus générales de l’Évolution, cette chance, à
peine apparue, s’est trouvée immédiatement utilisée, refondue en quelque chose
de naturellement dirigé. Par le mécanisme même de sa naissance, la pellicule où
se concentre et s’approfondit le Dedans de la Terre émerge, à nos yeux, sous
forme d’un Tout organique où on ne saurait plus désormais séparer aucun élément
des autres éléments qui l’entourent. Nouvel insécable apparu au cœur du Grand
Insécable qu’est l’Univers. En toute vérité, une Pré-biosphère.
C’est de cette enveloppe que nous allons dorénavant nous occuper, - seule et
entière. Toujours penchés sur les abîmes du Passé, observons sa couleur qui
vire. D’âge en âge la teinte monte. Quelque chose va éclater sur la Terre
juvénile. La Vie ! Voici la Vie ! » (Ibid. page 73)
Voilà encore une de ces grandes pages qu’un homme a donné à
l’humanité…
Mais, ce que nous comprenons bien dans l’analyse de notre
homme, c’est que tout concours chez Teilhard de Chardin, à le porter de la Biosphère à la Noosphère, c’est-à-dire de la simple sphère
de la Vie à la Sphère de l’Ame.
Surtout ne nous y trompons pas, car dès le début, nous
l’avons bien compris, la Matière n’est aimée pour elle-même par Teilhard de
Chardin, elle n’est pas aimée pour elle-même comme elle pourrait l’être chez un
Taureau de « bas étage », mais elle est aimée (la matière) pour ce
qui s’accomplit en elle, pour le miracle de l’esprit qui s’accomplit en cette
matière, qui est (cette matière) le support de l’âme. Il faudrait être un
lecteur inattentif de son œuvre pour le croire matérialiste, et si je dis ceci
c’est tout simplement parce que certains biographes l’ont écrit qualifiant
ainsi l’œuvre de Teilhard de Chardin comme une « théorie
matérialiste », certains disent même de lui que « c’est un évolutionniste
qui va à la messe ! »
Parce qu’il faut bien comprendre, c’est que si l’on a une
vision légère de la chose, alors en ce cas, le masque Taureau de la matière
risque de nous fourvoyer. En fait ce qui passionne Teilhard de Chardin, ce
n’est pas exactement la matière, mais l’absolu qui existe dans la matière.
C’est-à-dire quelque chose qui, saisit par lui, au sein de la matière échappe
absolument aux lamentables ruines par lesquels tous les fragments de matière
l’on régulièrement déçus lorsqu’il était enfant et dont il a était si
violemment traumatisé vers l’âge de dix douze ans. C’est l’impérissable que cet
homme cherche. Il a du reste, en 1950, souligné son attitude paradoxale
lorsqu’il écrivit : “Atteindre le
Ciel par achèvement de la Terre.”
Dans une lettre il avoua : “L’amour naïf ou inquisiteur de la Gaiméter (la
Terre), je le diviniserai en songeant que de ce Tout mystérieux qu’est la
Matière quelque chose doit passer par la résurrection dans le monde des Cieux.”
Ainsi, nous arrivons alors à cette magnifique profession de
foi d’un Taureau, qui su s’élever du plan de la matière jusqu’au plan de la
supra-matière, lorsqu’il écrit : “Nous
sommes amenés à nous avouer que rien de ce qui se touche, n’ai la vraie
consistance du Monde, et ce qui nous apparaît alors comme la vraie consistance
du Monde, il nous est impossible de la toucher.”
En l’âme du Père Teilhard de Chardin, une alliance entre la
Matière et l’Esprit s’est opérée qui trouva son point d’équilibre en le Christ,
selon sa religion. Selon l’Abbé Paul Grenet : “Le Christ aux yeux de Teilhard est ce point
privilégié dans l’univers où se fait la jonction entre l’esprit et la matière.
De telle sorte qu’en lui, on est sûr de n’adorer que Dieu tout en ayant raison,
enfin, d’adorer une matière devenue littéralement adorable.”
C’est pourquoi, le jour où Teilhard découvrit la forme
supérieur du consistant et du durable – ce qu’il nomme : le Convergeant,
ce qu’il appela Matière et qu’il nomma : un point de convergence – Dieu
lui apparut alors comme le consistant : le plein et le durable. C’est un
Dieu Matière qui fut le sien et c’est le point final vers lequel converge comme
une interminable marée montante toute les âmes, c’est ce qu’il appela : Le
Point Oméga.
L’effort de Teilhard, son étrange science du Réel fut de ne
plus regarder l’Homme comme une exception mais de l’intégrer à un ensemble
matériel où Dieu n’est pas absent. Si nous comprenons bien la chose :
avant Teilhard de Chardin, eh bien il y avait une science de l’homme, il y
avait une science de la nature, seulement il n’y avait pas de science de
l’Homme « dans » la Nature. Allons même plus loin il y avait une
sous-religion de Dieu. Mais Dieu était situé hors du monde matériel, il était
dans les sphères de l’invisible où personne ne pourrait jamais parvenir ou
n’aurait jamais de préhension. Dieu était, en quelque sorte, dissocié de notre
monde matériel, ainsi après Teilhard il y a eu l’adoration d’un Dieu dans le
monde matériel. Et l’on comprend que c’est une démarche Taureau : le
Taureau qui aime la nature trouve Dieu en contemplant un arbre, en regardant le
ciel, en respirant l’odeur d’une fleur, ainsi, Dieu est partout présent.
Certes, aujourd’hui ceci nous paraît évident, mais avant
l’arrivée de Pierre Teilhard de Chardin, c’était dissocié. Poussons plus loin,
à savoir qu’autrefois le Corps était blâmable, avec tous les tabous et les
systèmes auto-punitifs qui régentés, il fallait vaincre voire détruire le corps
afin de n’être plus qu’âme. Mais non ! l’âme s’est incarnée dans le corps,
c’est un support et c’est ce que nous fait comprendre Teilhard de Chardin qui
réconcilie l’Ame et le Corps, Dieu et la Matière. C’est un bon en avant
prodigieux qu’il a fait faire à l’humanité, seulement, en a-t-on conscience…
D’ailleurs il a écrit une phrase qui est resté célèbre et
qui a fait bondir tout les mystiques : “Pour penser, il faut manger” (page 60)
C’est tout à fait vrai. En effet, vous pouvez faire un jeûne
de quarante jours, mais au-delà du quarante et unième jour c’est la mort, le
diable, la transcendance ou le paradis, il se passe forcément quelque chose
d’autre, on se désincarne. C’est l’histoire du Christ dans le désert. Ainsi,
pour penser, il faut manger pour que le cerveau fonctionne est émette sa pensée
il faut en effet mettre du charbon dans la machine. Par conséquent, il ne
s’agit pas d’avoir honte de cette machine, elle nous a été donnée pour
travailler.
Tout le programme intérieur de cet homme réside dans cette
méditation qu’il eut lorsqu’il écrit : “Par moment je me fais l’impression d’être un de ces oiseaux qu’on voit
tourbillonner dans un grand vent. Les forces spirituelles sont d’une puissance
et d’un mystère encore plus grand que les forces de la matière.”
Quittant le problème de la matière qui est spécifique au
Taureau, restons toujours dans le Taureau avec la notion de Possession qui est
aussi une particularité du Taureau.
Après le piège de l’engoncement dans une matière involuée,
qui était le danger qui guettait cet homme et qui guète d’ailleurs touts les
natifs du Taureau. L’autre piège qui guète tous les natifs du Taureau est le
désir de possession porté à son paroxysme. Or, voici comment Teilhard déjoua ce
piège et solutionna son problème. En 1918, dans un ouvrage intitulé Mon Univers, il écrivait déjà :
“Le besoin de posséder en tout quelque absolu était
dès mon enfance l’axe de ma vie intérieur. Parmi les plaisirs de cet âge je
n’étais heureux, je m’en souviens en pleine lumière, que par rapport à une joie
fondamentale, laquelle consistait généralement dans la possession ou la pensée.”
Je m’arrête sur cette phrase car il met la possession « ou » la pensée, je reviendrais sur ce point.
Il continu : “dans
la possession ou la pensée de quelques objets plus précieux, plus rares, plus
consistants, plus inaltérables. Tantôt il s’agissait de quelques morceaux de
métal, tantôt par un saut à l’autre extrême, je me complaisais dans la pensée
du Dieu esprit.”
C’est très important des phrases de la sorte lorsqu’on est
devant un thème marqué par le Taureau et les Gémeaux. Puisque pour lui, et ceci
ce comprend aisément à la lecture de ces quelques phrases, le problème de la
possession Taureau et de la dépossession inhérente à son état de Père de
l’Eglise serait finalement un problème beaucoup plus facile à résoudre que
celui de l’interpénétration de la matière et de l’esprit. Puisque déjà en 1918
il peut écrire : Possession ou Pensée. La pensée ou la possession,
c’est-à-dire qu’il met en terme de synonyme ces deux mots et il prouve à
l’homme que l’on peut posséder par la seule pensée. Effectivement, on possède
une chose en pensée, d’ailleurs on parle des richesses intellectuelles, des
possessions intellectuelles, par exemple, un savant parlera volontiers d’un
capital lecture qu’il est obligé d’assumer pour posséder une certaine pensée.
Par conséquent, lorsque vous êtes face à des êtres marqués par le Taureau
faites très attention, ne regardez pas uniquement que du côté matériel, ce peut
être des puits de science. Ainsi des petites phrases de la sorte n’ont l’air de
rien, mais lorsqu’on lit ces phrases qui paraissent anodines avec le thème sous
les yeux que l’on s’arrête sur possession (Taureau) ou pensée (Gémeaux), on en
apprend beaucoup sur une âme humaine.
Pour Teilhard possession est synonyme de pensée, en sommes
il nous apprend simplement que l’on peut posséder quelque chose par une
sublimation de la possessivité. Par une participation transcendante, il sut
vaincre le chaos des sensations, des désirs d’un avoir illusoire et passager et
discerner le permanent dans le monde changeant.
A l’examen du thème, nous avons vu que la mariage
Matière/Esprit était possible par l’amalgame Taureau/Gémeaux, et c’est ici,
cette fois par l’amalgame Taureau/Maison XII que le passage de la possession à
la dépossession fut entrepris et facilité. Car la valorisation du Secteur XII
peut donner à un être une faculté de détachement au bénéfice d’une
transcendance. C’est d’ailleurs à ce niveau là qu’une Maison XII doit être
vécu, car si elle est vécue sur le simple plan de la matière alors elle
n’apporte que désillusions, échec et l’enfer de la possession, et quelque fois
même une possession outrée qui peut conduire l’être en prison pour avoir voulu
posséder dans des circonstances peut honnête. D’où les attributs d’enfermement,
d’internement, de prison, d’épreuves de la Maison XII. En somme, Teilhard de
Chardin, nous délivre une clé pour vivre positivement une Maison XII dans un
cadre Taureau.
La Maison XII, nous le savons, est une maison des
limitations et de tous ce qui est retrait de la vie du monde. Par conséquent, elle
ne peut être utile qu’à ceux qui renoncent au monde et qui renoncent à
eux-même. La Maison XII est toujours une Maison difficile à vivre, seulement
elle peut permettre une monté spirituelle. Par la force intellectuelle d’un
Ascendant Gémeaux avec une Lune Gémeaux sur l’Ascendant et par la puissance du
travail et de la forte secondarité du Taureau qui est occupé par six planètes
Teilhard de Chardin pouvait entreprendre et réussir cette ascension spirituelle
que les astres lui proposés. Et comme la Maison XII est toujours Maison des
secrets, durant toute la vie de Teilhard, l’œuvre a été cachée, exactement
comme ce Soleil au centre de cette XII, ainsi la lumière solaire est mise sous
le boisseau. Il fallait, en quelque sorte, par les méfaits ou bienfaits de
cette XII mettre réellement la lumière sous le boisseau, c’est bien cela que
dit un Soleil en XII. Seulement c’est dans l’alchimie de la XII que l’œuvre
voit le jour, quand l’homme disparaît. Et c’est bien ainsi, à titre posthume,
que brille la gloire de Teilhard de Chardin. Le jour de la mort de Pierre
Teilhard de Chardin le Soleil était au Bélier, un nouveau cycle commençait et
l’œuvre allait vivre, et l’œuvre allait vivre parce que l’homme s’était retiré
dans sa mort, ceci est la loi de la XII. Mes dès l’enfance Pierre Teilhard de
Chardin avait senti l’emprise de cette Maison XII : prison secrète que
l’homme porte en lui. Dans Le Cœur de
la Matière, qui est
son autobiographie spirituelle il écrit ceci : “A l’âge de six ou sept ans
j’étais affectueux, sage, mais en réalité mon véritable Moi était ailleurs. Et
pour l’apercevoir à découvert il eut fallu m’observer lorsque toujours
secrètement et sans maudire, sans même penser qu’il put y avoir rien à dire là
dessus à personne, je me retirais dans la contemplation de mon Dieu le Fer.”
Voyez la démarche : secrètement, sans mot dire
« je me retirais », voyez ici l’expression de la XII. J’ai voulu à
dessin souligner les mots qui me paraissent caractéristiques de l’univers de la
XII. En fait, nous sommes ici exactement en situation d’une consultation
astrologique. En effet, c’est notre consultant qui nous parle, vous vous doutez
bien que si un consultant qui présente un thème Maison XII en vient à vous
confessez qu’étant enfant « je me retirais secrètement dans la
contemplation de mon Dieu le Fer », vous allez retenir les mots et le lui
montrer ce que ceci veut dire intérieurement. C’est cela l’astrologie, c’est
toutes ces subtilités là, et non pas les prévisions avec les gains du Loto et
les rencontres affectives. C’est l’influence de cette Maison XII qui pousse
Pierre à se retirer dans le secret pour se livrer à des occupations que les
autres ignorent. Seulement, il faut bien dire que Teilhard à senti la griffe de
cette Maison XII.
Ce sont d’abord les sourdes persécutions dont Teilhard a été
l’objet. Tribu de la Maison XII : on l’a persécuté, de son vivant on n’a
pas été juste envers lui.
C’est ensuite cet exil en Amérique qu’il a subit. On peut
même considérer à certains égards la « croisière jaune » comme une
manière d’exil. Et puis n’oublions pas que pendant la guerre 39/40 il a été
longtemps prisonnier des japonais. Voyez la marque de la Maison XII au niveau
des événements. Enfin, et c’est là la marque de la Maison XII au niveau du
vécu, on interdisait ses conférences, aux réunions officielles de savants on
lui déconseillait de se montrer. Et enfin, on interdit son œuvre, en 1940 il
est en pleine rédaction de l’œuvre majeure de sa vie qui est une œuvre capitale
car elle va bouleverser des consciences et qui a pour titre Le Phénomène Humain. En 1941, le texte est arrivé à Rome pour la
censure, en 1944 le Père Teilhard de Chardin apprend que son livre est
refusé : il faudra le revoir, le corriger. Mais en 1947, défense lui est
faite en haut lieu, d’écrire sur des questions de philosophie ou de théologie.
En 1950, il soumet un nouveau manuscrit à la censure romaine, le manuscrit a
pour titre : Le Groupe Zoologique
Humain, non sans
quelques espoirs puisqu’il a voulu cette nouvelle rédaction plus purement
scientifique que celle du Phénomène
Humain, pourtant la
réponse de Rome est toujours négative car le livre déborde encore trop la
science proprement dite. Il insiste, en 1954 nouveau refus de ses supérieurs,
ceux-ci vont jusqu’à lui déconseiller de se rendre au Colloque de la Sorbonne
sur la paléontologie. Colloque où l’invitaient Jean Piveteau (professeur à la
Sorbonne) et la recherche scientifique, Teilhard se soumet. Toujours, en somme,
par l’intermédiaire de cette Maison XII on interdit qu’il soit ce qu’il est, et
toujours il se soumet, car avec la XII il faut renoncer au monde et à soi-même.
De sa part, il n’y aura aucunes plaintes : le renoncement du Père Teilhard
de Chardin est total à l’égard de ce qui lui été le plus cher à savoir la
diffusion de ses idées, seulement il y a quelque chose encore plus fort c’est
son attachement absolu à l’amour du Christ mystique, car il a fait un vœu
d’obéissance et il s’y tient. Pour avoir une telle attitude, il faut être nanti
d’une grande âme. Et ici, je pense que vous pouvez sentir toute la crise qu’il
peut y avoir à l’intérieur d’un être. Et si je souligne le mot crise, c’est que
c’est aussi un attribut de la Maison XII.
Le 14 mai 1955, il écrit : “En attendant, il n’y a qu’à
suivre la ligne de conduite sans foi éprouvée, continuer à lutter sans amertume
et avec une immense confiance du Dedans.” Là encore je souligne :
« du dedans », c’est-à-dire de la Maison XII.
Le 12 octobre 1951 il avait écrit au général des Jésuites,
pour l’assurer de sa totale soumission, non sans tenter, cependant, de se
justifier :
“Je
reconnais pleinement que Rome peut avoir ses raisons pour estimer que, sous sa
forme actuelle, ma vision du christianisme est prématurée ou incomplète et que
par suite elle ne saurait être diffusée présentement sans inconvénient. C’est
sur ce point important de fidélité et de docilité extérieure que je tiens tout
particulièrement à vous affirmer que en dépit de certaines apparences je suis
décidé à rester enfant d’obéissance. Ce qu’on a pu prendre dans mon attitude, depuis
trente ans comme de l’entêtement (Taureau) ou de
l’impertinence (Lune
Gémeaux) est tout simplement l’effet de
mon impuissance à ne pas laisser éclater au dehors mon émerveillement. En fait,
j’ai bon espoir que mon absence d’Europe fera tout simplement tomber autour de
moi l’effervescence qui a pu vous inquiéter dernièrement.”
Ainsi, toujours il s’est soumis et je crois bien que force
lui été donné de se soumettre avec un Secteur XII aussi important, mais il a du
souffrire comme un passionné peut souffrir de vivre au milieu de ceux qui nient
et méprisent l’objet de sa passion. A ce sujet un témoin de Teilhard de Chardin
écrivit ceci :
“L’épreuve la plus crucifiante fut bien celle de n’être pas
compris, de se voir décrier, abandonné presque. Quelle tristesse il y avait
parfois dans son regard généralement si limpide, si confiant. Je n’oublierais
jamais les derniers mots qu’il m’adressa. Je l’avais rencontré à New York en
février 1953 et nous avions passé de longues heures à discuter sur son seul
problème. Il était délicieusement gai, au moment de nous séparer, il mi ses
mains sur mes épaules et se pencha vers moi et, chose qu’il n’avait jamais
faite, il m’embrassa en me disant « pries bien pour que je ne meurs pas
aigris. » Je le quittais bouleversé”
Aujourd’hui qu’il est mort et que l’œuvre est parue, les
interdits, les critiques et les mises en gardes n’ont pas cessé. A la date du
30 juin 1962 le Saint Office a publié, au sujet de ses œuvres, la mise en garde
que voici :
“Certaines
œuvres du Père Teilhard de Chardin publiées également après sa mort se
répandent et connaissent un vif succès. Sans porter de jugement sur ce qui a
trait aux sciences positives, il bien manifeste que sur le plan philosophique
et théologique, ses œuvres regorgent d’ambiguïtés et même d’erreurs graves
telles qu’elles offensent la doctrine catholique. C’est pourquoi les
éminentissimes et révérendissimes Pères de la Suprême Sacré Congrégation du
Saint Office invite tout les ordinaires ainsi que les supérieurs d’instituts
religieux, les supérieurs de séminaires et les recteurs d’Université à mettre
en garde les esprits, particulièrement ceux des jeunes, contre les dangers que
présentent les œuvres du Père Teilhard de Chardin et celles de ses disciples.”
Voyez-vous la Maison XII qui continue son action !
Dans les Souliers de
Saint Pierre de Maurice Elwest, campe Teilhard de Chardin
sous un nom d’emprunt qui est Jean Telemont, quant au général des Jésuites il
le nomme : Rudolph Semring. Voilà ce qu’il écrit :
“Il avait passé plus de vingt ans en exil (Maison XII) en
Chine, en Afrique, aux Indes, dans les Iles de l’Indonésie. C’était un simple
prêtre et un savant distingué que Rudolph Semring avait condamné au silence au
nom de la sainte obéissance. Pour un savant, le silence est pire que l’exil.
Celui-là était libre de travailler et de correspondre avec ses collègues du
monde entier, mais l’obéissance lui interdisait de publier le résultat de ses
recherches ou de professer en public. Bien souvent durant ces dix dernières,
Rudolph Semring avait interrogé sa conscience en considérant l’épreuve qu’il
imposait à un esprit aussi brillant et toujours en revenait à cette conviction
que la discipline ne pouvait qu’affirmer cette intelligence exceptionnelle dont
les spéculations hardies demandaient pour se fonder avec certitude de traverser
une période de silence.
En historien averti Rudolph Semring était persuadé que la
portée d’une idée dépend de l’époque où se situent ses premières
manifestations. Il était désormais trop tard pour risquer une seconde affaire
Galilée où le bûcher d’un Giordano Bruno. Ni la compassion, ni la compréhension
ne lui manquait à l’égard d’un esprit aussi noble que celui de son subordonné,
mais Jean Télémont (c’est-à-dire Teilhard de Chardin), comme tous les autres
membres de la compagnie de Jésus avait fait vœux d’obéissance, et ce vœux
exigeait une soumission qui de sa part s’était révélé total. Ce fils spirituel
n’était pas un savant banal mais un esprit clair et une âme bien née, le
silence ne l’avait pas brisé, l’exil ne l’avait pas vaincu, l’esprit
d’obéissance s’était une bonne chose, mais une volonté que cet esprit aurait
brisé n’aurait plus était d’aucune utilité à la compagnie ni à l’église.”
L’analyse est intéressante, et plus loin, il dit encore, au
sujet de son personnage : “Sa croix c’est d’être perpétuellement déchiré
entre sa foi, l’obéissance qu’il avait juré et ses recherches personnelles pour
une plus profonde connaissance de Dieu à travers l’univers qu’il a créé. Il ne
pouvait revenir sur son acte de foi sans catastrophe personnelle et ne pouvait
abandonner ses recherches sans déloyauté envers lui.”
Voyez, ainsi posé, par cet homme, le problème est clair et
psychologiquement il est vrai, c’est le
problème du sacrifice. Avec une Maison XII valorisée dans un thème, c’est le
problème du sacrifice qui est posé à l’être.
Seulement, on comprend bien que dans ce sacrifice accompli
et consenti par Teilhard de Chardin, il y a quand même une part de lui-même qui
se révolte. Et c’est la raison pour laquelle il craint d’aboutir à un sentiment
de frustration et d’amertume, et c’est ce qui le pousse à dire à son ami :
“Pries bien pour que je ne meurs pas aigris.”
Si l’on regarde le thème, la quadrature Lune-Mars nous
raconte ceci. La dissonance Lune-Mars est très importante, cet aspect est très
fréquent dans une vocation religieuse. C’est l’indication d’un complexe de
Castration. Le complexe de Castration représente, pour un homme, un attachement
et une fixation à une mère castratrice. Et on voit souvent cela dans les thèmes
de Prêtres. La dissonance Lune-Mars (et même Soleil-Mars) représente la mère
castratrice des curées qui châtrent leurs fils à coups de principes. Voyez-vous
comment joue un aspect Lune-Mars ? D’ailleurs, on sait que Teilhard de
Chardin avait une mère autoritaire. Le conflit Lune-Mars, par l’alchimie
astrologique qui nous est très familière, se répercuta au sein même de
l’église, qui est cette dernière sa seconde mère. En effet, avec sa mère
l’église il trouva le même conflit : l’église qui le castra de sa
puissance de créateur et d’auteur ! Ainsi, on change de niveau mais il
s’agit toujours du même aspect et du même conflit psychique, c’est-à-dire que
les problèmes, qu’il a connu étant petit, avec sa mère il les retrouve
exactement semblable, quand il est devenu adulte, avec la mère église. Et à
votre consultant il faut lui expliquer, quand il nous raconte son enfance avec
ses heurts avec sa mère castratrice, autoritaire qui la châtré et qui a fait de
lui un curé, ce qui est le triomphe de la castration puisqu’il y a chasteté,
ainsi, il le retrouve avec la mère église et le Général des Jésuites et la
curie romaine qui le castre de ses œuvres. Il, y a en quelque sorte, au sein
même de l’église, un transfère maternel. Et naturellement, avec cet aspect
Mars-Lune il a vécu des phases de déchirement entre l’église et lui.
S’il n’avait pas été prêtre il y aurait eu quand même et
toujours ce même aspect Lune-Mars, ceci aurait été par exemple, des
déchirements avec les femmes, il serait tombé sur des femmes castratrices, il
aurait été entraîné dans des problèmes, dans des divorces successifs, dans des
drames, etc.
Seulement, Teilhard de Chardin a sublimé cet aspect. Car on
ne peut pas vaincre un aspect dissonant : quant dans un thème on a Mars en
mauvais aspect de la Lune, on l’a pour toute sa vie et on ne peut pas le
vaincre, on aura toujours le carré Lune-Mars. Seulement, ce carré Lune-Mars,
nous pouvons le transformer, les transporter vers un niveau situé plus haut et
socialement, l’utiliser. C’est exactement ce qui c’est passé avec Pierre
Teilhard de Chardin : en devenant un homme sans femme, puisque c’était le
rôle d’un religieux, Teilhard a déplacé son problème vers le haut. Seulement il
en résulte une grande solitude dans la vie affective, et cette solitude est
d’autant plus importante qu’il y a ici un carré Lune-Uranus.
Le thème est se présente comme une souricière où tous ramène
le « prisonnier » au fond de la XII.
Si on s’élève plus haut et que l’on recherche quelle est la
pensée de Teilhard de Chardin, on s’aperçoit qu’elle est une pensée Maison XII,
car ce qui agita Teilhard de Chardin, exactement du reste tout comme ce qui
agitait avant lui Pascal : Pascal l’homme prisonnier de deux infinis. Tout
comme Pascal Teilhard était prisonnier de deux infinis, je dis bien
« prisonnier » ce qui est bien un problème de la Maison XII. Et
l’admirable solution que donna Teilhard de Chardin, il la qualifia de Point
Oméga, c’était la seule évasion de la XII, la seule liberté qui lui resta.
Comment a-t-il fait ?
Il a commencé par analyser les causes de notre anxiété
contemporaine. Car le monde est angoissé et anxieux. Il y a d’abord le mal de
l’espace, c’est-à-dire l’angoisse de l’homme (je veux dire de l’homme qui pense
bien-sûr et non celui qui se contente de vivre au niveau végétatif) qui se sent
perdu dans l’immensité sidérale. Car dans l’immensité de l’univers nous ne
somme qu’un minuscule point invisible, et si l’on mesure ce fait lucidement un
instant c’est évidement angoissant. Nous qui nous prenons pour une chose importante,
qui croyons être le centre du monde nous ne sommes, en vérité, absolument rien
devant l’immensité sidérale.
Il y a aussi une autre anxiété qui s’est emparée des êtres
humains qui est le mal du nombre. C’est-à-dire, la pensée affolante de tout ce qui
a été, de tout ce qui est et de tout ce qui sera. C’est-à-dire le mal de la
multitude humaine, le mal de ces milliards de milliards d’individus, c’est
angoissant ! C’est un problème terrible que le mal du nombre. Déjà dans le
mal du présent, du nombre présent de ces milliards d’êtres qui sont là engagés
dans une aventure souvent dramatique et pour quel but ? Et le mal du
nombre dans le passé et dans les milliards d’années qui reste logiquement à
vivre à cette Terre. C’est terrible ! C’est ce qui était pour Teilhard de
Chardin sa prison intérieure : prisonnier de deux infinis : l’infini
de l’espace et l’infini du nombre, qui n’étaient cependant pas les mêmes
infinis que Pascal. Il a écrit :
“Mal
de l’impasse, angoisse de se sentir enfermé.”
Voilà bien ici l’expression superlative d’une Maison XII. Il
continu :
“Dans nos mouvements de masse, nous allons vers l’impersonnel, vers la
termitière. Or, une soif d’infinie habite au plus profond de nous-même. Le
marxisme croit que pour répondre à son besoin profond de notre être il suffit
que chacun de nous lègue à l’humanité ses œuvres, ses découvertes, ses
créations d’arts ou plus simplement le fruit de son effort. Mais c’est
méconnaître qu’en nous l’œuvre principale n’est pas ce que nous faisons mais ce
que nous devenons dans notre personnalité intime.”
C’est pourquoi, entre les deux infinis de Pascal, cet homme
va hésiter longtemps et va découvrir un troisième infini : celui de la
complexité. Il écrit :
“L’homme représente en effet, effectivement, la molécule la
plus complexe qui soit observable, et si cette complexité pouvait se chiffrer,
ce chiffre serait en vérité comparable à celui qui mesure les plus lointaines
distances astronomiques où le nombre d’atomes que contient notre galaxie.
L’homme est donc bien la flèche d’un mouvement qui tend vers un troisième
infini tout différend des autres, il trahit l’existence d’une courbure nouvelle
à la fois semblable et différente des hyper-espaces Einsteinien.”
Ainsi prisonnier d’infinis successifs, par cette idée du
Point Oméga où tout converge, c’est-à-dire où tout monte vers Dieu,
c’est-à-dire débouche sur la liberté, Teilhard trouva la seule issue à sa
Maison XII, une issue vers la plus profonde lumière des sommets, la plus pure
lumière des sommets. C’est vraiment une trouvaille de génie.
A un premier degré, le plus
inhabituel, le mal de l’espace temps se manifeste par une impression
d’écrasement et d’inutilité en face des énormités cosmiques, énormité de
l’espace, plus tangible et donc plus impressionnante. Qui donc de nous a bien
osé une seule fois dans sa vie regarder en face et essayer de vivre un univers
formé de galaxies s’espaçant à des cents mille ans de lumières, qui donc
l’ayant tenté n’en est pas sorti bouleversé dans l’une ou l’autre de ses
croyances, et qui donc, même lorsqu’il tachait de fermer les yeux sur ce que
nous découvre implacablement les astronomes, n’a pas senti confusément une
ombre géante passer sur la sérénité de ces joies.
Frédéric MUSCAT
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