Historique
de la caractérologie :
Le mot caractère
vient du latin character ; du grec kharaktêr; de Kharattein qui signifie graver.
C’est ainsi que l’on parle de gravures ou
bien d’écritures à caractère hiéroglyphiques ou cunéiformes.
En ce qui concerne le terme de caractère en
tant qu’attitude de comportement ou de traits propres à un individu, cette
articulation a son origine dans un ouvrage d’un philosophe et savant grec du
nom de Théophraste (Lesbos, vers 372 - Athènes, vers 287 av J.C).
Cet ouvrage a pour titre “Caractères”, c’est une observation un peu
superficielle, mais spirituelle et pittoresque.
Au XVIIe siècle, Jean de La
Bruyère, moraliste français (Paris, le 7 août 1645 - Versailles, nuit
du 10/11 Mai 1696), traduisit l’ouvrage de Théophraste : Les Caractères.
En marge de cette traduction, il dressa un ensemble de remarques. Le succès de
l’ouvrage encouragea l’auteur à étoffer ses commentaires. L’ouvrage se divise
en seize chapitres sans enchaînement les uns aux autres. Il porte sur des
réflexions morales, des portraits et des maximes.
La Bruyère a voulu, dans ses observations
fragmentaires, étudier les divers aspects de l’homme, à travers la société de
son temps. Il se dégage de ces pages une philosophie assez pessimiste,
illustrée par l’art avec lequel l’auteur peint certains portraits : il y a
celui de Cydias (le bel esprit), de Ménalque (le distrait), d’Onuphre (l’hypocrite), de Giton
(le riche), et de Phédon (le pauvre).
La Bruyère accrut le contenu de son livre au
cours des éditions publiées de 1688 à 1694.
Par conséquent, nous voyons bien ici que de
tout temps, on a considéré le terme de caractère dans son acception générale
qui signifie : ce qui différencie deux individus de même espèce (caractère
individuel).
Cependant, le terme est resté assez vague,
empli d’éthique et de morale, jusqu’au jour où la médecine s’en est
emparée :
À la fin du XIXe siècle, un
psychologue du nom de Heymans (Gérard), néerlandais, professeur à
l’université de Groningue, assisté d’un psychiatre du nom de Wiersma (Enno),
également professeur à l’université de Groningue, mirent au point une méthode
basée sur la statistique, afin d’élaborer les bases d’une caractérologie.
Heymans établit une liste de quatre-vingt-six
questions ayant trait au “caractère”, à l’intelligence, aux émotions, aux
motivations et aux activités humaines. Puis il adressa son questionnaire à
plusieurs centaines de médecins néerlandais. La clientèle de ces praticiens,
“médecins de famille”, servit de population d’enquête.
Les médecins devaient répondre aux questions
posées sur le caractère des différents membres des familles qu’ils soignaient
depuis longtemps et qu’ils connaissaient particulièrement bien.
Heymans pensait qu’il devait exister dans les
différentes familles une certaine hérédité des tendances caractérologiques.
Parallèlement à cette enquête statistique,
ils ont mené une enquête biographique concernant les célébrités historiques.
Les résultats mirent en évidence la présence
de trois propriétés fondamentales du caractère.
En France, René Le Senne,
philosophe et caractérologue, prit connaissance des travaux de Heymans et de
Wiersma, qu’on appelle dans le milieu caractérologique “Classification de
Groningue”.
Dès lors, Le Senne commence des recherches sur le
caractère, prenant pour base des éléments fondamentaux décelés par les auteurs
hollandais. En 1945, il fait paraître son ouvrage, le “Traité de
Caractérologie” aux Presses Universitaires de
France. C’est cet ouvrage qui va servir de base à nos investigations
astro-caractérologiques.
Qu’est-ce
que la caractérologie ?
“Dans le vaste domaine de la psychologie
concrète, la caractérologie comprend les études relatives à ce qu’il y a de
spécifique dans les différentes variétés d’individus et à ce qu’il y a
d’original dans les individus eux-mêmes.
1°) Au sens étroit, la
caractérologie est la connaissance des caractères, si l’on entend par ce mot le
squelette permanent de dispositions qui constituent la structure mentale d’un
homme.
2°) Au sens large, la
caractérologie porte non seulement sur ce qu’il y a de permanent,
d’initialement et perpétuellement donné dans l’esprit d’un homme, mais sur la
manière dont cet homme exploite le fond congénital de lui-même, le spécifie, le
compense, et réagit sur lui.” (René Le Senne, Traité de
Caractérologie, p. 1- 2, Presses Universitaires de France, 1984. 1ere
édition : 1945)
Cependant, il faut noter que dans cet
ouvrage, en raison même de la définition qu’il donne du caractère, Le Senne
prend toujours le mot de caractérologie au sens étroit.
L’importance
de la caractérologie :
Or, les considérations caractérologiques sont
extrêmement importantes. En effet, il est des êtres qui s’imaginent que parce
que les hommes ont une tête, un cœur, deux bras, deux jambes… ils se
ressemblent et qu’à la limite on peut tous les traiter de la même manière et
exiger la même chose de chacun d’eux. Cependant, il n’en est rien, et
l’expérience dément heureusement chaque jour un tel préjugé.
- “L’homme par exemple n’est ni
raisonnable ni affectif, par essence : tel homme est moins émotif que la
moyenne et il agit par concepts et raisons : tel autre au contraire vire
suivant les ébranlements de sa sensibilité et les principes sont sans influence
sur sa conduite.
De même, l’homme n’est ni bon, ni
mauvais ; ce qui est vrai, c’est que tel homme est spontané et généreux
par premier mouvement, tel autre serviable par la puissance d’une doctrine, tel
autre dur par indifférence aux sentiments, tel autre enfin cruel par besoin de stimulation
intérieure. Que la caractérologie nous ramène vers cette diversité, elle seule
pourra nous mettre en état de débrouiller l’écheveau des actions et des
passions humaines, en nous conduisant à la connaissance des caractères qui sont
à leur racine.” (Ibid. p. 7- 8)
Définition
du mot caractère :
Il convient donc dès le début de ce cours de
définir la notion de caractère. Pour ce faire, il est indispensable d’enlever
au mot caractère l’imprécision avec laquelle il est généralement utilisé.
Tantôt ce qu’on appelle le caractère, c’est
la nature d’un individu, souvent sans préciser si l’on évoque sa nature
congénitale, non acquise et durable, ou au contraire cette seconde nature qu’il
a gagnée et s’est faite au cours de sa vie. Tantôt encore, on accentue le sens
moral du mot en appelant caractère, non ce qu’est l’individu réellement, mais
ce qu’il doit devenir : c’est ainsi par exemple que des magisters se
mettent en devoir de “former un caractère”. Egalement, dans ce même ordre
d’idées, on accuse d’être “sans caractère” un homme qui, au sens psychologique,
a bien un caractère, mais qui au sens moral, manque de l’originalité qu’on lui
voudrait, et “n’est pas un caractère”…
Pour éviter dorénavant toute confusion, nous
fixerons rigoureusement le sens du mot caractère, qui signifiera l’ensemble
des dispositions congénitales qui forment le squelette mental d’un individu.
Le
caractère a donc une réalité objective. Le caractère, c’est la résultante des
hérédités qui sont venues se croiser chez un être humain. Il n’y a donc rien
dans le caractère qui ne soit congénital, en est exclu tout acquis,
c’est-à-dire tout ce qui chez l’individu provient de son histoire.
Ce
caractère est donc permanent : il assure à travers le temps l’identité
structurelle de l’individu. En somme, le caractère n’évolue pas, mais il
conditionne l’évolution psychologique.
La
Personnalité :
A ce caractère s’oppose donc la personnalité,
qui comprend le caractère d’abord, auquel viennent s’ajouter tous les éléments
acquis au cours de la vie. Caractère et personnalité sont par suite les deux
extrémités d’une relation comparable à celle d’une forme et d’une matière.
Le
Moi :
Au cœur de cette relation unissant le
caractère et la personnalité, il est un centre actif, que l’on dit libre et
auquel nous réservons le nom de Moi.
Caractère,
Moi et Personnalité :
Dans le système constitué par ces trois
termes, le caractère est le premier terme, la personnalité le second, et entre
les deux, au centre figure le troisième terme, le Moi.
Dans cette trilogie, le caractère peut être
comparé à un instrument de musique, la personnalité à la partition musicale, et
le Moi au musicien. C’est en tant qu’il use de sa liberté qu’il est le
Moi : mais cette liberté est limitée par son caractère et par sa personnalité,
c’est-à-dire qu’elle est limitée par le morceau à jouer et par l’instrument
donné. Mais avec cet instrument et ce morceau précis, il est libre
d’interpréter ce morceau d’une façon ou d’une autre.
Tout individu a son caractère qui est
héréditaire et inchangeable, il n’évolue pas et ne bouge pas, il est statique.
Et tout individu a une personnalité plus ou moins forte qui elle, évolue ;
elle est plastique.
L’induction qui conduit à affirmer la réalité
du caractère est d’ailleurs si banale qu’on ne l’aperçoit même plus. Elle est
partout immanente à notre activité et à notre pensée sur les autres. Lorsqu’on
sort d’une séance de cinéma ou d’une pièce de théâtre, on va dépeindre le
caractère des protagonistes. De même, si l’on veut parler de Napoléon 1er, on va parler de son caractère en le
dépeignant comme un génie militaire, ambitieux, etc. Et l’on va s’apercevoir
que les actes des protagonistes ou de Napoléon se calquent sur leur caractère.
Or, aussi importante que la réalité du
caractère, leur invariabilité doit être à prendre en considération : à
vrai dire, la thèse de la réalité du caractère implique en elle-même
l’affirmation d’une persistance de l’identité de ce caractère. On ne pourrait
en effet la dégager, même si cette identité était perpétuellement changeante et
s’évanouissait d’instant en instant, elle ne signifierait rien.
En effet, si Napoléon au cours de sa destinée
avait pu modifier son caractère, il est évident que tout le reste de sa vie et
le destin du monde eussent été modifiés. C’est parce qu’il y a permanence du
caractère qu’il y a permanence d’action dans la vie. Le caractère est donc
invariable, et l’on peut conclure qu’un individu a, du commencement à la fin de
sa vie, le même caractère.
Toutefois, en professant l’invariabilité du
caractère, on ne supprime pas le devenir psychologique, car ce n’est pas la
même chose.
On ne supprime pas non plus la liberté, bien
au contraire, car s’il y avait une variabilité du caractère, il n’y aurait ni
devenir, ni évolution, ni même liberté,
et l’individu passerait d’un état à un autre sans assise et sans raisons.
Si le caractère était changeant comme du
sable, on ne pourrait pas identifier la maison de la personnalité. Car la
personnalité peut être modifiée grâce au Moi qui lui a sa pleine liberté
d’action, mais dans une partition qui est donnée représentée par le thème
astrologique. En fait, c’est sur l’invariabilité du caractère que se fonde
toute possibilité d’évolution ; certes, cela paraît étrange, mais il faut
bien reconnaître que s’il n’y avait pas des assises solides, on ne pourrait
rien bâtir.
A partir d’un caractère donné, la vie
travaille et la personnalité de l’individu s’affirme et s’affine. Par
conséquent, le caractère se présente à nos yeux comme un tissu de
dispositions générales destinées à se spécifier dans la personnalité :
de quelle manière, ce sera à la liberté de le préciser. C’est par la liberté
que l’individu va pouvoir évoluer, s’enrichir par des déterminations
successives.
Prenons un exemple : imaginons quelqu’un
dont le trait dominant du caractère est d’être scrupuleux. Eh bien, ce n’est ni
une qualité ni un défaut, c’est une constatation caractérologique :
“scrupuleux”. Maintenant, libre à lui de faire son scrupule absurde ou
estimable suivant les fins auxquelles il le rapportera. Il en est de toutes les
peintures caractérologiques comme de la langue d’Esope qui peut exprimer le
mieux ou le pire, le mensonge ou la vérité.
Tel autre par exemple est prédestiné à
l’action, on dira qu’il est un actif, voire un sur-actif ; cette
prédestination qui lui vient de son caractère est inchangeable. Qu’il le
veuille ou non, il est actif comme un autre sera inactif, qu’il le veuille ou
non. Seulement, la façon dont ils vont utiliser cette activité ou cette
non-activité est indéterminée. Car celui qui est sur-actif peut aussi bien utiliser cette activité dans
une très bonne direction que dans une voie néfaste ou inutile, cela ne dépend
que de lui.
Certains psychologues, devant l’immutabilité
du caractère, ont conclu au déterminisme des actions humaines. Non ! Ce
n’est pas parce que le caractère est inchangeable que les actions sont
déterminées ; en effet, ce serait exclure d’abord le libre-arbitre de ce
“Moi”, mais aussi exclure l’apport du monde extérieur sur l’individu qui peut,
non pas modifier son caractère (puisqu’il n’est pas modifiable), mais changer
la direction des élans intérieurs, ou utiliser à bon escient son fond
caractérologique, ou tout au contraire, le laisser en jachère, ou lui donner
une mauvaise direction si l’entourage est mauvais, le monde extérieur négatif…
Les Paramètres de Le Senne
Les principaux paramètres Le Senniens sont au
nombre de trois :
1. L’Émotivité
2. L’Activité
3. La
Vitesse de réaction
Du reste, il écrit dans son traité : - “Les
trois propriétés constitutives sont l’émotivité, l’activité et le
retentissement des représentations.” (Ibid. p. 61)
L’Émotivité :
Définition de l’émotivité :
Par cette notion caractérologique
d’émotivité, est pensé ce trait général de notre vie mentale qu’aucun évènement
subi par nous comme contenu d’une perception ou d’une pensée ne peut se
produire sans nous émouvoir à quelque degré, c’est à dire sans provoquer dans notre vie
organique et psychologique un ébranlement plus ou moins fort.
L’événement agit comme un agent de déflagration ; une quantité plus ou
moins grande d’énergie, antérieurement en réserve dans notre organisme, est
libérée, cinétisée, de sorte qu’il en suivra de façon intense ou faible,
momentanée ou durable, soit des effets viscéraux, conditionnant un accroissement
de la conscience de l’émotion, soit une réaction sur le monde extérieur au
corps.
L’émotivité est ainsi d’essence
psycho-énergétique, et généralement les émotifs se distingueront des
non-émotifs par l’intensité de leurs manifestations ou de leurs actions.
L’Activité :
Définition de l’activité :
Malgré l’ambivalence de l’émotivité dont nous
venons de voir qu’elle est susceptible de se distribuer en tendances et en
émotions, la notion qu’elle tient en son essence énergétique ne prête pas à
confusion. Il n’en serait pas de même de l’activité, si l’on ne précisait en
quel sens la caractérologie doit prendre cette notion.
Pour obtenir cette précision nécessaire, il
est indispensable de distinguer entre l’activité que nous appellerons manifestée, apparente,
et l’activité à laquelle, pour éviter toute influence d’idées étrangères, nous
réserverons le nom d’activité caractérologique.
Un homme peut en effet se dépenser en une
succession rapide d’actions pour deux raisons différentes : l’une,
l’émotivité - indépendante de l’activité réelle -, l’autre provenant
directement de l’activité. Dans les deux cas, il sera dit à première vue actif.
Mais il ne le sera pourtant pas si ses actions résultent uniquement d’une
provocation exercée du dehors, et s’il est fortement émotif. Ce sera un faux
actif. Que l’on imagine par exemple un homme poursuivi par un fer rouge, un
bâton enflammé, il recule et s’enfuit, qu’il soit actif ou inactif.
Que de même, un homme soit très émotif, que
particulièrement il réagisse vivement à tous les événements au cours de leur
succession, la suite des émotions qu’il éprouve doit le faire réagir, donc
agir, de façon répétée. Il paraît actif : tout ce qui est certain, c’est
qu’il est émotif.
En voici maintenant un autre qui, par suite
de la systématisation de ses idées, concentre son activité sur une fin
éloignée, il semblera moins actif que méditatif, il peut l’être au plus haut
degré.
Le terme caractérologique d’activité ne
convient donc que là où quelqu’un agit par l’effet d’une disposition à l’action
qui provient de lui-même. L’inactif agit contre son gré, à son corps défendant,
avec peine, souvent en grommelant ou en se plaignant. Il agit parce qu’il a
peur ou faim.
L’actif est au contraire celui dont on
dit : “il
faut qu’il agisse !”.
Encore est-il indispensable d’entendre ce “il faut” comme un besoin congénital
qui le pousserait à l’action. Les évènements extérieurs ne sont pour lui que
des occasions, des prétextes. S’il n’y en avait pas, il les chercherait, les
susciterait, car il vit pour agir.
Comment en juger ? On ne le peut
directement qu’en observant comment l’homme va se comporter devant un obstacle.
Ici, se dégagent à la fois l’essence de ce que nous appelons l’activité
caractérologique, et le signe auquel nous devons la reconnaître.
Est un actif l’individu pour lequel
l’émergence d’un obstacle renforce l’action dépensée par lui dans la direction
que l’obstacle vient couper ; est un inactif celui que l’obstacle
décourage.
Pour celui qui est d’un caractère actif,
surtout sur-actif, l’obstacle peut être même la raison de s’intéresser à une
entreprise qui, sans cet obstacle, ne l’aurait pas tenté. L’alpiniste qui est
d’abord alpiniste fait son but de la difficulté à vaincre : c’est un
actif. Si un poète renonce à la poésie des hauteurs pour celle qui les rêve,
c’est qu’il est inactif.
Le Retentissement des représentations :
Fondé à partir du substrat de la vitesse de
réaction, le retentissement des représentations se partage en deux
fonctions : la fonction primaire des représentations, et la fonction
secondaire des représentations ; on dit aussi primarité et secondarité
de réaction.
En tout être humain, chaque évènement joue
sur le double clavier d’un retentissement dans l’actuel et d’un retentissement
dans le futur. En effet, il n’y a personne qui néglige le présent, de même
personne ne reste insensible aux leçons du passé. Mais on voit bien que
l’importance relative des deux fonctions n’est pas la même chez les uns et chez
les autres : chez les uns, le présent l’emporte, et l’évènement a peu
d’influence sur le futur car il est rapidement oblitéré dans la mémoire ;
chez les autres au contraire, ils réagissent peu à l’impulsion du moment
présent, mais ont tendance à réagir à retardement.
Dans le premier cas, la primarité l’emporte
et c’est la secondarité qui domine dans le second cas.
Remarquons toutefois qu’aucun être ne peut
être que primaire, de même que personne ne peut être que secondaire. Il faut seulement s’attendre à ce que les
uns soient plus primaires que secondaires, et les autres plus secondaires que
primaires. Cette remarque est d’ailleurs valable dans toutes les dialectiques
psychologiques comme par exemple le couple : extraversion/introversion.
De ces considérations, il apparaît que plus
un être est marqué par la primarité, plus il vit dans le présent,
dans l’instant, il se renouvelle avec lui : la primarité, c’est une
fontaine de jouvence. Cela donne une éternelle jeunesse, le primaire se
réveille chaque matin tout neuf comme s’il venait de naître, sans passé, sans
souvenir, sans mémoire. Par ailleurs, le primaire répond instantanément au
monde extérieur ; lorsqu’on l’invective, il a la riposte facile et
immédiate.
Au contraire, la secondarité
joue dans l’âme le rôle d’un volant qui amortit le présent, mais qui dans le
même temps en prolonge les effets vers l’avenir. Le secondaire s’alourdit de
tout le poids du passé, son âme est peut-être moins jeune, mais elle est plus
riche, elle prend une densité, une pesanteur, une gravité que lui donnent les
leçons du passé. Le secondaire est long à la détente, face au monde extérieur,
lorsqu’on l’attaque par des mots, il est paralysé, et c’est après coup qu’il a
sa réponse. C’est celui à qui on pose une question et qui répond : -
“votre question est très intéressante, mais je n’ai pas suffisamment étudié le
problème pour vous répondre.” et six mois ou un an après, il répondra avec
pertinence, ayant pris soin d’analyser tous les détails, et le contenu sera
profond.
Chez le primaire, le présent
existe en tant que présent, et c’est comme ça qu’il est vécu. Le présent est
vécu intensément, il vit intensément la seconde qui passe. C’est le règne de la
vivacité dans l’éphémère. Le passé est oublié, on n’en parle plus, quant au
futur, on verra. Il vit le présent, c’est pour ça aussi que le primaire n’est
pas rancunier.
Tandis que chez le secondaire,
le présent n’est pas vécu en tant que présent, mais en fonction de l’avenir. Le
secondaire se dit : - “ce que je fais en ce moment va servir dans cinq
ans, dix ans, cinquante ans…” chez lui, le présent est engrangé, il est la
matière première dont sera fait l’avenir. L’individu ne vit pas la seconde, il
vit sur son passé et sur son futur. Il s’appuie sur le passé en disant : -
“ Ah non, je ne peux pas faire ça en ce moment parce que dans telle
expérience etc…”. Il a donc la leçon du passé et ce qu’il fait maintenant ne le
concerne que beaucoup plus loin dans l’avenir. Il ne vit pas l’instant présent.
D’ailleurs, chez lui la rancune est courante, cela se comprend très bien dans la mesure où il n’oublie pas
le passé, il est capable de se souvenir dix ans après d’une situation passée.
Le primaire va d’expériences
successives en expériences successives, et chacune est vécue intensément dans
l’instant, puis elle se dissipe très vite. De telle sorte que l’être se
retrouve tout neuf pour une nouvelle expérience qui ne sera pas destinée à
laisser plus de trace que la précédente, et ainsi de suite. Sa qualité réside
donc dans sa disponibilité immédiate et dans cette fraîcheur de réaction qui
est la sienne.
Pour le secondaire, l’univers
intérieur est tout différent, les successives expériences constituent autant de
matériaux accumulés en vue de servir l’avenir ; d’expérience en
expérience, il opère une sorte d’addition des impressions reçues qui peut,
petit à petit, modifier sa manière d’être. On dira de ces gens-là qu’ils ont de
l’expérience, leurs qualités résidant dans ce poids, dans cette mesure qu’ils
ont acquise au fil du temps.
Bien sûr, quand on observe les réactions des
primaires, elles sont rapides, immédiates, sémillantes, alors que les réactions
des secondaires sont au contraire lentes. D’ailleurs, en caractérologie on dit
“des réactions visqueuses” par opposition à la fluidité de la primarité. Mais
dans le même temps que le primaire vit intensément le présent, il ne réalise
pas l’avenir, il ne construit pas, tandis que le secondaire lui, construit
solidement et voit plus loin.
Il ne s’agit pas de porter un jugement en
disant que la primarité est mieux que la secondarité et vice et versa, car ceci
serait un jugement purement subjectif. Si vous avez un consultant qui est
primaire, il faut lui expliquer quelles sont les qualités et les défauts de la
primarité, et de même s’il est secondaire, lui dépeindre les qualités et
défauts de la secondarité. Mais surtout ne pas porter de jugement.
Telles sont, selon René Le Senne, les
caractéristiques des propriétés constitutives.
Les Propriétés Supplémentaires
Cependant, il convient d’y ajouter certaines propriétés
supplémentaires qui ne sont pas sans intérêt. Elles sont au nombre de
cinq :
1) L’ampleur du champ de conscience.
2) L’intelligence analytique.
3) L’égocentrisme ou
l’allocentrisme.
4) Les tendances prédominantes.
5) Les modes de structure mentale.
Ces propriétés supplémentaires sont certes
secondaires, mais elles sont importantes et intéressantes parce qu’elles vont
apporter de la consistance, de l’élasticité.
Cependant, nous ne retiendrons que les trois premières
tendances supplémentaires :
- L’ampleur du champ de conscience.
- L’intelligence analytique.
- L’égocentrisme et l’allocentrisme.
L’ampleur du champ de conscience :
René le Senne, écrit à propos de l’ampleur du
champ de conscience :
- “Tous, au cours de notre
vie, nous faisons l’expérience des variations d’ampleur dont notre conscience
est capable. Tantôt elle est comme distendue, elle contient, roule une grande
richesse d’impressions entre lesquelles notre attention se diffuse, dans
lesquelles elle est comme noyée : ainsi quand nous contemplons un paysage
panoramique, quand nous rêvons sans intention de rien observer de particulier.
Tantôt au contraire, elle se concentre et se rétrécit autour d’une
détermination pour en faire le foyer presque sans halo d’une attention cette
fois sélective, qui exclut de son appréhension tous les détails sauf un ou peu.
Dans le premier cas, le champ de conscience
sera dit par nous large ; dans le second,
étroit. L’émotion, l’attention
rétrécissent le champ de conscience ; la froideur, le détachement
l’élargissent.
Ces variations sont familières à tous les
hommes. Chez tous, l’urgence rétrécit l’attention autour de l’évènement
redouté ; chez tous, la fin du péril distend l’attention qui rétrécissait
l’âme. Jusque là, nous sommes dans le domaine de la psychologie, non dans le
domaine plus spécial de la caractérologie. On y entre en considérant que le degré
suivant lequel ces variations se produisent, ou plus précisément la moyenne
normale, en deçà et au delà de laquelle elles oscillent, est inégale suivant
les individus. Toutes choses égales d’ailleurs, le champ si l’on peut dire
ordinaire de telle conscience est plus, aussi
ou moins large que le champ de tel autre. De ce fait, la distinction
entre l’étroitesse et la largeur de la conscience devient caractérologique.
Certains esprits peuvent être dits plus
larges que la moyenne des esprits ; d’autres, d’une largeur égale à la
moyenne, d’autres enfin moins larges (ou plus étroits) que celle-ci ”.
(Ibid. p. 104/105)
L’intelligence
analytique :
Pour savoir ce qu’est l’intelligence
analytique, nous allons encore faire appel à René Le Senne qui écrit : -
“Il n’y a pas de mot susceptible de plus de sens que celui
d’intelligence ; il n’y a rien de plus important pour un homme que d’être
doué ou dénué d’intelligence, ou plutôt d’être plus ou moins intelligent. Il
faut donc insérer cette notion parmi les propriétés caractérologiques en
déterminant avec quelle acception.
L’emploi de la notion d’intelligence dans ses
multiples acceptions nous paraît envelopper deux composantes :
1°) L’une est une pure appréciation de valeur : non seulement l’homme
le plus intelligent réussit ce que n’a pu faire ou penser l’homme le moins
intelligent, mais ce qu’il réussit est un bien, une fin souhaitable, quelque
chose que nous jugeons valoir. Or, de la valeur nous devons ici nous
désintéresser.
2°) Passons donc à l’autre composante. D’après celle-ci, l’intelligence
est autre que l’instinct, le sentiment, la spontanéité. Elle suppose la réflexion,
l’abstraction et par conséquent l’analyse et ses produits.
L’homme intelligent est d’abord celui qui a
su dégager quelque idée qui manquait et qui même dans une certaine mesure a su
en poursuivre l’élaboration. Tantôt cette idée est une idée profonde, un
principe, qui permet la systématisation de beaucoup de faits ; tantôt une
idée particulière qui assure la domination de l’esprit sur une certaine région
de l’expérience ; tantôt des idées en grand nombre qui, indépendamment de
toute application, donnent à l’esprit le sentiment de sa liberté créatrice.
Dans tous les cas l’intelligence suppose quelque analyse, furtive ou
laborieuse.
C’est donc par ce second caractère que pour
un usage caractérologique nous allons définir l’intelligence. Intelligence signifiera
dans ce qui suit capacité à la réflexion analytique : c’est l’intelligence
théorique, à l’état naissant ou développé, quelque emploi qui lui soit donné
ultérieurement ; c’est l’intelligence au premier degré et susceptible de
servir de moyen à la grande intelligence qui, mettant la réflexion analytique
au service des ambitions les plus hautes et les plus nobles de la vie, suppose
autre chose que l’intelligence : la puissance du sentiment ou une activité
infatigable ou la persévérance dans la systématisation.
L’intelligence comme nous l’entendons ici,
est l’intelligence qui fait l’intellectuel, quand il est intelligent, c’est à
dire plus qu’un conservateur de connaissances acquises et répétées, mais qui le
fait même dans d’autres situations que celles auxquelles prédispose la pensée
purement théorique. Notre notion de l’intelligence ne considère celle-ci que
techniquement : c’est l’aptitude à se comporter à un plus ou moins haut
degré comme un théoricien. Il va de soi que de cette aptitude tel sujet pourra
user peu, tel autre mésuser, tel autre enfin faire un usage magnifique. Mais la
présence du symbole I (Intelligent) dans la formule caractérologique d’un homme
ne promet rien de si haut, elle signifie seulement qu’il y avait en lui la
tendance à ce dédoublement par lequel l’objet et lui-même devenant un autre
objet se réitèrent plus ou moins fidèlement dans une connaissance abstraite de
l’objet et de soi.
L’aptitude à analyser entraîne la possibilité
d’établir des rapprochements entre évènements lointains, difficiles, originaux.
En tant qu’analytique, l’intelligence est aussi, mais de manière dérivée et
parfois sommaire, synthétique. Par là notre notion minimale rejoint la notion
maximale de l’intelligence pratique.
Encore faudra-t-il que les autres dispositions
du caractère interviennent pour animer l’intelligence, faire rendre au penchant
à la réflexion analytique tout ce qu’il est susceptible de rendre. L’activité
est indispensable pour que l’esprit soit apte à chercher, à entreprendre, ait
une initiative intellectuelle en rapport avec son initiative pratique.
L’émotivité favorise, grossit les intérêts sans lesquels aucune recherche ne
peut être poursuivie et sera d’autant plus féconde qu’elle sera menée plus
loin.
La primarité tourne l’intelligence vers le
présent ; mais la secondarité l’arme d’une multitude de souvenirs plus ou
moins éloignés.
Enfin, si l’étroitesse du champ de conscience
sert la concentration de l’intelligence, sa largeur ouvre devant elle de
nombreuses possibilités. Il se trouve ainsi que l’intelligence, une fois
qu’elle est emplie de sa matière, exprime le caractère entier du moi ;
mais, formellement, en tant qu’intelligence pure, elle n’est que le pouvoir
d’abstraire, de dégager, à part des autres aspects de l’expérience, les éléments
intellectuels, concepts, principes, méthodes, rapports dont l’esprit
pourra ultérieurement faire un usage explicite. L’intelligence doit agir comme
un multiplicateur du caractère.” (pages 114-117)
Egocentrisme et Allocentrisme :
René Le Senne, à propos de cette notion
d’égocentrisme et d’allocentrisme écrit : - “par ces mots souvent voisins
de ceux d’égoïsme et d’altruisme, nous entendons un couple de dispositions
opposées qui non seulement sont familières, serait-ce de manière confuse, à la
pensée commune, mais ont été pressenties, éventuellement dégagées par la
réflexion caractérologique. Voici en quoi elles consistent.
La conscience d’un homme a deux pôles. Elle
est à la fois le moi et autrui. Tantôt elle met le moi au centre de sa vision
et de sa sensibilité : elle est alors égocentrique et on la dira égoïste
si l’on traduit cette propriété dans un langage moral ; pour la conscience
égocentrique, autrui n’est qu’un objet, vu du moi comme les choses. Tantôt au
contraire la conscience d’un homme l’identifie avec un autre et, autant que
possible, il se renonce en lui, ne se voyant plus soi-même que du point de vue
de l’autre, dont les idées, les sentiments, les intentions sont alors adoptés
par le moi de manière à lui devenir miens. En fait, durant toute la vie, nous
oscillons d’un pôle à l’autre : il n’y a pas d’homme si dépourvu de
sympathie, si égoïste qu’il ne doive à quelque moment “se mettre à la place
d’autrui” : même le cruel le fait ; mais d’autre part il n’y a pas de
saint qui ne revienne en soi, ne serait-ce que pour sentir qu’il doit en sortir
et qu’il en sort. Coriolan a été tour à tour le chef et l’ennemi des
Romains ; nous sommes chacun nous-même contre les autres et un autre
contre nous-même.
Mais ici encore il faut reconnaître des
différences de degré et entrer par là dans la psychologie différentielle. La
caractérologie ne fait qu’accentuer et fixer, considérer en ordre les termes
d’oppositions immanentes à la dialectique intérieure de l’esprit, afin de
déployer la connaissance de l’homme dans la connaissance des hommes. Puisque
l’homme en général circule du sentiment de soi au sentiment d’autrui, il doit y
avoir des hommes chez qui le premier prévaut sur le second, et d’autres chez
qui se rencontre le primat inverse.
On peut dire les premiers égocentriques
(Eg), en signifiant par là qu’ils deviennent incapables d’abandonner la place,
le centre de vision et d’action que leur situation leur impose ; ils sont
enfermés en eux-mêmes, ne peuvent s’abstraire des besoins enracinés dans leur
nature propre.
Les seconds sont au contraire allocentriques
(nEg) en ce que la sympathie les aliène à eux-mêmes, les transporte dans la
situation d’autrui, les fait s’oublier eux-mêmes dans les autres, soit en
général comme dans le cas du patriotisme, soit en particulier, comme dans un
enfant, un amant, un ami, une personne misérable. (…)
Il faut répéter que pour cette propriété
fondamentale, comme pour les autres oppositions, nous n’avons affaire qu’à une
opposition relative par le degré. Tout homme est inégalement égocentrique et allocentrique : le
saint cherche en même temps le renoncement et son salut, le héros poursuit la
défaite de l’ennemi et se réjouit de sa propre victoire, le savant cherche la
vérité et il en escompte la satisfaction de son intelligence. Inversement, le
vaniteux, l’orgueilleux se soumettent au jugement des autres pour en recevoir
éventuellement louanges, pouvoir, admiration, obéissance, si bien qu’on se
demande souvent si l’orgueil est de l’humilité ou l’humilité de l’orgueil, la
vanité un esclavage, ou le désir de la popularité le commencement d’une
escroquerie…” ( pages 118-120)
Les Huit Types Le Senniens
En combinant la force et la faiblesse des trois
propriétés constitutives qui sont : l’Émotivité, l’Activité
et le Retentissement, Le Senne établit huit types humains qui
sont :
Le Nerveux : Emotif
non-Actif Primaire (E. nA. P.)
Le Sentimental : Emotif non-Actif Secondaire (E. nA. S.)
Le Colérique : Emotif
Actif Primaire (E. A. P.)
Le Passionné : Emotif
Actif Secondaire (E. A. S.)
Le Sanguin : non
Emotif Actif Primaire (nE. A. P.)
Le Flegmatique : non
Emotif Actif Secondaire (nE. A. S.)
L’Amorphe : non
Emotif non Actif Primaire (nE. NA.
P.)
L’Apathique : non
Emotif non Actif Secondaire (nE. NA.
S.)
Nous allons voir de manière générale chacun
des huit types Lessiniens.
2e PARTIE
Pour cette deuxième partie de la caractérologie, nous allons étudier en
profondeur chaque type Le Sennien. Ceci est très important, puisque nous
verrons comment les propriétés constitutives (activité/non-activité ;
émotivité/non-émotivité et primarité/secondarité) s’associent entre elles.
En outre, cette démarche nous permettra d’associer des propriétés
constitutives par deux comme, par exemple l’émotivité et la primarité.
Parce que, il arrive fréquemment qu’un thème présente des éléments
d’activité et de primarité, sans que l’on puisse définir pour autant si c’est
l’émotivité ou la non-émotivité qui domine. Ainsi, munis de ces deux paramètres
que sont l’activité et la primarité nous aurons déjà une vue générale de la
psychologie du natif. Car si l’on se contente d’un exposé de dix lignes sur
chacun des types Le Sennien, on ne pourrait pas utiliser ces combinaisons par
deux qui, je le répète, sont monnaie courante dans l’interprétation.
Enfin, ne cherchez surtout pas à retenir par cœur ce qui va suivre,
mais lisez tranquillement, et à chaque lecture nouvelle vous aurez de nouveaux
éclairages. En outre, beaucoup de points vont s’avérer extrêmement intéressants
par la suite, puisque nous les retrouverons insérés dans d’autres typologies, ou
encore, ils nous feront mieux saisir certains points qui seront développés par
la suite dans d’autres typologies.
La magie de toutes ces typologies, vues sous des angles et des
perspectives différentes, c’est que non seulement elles ne se contredisent pas
mais qui plus est, elles se font échos et s’entraident à la préhension de
chacune. C’est ainsi, par exemple, que les attitudes du Sentimental de Le Senne
vont se retrouver chez l’Introverti de Jung ou chez le Schizothyme de
Kretschmer, mais à chaque fois dans des contextes différents. Aussi tel
individu répondra mieux au type Sentimental de Le Senne, un autre à
l’Introverti de Jung, un autre enfin au Schizothyme de Kretschmer.
Car il faut utiliser la typologie qui correspond le mieux au natif
étudié. Ainsi, si la dominante est jupitérienne et qu’elle s’associe à une
composante vénusienne, la formule tempéramentale du Sanguin d’Hippocrate
prévaut ; si ce Jupiter a pour sous-dominante Mars, la caractérologie du
Colérique de Le Senne est plus approchante ; si c’est la Lune qui
s’associe à Jupiter le Viscérotonique de Sheldon conviendra mieux ; si
c’est la Lune et Mars qui s’associent à Jupiter la Primarité du colérique est
préférable (d’où l’intérêt d’analyser les tempéraments de Le Senne en
profondeur) ; si à Jupiter s’associent des planètes comme Mars, Uranus,
Mercure en dissonance l’Excitable de Pavlov est souhaitable ; si c’est le
Soleil qui compose avec Jupiter les valeurs de Jour et de Représentation seront
à considérer, etc.
Le Nerveux
Le nerveux est le plus primaire des primaires et
par suite, c’est chez lui que les corrélations de la primarité atteignent leurs
maxima positifs ou négatifs. Il tend donc vers une condition limite dans
laquelle il naîtrait et mourrait avec l’instant. Comme les instants changent,
il change.
Quand le désir le pousse au travail, il se met à travailler, mais qu’un
autre sentiment, éveillé par une autre excitation intervienne, il cesse ce
travail. Très émotif il doit réagir à l’événement, mais cette réaction qui
commence et finit avec l’émotion et que contrarie l’inactivité est
impulsive. Aussi, à cause de ces variations, son humeur ne peut être égale, ni
ses sympathies constantes. Il peut souffrir vivement ; il doit se consoler
assez vite. Cette inconstance est rendue violente par l’émotivité et cette
intensité se manifeste par la force de la voix et la fréquence du rire.
Sur-émotif,
vivant par émotivités successives, il doit vivre pour l’émotivité et son
renouvellement d’où son besoin d’émotions. Il veut le changement, cherche les
divertissements, sortir de chez lui, fuir la solitude.
Cependant, les forces majeures d’un caractère se payent par des
impuissances importantes. En effet, le Nerveux est émotif-primaire, ce sont
ses forces. Ses faiblesses sont le manque de structure, le long terme qui sont
du ressort de la Secondarité, c’est aussi le sang-froid qui est le fruit de l’inémotivité
et enfin c’est le manque de persévérance dans l’action qui appartient à l’activité.
Par conséquent, le Nerveux manque d’objectivité dans la pensée et dans
l’action, autrement dit, il y a contradiction de la pensée et de l’action. Ceci
est dû au fait de l’envahissement des émotions de ses affects (l’émotivité)
auquel s’ajoute la non-activité qui empêche toute continuité. C’est pour cela qu’il
lui est impossible de se livrer aux travaux imposés. Il doit les ajourner ou,
s’il s’y engage, les quitter bientôt, découragé.
Les grands plans encouragent son imagination, mais comme leur exécution
comportent toujours des péripéties, il doit s’en désintéresser très vite.
Aussi, la persévérance lui manque pour continuer (non-actif) de même que
la discipline de la secondarité pour écarter les tentations, la dépense, supporter
les difficultés avec patience.
Nous allons maintenant grouper les éléments constitutifs deux à deux,
en analysant les effets des duos : émotivité-activité, inactivité-primarité
et inactivité-émotivité.
Groupement Emotivité-Primarité
La mobilité des sentiments est le trait le plus manifeste du Nerveux. De sensibilité instable
passant du rire aux larmes, de l’emballement le plus déraisonnable au désespoir
le moins justifié. Ici, l’émotivité accentue les variations
affectives de la vie ; ni l’activité, qui porte à l’effort soutenu, à la
continuité, ni la secondarité, qui est neutralisatrice de l’émotivité (car elle
inhibe l’action et répartit la décharge de la force émotive dans la profondeur
de l’individu), ne peuvent intervenir. Il en résulte que la mobilité affective
est à son maximum. C’est l’image du papillon qui vole de fleurs en fleurs.
Cette instabilité affective est désignée sous les noms de Cyclothymie
ou de Cycloïde. Ernest Kretschmer dans son ouvrage “La structure du corps et le caractère”
(Editions Payot, 1930), définit deux types de tempéraments : le Schizoïde
et le Cycloïde. Le Schizoïde correspond au Sentimental très
introverti, tandis que le Cycloïde correspond à l’émotif-primaire-actif,
et le Pycnique à l’inactif-instable c’est-à-dire au Nerveux.
Kretschmer écrit à la page 136 (Ibid.) : “Le
tempérament des cycloïdes oscille entre la gaîté et la tristesse. Oscillations
profondes, douces et arrondies : plus rapides et plus superficielles chez les
uns, plus pleines et plus lentes chez les autres.”
Cependant, il y a deux aspects de la mobilité affective
: un aspect qualitatif et un aspect énergétique. En tant que qualitative,
elle fait passer d’une émotion à une autre, de la joie à la peine, de la
confiance à la méfiance, de l’horrible au délicieux et ainsi de suite. La
couleur de l’émotion change mais on reste au même niveau de tension.
La mobilité énergétique au contraire est une dénivellation, elle procède de
la dépression à la tension ou de la tension à la dépression : le sujet échange
une condition où il est à peu près dénué de moyens, d’efficacité, de dynamisme
intérieur contre une autre où il surabonde momentanément de forces, à moins que
ce soit l’inverse.
En fait, les deux oscillations mêlent d’ordinaire leurs ondes et le
sujet change en même temps de tonalité et de ton. Cette double oscillation,
d’ailleurs apériodique, et qui ne fait qu’étendre à la totalité du Moi ce qui
est partout vrai de l’émotivité dont elle exprime l’essence bipolaire, entraîne
souvent chez le Nerveux, la tendance à penser par contrastes et généralement
par opposition.
A mesure que cette mobilité affective se précipite, soit par l’effet
d’une primarité extrême, soit par la rapidité éventuelle des circonstances
extérieures, elle tend vers la bigarrure, la juxtaposition de couleurs vives,
le manteau d’arlequin. Par elle-même la sensibilité nerveuse se rapproche de la
naïveté populaire, de la vivacité enfantine. On la reconnaît dans le carnaval,
qui est un tournoiement d’actions contrastées, dans le bal costumé qui
juxtapose les époques à travers le temps, dans le travestissement qui met à un
homme actuel un vêtement d’autrefois, à un sexe le costume de l’autre et
renouvelle les sensations par leur mélange inaccoutumé. D’ailleurs, toute
culture est l’imprégnation d’un peuple et d’une époque par un caractère : le
XVIIIe siècle vénitien a exprimé la fièvre, l’aventure et le caprice
du caractère Nerveux, tel que le fait la mobilité affective.
Le Nerveux c’est le caractère de la poésie pure parce
que l’imagination qualitative c’est l’expression spontanée (Primarité) de l’émotivité
souveraine. Certes, tous les Nerveux ne sont pas des poètes, car, pour écrire
un poème il faut plus que la vocation, il faut posséder une certaine technique
: l’art de dissocier les mots par la rime etc.
Certes, il y a aussi des poètes Sentimentaux, mais ils tireront la
poésie vers la philosophie, comme Alfred de Vigny, d’autres seront Colériques,
ils traiteront la poésie comme un art oratoire c’est le cas de Victor Hugo ; et
ainsi de suite. Tandis que le Nerveux, c’est le poète de l’imaginaire, de
l’émotion, de la sensibilité, de la rêverie. Par ailleurs, les poèmes des
Nerveux sont courts, ceci se comprend, car ils sont écrits sous le fouet d’une
émotion, c’est l’exutoire d’une émotion, seulement, chez lui l’émotion
n’est pas soutenue par l’activité, de surcroît, elle doit
être libérée spontanément du fait de la primarité. De ce fait, dès que
l’inspiration s’estompe, il faut attendre une nouvelle vague d’émotions pour
qu’il y ait un regain d’activité.
Il y a une notion caractéristique du Nerveux c’est la vivacité des sentiments.
Cette mobilité des sentiments comme on l’a vu, prend ici une tournure
d’intensité : la voix devient plus forte, l’action devient plus volumineuse. L’émotivité
porte ici à l’excès, les mouvements sont vifs, intenses et exagérés. Pour donner
une image c’est l’aspect du comédien à l’italienne, exagérant tout, faisant du
“cinéma”...
Le besoin d’émotions : ce besoin d’émotions devient chez le Nerveux le besoin de renouveler
ses émotions. Cependant, il convient de ne pas confondre le besoin d’émotions
et le besoin d’action. En effet, l’actif-émotif, exige aussi une vie
variée, mais c’est pour y trouver des raisons d’entreprendre et il s’engage
dans l’activité nécessaire pour réussir. Au contraire, l’action est pour le
Nerveux l’équivalent d’un sujet pour un artiste ou un écrivain. Peu lui importe
sa matière, de sorte qu’il finit tôt par abandonner l’action, dont l’inactivité
le détourne, pour l’émotion que pourra lui donner la simple représentation
imaginative, si possible artistique de l’action.
L’inactivité
constitue sa faiblesse, il en résulte qu’il n’y a qu’un moyen qui le pousse à
l’action : c’est d’éveiller en lui l’émotion, qu’il ressent comme une force
motrice, libératrice de son inertie. Car l’émotion réussit à le stimuler.
La sublimation
est aussi une notion qui est du ressort du Nerveux. En effet, la substitution
du besoin d’émotion (E) au besoin d’action (nA), en entraînant le remplacement
des fins pesantes (par exemple une chose à faire), par une fin légère (la
simple image de cette chose) est précisément la sublimation artistique.
De ce besoin d’émotion va découler plusieurs attirances. C’est
d’abord, le goût de la mode. La mode n’est qu’une satisfaction donnée au
besoin de changement. Et c’est son besoin d’émotion et de renouvellement qui le
rend sensible à la mode. Ceci fait le Dandy, avec son besoin de paraître et
d’étonner.
Le goût des divertissements satisfait son besoin de changements. De même que les spectacles comme
le théâtre ou le cinéma vont lui plaire, car un film par exemple peut comporter
des scènes cruelles ou agréables. Il a pour objet bien souvent, de procurer des
émotions et le Nerveux satisfait ici son besoin d’émotions, de plus il cherche
à travers ces émotions un stimulant.
De même, il peut avoir le goût pour les jeux ou les
paris, car ils procurent des émotions.
Le goût des excitants, tabac, stupéfiants et l’alcool est très intéressant ici, car il se
présente d’abord comme une satisfaction donnée à la recherche de sensations
nouvelles. Mais aussi, ceci compense son inactivité car cela le stimule, il a
besoin de stimulant pour palier son inactivité. De plus, il est porté à
l’ennui, à la tristesse, à la mélancolie et pour s’arracher à l’ennui, il a
besoin d’excitants quels qu’ils soient : le café, la cigarette, voire les
neuroleptiques ou autres.
Le besoin d’étonner,
c’est-à-dire le besoin de produire des remous autour de lui, suscite le besoin
d’étonner qui est le premier pas vers le besoin de scandaliser.
La disposition pour l’art. En effet, l’art peut être son salut car il va satisfaire son besoin
de sublimation et sa glorification. Cependant, l’art qui lui est accessible et
familier, c’est un art où l’exigence de systématisation est réduite. Par
exemple, la poésie est plus à sa portée que le théâtre, la musique mélodique
plus abordable que la symphonie, la peinture impressionniste plus que le dessin
ou la peinture composée, la description littéraire plus que la sculpture ou
l’architecture.
Le vagabondage affectif. Ici, avec cette notion, nous rejoignons ce que nous avions dit au
sujet de la mobilité du sentiment et du besoin d’émotions. Le vagabondage du corps ne
peut-être que la manifestation du vagabondage de l’âme et c’est
l’ensemble des sentiments, des goûts, des affections de l’individu qui est
emporté par le besoin de changement. Ce qu’il veut et cherche, c’est avant tout
un présent intense et au mieux ravissant (émotivité-primarité) ; quand il
l’obtient, il n’a pas besoin d’autre chose.
Groupement non-Activité-Primarité
L’impulsivité
est une des caractéristiques du Nerveux. Cependant, il convient de différencier
deux modes d’impulsivités.
Le premier que nous nommerons : L’impulsivité réactive, possède la
caractéristique d’être une réponse immédiate, aussi peu réfléchie que possible,
n’utilisant du passé que ce qu’il faut pour répondre à une excitation
extérieure. Par exemple, un homme en bouscule un autre ; celui-ci réagit par un
coup de poing. Du fait de la rapidité de la réaction due à la primarité du
sujet, l’élaboration de la réaction a été la plus courte, réduite à une
simplicité sommaire d’un réflexe : le coup de poing. Née du présent, cette
impulsivité meurt généralement avec lui, ne laissant que peu de traces dans
l’esprit de son auteur.
Le deuxième mode d’impulsivité, c’est l’impulsivité éruptive.
Cette impulsivité est explosive parce que l’excitation qui la détermine en
paraît moins une cause qui en fasse la nature qu’une occasion qui en provoque
la manifestation. Autrement-dit : à
petite cause grand effet. En fait, l’impulsivité éruptive c’est le
résultat d’une accumulation d’émotions qui n’ont pas été liquidées au moment où
elles auraient dû l’être, elle a été gardée en réserve, ici, l’explosion sert
d’exutoire. Par conséquent, on voit ici la secondarité qui entre en jeu,
inhibant l’individu jusqu’au moment où il explose. C’est par exemple, celui qui
se fait blâmer par son supérieur, le lendemain il se fait insulter par un
autre, le surlendemain il essuie encore un heurt sans qu’il réponde, puis vient
le moment où cette accumulation d’émotions explose à la moindre occasion venue,
c’est-à-dire que c’est le dernier qui le heurte qui en fait les frais. Il faut
noter ici que les inactifs sont plus impulsifs que les actifs. L’impulsivité
réactive est à mettre à l’actif de l’Emotif-non-Actif-Primaire : le Nerveux et l’impulsivité éruptive
est du ressort de l’Emotif-non-Actif-Secondaire : le Sentimental.
Le Nerveux présente une contradiction de la pensée et de la vie.
Ceci se comprend, car une vie tiraillée par des impulsions successives
manifestant l’empire presque exclusif du présent (P), ne peut être un modèle de
cohérence : elle sacrifie l’éternité (S) à l’actualité (P) ; la valeur de
systématisation (S) à celle de la spontanéité (P). Le Nerveux se présente en
fait comme “un écho sonore qui résonne à
tous les bruits de l’univers”. Par conséquent, il ne faut pas s’attendre à
ce qu’il essaie de construire sa pensée d’une manière systématique,
indépendamment du temps ou qu’il soumette sa conduite à une règle inflexible.
Or, ce défaut est vrai de tout Primaire, et davantage de tous les Emotifs-Primaires,
mais le record c’est le Nerveux qui
le détient avec sa non-Activité.
Le manque de véracité est aussi une des caractéristiques du Nerveux. Le mensonge du Nerveux
manifeste l’influence de l’émotivité pure, car l’activité n’intervient pas pour
l’infléchir vers l’action délibérée. Il en résulte qu’il ment de la même façon
qu’il fait de l’art, c’est le mensonge par embellissement pour rendre le réel
plus significatif, plus expressif.
Le manque de ponctualité est aussi l’apanage du Nerveux. En effet, l’exactitude dans la
fidélité au temps quantitatif suppose que nous placions les événements et nos
actes sur son échelle métrique, comme on met des notes de musique sur une
portée, en respectant rigoureusement la durée des sons et l’écart des
intervalles. Cela englobe un art de traduire du quantitatif en qualitatif qui,
en tant qu’il fait intervenir des communes mesures, implique une pondération
délicate de l’esprit qui apprécie. On ne peut l’espérer de la part d’un
individu à la sensibilité emportée à tout instant par les émotions qui colorent
la succession temporelle. Il est par conséquent douteux qu’un flâneur en train
de rêver se désintéresse des péripéties de sa rêverie pour l’unique fin d’être
à l’heure pour un rendez-vous. La ponctualité ne dépend pas non plus de la
quantité des occupations. D’ailleurs bien souvent, ce sont les
individus qui sont les plus occupés qui manifestent le plus de ponctualité. Car
ce qui rend un individu ponctuel, c’est l’ordre maintenu par l’esprit de ses
occupations ; de sorte que cet ordre manque au Nerveux, c’est ce qui le rend le
moins ponctuel.
Il n’est pas objectif. Qu’est-ce qu’un homme objectif ? Un homme s’exprime de façon
objective lorsque son discours contient plus de choses, de faits, de données
que d’impressions, d’hypothèses ou de sentiments. Son discours ressemble moins
à une allocution lyrique, tel que peut l’être un appel à un auditoire
populaire, qu’à un rapport de société industrielle ou financière.
Le fait que le Nerveux soit rempli d’émotivité, il n’est évidement pas
porté à rechercher une expression intellectuelle desséchée de la réalité. Au
contraire, son centre d’intérêt c’est la vie subjective. Il la
manifeste telle qu’elle s’exerce en lui-même par les émotions qu’elle lui
inspire.
Le poids de l’inactivité. Nous avions vu, à l’intérieur du groupement (E.P) que l’inactivité
constituait une faiblesse, nous allons voir maintenant ce que l’inactivité
engendre dans le groupement (nA.P). Le Nerveux, qui faute de secondarité
suffisante, manque d’impartialité et de juste milieu dans la pensée et dans
la vie, car il est souvent livré à des conceptions unilatérales et aux
sympathies ou aux antipathies, il doit plus encore à cause de l’inactivité,
être privé de régularité dans sa conduite. C’est ici que nous devons considérer
la gravité de l’inactivité pour le Nerveux. Car c’est plus à l’effet du
groupement (nA-P) qu’à celui du groupement (E-nA) où l’émotivité intervient
comme un facteur d’élan, que le Nerveux doit être collé au sol par une inertie
de fond, alourdi d’autant plus gravement que son inactivité est plus grande.
C’est l’inactivité qui explique les achoppements dont sa vie fait l’épreuve.
Elle est d’abord responsable de l’irrégularité de son travail.
Détenant le maxima des gens qui “sont
occupés de temps en temps”, la catégorie des Nerveux manifeste à la fois
l’empire des sentiments successifs et l’impuissance à les relier par une
activité volontaire. Ils s’engagent avec ardeur dans une entreprise qui
sollicite en eux un intérêt affectif ; mais des obstacles se présentent,
l’intérêt affectif a tourné, le Nerveux léger se décourage et l’entreprise
avorte. Car il faut bien avouer que la plupart des travaux professionnels
donnent peu de satisfaction à la sensibilité ou ne lui en procurent
qu’exceptionnellement. Le Nerveux est rebelle au travail imposé ; il
ajourne facilement ce qu’il a à faire.
La sexualité déréglée. Dans la mesure où l’exigence sexuelle d’un individu dépend de conditions
organiques juxtaposées aux propriétés constitutives du caractère, il n’y a donc
aucune raison de penser qu’il y ait un ou des caractères plus sexuels que
d’autre. Ce qui se produit, c’est que dans tous les caractères, il y a des
individus plus ou moins sexuels par rapport à la moyenne. Mais en tombant dans
un caractère donné, le besoin sexuel doit subir l’influence de ses propriétés
et, dans le passage de la sexualité virtuelle à la sexualité manifestée, ces
propriétés agissent pour spécifier la satisfaction soit en la favorisant, soit
en la masquant, soit en la différant, soit de tout autre façon.
Si l’on analyse la constitution caractérologique des Nerveux,
on comprend qu’ils soient avec les Amorphes (nE-nA-P) les
plus indisciplinés et les moins continents en matière de
sexualité. Toutes les excitations sont pour lui des tentations, car
elles provoquent son impulsivité. Il est très sensible à la beauté, souvent
vaniteux, prêt à la nouveauté (E-P). Enfin, son inactivité le livre aux
événements quotidiens et à la recherche de ses désirs renouvelés, sans arriver
à se fixer avec un partenaire. Il y a donc toutes les chances pour qu’il
préfère la succession d’aventures souvent inférieures, à la fidélité d’un amour
profond et durable.
Le Nerveux est dépensier. En effet, qu’est-ce pour lui qu’un billet de banque en comparaison de
la qualité désirée d’un objet ou d’un plaisir que cet argent permet d’acquérir,
quand l’imagination intervient pour les parer de toutes les couleurs que l’émotivité
suggère ? Aucune secondarité n’y fait obstacle pour penser aux lendemains.
Cependant, il convient de souligner la différence entre les inactifs
et les actifs-primaires. Les Colériques (E. A. P), et surtout les
Sanguins (nE-A-P) gèrent très bien leurs affaires : cela rentre dans
l’extension de leur esprit pratique dont les Nerveux sont privés.
Groupement Emotivité - non-Activité
La sublimation de l’émotivité. L’inactivité détourne l’émotivité de l’action sur les choses pour les
ramener vers la conscience de soi. En fait, la sublimation de l’émotivité se
fait au profit de la qualité. Cependant, pour le Nerveux, qualité et
affectivité sont pratiquement inséparables. Pourtant, il pourra se faire que
tantôt ce sera la qualité qui dominera, tantôt le sentiment. Prenons un
exemple, un écrivain peut à un certain moment être plus soucieux de faire
ressortir la qualité de ce qu’il veut représenter ou bien de faire éprouver
l’émotion qu’elle lui a infligée. Cependant dans les deux cas, le Nerveux reste
attaché à ses images car il a un vif sentiment de lui-même. Par ailleurs, ce
sentiment fort du Moi qualifié et singulier se manifeste par deux traits de
caractères opposés, mais corrélatifs suivant que ce sentiment est opprimé ou
triomphant. Etant très sensible à tout ce qui lèse son individualité, il se
présente deux attitudes : l’insurrection ou bien la vanité.
L’insurrection
c’est la réaction ordinaire par laquelle, jeune ou vieux, répond aux actions de
son entourage par lequel il se sent blessé. C’est ainsi que le Nerveux étroit
commence souvent dans sa famille une révolte le plus souvent sans raison
fondée, contre ceux qui l’entourent.
Le deuxième trait c’est la vanité. En effet, puisque la
révolte implique la susceptibilité d’un Moi trop sensible, elle n’est pas
incompatible avec la vanité qui est l’attitude à quêter dans les regards, les
attitudes, les paroles des autres des témoignages de leur estime.
Par conséquent, lorsque les autres paraissent lui être favorables,
l’insurrection disparaît au profit de la vanité. Peu importe que l’occasion de
la vanité soit authentique ou non, cela ne change rien à sa signification
caractérologique. Il semble bien que le Nerveux Villiers de L’Isle-Adam ait eu
les ancêtres dont il se vantait, l’important c’est qu’il ait eu besoin de s’en
vanter.
Le penchant à la mélancolie est caractéristique des inactifs-émotifs. Les inactifs
sans émotivité subissent leur inactivité ; mais faute d’émotivité elle
ne peut se réfléchir dans leur conscience par des impressions ou des
expressions affectives. Pour les émotifs-actifs, l’émotivité n’est
que l’énergie indispensable à l’action qu’elle grossit d’autant plus qu’elle
est plus puissante. Entre les uns et les autres apparaissent les Nerveux
et les
Sentimentaux, qui ressentent au travers de leur sensibilité l’influence
de leur inactivité. Des deux caractères, c’est le Sentimental qui a dans
l’histoire de la caractérologie mérite le nom de mélancolique. Il l’est en
effet avec profondeur et persistance. Le Nerveux l’est mais de façon plus
extérieure et sporadique. C’est pour cela que le Nerveux traverse des moments
d’humeur triste, morose et pessimiste. N’oublions pas que c’est un être à la sensibilité
à fleur de peau.
Notes
Indépendamment de ces groupements, les caractérologues mentionnent
encore : les goûts de l’horrible, du cruel, du macabre, du
défendu, du grossier, du vil, voire
de l’obscène,
et l’intérêt pour le faux, l’absurde et le néant.
Le Sentimental
Groupement Emotivité -
non-Activité
Dans ce groupement : émotif-non-actif, il n’y a que deux
caractères qui le partagent : c’est le Nerveux (E-nA-P) et le
Sentimental (E-nA-S). Par conséquent, ce qui les différencie, c’est le
retentissement des représentations : le Nerveux est Primaire,
le Sentimental Secondaire. Le passage de la primarité à la secondarité
remplace la grâce par la profondeur ; le jeu changeant des images par la
réflexion sur les idées. Le Nerveux veut des émotions vives
et changeantes, il a soif de nouveauté ; le Sentimental appelle aussi des
émotions, mais il les veut plus profondes et durables.
La vulnérabilité
c’est le premier trait qui ressort ici. En effet, c’est une des
caractéristiques du Sentimental. Etant inactif, nous le verrons maladroit,
ne s’adaptant pas facilement au nouveau, il a même tendance à le fuir. En fait,
il ressent les excitations extérieures comme douloureuses, voire comme des
blessures. En effet, l’influence de l’inactivité accrue par celle de la
secondarité qui empêche toutes spontanéités rapides et immédiates, fait
que son émotivité se tourne vers son échec et la conscience de son
échec, bref vers des sentiments tristes, plutôt que vers son essor, vers
l’allégresse joyeuse de l’action. Enfin, la secondarité,
en prolongeant ses expériences, approfondit cette tristesse dans la réflexion.
Ces raisons s’ajoutant les unes aux autres font qu’il ressent plus que
quiconque les émotions comme des souffrances, les événements comme des
agressions, le nouveau comme hostile.
L’émotivité rend excitable, seulement par le fait de la primarité, le Nerveux est impulsif
car il répond immédiatement aux stimuli, alors que le Sentimental, par le
fait de la secondarité inhibitrice et bloquante sera vulnérable,
porté à la mélancolie, à la tristesse et au sombre.
Cette vulnérabilité va se manifester par exemple, à la sensibilité des
variations climatiques et météorologiques, c’est la personne qui vous dit : “Aujourd’hui il fait humide, j’ai mes
rhumatismes qui me font mal etc.”.
De la vulnérabilité provient aussi un des traits principaux qui est le
souci de se protéger contre les blessures du dehors, c’est pourquoi la
solitude, la méfiance et le soupçon sont des traits du Sentimental, ceci afin
de se protéger du dehors.
L’émotivité spécialisée. Cette notion est extrêmement importante. En effet, nous venons de voir
que par
l’effet de la Secondarité, l’émotion (E) chez le Sentimental, reste intérieure
et par suite elle est masquée. En fait, l’intervention de la
secondarité ne se limite pas à cette suspension des réactions, elle comporte
une élaboration et, soit pour, soit par cette élaboration, elle effectue un
triage. L’arrêt de toutes réactions se sublime, se subjective en jugement : le
sujet apprécie, mesure les causes et les effets de l’événement qui a causé
l’excitation. Ici, deux possibilités se présentent :
1) L’événement
est sans importance, sans gravité pour un examen objectif, ici la
secondarité va refouler et dissiper l’émotion provoquée par cet
événement. Et l’individu est dur, froid, sa sensibilité est refoulée par la
secondarité.
2) Ou bien, au
contraire, l’événement provoque une émotion qui est, à tort ou à raison,
légitimée par la réflexion secondaire. Et là l’individu est bouleversé, ému.
Ici, la
sensibilité a été consolidée par la secondarité.
De tous les caractères le Sentimental est celui qui présente les
exemples les plus fréquents et les plus nets d’émotivité spécialisée.
Par l’émotivité spécialisée,
tout se passe comme si le sujet
devenait extrêmement sensible à certaines classes d’événements, et insensible à
d’autres qui peuvent être objectivement plus graves.
Etant sous le coup d’un événement qui se rapporte aux intérêts
invétérés, il devient faible comme un enfant, excitable comme un Nerveux ;
placé face à un événement très grave, mais qui n’est pas du ressort de son
émotivité spécialisée, il apparaît comme étonnamment insensible et tout le
monde le dit à juste titre : “dur”.
Certes en tout individu, l’émotivité comporte quelques spécifications :
mais l’opposition entre les régions de sensibilité et les régions
d’insensibilité n’a pas cette rigueur, car les frontières sont mobiles,
l’importance relative des objets est toujours en mouvement. Chez le Sentimental
au contraire tout est tranché et les régions s’opposent comme des zones d’ombre
et de lumière.
En fait, les régions durcies de la sensibilité ne sont pas pour autant
dénuées d’émotivité, mais étant donné que
l’émotivité n’est que de l’énergie,
cette énergie est devenue énergie de
cohésion, immobilisée dans un édifice organico-mental dont elle fait la
cimentation.
L’introversion.
C’est une des caractéristiques essentielles du Sentimental. En effet, sa
conscience n’est pas tournée vers l’objet, le dehors, l’extérieur, mais au
contraire vers le sujet, le dedans, l’intime. C’est un être qui est replié sur
lui-même, ne s’intéressant qu’à ce qui se passe dans son intimité. Il cesse de
vivre pour se sentir vivre.
L’introspection
(observation interne ; Psycho.
observation d’une conscience individuelle par elle-même.) Est une notion qui
découle de son introversion. Son inactivité fait qu’il ne convertit
pas immédiatement les excitations affectives dont l’affectent les choses en
réactions pratiques. Même le dérivatif que son impulsivité fournit au Nerveux
est contrarié chez le Sentimental par la secondarité qui ajoute ses
inhibitions au frein de l’inactivité. Cependant, l’inactivité conjuguée à la
secondarité concourent à prolonger les émotions qui traînent en lui, le
taraudent. Par conséquent, comment échapperait-il à la nécessité de
l’introspection ?
En effet, le fait que la secondarité prolonge une émotion
et son retentissement bien au-delà de sa cause, même si une cause nouvelle
lutte contre elle, le Sentimental oppose, à l’objectivité de ces causes
successives, la subjectivité de l’affection persistante. Donc sans ce
prolongement, il n’y aurait pas de subjectivité.
Le journal intime : c’est la caractéristique des écrivains Sentimentaux. Pour éviter
toute confusion il convient de préciser ce qu’il faut entendre par “journal
intime”. Il ne suffit pas qu’un écrit, même quotidien, soit rédigé par un
individu pour lui-même pour qu’il doive être considéré comme tel.
L’intentionnalité du journal intime est strictement subjective. Non
seulement le rédacteur du journal écrit pour lui-même, mais ce qui l’intéresse,
ce n’est pas la matière objective des événements qui provoquent sa méditation,
mais la manière dont ces événements l’affectent lui-même. Ce qu’il analyse ce
n’est pas eux, c’est lui en eux.
Ainsi défini, le journal intime fait ressortir les trois propriétés
fondamentales du Sentimental. S’il n’était pas émotif, il lui manquerait la
matière du journal intime : il pourrait tout au plus comme l’a fait l’Apathique
Louis XVI noter de temps en temps un événement, une chasse ou un accident, dans
son carnet pour en conserver les dates. Mais le Sentimental n’est pas inerte,
il est sur-émotif. Le présent en devenant passé laisse derrière lui
une longue traîne par l’effet de laquelle les événements se décantent de la
brusquerie avec laquelle ils l’ont affecté et se subjectivent de manière à
permettre la résurrection transfigurée de l’épreuve passée. Par l’effet de l’inactivité
qui ne permet pas la libération au-dehors de la tension intérieure, de la
secondarité qui en poursuit l’accumulation, le sujet est comme chargé
d’un potentiel dont la tension devient pénible. Il lui faut un exutoire qui
seront les articles quotidiens du journal intime où le sujet se complaît en
lui-même, il y résout ses contradictions secrètes, se prouve, loin de la
surveillance des autres, sa force et sa finesse intérieures. Il y trouve le
moyen d’être deux en restant seul. Il parle en pensant sans que personne ne
puisse l’entendre. Par la composition d’un journal intime il satisfait son goût
de la solitude, son besoin de méditation morale, la curiosité pour lui-même,
son attachement à son passé, sa prudence, son souci de l’idéal. Ce sont toutes
ces tendances qui se composent dans son introversion.
Le goût de la solitude est aussi du ressort de l’introversion. Il éprouve le besoin de ce
refuge qui le délivre du souci de se défendre contre les autres ; mais elle le
livre aussi à la satisfaction amère du pessimisme dans lequel au moins il se
sent lui-même. Souvent, il circule d’une solitude à la société semblable à un
aller retour : d’abord il fuit dans la solitude, y approuve les délices, puis,
l’ennui le menaçant, il retourne vers le monde et les autres et ceci
continuellement.
La Schizoïdie se
présente comme l’envers de l’introversion, l’autre côté de la solitude, c’est
l’incapacité de se syntoniser avec le milieu, ce qui est exprimé par les termes
de schizothimie
et de schizoïdie.
Dans son ouvrage : “La structure
du corps et le caractère” Ernest Kretschmer parlant des schizoïdes écrit
: “Ces schizoïdes véritables ressentent
toutes les couleurs criardes, tous les sons aigus de la vie réelle (qui sont
pour le cycloïde et l’homme moyen un excitant indispensable de la vie), comme
une dissonance laide et brutale, et même psychiquement douloureuse. Leur
autisme est un repliement spasmodique sur soi-même. Ils cherchent à éviter
toutes les excitations externes, à les étouffer. Ils ferment les volets de leur
maison, afin de pouvoir y rêver à la douce lumière atténuée, propice à leur
imagination. Ils cherchent, comme Strindberg l’a si joliment dit, “la solitude pour s’entourer du cocon de soie tissé par leur propre âme.”
Page 159.
Kretschmer définit la schizoïdie comme “un abri pour une sensibilité
trop vulnérable”.
Cet aspect de schizoïdie ainsi dépeint est le propre du Sentimental. En
effet, l’attention à soi empêche l’attention à la vie. On ne peut en même temps
accorder son attention à ce qui se passe autour de soi, aux changements qui se
font dans la nature et le voisinage, aux expressions de la pensée et des
sentiments des autres et, dans le même temps vivre absorbé dans ses propres pensées
et dans ses sentiments intimes.
La mélancolie
est aussi une des caractéristiques du Sentimental. C’est un trait commun des émotifs-inactifs.
Chez le Nerveux, qui a un “Moi instantané” changeant, elle reste
sporadique, elle n’a qu’une prise passagère en attendant une nouvelle émotion
de gaieté dans laquelle la primarité insérera l’individu, ce
qui fait que la mélancolie sera passagère. Tandis que chez le Sentimental,
la secondarité
en fait un ”Moi éternel” et la mélancolie s’y installe plus durablement.
D’autant plus que le sujet est déprimé, vulnérable, il présente une souffrance
de vivre plus ou moins accusé, tous ces facteurs forment un terrain propice à
la mélancolie.
Le sentiment de soi.
Nous avons vu que le Sentimental est ramené vers le centre
permanent de lui-même. En outre, à raison de sa secondarité, le Moi
du Sentimental s’oppose à celui du Nerveux, comme
l’abstrait au concret. C’est que le Nerveux est par sa nature
même intéressé à la qualité. Par elle il est plus préoccupé de ce qu’il est
plutôt que d’être. Au contraire, l’introversion détache le Sentimental
de la sensation : nous le verrons ascète, sévère avec lui-même, mal fait pour
la jouissance. Sa réflexion le fait descendre plus bas que toutes les qualités
qui déterminent le Moi. Pour des raisons analytiques, ce qu’il recherche, ce
n’est pas l’originalité du Moi, mais sa pureté.
C’est que sa conscience est une conscience déchirée, problématique. Le
Nerveux se quitte et se retrouve, l’extraverti (le Sanguin) s’aliène dans
l’objectivité, l’actif s’unifie par l’entreprise pour laquelle il se dévoue.
Seul le Sentimental est cloué à lui-même et il ne peut se sentir ailleurs qu’en
son sein.
La résignation présomptive est une attitude qu’utilise le Sentimental. Qu’entend-on par ce terme
? Un héritier présomptif, c’est un homme qui n’hérite pas encore parce que
celui dont il doit hériter est toujours vivant, mais, malgré cela tout le monde
le considère comme s’il était héritier. Par exemple, le père qui présente son
fils comme étant son héritier ; ou bien on présente l’héritier présomptif de la
couronne, du trône : le prince héritier.
Par ailleurs, ce que l’on entend couramment par résignation, c’est le
mouvement par lequel un esprit accepte un événement dont il a éprouvé ou dont
il prévoit une conséquence fâcheuse. Par cette acceptation, il cesse de
protester, de lutter, de se plaindre. “Résigné
comme un mouton que l’on mène à l’abattoir” (Sartre). Résignation c’est :
abandonner, abdiquer, renoncer, se soumettre, démissionner sans se plaindre.
Cependant la résignation est naturelle quand elle s’exprime par
la constatation que “c’est nécessaire!” ;
philosophique
quand on va jusqu’à juger que “l’ordre
l’exige!”, en impliquant par là que cet événement, fâcheux si on le
considère isolément, fait partie d’un ensemble à apprécier à son tour dans sa
totalité ; enfin religieuse quand on prononce : “Que la volonté de Dieu soit faite!”, alléguant ici notre ignorance
pour suggérer que cet événement qui nous semble mauvais doit manifester, sans
que nous puissions savoir comment, la bonté divine.
Mais il y a des êtres qui, bien loin d’attendre pour se résigner à
l’événement funeste qui s’est produit, qu’au moins on ait tout tenté pour
l’empêcher ; non seulement ils se comportent, comme s’il s’était réalisé,
mais même contribuent autant qu’il dépend d’eux à sa réalisation. Ils s’y
résignent d’avance de façon prématurée, présomptivement. Ainsi Maine de Biran,
pendant les cent jours, fut recherché par les gendarmes de Napoléon :
étant suffisamment caché, il se livra lui-même à la gendarmerie. C’est aussi le
candidat à un examen ou à un concours qui, sans de solides raisons objectives,
abandonne une épreuve avant de l’affronter ou qui carrément refuse de se
présenter, redoutant une mauvaise note.
Le Sentimental est plus apte que d’autre à la résignation présomptive,
parce que l’émotivité est profonde et prolongée. Elle se
condense dans l’âme et dans le même temps elle se détache de l’événement qui
l’a provoquée, pour s’aligner à un traumatisme affectif (complexe) le
réveillant et provoquant par là des angoisses, des peurs, des craintes
inconscientes. De telle sorte qu’au bout de quelque temps cette fièvre cachée,
la souffrance accumulée autour de ce centre devient plus pénible que celle que
pourrait produire l’événement redouté et le sujet s’en délivre en réalisant
l’événement lui-même de manière à mettre fin à son tourment intérieur. C’est
par exemple l’individu qui craint et redoute la misère : se voyant sans
emploi il se suicide, voire même parfois il tue toute sa famille avec lui.
L’impulsivité éruptive est du ressort du Sentimental. Nous l’avons vu s’opposer à l’impulsivité
réactive du Nerveux. L’explosion qui la manifeste résulte d’une
accumulation de petits traumatismes dont la condition est l’émotivité ; le sujet
aurait déjà réagi à l’un d’eux impulsivement si la secondarité n’était
intervenue pour inhiber la réaction. Mais en même temps que la secondarité
empêchait la réaction, elle conservait la trace de l’excitation qui l’avait
virtuellement provoquée. Une deuxième fois, puis une troisième et ainsi de
suite le même phénomène en rapport avec de nouveaux traumatismes comparables au
premier se produit. Arrive enfin une fois où la sommation des excitations
produisant son effet traditionnel l’individu explose : le sentiment accumulé
fait éruption et, l’activité n’intervient pas pour l’adapter. Cette éruption
surprend tous les assistants à la fois par la disproportion entre la force de
la dernière excitation : l’excitation déflagrante, et la
violence de la réaction et par la brutalité avec laquelle celle-ci se déploie
sans que le souci de l’aménager aux conditions actuelles la tempère et la rende
plus adaptée.
La poésie philosophique est caractéristique chez le Sentimental. Ceci est le résultat de l’émotivité
indispensable à toute poésie et une réflexion découlant de la secondarité.
C’est pour cela qu’elle est le privilège des émotifs-secondaires. Par
ailleurs, ici la poésie vient nourrir, d’une part par le barrage de l’inactivité
qui contrarie l’élan de l’inspiration, d’autre part par
l’action croissante de la secondarité qui favorise la
conversion des émotions en idées.
Par ce côté de fermeture au monde et de repli sur soi,
vont naître d’autres caractéristiques telles que la misanthropie et la timidité.
Groupement non-Activité - Secondarité
L’indécision.
C’est un être qui est indécis car l’événement l’ébranle et tend à le rendre
impulsif car il est émotif. Seulement, la secondarité intervient, ce qui fait
que l’exécution des actes est coupée immédiatement dès le début : ils restent
(les actes) velléitaires, virtuels et l’esprit reprenant le dessus d’une
manière de recul qui le “mentalise”,
il reconnaît les antagonismes. De là vient le fait qu’il est hésitant et
indécis.
Le manque d’élan.
Tout élan doit être basé sur la confiance en l’avenir, sur l’optimisme, l’être
doit éprouver une confiance tranquille et candide dans l’attente de la
réalisation de la chose désirée. Ceci ne peut pas être du ressort du
Sentimental : en général les événements le blessent, de plus il en retient les
aspects négatifs par la critique que conditionne son inactivité. En outre,
il est mélancolique, triste, sa pensée s’attache plus à la négativité plutôt
qu’à la positivité si du moins, comme nous le verrons, il ne corrige pas sous
l’inspiration de son sentiment moral ce penchant au découragement ou à la
dépréciation par une reprise volontaire. Sinon le plus souvent il manque de
confiance dans l’avenir et, par suite d’élan. Ici on rejoint la notion de résignation
présomptive : le “à quoi bon ?”
La maladresse et le manque de sens pratique. Ayant du mal à trouver des solutions
rapides par sa lenteur de réaction, son embarras dans le maniement des choses
fait qu’il n’a pas de sens pratique lequel permet à l’individu de s’adapter
avec adresse aux événements.
Le misonéisme
(hostilité à la nouveauté, au changement). Ne comptant guère sur la faveur des
choses ni sur leur propre initiative, il cherche à s’installer sur des
conditions objectives telles qu’une structure administrative une vie prudente,
une petite rente aussi sûre que possible. L’avare, est un Sentimental très
secondarisé, il est méfiant de l’avenir, refuse d’engager son argent
dans des entreprises dont son intelligence et son activité feraient le succès,
non, il attend la sécurité de la réduction des dépenses et de l’accumulation de
ses recettes. C’est parmi les fonctionnaires que l’on va retrouver les
Sentimentaux en grand nombre. D’autant plus que c’est un homme d’habitude,
routinier, n’osant pas s’aventurer vers l’inconnu.
L’ennui. La
disposition à l’ennui est conditionnée par la non-activité. Pour
l’expliquer, ce qui n’est pas si simple que cela le paraît, nous admettrons que
l’ennui est l’incapacité d’accoucher le désir, c’est-à-dire de faire passer un
désir d’un état virtuel à un état réel. L’ennui en effet, n’est pas une absence
de désir, car qui ne désire rien ne s’ennuie pas, il se contente d’être ce
qu’il est. D’autre part, celui qui a un désir assez fort et qu’il peut le
servir par son activité, trouve dans celle-ci la fin même de l’ennui car il est
occupé et intéressé par ce qu’il fait. Par conséquent, l’être s’ennuie
lorsqu’un désir s’éveille en lui, par exemple d’amour, de pays lointains, de
possessivité et que ces désirs sont condamnés à périr d’inanition parce qu’ils
restent mort-nés, trop débiles pour vaincre l’inactivité.
Groupement Emotivité - Secondarité
La réfection du passé. Autrement dit, se refaire le passé. C’est un être qui par l’effet de
la secondarité
est tout en rumination mentale. Lorsqu’un conflit éclate on a vu qu’il
hésite si longtemps qu’il laisse passer l’occasion de riposter immédiatement ou
bien s’il le fait, il sera maladroit. En fait, il a “l’esprit d’escalier”, il en résulte que sur le moment il n’a pas
toutes les capacités mentales nécessaires pour réagir à temps et de façon juste
à l’événement (S) de plus l’émotivité l’emplit et le trouble,
un peu de temps passe : il retrouve le calme et il voit ce qu’il aurait dû
faire ou répondre, il se refait dans son esprit l’événement tel qu’il aurait dû
être. En fait tout se passe comme si le
passé éclatait dans son âme à la façon d’une bombe à retardement.
La reprise volontaire et la remise en question. C’est dans le silence de sa réflexion
intérieure qu’il va se remettre en question. Il va échafauder une méthode qui
lui permettra de faire ce que d’autres accomplissent naturellement. C’est ce
que l’on appelle généralement “changer
son caractère” ce qui n’est en réalité qu’une utilisation intelligente du
caractère que l’on a pour modifier ce que l’on déplore. C’est un être qui
connaît exactement ses faiblesses, il a conscience de son impuissance à
réaliser, mais il espère pouvoir, grâce à sa secondarité, tirer le meilleur
rendement possible de sa faible activité. Nul doute que c’est le premier
consommateur d’ouvrages du style : “Comment
vaincre la timidité en 15 leçons”, ou “Comment
devenir riche et puissant”, “Les lois
du succès” ou “La puissance de votre
subconscient”... etc. Ceci est le fruit de l’émotivité conjuguée à
la secondarité.
De même qu’il va s’efforcer avec le plus de sérieux à appliquer les conseils
qu’on lui prodigue.
Dans ce groupement émotivité-secondarité, on peut dire
que la secondarité est le neutralisateur le plus puissant de
l’émotivité, car elle inhibe l’action et répartit la décharge de la force
émotive sur une grande profondeur. Par l’effet de la secondarité, l’émotivité
s’accumule au lieu de se monnayer en décharge, elle prépare dans des
maturations invisibles des explosions qui, pour être retardées, n’en seront que
plus violentes. Parfois, ces explosions restent intérieures et nourrissent des ruminations douloureuses ou de dures tempêtes affectives : l’anxiété est à
son maximum. La sensibilité de l’émotivité étalée sur les perspectives de la secondarité,
donne le maximum d’attachement au passé,
de fidélité aux souvenirs, de résistances aux impressions nouvelles.
Aussi les émotifs-secondaires sont-ils au maximum attachés à
leurs habitudes, arrêtés dans leurs opinions, rancuniers, longtemps fixés à la
mémoire d’un malheur et difficiles à consoler. La ferveur de l’émotivité, qui
grossit affectivement toute chose, se greffant sur l’application de la
secondarité, qui systématise la conscience, donne un ton général de sérieux et
de dignité : l’émotif-secondaire répugne à l’injure et présente
un sens de l’honorabilité et le sens de la loi. Il donne un psychisme compliqué
où l’émotivité pousse à l’extérieur et la secondarité aux réduits intérieurs,
l’émotivité aux mobiles, la secondarité aux motifs : aussi les émotifs-secondaires
sont-ils souvent des nids de contradictions.
Le Colérique
Groupement Emotivité - Primarité
La mobilité du sentiment. La succession des événements est chez les inactifs, plus passive,
c’est une suite de coups. Cette succession d’événements, provoque chez le Nerveux
(E. nA. P) une réaction que l’impulsivité rend plus passive qu’active et chez
le Sentimental (E. nA. S) une plaie, puis une réflexion introvertie. Cela
n’arrive pas au Colérique, certes il est aussi excitable que le Nerveux
et le Sentimental mais, à l’encontre de l’un et de l’autre il
est actif. Chez lui le choc provoqué par une émotion n’est pas une
perturbation provoquant un désarroi, mais une énergie de propulsion qui va
multiplier les énergies intérieures qu’elle mobilise. L’impression n’est plus
un accident, c’est une explosion motrice. Pour lui, l’événement émouvant est un
départ pour une conquête du milieu. Grâce à l’activité, la tension
que l’événement suscite en lui, il en fait le point d’application d’une action
dirigée, dont le but est d’adapter cet événement provocateur à lui-même et à
ses tendances. Cette action marque le début d’une entreprise. L’action est
fractionnée, elle est plus tactique (moyen qu’on emploie pour réussir) que
stratégique (art de diriger, bon manœuvrier), mais indiscutablement une action.
L’émotion ne
perturbe pas son activité, au contraire, loin de gêner son activité, elle la
renouvelle. Car il ne se contente pas de subir en protestant ou en gémissant,
il rend les coups, il réagit, bref il agit. Ce par quoi il réagit est une
action improvisée, soumise à une intention d’assez courte portée. Elle est dans
le temps, mais elle est objectivement efficace.
La mobilité affective du Colérique n’est donc pas l’instabilité pratique du Nerveux.
Elle est susceptible de se laisser canaliser par un plan, sans doute à échéance
assez prochaine, mais que l’activité remettra éventuellement
dans la direction convenable. Bien sûr, la primarité liée à l’émotivité le
pousse à rechercher de nouvelles émotions, de nouvelles impressions, et de
nouveaux sentiments. Sa vie sentimentale est analogue. Cependant, son
infidélité (E. P) n’est pas oublieuse car il est actif, ce qui donne de la
continuité dans ses élans. Il a une infidélité conservatrice : il ne
sacrifie pas un amour à un autre comme le ferait le Nerveux (E.
nA. P), non, lui, il ajoute le second au premier amour et il les mène de front.
Il s’engage dans une nouvelle aventure sans oublier les anciennes.
L’aptitude oratoire.
Le Colérique est fait pour être orateur, avec plus ou moins
d’art. En effet, il est émotif : il tient d’une part
l’aisance à sympathiser avec son auditoire, d’autre part, il a un pouvoir
d’irradiation affective qui rend ses sentiments contagieux tout en lui
inspirant les mots qu’il faut pour les faire ressentir (ses sentiments) aux
autres. En outre il est primaire : cela lui donne une
souplesse et une adaptation pouvant suivre toutes les variations de la
sensibilité de son auditoire de manière à s’y adapter. Enfin il est actif
: son éloquence est entraînante ; de plus il domine son affectivité et, s’il
est habile, il s’empare de l’affectivité des autres. Ses qualités oratoires
auront plus d’impact sur un auditoire populaire et émotif : les foules. C’est
celui qui dans la tourmente va se hisser sur les barricades faisant un discours
improvisé qui va émouvoir. D’autant plus qu’il est le plus décidé, le moins
indécis des hommes : il ne lui manque rien pour prendre la direction d’une
masse populaire.
C’est chez les Colériques que l’on rencontre les plus grands orateurs
tels que Danton, Mirabeau, Gambetta, Jaurès ; il y a aussi des grands avocats
d’assises, (les avocats d’affaires et les rapporteurs financiers sont plus du
ressort des Sanguins et des Flegmatiques). Parmi eux il y a aussi les
propagandistes.
La vivacité des sentiments. Sentiment est un terme ambigu : il veut dire tantôt émotion, tantôt
tendance motrice ; vivacité des émotions signifie chez le Nerveux
: émotions vives, chez le Colérique : vives impulsions à
l’action.
Le besoin d’action.
Chez le Colérique et les Passionnés, on constate
souvent une sorte de précipitation à passer d’une action à l’action suivante,
comme si la première était impuissante à satisfaire leur besoin d’action. Il en
résulte qu’une entreprise succède à l’autre avant que le développement de la
première ait été achevé ; la seconde semble monter sur le dos de la première
comme si, au-delà de la succession l’individu cherchait une accumulation
trans-temporelle de ses actes.
L’importance majeure de la tension intérieure à l’action doit faire que
cette tension intéresse l’agent plus que la fin même pour laquelle il agit. Peu
à peu l’action n’est plus pour la fin, elle est pour l’action même. Le sujet
agit pour agir et si la secondarité n’intervient pas pour faire considérer les
inconvénients de cette sublimation, il se fait une esthétisation de l’action de
la manière dont elle peut se faire chez l’actif, c’est-à-dire sous la forme
d’une action de jeu. On agit par goût d’agir sans plus se préoccuper de savoir
en vue de quoi l’on agit et si cela vaut la peine qu’on agisse.
L’univers du colérique : ce sont les événements spontanés, mobiles comme les
manifestations publiques, les émeutes, les assemblées populaires. Le besoin de
communion sociale que comporte le groupement émotif-actif prend chez
les secondaires une forme plus organisée et plus disciplinée
comme l’armée ; chez le Colérique, au contraire, ça prend une
forme inorganique et tumultueuse. On a tendance à voir le Colérique
dans l’armée, certes il y en a, mais ce qu’il faut comprendre c’est que s’il va
choisir un métier d’armes ce sera plus pour le goût de la conquête et du
baroudage, plutôt que pour la discipline et la règle. Car c’est un aventurier.
La destinée tumultueuse. Au cœur du groupement émotif-primaire demeure, il ne faut
pas cesser de s’en souvenir, un rapport du Moi au temps, celui qui est défini
par la primarité et grossi par l’émotivité. Le primaire est dans le
temps, ou plus précisément il y entre à chaque instant. Etre dans le temps
c’est se livrer à ses vicissitudes et même, quand on est un actif, se
précipiter au-devant d’elles. De ce fait, il doit en résulter pour les Colériques
très émotifs et très primaires les aléas d’une
destinée plus ou moins aventureuse, romanesque avant de devenir romancière.
Groupement Emotivité - Activité
Ici l’obstacle n’est plus une raison de découragement, c’est une raison
de persévérance. Il ne se présente plus comme une donnée à sublimer
négativement, il est une barrière à supprimer.
L’importance des besoins vitaux. Il y a un trait qui ressort d’après leur apparence même, c’est la
vitalité. Il semble y avoir une solidarité entre la puissance de
l’organisme et l’épanouissement du caractère. L’homme physique et l’homme
mental ne font chez eux qu’un seul et même individu.
Il a le visage coloré, vif ; ses yeux sont souvent gros, quelquefois
saillants ; sa voix est forte, souvent joyeuse. Son corps déplace beaucoup
d’air ; non seulement il est volumineux mais ses mouvements qui peuvent être
doux, sont toujours amples. Il s’impose à son milieu par son poids et par la
force de sa présence. Cependant, cette force n’est pas tyrannique, elle est
souvent serviable, toujours bienveillante. Il se fait aimer facilement et il
devient vite populaire, au point d’entraîner les autres avec lui.
Il a une nature riche, un grand appétit, aimant la table. C’est parmi
les Colériques que se recrute la majorité de ces gastronomes du poids de 100
kilos qui unissent à leur puissance physique le goût raffiné des plaisirs de la
table. Ils aiment et savent boire, car la truculence n’est que le mode verbal
d’expression de leur expansivité naturelle. Ils portent la même ardeur dans
leur vie sexuelle.
La sociabilité.
Un des effets les plus importants du groupement émotif-actif, c’est la
sociabilité. Mais si l’on entend par ce mot des rapports aimables et
bienveillants avec les autres il convient au Colérique plus qu’à aucun autre
caractère. Analysons cela, les actifs-primaires sont tous portés
vers autrui, ceci se comprend aisément : l’activité amène à des rapports avec
les autres et la primarité agit pour la multiplicité de ces rapports.
Contre-épreuve : les inactifs-secondaires, les Apathiques et les Sentimentaux
sont les moins sociaux, les plus solitaires. Comparons les deux espèces d’émotifs-primaires
: les Colériques et les Sanguins. Les Sanguins sont mondains : le
XVIIIe siècle parisien a été une époque de salons. Les Sanguins sont
sociaux, mais avec plus de froideur et une intellectualité plus dégagée car ils
sont non-émotifs.
Au contraire, chez le Colérique il y a une émotivité qui ajoute à la
sociabilité (A-P) de la chaleur, une capacité mutuelle de sympathie, dont la
bienveillance est chez le Nerveux contrariée par l’inactivité ; cette émotivité
chez le Colérique favorise aussi l’élargissement de cette sociabilité. Leur
vitalité les marque tous d’un caractère populaire, d’où, quelquefois, trop
souvent découle la vulgarité.
L’initiative. L’émotivité
joint à l’activité engendre l’énergie de l’action, et la
primarité joint à l’émotivité donne le besoin
de renouvellement, de là découle le sens de l’initiative. Il
est aussi un improvisateur : il est l’homme du premier mouvement, non
seulement au sens où il agit de prime saut, mais aussi en celui où par ce
mouvement il veut inaugurer quelque chose de nouveau. Chez lui se présente une
sorte d’impatience à agir le faisant nier le passé, le propulsant de l’avant à
l’instar d’un révolutionnaire.
Le goût des nouveautés découle de ce goût des initiatives qui en fait un pionnier. C’est
l’individu qui ne s’intéresse à aucune recherche qu’à la condition que ce soit
encore une terre inconnue ou mal défrichée. Dès que la nouveauté devient le
domaine d’une étude ou d’une exploitation systématique et technique assurée,
cet amateur de nouveautés s’en va et laisse à d’autre l’intérêt qu’il portait à
ce domaine.
L’entraîneur d’homme. Le Colérique entraîne à l’action. Sa présence parmi d’autres est une
invitation à entreprendre. Cherchant la popularité, elle s’obtient en se
faisant suivre par les autres.
L’optimisme et la confiance en l’avenir. Il y a dans l’élan vers l’action, lorsque l’émotivité
lui fournit son énergie et que la secondarité ne survient pas pour
l’interrompre par quelques inhibitions, une allégresse dont toutes les
expressions de confiance ne sont que le reflet. De tous les hommes, c’est lui
qui a le moins le sentiment des obstacles gênant l’épanouissement vital ou
d’individus venant lui mettre des bâtons dans les roues.
En réalité l’activité primaire, quand elle est soutenue par l’émotivité,
fait fonction d’un amortisseur contre les maux. C’est l’image de l’homme qui,
ruiné une première, une deuxième fois, repart chaque fois à la poursuite de la
fortune oubliant les échecs précédents, n’étant tourné que vers l’avenir
florissant de succès et de réussite. C’est l’optimiste par excellence.
La puissance d’affirmation. L’émotivité joint à l’activité est synonyme de “puissance d’affirmation”: l’émotivité
donne la puissance (le désir), et l’activité
donne l’efficacité.
Groupement Activité - Primarité
L’extraversion.
Ce sont les Sanguins (nE. A. P) qui sont les plus extravertis.
Mais, pour autant que par le groupement (A. P) les Colériques
s’apparentent avec les Sanguins. Il en ressort que les Colériques ont une
préférence pour le monde extérieur sur l’infini intérieur.
Si l’on analyse les œuvres littéraires des Colériques, on s’aperçoit
que ce n’est pas le roman d’analyse intérieure, ni l’essai philosophique, mais,
le
roman d’action : voir les oeuvres de Colériques comme le furent Honoré
de Balzac, Alexandre Dumas père ou Walter Scott. Ils cherchent dans le roman la
satisfaction d’un besoin d’action. C’est d’abord une peinture des
actions humaines, mais ces actions sont vues du dehors. Ivanhoé (Scott),
Vautrin (Balzac), Porthos (Dumas) font voir leurs actes, entendre leurs paroles
et ces actes sont médiations par lesquels le romancier suggère des émotions
actives à son lecteur. Ici, il n’y a aucune référence à l’expérience intime, à
la cœnesthésie des êtres : les héros ont plus de corps que de
conscience ; l’introversion a complètement disparu devant
l’extraversion.
Ce qui est vrai du roman d’action du Colérique doit l’être tout autant
de son action même. Se replier sur soi au moment où l’on devrait agir saurait
empêcher l’action de naître ou, si déjà elle naissait, l’interrompre. Il y a
antinomie entre l’analyse de soi et l’effort, l’entreprise. L’homme
d’action est dans les choses même sur lesquelles il agit. Il se confond
avec la nature où sa force se dépense : s’enlever à cette parenté avec le monde
serait se mettre à rêver, à s’introvertir. Le Colérique ne le peut, dans la
mesure où chaque excitation extérieure mobilise en lui les énergies que son activité
va utiliser pour agir sur l’extérieur, puisque l’inactivité n’intervient
pas pour les faire (les énergies) rebrousser en conscience de soi.
Le sens pratique.
Ici c’est pareil : ce sont les Sanguins (nE. A. P) qui ont le plus de sens
pratique, mais les Colériques sont aussi au-dessus de la moyenne selon les
statistiques. Cependant, si les Colériques ont moins de sens pratique que les
Sanguins, c’est dû à leur émotivité qui les perturbe et les
entraîne dans l’affectivité émotionnelle qui tend à leur donner l’impatience
d’agir. Cependant, cette qualité de sens pratique existe chez le Colérique.
Son optimisme et son impatience peuvent l’engager parfois dans des
entreprises risquées. Si le Colérique demeure inférieur au Sanguin (au niveau
du sens pratique), c’est qu’il réfléchit moins (E. P) c’est un chaud, alors que
le Sanguin est froid (nE) il est de ce fait plus circonspect.
Le sens de l’improvisation. C’est une des qualités qui fait que dans les situations les plus
graves et les plus soudaines, il se retrouve vite et voit comment se comporter.
Son ingéniosité et sa bonne humeur lui permettent de traverser tous les
imprévus. Par ailleurs, il a une spontanéité vitale qui fait qu’il
est porté par la vie, il fait corps avec elle, il la manifeste et en jouit
jusqu’à l’irradier autour de lui. Il est évident, qu’avec un tel comportement
et une telle euphorie de vivre, il tourne le dos au repli sur soi, au tourment
intérieur, à la sécheresse analytique et à la méditation.
Le Passionné
Emotivité - Activité - Secondarité
Si nous appelons puissances l’activité et l’émotivité par rapport à
leurs défauts et même si nous appliquons ce mot à la secondarité en
considérant la primarité comme une moindre secondarité, on s’aperçoit par
conséquent que le caractère Passionné est nanti de trois puissances. De là nous
avons le caractère le plus intense.
L’émotivité lui
donne l’énergie, l’activité lui donne une plénitude et la secondarité porte
l’énergie procurée par l’émotivité à son maximum de rendement.
Par ailleurs, l’activité le met face aux réalités
et le trempe par la lutte, la secondarité lui donne la méthode
et le sens de l’organisation. Ce n’est donc pas étonnant que c’est dans ce
caractère que l’on va trouver celles et ceux qui ont marqué l’histoire aussi
bien d’une manière positive que négative, car avec le caractère il n’est pas
question de morale. Quelques noms de Passionnés : Le Cardinal de
Richelieu, Louis XIV, Napoléon Ier, Adolf Hitler ; des philosophes
comme Johann Wolfgang Goethe, Auguste Comte, Friedrich Hegel ; des écrivains
comme Emile Zola, Paul Claudel, Gustave Flaubert... Tous ont marqué l’histoire.
L’ambition réalisatrice. C’est une caractéristique du Passionné, ceci se comprend aisément à
la lumière de ses trois propriétés constitutives. L’émotivité lui fait
désirer et la secondarité fait que ce qu’il désire devienne sa préoccupation
majeure, car par un phénomène cristallisateur la secondarité en fait “une
idée fixe”. De plus, cette ambition qui est propre à tous les émotifs-secondaires
est ici soutenue par l’activité qui fait qu’elle ne reste
pas à l’état onirique (sentimental E. nA. S), lui, le Passionné nanti de son
activité va tenter de réaliser concrètement son ambition. Maintenant va t-il y
parvenir ou non ? Cela n’est pas du ressort de la caractérologie.
La vigueur de la réaction sur l’obstacle. C’est au contact de l’obstacle qu’il prend
et donne la pleine conscience de ce qu’il est et de ce qu’il peut. Car être vaincu est pour lui la suprême
faiblesse. La secondarité met à sa disposition des
moyens divers pour réaliser ses volontés, il l’exploite autant qu’il peut. De
tous les caractères c’est celui qui
pousse toujours plus à fond la mobilisation de ses forces intimes afin de
repousser les limites.
La contrepartie de cette mobilisation, c’est l’agressivité. Il faut que
l’obstacle cède et, s’il ne peut être amené à céder que par la destruction, eh
bien, il le détruira.
La puissance de travail. La manifestation quotidienne de l’ambition c’est le travail. Il se
livre le plus profondément et le plus durablement au travail. Il ne supporte
pas l’idée d’une activité partagée, qui limite à un certain nombre d’heures la
poursuite de son but, car sa devise c’est : lorsqu’on s’est mis un projet en tête on le fait à fond et pas à moitié. Cette disposition résulte d’un
trait de caractère que le Passionné manifeste au maximum c’est la
concentration de l’esprit dans sa fin. Non seulement un grand actif
mange en vingt minutes et en désordre, brûlant les étapes, il aime arriver
avant le moment où on l’attend ; mais il s’enferme dans la méditation d’un
problème, pratique ou théorique à telle fin qu’il oublie l’environnement
extérieur. C’est William Ewart Gladstone à sa table de travail, il fallait le
secouer pour lui donner le sentiment de la présence d’autrui et le ramener vers
la perception du monde externe. Les distractions d’Ampère n’ont été que la
contrepartie de l’absorption de soi.
Le social. L’émotivité
associée à l’activité aide à sympathiser avec autrui. Mais la
secondarité exerce dans les rapports du Moi avec autrui un effet
d’intégration. De ce fait la diversité des autres personnes se fond par son
influence dans l’anonymat demi-impersonnel de ce que l’on nomme “le social”, en
opposition avec le tout pluriel tel que “les autres”. De là le Passionné a un
caractère social.
Mais il y a un autre effet qui découle de l’émotivité liée à la secondarité,
c’est le caractère universel. Il va d’un mouvement spontané vers le
groupe dans lequel il est intégré. De ceci, il tend à l’identification de l’axe
de sa vie personnelle avec celui du groupe auquel il appartient.
Cet attachement à l’universalité sociale comporte deux aspects qui sont
le fruit de l’émotivité et de la secondarité : tout groupe est une
communauté que l’on aime (émotivité) et une loi à laquelle on se conforme
(secondarité). Et de ces deux points découlent avec l’émotivité d’une part : l’attachement
à la famille, le goût de la vie familiale, il est patriotique
voire nanti de sentiments religieux. C’est la trilogie famille,
patrie, état voire église.
D’autre part la secondarité fait qu’il n’est pas changeant,
il y a accord entre les paroles et les actes, il se
comporte honorablement, il est assez vérace et ponctuel. D’ailleurs si l’on prend les
Passionnés qui ont voué leur vie au service d’un groupe, la patrie et l’état
nous avons des gens comme : Napoléon Ier, Le Maréchal Foch, Turenne,
Richelieu, Gladstone, Raymond Poincaré. A l’église et à la foi : Saint Thomas
d’Aquin, Bossuet, Fénelon et il est à noter que les philosophes Passionnés
comme le furent Spinoza, Fichte, Hegel, Auguste Comte ont, à la suite de
Platon, étroitement lié leur pensée philosophique à des préoccupations
politiques.
L’attachement au passé. Ici le Passionné se confond avec le Sentimental par la vertu du
groupement émotif-actif. Mais la différence réside entre un Moi se sentant
et un Moi agissant. En effet, le Sentimental renouvelle le passé, l’aménage à
ses sentiments, en fait un moyen de jouissance, c’est pour le prolonger
affectivement. Au contraire, le Passionné ne s’intéresse au passé que pour le
prolonger activement. Le Moi cherche et trouve, dans le souvenir du passé de la
communauté qu’il prétend prolonger, une espèce de protection contre la mort.
Par ailleurs, chez tous les émotifs-secondaires se présente la mélancolie ;
mais, tandis que le Sentimental s’y livre et en fait l’objet d’une dégustation
amère, le Passionné la recouvre par la force de son action. Certes, il
est pessimiste, mais c’est un pessimisme vaincu par l’énergie d’entreprendre.
Ainsi le passé émerge du néant quand l’action prend sa suite et le ressuscite
dans un présent qui lui est fidèle. L’attachement au passé est un des critères
qui le différencie le plus du Colérique qui ce dernier est toujours impatient
de l’avenir, parce que son élan vers lui n’est pas gêné par l’inhibition de la
secondarité. C’est ce que nous montrent les statistiques :
Vieux souvenirs. . . . . . . . . . Moyenne (46,8) Colérique (21)
Passionné (83,8)
Nouvelles impressions. . . . . . Moyenne (35,6) Colériques (63,8)
Passionné (6,5)
Cette opposition des Colériques et des Passionnés est le signe d’un
dissentiment profond qui résulte de ce que l’opposition entre la
Primarité et la Secondarité change la
signification du groupement émotif-actif. Le Colérique est mobile, vif,
cordial, il se plaît à la parole, tient à son indépendance ; le Passionné est
constant, aimant mieux agir que parler, sévère ; il tend à tout organiser
autour de lui, il préfère un régime autoritaire. Comment s’étonner que souvent
l’opposition des uns et des autres devienne la matrice de conflits sociaux ?
L’ascétisme. Ici
encore se trouve l’opposition entre les Colériques et les Passionnés : le
Colérique aime bien vivre, il aime les femmes, les plaisirs de la table ; le
Passionné se désintéresse des plaisirs de la table ou en modère la recherche ;
et, s’il est sensuel, sa secondarité empêche toujours que ses
amours ne l’emportent sur les calculs de son ambition. L’ascétisme croît avec la secondarité.
Le goût pour l’histoire. De cet attachement au passé découle le goût pour l’histoire. Si par
histoire on entend l’histoire politique, militaire ou l’histoire des
événements, les Passionnés sont au premier rang des hommes qui la font. Par
conséquent, il n’est pas étonnant qu’ils soient également en tête de ceux qui
la narrent. Ici intervient encore l’émotivité liée à la secondarité
et on peut le comparer avec le Sentimental. Nous avions vu que le Sentimental
écrivait son journal intime, lui, le Passionné écrit ses
mémoires. Dans les deux cas le sujet est au centre de la
préoccupation de l’auteur; mais dans le journal intime, l’être s’y trouve dans
sa nudité intime et solitaire, ici importe peu la trame objective des
événements, ce qui compte avant tout ce sont les sentiments, le sujet reste
dans sa subjectivité (nA).
Alors que dans les mémoires (E. A. S), l’auteur n’en est pas moins
présent. Mais d’abord, il se présente à lui-même comme un sujet parmi les
autres dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire comme un sujet devenu
objet. Le sujet ne sympathise plus avec lui-même, il se voit. Aussi, ce n’est
plus comme un cours d’émotions, s’offrant à sa propre contemplation qui nous
est montré (cela est le cas du journal intime), mais comme une cause, un agent,
et comme un agent, ce qu’il examine, ce sont toujours des questions de
responsabilité. Quel a été le rôle de Poincaré et de Clemenceau durant la
guerre de 14-18, voilà ce qui préoccupe l’un et l’autre. C’est le cas aussi de
Napoléon Ier à Sainte-Hélène faisant l’histoire de sa vie à la
manière d’un général en retraite.
Si pour des raisons X ou Y le Passionné a été barré ou dévié dans son
développement vers l’action sociale, il se met alors à écrire l’histoire.
Le centre de diffusion caractérologique de l’intérêt pour l’histoire c’est l’émotivité
et l’activité,
lorsque ces deux propriétés constitutives s’associent à la primarité (Colérique),
l’histoire se fait anecdotique. Si c’est avec la secondarité que
s’associent l’émotivité et l’activité (le Passionné) l’histoire se fait prophétique
et grandiose. Si l’historien est plus secondaire qu’émotif (Flegmatique)
la considération des événements émouvants et des individus disparaît derrière
celles des institutions et de l’évolution anonyme des peuples.
Le goût de la grandeur. Le Passionné est attiré par la grandeur. Napoléon avait un goût très
théâtral des somptuosités de cour ; Louis XIV
avait aussi la grandeur du faste, derrière eux, on a des industriels
parvenus à une grande richesse par un travail opiniâtre et qui ont le goût
d’étaler leurs richesses : une habitation, un mobilier somptueux qu’ils
unissent à leur simplicité personnelle, comme Napoléon qui opposait à l’éclat
de ses maréchaux la simplicité de ses propres uniformes. Dans ce goût des
bâtisses, du mobilier et des vêtements se concentre le besoin d’inscrire leur
personnalité dans des choses qui la prolonge en dehors d’eux-mêmes et surtout
au-delà de la durée de leur vie, et le désir de faire sentir leur puissance.
Le défaut du Passionné c’est l’orgueil, quant à la
vanité elle appartient au Nerveux. En effet, la vanité est esthétique,
le plus souvent elle se contente de paroles ; il faut à l’orgueil la masse,
matière ou prix, des témoignages qu’il se donne de lui-même. Cela ne
change pas, sinon par l’intention exprimée, si le Passionné est pieux : l’abbé
Passionné édifie une chartreuse ou l’évêque une cathédrale pour l’amour de
Dieu.
Ceci étant, le désir d’arriver, la promotion sociale, le goût des honneurs constituent
la préoccupation essentielle de son existence et monopolise toute son énergie.
La fidélité.
L’attachement au passé fait que ses souvenirs conservent toute leur importance
et ne s’effacent pas. Les amis demeurent car il est fidèle en amitiés et les
affections varient peu. De tous les caractères, c’est celui dont les affections
sont les plus fidèles et dont les souvenirs, agréables ou désagréables, restent
indéfiniment gravés dans la mémoire. Ceci est dû à la secondarité.
Le Sanguin
non-Emotivité - Activité - Primarité
En fait, par le fait de l’inémotivité, c’est d’abord “un
froid”. Le fait que l’émotivité est affaiblie ça lui
donne un esprit clair car son mental n’est pas envahi par l’affectivité de
l’émotion. Ceci lui donne une intelligence perçante qui le prédispose à
formuler clairement ce qu’il voit et pense.
C’est ce manque d’émotivité qui le rend aux yeux d’autrui “cynique”
car il ne s’embarrasse pas de principes moraux lorsqu’il veut réaliser ses
propres dessins.
Par ailleurs, il est primaire ce qui lui donne des
réactions rapides, immédiate. Cependant grâce à son inémotivité, il n’est pas
impulsif car l’impulsivité est refoulée, ce qui prouve que l’impulsivité
est en rapport avec l’émotivité. Etant donné qu’il est primaire sa pensée reste
dans le présent. De ceci, il en résulte qu’il a un esprit rapide avec une conception
claire.
L’attrait pour les sciences. Ce qui l’intéresse dans les sciences (s’il pratique par exemple
l’astrologie ou autre) c’est l’aspect expérimental et non théorique
car la théorie appartient aux secondaires car chez eux (les secondaires) la
rapidité de conception disparaît pour laisser la place à la réflexion qui est
causée par l’inhibition due à la secondarité.
L’extraversion.
Cependant, le manque d’émotivité et d’introversion fait que le Sanguin à une
vie
intérieure assez pauvre. Il lui faut donc pour meubler son expérience
qu’il se tourne vers le dehors en s’appuyant dans la perception et l’analyse du
monde extérieur comme un enfant qui se met à la fenêtre pour éviter l’ennui.
Le vide intérieur.
Ce vide
intérieur qu’il ressent, lui donne des moments de mélancolie, de dégoût
passager de l’existence, il fait des réflexions mélancoliques. Que les choses
extérieures viennent à lui manquer, il est rejeté vers lui-même et pour ainsi
dire tombe dans ce vide intime qui est son angoisse et sa hantise. C’est ce
vide intérieur qui le rend sceptique.
Son mot-clé c’est le sens pratique. Cette donnée est
confirmée par les Sanguins illustres : Voltaire et Talleyrand ont très bien
mené leur fortune. C’est par exemple, l’homme aux origines humbles et modestes
qui, avec un talent médiocre, a su par son habileté s’élever dans la hiérarchie
sociale.
Quand on analyse la formule constitutive du Sanguin (nE.A.P), on
comprend aisément qu’il a un sens pratique. Encore convient-il de ne pas
confondre sens pratique avec des notions parentes comme peut l’être le sens de
l’organisation.
En effet, le sens pratique qui est attribué au Sanguin, c’est
l’art de trouver rapidement et de réaliser une solution à des problèmes qui
s’offrent à lui.
L’esprit pratique est à proche portée, à courte vue, car il ne consiste
pas à concevoir et poursuivre un résultat lointain, il a pour rôle de créer
les conditions quotidiennes qui sont nécessaires à la conservation de la vie et
à la prospérité de son vivant : c’est l’immédiat, le court terme.
Cette précision établie, on voit comment la formule caractérologique du
Sanguin prédispose au sens pratique. D’abord la primarité lui donne la
promptitude de réaction ; la non-émotivité lui donne
l’exactitude d’observation et la clarté de perception, car l’émotivité n’est
pas présente, ce qui évite de transformer la promptitude en impulsivité, et ça
ne fausse pas non plus la netteté de l’observation : le Sanguin est froid (nE).
Enfin l’activité est indispensable pour l’exécution des actes
nécessaires, car la non-activité gênerait l’exécution et créerait une difficulté à
se mettre en train, il y aurait fuite devant l’obstacle, découragement et
indécision.
Par ailleurs le sens pratique comporte trois traits essentiels :
1) Il est à
courte portée (P).
2) Il tend moins
à adapter les choses à nous qu’à nous adapter aux choses. Ici on peut observer
une différence entre le Sanguin et le Passionné (E. A. S). Chez le Passionné,
le Moi et son utilité sont subordonnés à l’objet de sa visée ambitieuse par
l’effet de sa haute tension intérieure, le sens pratique n’est pour lui qu’un
moyen parmi d’autres pour des fins qui le dépassent ; au contraire chez le Sanguin
qui cherche moins la domination ou le sacrifice, le sens pratique est pris pour
son utilité pratique.
3) Le sens
pratique comporte l’initiative : il consiste à trouver une solution là où un
autre n’en trouverait pas ; c’est justement parce qu’il requiert l’initiative
que l’activité est indispensable et l’on comprend que par suite ce sont les
inactifs qui ont le moins d’esprit pratique.
Le talent oratoire et le talent d’improvisation en public sont aussi des caractéristiques du Sanguin
au même titre que les Colériques. Seulement les Colériques par le fait de
leur émotivité sont mieux adaptés aux auditoires populaires que l’émotivité
touche et entraîne. Alors que les Sanguins par le fait de leur non-émotivité
sont mieux dans un cénacle ou une assemblée parlementaire, dont les auditeurs
sont beaucoup plus sensibles à la finesse des argumentations qu’à la force des
sentiments manifestés.
C’est cette disposition au sens pratique qui lui donne les
qualités d’être un bon observateur, réfléchi, d’avoir une présence
d’esprit, une rapidité de conception. Il n’est pas
esclave envers les principes, il a un jugement indépendant, c’est un
esprit “sans âme” car il n’est pas
envahi par l’affectivité et l’émotion (nE), il est positif et objectif.
C’est le même sens pratique qui sous une autre forme se prolonge dans
la vie sociale par l’habileté dans les rapports avec les autres. En effet, le
Sanguin aime les salons, la mondanité, la conversation. Il n’est pas
social au sens où l’est le Passionné, qui lui, aime diriger et dominer, il
n’est pas non plus populaire comme l’est le Colérique qui se plaît avec les
foules et le public. Le Sanguin est proprement public et
mondain. La grande et la petite diplomatie sont un de ses domaines privilégiés
ce qui est dû à son activité. De ce fait, il se comporte de manière
diplomatique : habile, subtil, circonspect, rusé, usant de tact et de finesse.
C’est aussi un génie analytique car il n’est pas sous la coupe de
l’introversion qui consiste à revenir vers l’obscurité de soi-même, au contraire,
c’est un extraverti et l’extraversion fait qu’il ne peut atteindre des
données extérieures qu’à la condition qu’elles aient été distinguées les unes
des autres par l’analyse qui les rend extérieures. C’est pour cela qu’il est
doué pour l’analyse, car son esprit est libre de toute affectivité (nE) ce qui
le rend clair et abstrait.
Il en résulte que ses principaux intérêts le tournent vers des formes
de déterminations qui sont :
1) Détermination
monétaire, l’argent, qui est l’intermédiaire abstrait de toutes
marchandises et de tous les services. En effet, beaucoup de Sanguins montrent
non seulement le goût de l’argent, mais aussi l’art de l’acquérir. Talleyrand
s’est acquis une très grosse fortune par des placements heureux et par des
pots-de-vin. Bacon a été, écrit Macaulay : “l’homme le plus malhonnête de
l’histoire de l’Angleterre.”
2) Déterminations
conceptuelles, les idées : la vie abstraite du
Sanguin est extrêmement active. Il est doué pour les mathématiques. La science
expérimentale l’intéresse, car elle satisfait son goût de l’utilité. Il en fait
une théorie (Bacon), et faute de secondarité, il n’est pas systématique, il lui
sacrifie la métaphysique.
Toujours par défaut de systématisation (P), il aime mieux dans la pensée la
multiplicité de ses aspects plutôt que l’unicité de ses principes,
c’est pour cela que beaucoup de Sanguins sont polygraphes (écrit sur des sujets
variés) ; mais c’est toujours la clarté de la pensée qui leur plaît.
C’est un diplomate,
ceci est dû à la primarité et à l’inémotivité. La souplesse avec
laquelle le diplomate enregistre immédiatement les faits, et s’adapte à l’état
des choses est une de ses qualités, d’autant que son esprit n’est pas envahi
par l’affectivité (nE). C’est par exemple le Sanguin Sainte Beuve : il fut
romantique avec Victor Hugo et Alfred de Vigny, il se sépare d’eux ; devient
l’ami de Pierre Leroux et d’Armand Carrel, puis il penche vers le catholicisme
de Lamennais, puis vers le socialisme avec Proudhon, pour finir après 1852
partisan de l’autorité et sénateur de l’empire.
Certes on peut comparer cette versatilité voire cette perfidie,
avec les variations du Colérique Victor Hugo. Elles comportent cette différence
qui marque l’opposition du Colérique (E. A. P) et du Sanguin (nE. A. P), de l’émotif
et du froid : le Colérique s’engage à fond dans ses changements successifs, il
accepte le combat et l’exil, le Sanguin les tourne à son avantage. Il y trouve
en outre la satisfaction indéfiniment renouvelée de son infatigable curiosité
intellectuelle.
Par ailleurs, le morcellement et le renouvellement de leur pensée sont
propices à tous les génies littéraires apparentés au journalisme. C’est
d’abord le genre épistolier : beaucoup de Sanguins : Voltaire, Mme de Sévigné
pour ne citer que les deux exemples les plus illustres, furent célèbres par les
lettres qu’ils écrivaient en un temps où les lettres avaient pour leurs
destinataires l’intérêt d’un journal d’information. Un échange de lettres est
une conversation. Comme la conversation, les lettres demandent de la mobilité
d’esprit pour ce qui passe au jour le jour, le goût de la recherche verbale. Il
y a peu de distance de la lettre à l’essai.
La souplesse de leur esprit et leur curiosité, plus souvent amusé et
ironique que profond, les prédispose à une activité de polygraphe. Car d’une
part leur froideur favorise leur aptitude à une analyse objective, d’autre
part, leur primarité et leur finesse leur inspirent l’intérêt pour la
littérature. Enfin, l’activité aidant, ils sont doués pour réussir dans des
directions opposées, car ils n’ont pas de secondarité pour systématiser leur
activité, ils n’éprouvent pas le besoin de se fixer dans l’une de leur direction.
De ce point de vue la forme de l’encyclopédie, si l’on n’entend pas par ce mot
une systématisation philosophique, mais une juxtaposition d’articles
indépendants les uns des autres, leur convient parfaitement car elle est apte à
leur fournir un champ d’activité intellectuelle.
Cette mobilité à connaître du dehors ce que l’on peut tirer de son
propre fond prédispose à l’imitation et au pastiche.
Certes par défaut de cette dispersion et de cette extraversion de la
pensée, c’est le manque de profondeur. Car deux profondeurs peuvent attirer la
pensée : l’une c’est la profondeur de l’intimité, celle
des remous de la vie affective, la profondeur de l’âme qui est en droite ligne
avec l’émotivité.
L’autre, c’est la découverte de principes de systématisation, qui établit des
déductions : la profondeur de l’intelligence, qui est le fruit de la
secondarité.
Pascal est profond en tant qu’il scrute les besoins les plus intimes de
l’homme ; Descartes autrement, en tant qu’il met à jour les mouvements
fondamentaux de l’intelligence.
Le Sanguin ne dispose, ni de la richesse affective (E), ni de la
systématisation théorique (S). C’est pour cela qu’il est superficiel. Ceci ne veut
pas dire que les Sanguins ne sont pas intelligents, mais que leur
intelligence est à fleur de peau, elle est superficielle mais pas profonde.
Il y a un postulat qui est très important en caractérologie : c’est la
transformation des défauts d’un caractère en objet d’hostilité.
En effet, un homme se heurte de nombreuses façons à ce qu’il ne
comprend pas, c’est-à-dire que sa visée caractérologique ne l’y conduit pas ;
il lui est donc facile de contracter contre cette attitude qui lui est
contraire une animosité que l’on peut qualifier de caractérologique.
C’est ainsi qu’un non-émotif ne comprend pas l’émotif
qui pour un rien sera tourmenté et troublé, de même qu’un non-actif pour lequel le
travail long et patient le rebute ne comprendra pas celles et ceux qui le font
etc...
C’est de la sorte qu’un Sanguin condamne l’enthousiasme qui
est le fait de l’émotivité et prônera l’objectivité qui est le fait de la non-émotivité.
Le Sanguin se défendra par la raillerie contre l’émotivité des autres.
La tolérance est
un fait caractérologique qu’il possède. La source principale de l’autoritarisme
c’est l’émotivité, elle est aggravée chez les actifs, car l’activité
empêche l’émotivité de se replier sur soi. A cet autoritarisme s’oppose la
tolérance dont on peut reconnaître chez le Sanguin plusieurs composantes. La
première c’est celle de sa méfiance à l’égard de l’émotivité
d’autrui dont il tend à réduire les effets. A cette première composante
s’ajoute l’activité qui porte à l’indifférence. L’inémotivité favorise
l’intellectualisation de toutes les expériences dans lesquelles un émotif
serait saisi par l’affectivité d’autrui : au lieu d’épouser les sentiments
d’autrui, le Sanguin les pense. Par là, il dépersonnalise les paroles et les
actes des autres, il en fait des objets par rapport auxquels il lui convient de
définir sa conduite, mais qui ne provoquent plus de sentiments violents tels
que ceux qu’éveillent les actes affectifs d’un émotif. Enfin il faut y
adjoindre une composante de bienveillance car le Sanguin est bienveillant
aimant le dialogue, la société et le monde. Il est donc protégé contre les
haines passionnelles et violentes.
Face à la religion
on s’aperçoit que les Sanguins manifestent une attitude critique, leur
sentiment religieux est quasiment nul. Ceci ce comprend aisément car la
religion telle que nous la concevons est monothéiste, elle implique par
conséquent à remonter du multiple à l’un, c’est-à-dire encore la systématisation,
comme le fait la métaphysique qui est la structure intellectuelle de la religion.
Mais la religion suppose en outre une émotivité pour que ce principe
devienne Dieu sensible au cœur de l’individu. On comprend que ces problèmes ne
concernent pas le Sanguin pur : son intelligence se disperse entre des vérités
séparées qu’il n’éprouve pas le besoin de lier parce qu’il passe de l’une à
l’autre suivant les hasards de l’expérience ; de plus il n’a aucune inquiétude
affective à calmer, il ne ressent pas fortement la peur et la douleur de la
mort des autres parce qu’il est froid et objectif, il conçoit la
mort comme un fait.
C’est d’ailleurs dans le domaine religieux et mortuaire que le Sanguin
a recours à l’ironie, parce que l’ironie est l’arme principale dont il dispose
contre l’émotivité. D’ailleurs on dit toujours du Sanguin, lorsqu’on veut le
dépeindre que : “c’est celui qui fait rigoler tout le monde le jour d’un
enterrement”.
Au niveau affectif,
l’inémotivité
fait qu’il n’est pas porté vers l’amour passion. Ceci ne veut pas dire pour
autant que l’amour n’existe pas pour lui, car la sexualité d’un individu
comporte des conditions physiologiques indépendantes du caractère. D’autre
part, le Sanguin est un esprit fin, qui aime le contact et l’échange ; cependant
la timidité le rend cynique. Il a une sexualité sèche qui est exempte de
toute émotivité dans laquelle ce qu’il y a de plus spirituel c’est le
sentiment de la beauté. Il tend plus ou moins à concevoir l’amour comme
un jeu, une camaraderie entre les sexes. Cependant les rapports amoureux sont
rendus à la fois instables par la primarité et froids par l’inémotivité.
Le Flegmatique
non-Emotivité - Activité - Secondarité
L’opposition du Nerveux face au Flegmatique. Ces deux caractères se présentent sur un
axe diamétralement opposé, l’un est le contraire de l’autre : le Nerveux est E.
nA. P et le Flegmatique est nE. A. S, on peut dire que le
Nerveux est un anti-Flegmatique et que le Flegmatique est un anti-Nerveux. Par
conséquent, toutes les qualités de l’un sont les défauts de l’autre et vice
versa.
La contradiction entre la conduite et les paroles est fréquente chez le
Nerveux, rare chez le Flegmatique. Le Nerveux travaille le soir, le Flegmatique
le matin.
Le superlativisme, le goût pour les symboles, la superstition,
l’indépendance, le changement, le goût des imaginations horribles qui sont des
traits du Nerveux sont complètement étrangers au Flegmatique. Le Nerveux veut
jouer un rôle, le Flegmatique reste effacé. Face au mensonge et au manque de
ponctualité du Nerveux, le Flegmatique oppose la véracité et la ponctualité. Au
besoin de changement de résidence du Nerveux s’oppose le goût de l’enracinement
du Flegmatique.
La réduction de l’activité manifestée. C’est le premier trait qui ressort. Il
résulte du fait de l’abaissement de l’émotivité, puis de l’élaboration
de la secondarité enfin, il est actif. Tout cela fait qu’il
travaille beaucoup, mais calmement, non d’une manière spectaculaire en remuant
dans tous les sens. Il est calme, parle posément et peu, sa voix est égale, son
élocution est lente. Sa démarche est sans hâte, il demeure froid dans des situations
qui émeuvent d’autres.
L’égalité d’humeur.
Cette égalité d’humeur rend facile les rapports, ça lui permet d’entretenir ses
habitudes dans la société, ses émotions sont maîtrisées, c’est par exemple le
physicien et chimiste Henry Cavendish (1731 - 1810), qui au moment de sa mort a
chargé son domestique de ses instructions, l’a envoyé en course, puis il s’est
couché et il est mort.
La sobriété organique. Pour les jouissances de la table de tous les caractères c’est le
Flegmatique qui est le moins porté. De même il a une sexualité froide et
réservée. Parmi les Flegmatiques qui se sont consacrés aux sciences et à la
philosophie, on trouve beaucoup de célibataires par désintérêt envers tout ce
qui les aurait détournés de leur pensée.
L’impassibilité.
Cette disposition s’accorde avec un trait du caractère des flegmatiques qui,
bien qu’il paraisse un trait négatif ou plutôt privatif, est assez
caractéristique de leur nature. Son insensibilité à des excitations organiques
et sa froideur, se rencontrant avec sa secondarité, le maintiennent dans
une condition qui n’est pas la sauvagerie, mais n’est pas la mondanité non
plus, et il apparaît aux yeux des autres comme indifférent. Il est impassible
dans le monde, comme s’il ne s’y trouvait pas, mais il ne désire pas en sortir
pour autant, il y reste tranquille.
Disposition à l’action. N’oublions pas qu’il est actif, et son activité se manifeste
par une continuité dans ses entreprises ou ses occupations. Il est toujours
occupé à une tâche ou un travail. La femme Flegmatique est une ménagère très
active et exacte dans l’accomplissement de ses obligations ménagères : elle se
lève tôt, s’occupe de ses enfants, fait le ménage, lave le linge, repasse, fait
la cuisine, etc... avec calme et régularité monotone.
Ce qui les menace, c’est leur emprisonnement dans des habitudes de
vie, car la régularité de leurs journées n’est pas troublée par l’émotivité. Il
ne néglige et n’ajourne jamais ses travaux imposés ou ses obligations.
Persévérance et ténacité. Il est persévérant, ne se décourage pas, il va même jusqu’à
l’obstination. La ténacité dans l’action est une de ses qualités, car il lui
est plus facile qu’à d’autres, à cause de sa froideur et de son activité,
de “tenir” dans des conditions hostiles et difficiles : son imagination
n’ajoute pas aux maux endurés (nE), l’inactivité n’intervient pas pour lâcher
prise.
La patience.
L’enveloppe de cette persévérance c’est la patience. C’est le plus patient de
tous les hommes. Ceci s’explique par le fait qu’il n’est pas troublé ni fatigué
par les émotions qu’il n’éprouve pas ou s’il vient à en éprouver elles sont
réduites (nE), il n’est pas non plus sollicité par la primarité à réagir plus
ou moins impulsivement aux événements successifs ; enfin l’activité lui permet de
surmonter les causes d’impatience qui décourageraient les inactifs.
La systématisation de la vie et de la pensée par la secondarité. Il est homme à principes et homme
d’habitudes. Or, habitudes et principes sont des éléments de systématisation. La
systématisation a plusieurs effets. C’est d’abord dans son éternité par
rapport à la succession temporelle : le souci de l’avenir lointain qui
est lié au retentissement du passé, dans la mesure où ce ne peut être qu’en
fonction d’expériences passées que l’on peut anticiper sur des suites futures
d’événements pour les prévoir. C’est pour cela que le Flegmatique a le souci de
l’avenir lointain.
En outre on débouche sur un accord entre les paroles et les actes,
notons que cette qualité, il la partage avec les Passionnés qui sont aussi actifs-secondaires.
La secondarité
le systématise, liée à la non-émotivité fait qu’il résiste aux
désirs d’actions immédiates non étayées par le raisonnement ; c’est un homme de
décisions réfléchies, un homme d’habitudes. Il établit un plan rigoureux de sa
journée et de ses occupations, il aime “systématiser”
; son emploi du temps est précis, parfois immuable ; car l’avenir lui
apparaît comme un champ d’activité qu’il faut concevoir avec méthode. Il a un
souci extrême de l’exactitude, de là il est ponctuel, vérace, digne de foi et
objectif dans ses affirmations.
Il ne se soucie guère de son apparence vestimentaire, de ce côté-là, il affiche une totale
simplicité, car il n’est pas tourné vers le paraître.
Le manque d’émotivité en fait le contraire d’un impulsif, il a du self
control, il est réfléchi aux réactions lentes. Face à un péril sa réponse c’est
“wait and see” (attends voir!), car il est lent à se décider et il
laisse peu de place à l’improvisation.
L’intelligence du Flegmatique. L’intelligence analytique
telle que la conçoit la caractérologie, c’est l’aptitude à analyser,
c’est-à-dire à extraire de l’expérience ou à lui rapporter des concepts et des
rapports, considérés et étudiés dans leur nudité abstraite. Il est évident que
d’après cette définition de l’intelligence, la formule caractérologique du
Flegmatique convient tout à fait, car c’est un actif-froid doué d’une secondarité
qui systématise sa pensée.
Cependant, les Flegmatiques ne sont pas forcément les plus intelligents,
car il y a des Flegmatiques sots et il y a, dans tous les autres caractères des
intelligences vives ou pénétrantes. Les Flegmatiques sont les maîtres de la systématisation
abstraite. Parmi eux se rassemblent non seulement des mathématiciens, mais
aussi des savants de toutes spécialités, pourvu que leurs observations donnent
lieu à des théories. Ils ont un esprit terre à terre, c’est l’esprit de
système.
La froideur.
C’est un “froid”, il est sérieux, rit
rarement, ceci est dû à son inémotivité liée à la secondarité,
cela crée un processus de rétraction, de retrait sur soi et de concentration,
ne laissant rien apparaître de sa sensibilité intérieure. Parlant de
l’émotivité, Gaston Berger, nous dit : qu’elle “est essentiellement un trouble que chacun manifeste à sa façon.
Rougeur et pâleur ne sont indiquées ici qu’à titre d’exemple. Dans certains
cas, le trouble physiologique peut aller jusqu’à l’évanouissement, comme Alfred
de Musset, lorsqu’il assista, pour la première fois, à une dissection, au cours
d’anatomie descriptive de Bérard. Le tremblement, le bégaiement, l’incontinence
urinaire, les larmes, etc., sont aussi des signes objectifs d’émotivité. Chacun
a les siens que détermine sa propre constitution. L’idée la plus générale sous
laquelle on puisse rassembler ces phénomènes variés est celle “d’incoordination des réactions” ou de “défaut d’adaptation”. Un homme troublé
ne fait plus ce qu’il devrait faire dans les circonstances où il est placé.
Même si, dans une phase secondaire, l’émotion accroît, par son effet stimulant,
l’énergie et la qualité de la réaction, il reste qu’il y a toujours, au début,
ce dérèglement de l’action qu’est le trouble.
Aucun des signes extérieurs de l’émotion ne vaut cependant le
témoignage intérieur. L’un de nos sujets remarque :
“Mon trouble n’est jamais qu’intérieur. Beaucoup de mes amis, je puis
dire tous, me prennent pour un parfait modèle de Flegmatique. La rougeur ne se
manifeste jamais chez moi. C’est le cœur qui s’affole, mais je n’en laisse rien
transparaître.”
Le nombre de ces sensibles qui passent pour froids est élevé. C’est à la conquête de cette impassibilité
apparente que s’efforcent les méthodes qui prétendent modifier le caractère. En
fait, on ne change rien ; on dissimule. Ou encore on monte d’avance des
mécanismes, que l’habitude pourra faire jouer automatiquement et qui donneront
à l’émotif le temps de se “reprendre”
- ce qui n’est pas un avantage négligeable. Un tel a ainsi des phrases toutes
prêtes qui lui servent à cacher son embarras. Tel autre a appris à sourire
chaque fois qu’il est blessé par une remarque désobligeante. Tel autre encore,
amoureux timide précipite ses avances quand on lui résiste et cette véritable “fuite en avant” lui a valu la
réputation de hardi et galant cavalier...
Si chacun aime s’abuser sur sa valeur,
peu se trompent pourtant sur leur nature.
Qui est aisément troublé le sait bien - et sait bien aussi que ce trouble est à
la fois la source de ses joies (l’émotif a besoin d’émotions) et l’origine de
sa faiblesse.
Nous ne croyons pas que l’habitude diminue vraiment l’émotivité. Elle
supprime seulement la nouveauté de certaines
situations et rend moins sensible à leur égard. Mais tel qui est entraîné
aux bombardements et à la vue des cadavres, retrouve ses battements de cœur
lorsque, la paix revenue, il doit faire une démarche délicate ou déclarer son
amour à une femme.” (Traité pratique d’analyse du caractère Editions
Presse Universitaires de France) page 116/117.
Par conséquent, le Flegmatique refoule son émotivité de peur d’être
blessé et aussi par timidité.
L’Amorphe
non-Emotivité - non-Activité - Primarité
Avec les deux groupes que sont les Amorphes et les Apathiques, nous
avons à faire aux deux caractères les moins entreprenants.
Avec la diminution des puissances, la passivité croît envers l’instant
présent chez L’Amorphe car il est primaire. Avec l’Apathique la
passivité croît envers les habitudes car il est secondaire. Aussi, il n’est pas
étonnant qu’on ne trouve pas de créateurs, d’hommes célèbres qui ont marqué
l’histoire dans ces deux caractères, si ce n’est des êtres qui sont devenus
célèbres malgré eux, comme les rois ou princes qui sont devenus célèbres par
l’hérédité du pouvoir.
L’asservissement aux besoins organiques. C’est la résultante de la non-émotivité
liée à la non-activité qui en fait une formule pauvre, destin sans gloire
d’une nature sans élans et sans dérivatifs. La tonalité générale c’est la
paresse, l’indifférence à autrui et aux événements, baignant dans l’égoïsme et
la sensualité ; privée d’inquiétude, l’humeur est égale jusqu’à
l’indifférence. Cela conduit à une paresse essentielle car ils n’ont ni les
stimulants affectifs (nE), ni l’attrait de l’action (nA) pour se secouer.
Les statistiques.
D’après les statistiques, ils manquent de sens pratique, ils sont entêtés et butés,
ils ajournent leurs tâches, ils ont une absence de ponctualité. Par
compensation l’inémotivité les rend courageux (3e rang) et les
place en tête pour les jeux de hasard où leur paresse trouve ici un dérivatif
sans effort.
Les sentiments sociaux sont très faibles : indifférence politique, un patriotisme
presque nul et les tendances religieuses sont quasiment inexistantes. Par
contre leur égocentrisme les rend vaniteux (2e) et ils sont portés à
la critique d’autrui. Leur intelligence est superficielle, ils lisent peu,
observent mal, ils n’ont aucune aptitude à l’abstraction. La non-émotivité
liée à la primarité les incline à l’intrigue, à l’hypocrisie et au
mensonge intéressé.
La non-activité liée à la primarité les apparente aux Nerveux;
et la non-émotivité liée à la primarité aux Sanguins.
L’Apathique
non-Emotivité - non-Activité - Secondarité
La non-émotivité liée à la non-activité
lui font épouser les traits des Amorphes, cependant la secondarité va accuser
certains traits : elle diminue toutefois la prépondérance des plaisirs de la
table et de la sexualité, mais elle accentue l’entêtement (ils occupent la
première place selon les statistiques), la fermeture et l’automatisme. Ici on a
l’emprise de l’habitude. Plus attaché que quiconque aux opinions une fois
adoptées, offrant la puissance d’inhibition maximum, il est rancunier, prudent,
conservateur, ritualiste, économe avec une tendance à l’avarice. Son attitude
est fermée, austère, dépourvue d’esprit, il ne rit pas, indifférent à autrui au
même titre que les Amorphes.
Il n’aime ni les enfants,
ni
les animaux il est dur envers ses inférieurs. Sa moralité est pauvre :
il occupe le dernier rang dans les activités philanthropiques et la tendance à
idéaliser.
La non-activité liée à la secondarité
les apparentent aux Sentimentaux, et la non-activité liée à la secondarité
les apparentent aux Flegmatiques.
Répartition des types Lesseniens
Au regard de chacun des huit types qui nous ont été présentés par René
Le Senne, on s’aperçoit qu’ils vont par paire. C’est ainsi par exemple que le
Nerveux qui est le premier type qu’il nous a été donné de connaître, a pour
constitution : Emotif, non-Actif, Primaire ; parmi les autres types on voit
qu’il a son contraire qui est le Flegmatique qui ce dernier est : non-Emotif,
Actif, Secondaire. De telle sorte que l’on pourra dire que le Nerveux est un
anti-Flegmatique et vice et versa.
Ces deux types caractérologiques que sont le Nerveux et le Flegmatique,
forment par conséquent une dialectique comme le jour et la nuit.
Il en sera de même pour les autres oppositions des types
caractérologiques : le Sentimental/le Sanguin ; le Colérique/l’Apathique ; le
Passionné/l’Amorphe.
Par conséquent, nous pouvons grâce à un tableau synoptique, représenter
chacune de ces dialectiques :
Enfin, nous pouvons résumer les combinaisons
binaires des facteurs constitutifs dans un tableau synoptique :
3e PARTIE
Corrélations Astrologiques
La première chose qu’il faut avoir à l’esprit, c’est que la
caractérologie n’est qu’un système de classification parmi tant d’autres,
et à ce sujet nous avions déjà mis l’accent sur le fait que parmi les
nombreuses classifications psychologiques, il convenait d’opter pour celle qui
s’apparente et s’adapte le mieux au cas étudié.
C’est ainsi par exemple, que tel individu sera marqué thématiquement
par le tempérament Bilieux
d’Hippocrate, ici dans le présent cas, on se contentera du tempérament, dans la
mesure où ce dernier remplira parfaitement sa fonction.
Maintenant, si le thème étudié présente des ambivalences
tempéramentales et que la caractérologie pourra répondre parfaitement, en ce
cas bien sûr, on retiendra le type caractérologique correspondant.
Car ce serait une grossière erreur que de vouloir faire passer un thème
à travers toutes les classifications, car il ne répondra pas toujours, à la
limite on peut avoir par exemple un thème qui présente une dominante
jupitéro-martienne auquel cas ici on verra apparaître un caractère Colérique doublé d’un type Sensation-extravertie de Jung.
Maintenant, si je veux absolument faire passer ce thème à travers le
classement d’Hippocrate, je n’aurai pas un type simple, mais un type composé,
en l’occurrence ici dans le présent exemple, j’aurai affaire à un Bilio-Sanguin ou voire à un Sanguin-Bilieux. Par conséquent,
j’accorderai une préférence pour les deux premiers classements : la
caractérologie de Le Senne et la fonction Jungienne.
Par ailleurs il faut savoir que la typologie psychologique n’est qu’une
approche globale et générale de la personnalité, elle se présente comme un
costume qui est confectionné et non comme du sur mesure. D’ailleurs à ce sujet,
René Le Senne et ses continuateurs, sont allés jusqu’à ajouter aux trois
propriétés constitutives des propriétés supplémentaires comme la largeur du
champ de conscience, l’égocentrisme et l’allocentrisme etc. Ceci afin de mieux
cerner le patient.
D’autre part, Le Senne opère par groupement mixte, comme il en fut dans
les tempéraments d’Hippocrate. C’est ainsi que bien souvent on aura par exemple
un individu qui présentera une forte émotivité, une faible activité
puis, il présentera un équilibre au niveau du retentissement, sera-t-il plus primaire
que secondaire
ou bien plus secondaire que primaire ? Par conséquent on parlera
dans le présent cas d’un type Nerveux
para-Sentimental ou d’un Sentimental
para-Nerveux, signifiant par là que l’individu englobera un mélange de ces
deux caractères.
Par ailleurs, ce qui est intéressant dans la caractérologie, c’est que
bien souvent on verra apparaître dans un thème une des trois propriétés
constitutives ressortir nettement. C’est ainsi par exemple que nous verrons une
secondarité dominante, ou bien une primarité, voire une émotivité sans pour
autant aller au-delà. Ou bien on assiste à une combinaison binaire comme un
émotif-primaire ou bien un actif-secondaire etc...
Pour ma part je crois que ce n’est déjà pas si mal, car nous avons déjà
un aperçu général qui pourra affiner certaines tendances.
Pour en revenir à l’interprétation astrologique, il y a une double
démarche à suivre :
1) Tenir
compte de la dominante.
2) Considérer l’ensemble du thème.
En effet, la dominante porte en elle une constante et l’ensemble du
thème va confirmer ou infirmer cette constante. Par l’ensemble du thème
j’entends : les co-dominantes, le climat zodiacal et aussi les aspects
interplanétaires.
Prenons un exemple, supposons un thème qui présente une Lune dominante,
ici la primarité et la non-activité apparaissent car ce sont
des constantes de la Lune ; imaginons que cette Lune se trouve dans le signe
des Gémeaux et qu’elle est suivie par un groupe co-dominant ; Mercure, Jupiter
et Mars. Ici on va déjà voir poindre des facteurs de primarité et d’émotivité,
supposons que Mars se trouve en Cancer et qu’il reçoive un carré de Saturne, l’activité de Mars risque d’être bloquée
et on aura affaire ici à un non-actif;
que si au contraire ce Mars reçoit un beau trigone d’une conjonction
Soleil-Uranus, il y aura une activité.
Par conséquent, on voit bien ici que pour déceler un type caractérologique, il
faut analyser
le thème en son entier.
D’après ce qui vient d’être dit, nous allons présenter les corrélations
de deux façons :
1°) On va
présenter chaque planète et chaque signe en regard des trois propriétés
constitutives, de manière à pouvoir dégager une constante.
2°) On
présentera ensuite chacune des propriétés constitutives en regard d’un ensemble
de facteurs astrologiques.
Cette façon de procéder a l’avantage de nous faire passer du
particulier au général, dans la mesure où la première approche va nous montrer
la planète en tant que telle, d’une façon intrinsèque, puis, la seconde
approche aura la particularité de nous faire sentir un climat astral.
Les Planètes
Le Soleil
Le Soleil est :
Émotif, Actif, Secondaire (Passionné).
Tel qu’en lui même le Soleil est toujours Émotif, Actif,
Secondaire.
Mais on sait que le Soleil épouse toujours les caractéristiques du signe dans lequel il
se trouve. C’est ainsi que s’il se trouve dans le signe du Capricorne
qui est un signe non-émotif, son émotivité en sera diminuée, nous dirons donc qu’il est (le
Soleil) sous-émotif, signifiant par là, qu’il sera toujours émotif,
mais que cette émotivité est moins forte. Par conséquent, au lieu de dire non-émotif,
ce qui voudrait dire qu’il n’y a pas d’émotivité, nous emploierons le terme de sous-émotif.
Ce qui conduit à des nuances qui seront plus ou moins soulignées en fonction du
reste du thème. De même, le Soleil en Bélier sera un Soleil sur-émotif,
car ici l’émotivité du Soleil en sera plus accusée. Il en est de même en
ce qui concerne les deux autres propriétés que sont : l’Activité et la
Secondarité. Supposons un Soleil en Bélier, qui est un signe actif,
ici, l’activité du Soleil en sera renforcée, on dira qu’il est sur-actif. Si le Soleil
se trouve en Cancer son activité en sera diminuée et on le
dira sous-actif
et non pas non-actif. Il en est de même en ce qui concerne le
retentissement.
La Lune
La Lune en
elle-même est Émotive, non-Active, Primaire (Nerveux).
Ou bien, non-Émotive, non-Active, Primaire (Amorphe).
Contrairement au Soleil, ici il y a une ambivalence en raison de l’Émotivité.
Par contre ses constantes sont la non-Activité et la Primarité
qui seront plus ou moins accusées selon le contexte thématique. C’est-à-dire
qu’une Lune par elle-même ne sera jamais active
ou secondaire.
Mercure
Il peut être Émotif, non-Actif, Primaire
(Nerveux).
Ou bien non-Émotif, Actif, Primaire (Sanguin).
Sa constante c’est la Primarité.
Vénus
Vénus est un type essentiellement féminin, englobant des coefficients
de plasticité et de tendresse. De ce fait, Vénus se prête mal à la
classification caractérologique. Tout au plus, peut-on lui accorder deux types
:
Émotif, non-Actif,
Primaire
(Nerveux) ou bien
Émotif, non-Actif,
Secondaire
(Sentimental).
Ses constantes seront l’Émotivité et la non-Activité.
Mars
Il est Émotif, Actif, Primaire (Colérique).
Jupiter
Il est Émotif, Actif, Primaire (Colérique) ou bien
non-Émotif, Actif,
Primaire
(Sanguin).
Ses constantes sont l’Activité et la Primarité.
Saturne
Il est non-Émotif, Actif, Secondaire (Flegmatique) ou bien
Émotif, non-Actif,
Secondaire
(Sentimental) voire enfin
non-Émotif,
non-Actif, Secondaire (Apathique).
Sa constante c’est la Secondarité.
Uranus
Il est Émotif, Actif, Secondaire (Passionné) ou bien
non-Émotif, Actif,
Secondaire (Flegmatique).
Ses constantes sont l’Activité et la Secondarité.
Neptune
Il est Émotif, non-Actif, Secondaire (Sentimental) ou bien
Émotif, non-Actif,
Primaire
(Nerveux).
Ses constantes sont l’Émotivité et la non-Activité.
Pluton
Il est Émotif, Actif, Secondaire (Passionné).
Nous allons faire un récapitulatif, en mentionnant le type dominant de
la planète considérée.
Le Soleil : Passionné
(E. A. S)
La Lune : Nerveux
(E, nA, P), Amorphe (nE, nA, P)
Mercure : Sanguin
(nE, A, P), Nerveux (E, nA, P)
Vénus : Émotivité
- non-Activité.
Mars : Colérique (E. A. P)
Jupiter : Colérique (E. A. P) Sanguin (nE. A. P)
Saturne : Flegmatique (nE. A. S) Sentimental (E. nA. S) Apathique
(nE. nA. S)
Uranus : Passionné (nE. A. S) Flegmatique (nE. A. S)
Neptune : Sentimental (E. nA. S) Nerveux (E. nA. P)
Pluton : Passionné (E. A. S)
Nous allons résumer les constantes de chaque
planète :
Émotif non-Actif
Soleil et Mars Lune et
Neptune
Actif Secondaire
Soleil, Mars et Uranus Soleil, Saturne et Uranus
Primaire non-Émotif
Lune, Mercure, Mars et
Jupiter Pas de planètes
N’oubliez surtout pas qu’un type caractérologique n’est pas un
stéréotype : l’entité astrale (la planète) est une substance vivante à la
mobilité interne, qui varie dans ses constituants en fonction du contexte
thématique. C’est ainsi qu’à l’intérieur de la formule caractérologique du
jupitérien, la variation s’observe notamment dans le coefficient d’émotivité :
certains jupitériens faisant, sous un courant de saturnisation, des sanguins
(nE. A. P). Il en est de même pour toutes les planètes.
De même, la planète est colorée par le Signe qu’elle occupe.
C’est ainsi qu’un astre comme Mars va accroître ou diminuer son coefficient
d’émotivité selon le Signe qu’il occupe. Par exemple, un Mars-Capricorne sera moins
Émotif qu’un Mars-Bélier ou Cancer, etc. Ceci se comprend aisément, puisqu’un
Mars Capricorne passe à travers le filtre saturnien, de même qu’un Mars en
Vierge ou en Gémeaux passe à travers le filtre Sec de Mercure et donc, perd en
Émotivité et gagne en Activité, etc. Il en est de même pour toutes les
planètes.
Les Signes
Il n’est pas aisé de parvenir à une corrélation absolue sur le plan des
signes, étant donné que ces derniers sont toujours orientés en fonction des
planètes. De plus, certains Signes tel que le Verseau, s’adaptent mal à la caractérologie,
alors que d’autres comme les Gémeaux répondent bien, notamment pour ce dernier
avec son ambivalence Castor (Nerveux)
et Pollux (Sanguin).
Le Bélier
Colérique (E. A. P) souvent sur-émotif.
Le Taureau
Dominante froide (Saturne ou Lune) Apathique
(nE. nA. S)
Dominante chaude (Mars, Jupiter ou Soleil) Passionné (E. A. S)
Le Taureau est toujours Secondaire.
Les Gémeaux
Dominante froide (Saturne, Lune, Neptune ou Mercure) Nerveux (E.nA.P)
Dominante chaude (Soleil, Mars, Jupiter ou Mercure) Sanguin (nE. A. P)
Mercure ici est convertible,
il s’adapte dans les deux types Nerveux ou Sanguin. La constante c’est la Primarité.
Le Cancer
Dominante (Saturne, Neptune ou Lune) Sentimental (E. nA. S)
Dominante (Mercure, Mars ou Lune) Nerveux
(E. nA. P)
La Lune est convertible. La constante c’est l’Émotivité et la non-Activité.
Le Lion
Passionné (E. A. S)
La Vierge
Dominante (Saturne Soleil ou Uranus) Flegmatique (nE. A. S)
Dominante (Mercure, Jupiter) Sanguin
(nE. A. P)
Constante de non-Émotivité et
d’Activité.
La Balance
Dominante (Saturne) Flegmatique
(nE. A. S)
Dominante (Vénus) Sentimental
(E. nA. S)
Constante de Secondarité.
Le Scorpion
Dominante (Mars, Pluton ou Soleil) Passionné
(E. A. S)
Dominante (Saturne) Flegmatique
(nE. A. S)
Constante de Secondarité.
Le Sagittaire
Généralement il est colérique
(E. A. P)
Le Capricorne
Flegmatique (nE. A. S)
Apathique (nE. nA. S)
Il peut arriver qu’une valeur solaire, uranienne ou martienne “chauffe” le “Passionné à froid” et en fasse finalement un émotif - actif -
secondaire, c’est-à-dire un Passionné qui, selon Le Senne : le Flegmatique
est un Passionné devenu froid. De toute façon, la Secondarité
demeure comme la constante majeure.
Le Verseau
Dominante (Saturne) Flegmatique
(nE. A. S)
Dominante (Uranus) Passionné
(E. A. S)
Constante de Secondarité.
Les Poissons
Sentimental (E. nA. S)
Après avoir passé en revue chacune des dix Planètes et chacun des douze
Signes en regard des trois propriétés constitutives que sont : l’Émotivité,
l’Activité
et le Retentissement des représentations, nous allons procéder de
manière inverse c’est-à-dire que nous allons présenter chacune des trois
propriétés constitutives en regard de l’arsenal astrologique : Planètes
et Signes.
L’Emotivité
Chaud
Mars - Soleil - Uranus - Jupiter -Pluton (type tonique)
C’est une émotivité chaude. L’émotivité représente ici un capital de
force, une source de puissance. Elle est à réaction vive et violente.
Humide
Jupiter - Vénus - Lune - Neptune (type plastique)
C’est une émotivité humide. Jupiter : émotif large et réaliste.
Vénus : sympathie et tendresse.
Neptune/Lune : hyperémotivité par excès de plasticité.
Sec
Soleil - Uranus - Mercure - Saturne (type aplastique)
“Il y a des émotifs secs (non
tendres) que bouleversera la plus petite blessure” nous dit Gaston Berger. Ce sont surtout les
saturniens, c’est l’émotivité spécialisée, notion que nous avions développée au
sujet du Sentimental.
Les signes les plus émotifs sont : le Cancer, le Bélier, les Poissons et le Scorpion.
Non-Emotivité
Froid
Saturne - Lune
La Lune inférieure donne
l’Amorphe, avec un processus de fermeture.
Sec
Mercure - Uranus
Selon le contexte thématique ces planètes peuvent donner une inémotivité.
Les signes non-émotifs sont : le Capricorne et la Vierge.
Un aspect dissonant de Saturne ou d’Uranus (Surmoi) sur les Luminaires ou sur Vénus, peut bloquer
l’émotivité et la refouler.
L’Activité
L’Activité est
surtout du côté du Chaud et du Sec.
Mars - Uranus - Soleil - Jupiter - Saturne.
Les Signes les plus actifs sont : le Bélier - le Lion - le Scorpion et le Capricorne.
Jupiter est
actif parce qu’il est chaud. Cependant l’activité
de Le Senne est plutôt celle de la sur-activité. Jupiter a une activité
normale, c’est le réaliste, s’il se trouve devant de fortes
difficultés, il abandonnera l’entreprise, mais pour se tourner vers une autre
entreprise présentant moins de difficultés, tout en étant capable de lui donner
des résultats tangibles.
Mars c’est
l’astre qui répond le mieux à la définition de l’actif selon Le Senne :
les difficultés et les obstacles le stimulent.
N’oublions pas cependant qu’il y a aussi une activité mercurienne
toute de curiosité intellectuelle. De même qu’il y a une activité saturnienne qui
est nantie de persévérance : les travaux de longue haleine.
L’activité
définie par Le Senne avec sa notion de motivation face à l’obstacle et de
continuité, répond bien à une constellation Marso-Saturnienne bien
intégrée : soit une conjonction ou bien un bel aspect ou des valeurs couplées Capricorne/Scorpion
ou Capricorne/Bélier.
La Non-Activité
La non-Activité
est surtout du côté de l’Humide et du Froid.
Lune - Neptune - Vénus - Saturne.
Les signes les moins actifs sont : le Cancer - les Poissons.
Saturne ou Uranus
(Surmoi), peuvent inhiber lorsqu’ils
font des dissonances sur les Luminaires ou sur les planètes
vitales : Mercure, Vénus ou Mars. Ici Saturne
bloque l’énergie et l’activité. En ce qui concerne l’émotivité, on peut
penser qu’un tel aspect peut rendre Inémotif, non, car dans ce cas il
refoule l’émotivité et cela donne une sensibilité douloureuse. Ici ce sont les aspects dissonants de Saturne
ou d’Uranus
(Surmoi) sur les Luminaires ou Vénus,
c’est le sevrage. Bien sûr, ceci n’est pas une règle absolue, elle doit
être nuancée.
Le Retentissement des Représentations
La Primarité
Les planètes de primarité sont : Mars - Lune - Jupiter - Mercure.
Les signes sont
: le Bélier
- les Gémeaux - le Sagittaire.
Mars est primaire par réactions immédiates à
l’appel de l’instant.
La Lune est primaire par mobilité continuelle (la
mobilité de l’enfant).
La Secondarité
Les planètes de secondarité sont : Saturne - Soleil - Uranus.
Les signes sont
: le Capricorne
- le Taureau
- le Lion
- la Vierge.
Saturne est secondaire par l’accumulation des
impressions qui laissent longuement leur trace.
Le Soleil est secondaire
par sa puissance de mobilisation des forces accumulées en vue d’un but à
atteindre.
Mercure, s’il
est conjoint à Saturne est une marque de secondarisation
de la pensée.
Les Propriétés Supplémentaires
L’Ampleur du Champ de Conscience
Large : Neptune
- Jupiter
- les Poissons - le Sagittaire et les Gémeaux
: Le superficiel large d’Otto Gross.
Etroit : Uranus
- Saturne
- le Taureau.
L’Intelligence Analytique
Le sec : Mercure
- Saturne
- la Vierge
- le Capricorne.
L’Egocentrisme
Le Lion avec le besoin mâle de conquérir (Soleil - Mars).
L’Allocentrisme
Le Verseau (Neptune - Lune).
Thèmes d’Exemples
Les Émotifs
Paul Verlaine :
né le 30 mars 1844 à Metz (Moselle) à 21 heures.
Lune opposée à Neptune sur la ligne du méridien, reliée à une
conjonction Vénus - Mars. En outre, le Bélier contient le Soleil - Mercure -
Uranus et Pluton.
Paul Déroulède :
né le 2 septembre 1846 à Paris à 22 heures.
Mars conjoint au Soleil, au carré de l’Ascendant et au quinconce du MC
; Lune angulaire au MC ; Jupiter angulaire à l’Ascendant carré au Soleil, sesqui-carré
à la Lune et sextile à Vénus angulaire au FC.
Napoléon 1er : né le 15 août 1769 à Ajaccio (Corse) à 11 heures 30 minutes.
Jupiter au lever en Scorpion au carré du Soleil angulaire au MC ;
Uranus au couchant et la Lune sortant du minuit.
Frédéric Chopin
: né le 1er mars 1810 à Zelazowa-Wola, près de Varsovie (Pologne) à
18 heures.
Conjonction Neptune-Saturne angulaire au FC, au carré d’une conjonction
Soleil-Vénus en Poissons angulaire au DS.
Alfred de Vigny
: né le 27 mars 1797 à Loches (Indre-et-Loire) à 22 heures.
Opposition Neptune-Mars sur la ligne d’horizon ; conjonction
Soleil-Lune en Bélier ; conjonction Vénus-Mercure en Poissons au trigone de
l’Ascendant ; opposition Uranus-Pluton sur la ligne du méridien.
Oscar 1er de Suède et de Norvège : né le 6 juillet 1799 à Paris à 8 heures 30
minutes.
Lever d’une conjonction Lune-Vénus au carré du MC ; conjonction
Soleil-Mercure et Saturne en Cancer. Sur-émotif inquiet et vulnérable.
Les Non-Émotifs
Elisabeth 1ere d’Angleterre et d’Irlande : née le 7 septembre 1533 à Londres (Angleterre)
à 15 heures 30 minutes.
Ascendant Capricorne, angularité d’une conjonction Saturne-Uranus au
Descendant, trigone au MC, au sextile d’un Soleil en Vierge et au carré de
Mercure. Ici le sec domine par Saturne-Uranus, la Vierge, le Capricorne.
William Ewart Gladstone : né le 29 décembre 1809 à Liverpool (Angleterre) à 8 heures 30
minutes.
Angularité d’une conjonction Soleil-Mercure en Capricorne sur
l’Ascendant, au semi-sextile de Saturne ; Uranus angulaire au MC sextile à
l’Ascendant.
Nicolas II de Russie : né le 18 mai 1868 (Grégorien) à Saint-Pétersbourg (Russie) à 12
heures.
Saturne angulaire au FC, au carré de l’Ascendant Vierge, au trigone de
la Lune et il envoie une triple opposition au Soleil, à Mercure et au MC.
Paul Doumer : né
le 22 mars 1857 à Aurillac (Cantal) à 3 heures.
Ascendant Capricorne ; Saturne au couchant au carré du Soleil, quinconce
à la Lune et trigone à Mercure. Angularité au FC d’Uranus au trigone de l’Ascendant
: encore du sec. Notons au passage le Soleil en Bélier et la conjonction
Jupiter-Mars au Bélier, c’est le Bélier sur-actif.
Thomas Woodrow Wilson : né le 29 décembre 1856 à Staunton, Virginie, (USA) à 0 heure 45
minutes.
Saturne angulaire au MC, au carré de l’Ascendant et opposé à la
conjonction Soleil-Mercure en Capricorne conjoint au FC ; La Lune, Vénus et
Mars occupent le signe du Verseau.
Les Actifs
Honoré de Balzac
: né le 20 mai 1799 à Tours (Indre-et-Loire) à 11 heures.
Conjonction Soleil-Jupiter culminante aspectant l’Ascendant et la Lune.
Victor Hugo : né
26 février 1802 à Besançon (Doubs) à 22 heures 30 minutes.
Jupiter approche de la
culmination aspectant l’Ascendant, la Lune en Sagittaire et la conjonction
Soleil - Vénus - Pluton en Poissons. L’Ascendant est en Scorpion au trigone de
la conjonction Soleil - Pluton.
Jean Jaurès : né
le 3 septembre 1859 à Castres (Tarn) à 12 heures.
Conjonction angulaire au MC du Soleil - Vénus - Mercure et Mars en Lion
aspectant l’Ascendant et la Lune angulaire sur l’Ascendant. Saturne est
conjoint à Mars ; Uranus est angulaire au Descendant ; Jupiter envoie un
trigone à l’Ascendant et Pluton de son côté envoie un trigone au Soleil. Tout
ceci vient renforcer les valeurs d’activité.
Michel-Ange : né
le 6 mars 1475 à Caprese, Toscane (Italie) à 2 heures 30 minutes.
L’épine dorsale de ce thème c’est une conjonction Soleil - Mars
triangulée à une conjonction Neptune -
Uranus approchant la culmination et par Saturne approchant le Descendant. Cette
conjonction Soleil - Mars élargit le triangle en losange par son opposition à
Pluton qui ferme la figure par le sextile de Saturne et le sextile de la
conjonction Uranus - Neptune. Jupiter est au carré du MC et au semi-carré de ladite
conjonction Soleil - Mars, venant l’amplifier.
Johann-Wolfgang Gœthe : né le 28 août 1749 à Francfort sur le Main (Allemagne) à 12 heures.
Le Soleil est conjoint au MC, au trigone de Mars en Capricorne. Saturne
est angulaire à l’Ascendant au trigone de la Lune angulaire au FC vient
renforcer l’activité.
Les Non-Actifs
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Henri Frédéric Amiel : né le 27 septembre 1821 à Genève (Suisse) à 10 heures.
Saturne conjoint à Jupiter est opposé à une conjonction Lune - Mercure
et au carré de Mars ; en outre, la conjonction Saturne - Jupiter s’oppose à
Vénus qui se lève. Le Soleil reçoit une opposition de Pluton (Maître
d’Ascendant) et une quadrature de la conjonction Uranus - Neptune. Le pôle
énergétique de Mars est bloqué par Saturne et la volonté du Soleil est
puissamment agressée par Uranus, Neptune et Pluton, qui plus est, c’est un
Soleil en Balance qui est son lieu de chute. Le sextile Soleil - Mars n’est pas
suffisant pour surmonter le conflit.
Stéphane Mallarmé
: né le 18 mars 1842 à Paris à 7 heures.
Conjonction Pluton - Mars sur l’ascendant Bélier au carré d’une conjonction
Jupiter - Saturne angulaire au MC en Capricorne. Le tout dans un cadre Poissons
qui contient une conjonction Soleil-Vénus-Uranus et Mercure. En outre, la Lune
envoyant un semi-carré sur la conjonction ascendante (Pluton-Mars) et Neptune
formant un sextile sur l’Ascendant. L’énergie (Mars) est bloquée par Saturne et
amollie par la Lune et Neptune.
Marcel Proust :
né le 10 juillet 1871 à Paris à 23 heures 30 minutes.
Conjonction dominante Lune-Neptune angulaire sur l’Ascendant au carré
du Soleil. Saturne en Capricorne est angulaire au MC opposé à la quadruplice en
Cancer au FC. Mars envoyant un double carré à la dite opposition. Ici nous
avons un cadre aquatique important, et un Saturne puissant bloquant l’énergie
martienne.
Concernant Saturne, il faut savoir que, lorsqu’il se trouve dans un
contexte à dominante affective - lunaire, vénusienne ou neptunienne - il tend à
perdre son inémotivité au détriment de son activité, et ça donne un émotif - non-actif : il cesse d’être actif.
Maine de Biran :
né le 29 novembre 1766 à Bergerac (Dordogne) à 21 heures.
Saturne opposé au Soleil et à Mercure, et carré à Mars. La Lune
s’approchant du minuit est en quadrature de l’Ascendant Lion.
Ici c’est pareil, l’énergie (Mars), la volonté (Soleil) sont bloquées par Saturne.
Robert Schumann
: né le 8 juin 1810 à Zwickau (Allemagne) à 21 heures 30 minutes.
Conjonction Soleil - Mars opposée à une conjonction Saturne - Neptune,
le tout au double carré de Pluton. Angularité au Descendant d’une conjonction
Mercure-Vénus en Cancer au sextile de la Lune, cette dernière envoyant un
trigone à l’Ascendant.
Les Primaires
François 1er : né le 12 septembre 1494 à Cognac (Charente) à 22 heures.
Opposition Lune - Mars sur l’axe du méridien, cette opposition est en
aspect à l’Ascendant et au Soleil. Conjonction Soleil - Jupiter en aspect de
l’Ascendant, du MC et de la Lune. Mercure est en aspect à l’Ascendant, au MC, à
la Lune et au Soleil. En outre, ce Mercure a maîtrise sur l’Ascendant et sur le
Soleil.
Léon Gambetta : né le 1er avril 1838 à Cahors (Lot) à 20 heures.
Conjonction Soleil - Mars - Mercure en Bélier au trigone du MC. La Lune
est en Cancer, sortant de culmination.
Jupiter entre en culmination, il est au semi-carré de la Lune et au quinconce
du Soleil.
Jacques Offenbach
: né le 20 juin 1819 à Cologne (Allemagne) à 3 heures.
Mercure est piqué sur
l’ascendant Gémeaux, au trigone de la conjonction Jupiter-MC. Les Gémeaux sont
également occupés par les deux Luminaires. Jupiter est conjoint au MC, au
trigone de l’Ascendant et de Mercure. La Lune se lève.
Jean-Marie Le Pen :
né le 20 juin 1928 à La Trinité sur Mer (Morbihan) à 3 heures.
Levé d’une conjonction Jupiter/Mars, dont le Mars en Bélier aspecte le
MC et la Lune angulaire au FC en Cancer. Mercure aspecte l’Ascendant et il
dispose d’une conjonction Soleil/Vénus en Gémeaux.
Les Secondaires
Gaston Bachelard
: né le 27 juin 1884 à Bar-sur-Aube (Aube) à 11 heures.
Uranus est piqué sur l’Ascendant Vierge, et angularité au MC d’une
conjonction Saturne - Mercure. Ici nous avons une secondarisation de la pensée.
Johannes Kepler
: né le 27 décembre 1571 à Weil der Stadt (Allemagne) à 14 heures 30.
Saturne aspecte le MC et l’amas en Capricorne dont il est le
dispositeur. En effet, il y a une conjonction Soleil/Mercure/Vénus/Uranus. L’esprit
est concentré et sur-secondaire.
Louis Braille :
né le 4 janvier 1809 à Coupvray (Seine et Marne) à 4 heures.
Saturne est angulaire à
l’Ascendant, au semi-carré du Soleil en Capricorne. Uranus se lève, il aspecte
le MC et les luminaires. Enfin, il y a une conjonction Soleil - Mercure en
Capricorne.
Sigmund Freud : né le 6 mai 1856 à Freiberg (Moravie) à 18 heures 30 minutes.
Sigmund Freud : né le 6 mai 1856 à Freiberg (Moravie) à 18 heures 30 minutes.
Pluton est angulaire au DS, conjoint à Vénus qui a maîtrise sur l’amas
en Taureau. Uranus est angulaire au DS, conjoint au Soleil et à Mercure en
Taureau. Ici aussi il y a une secondarisation de la pensée par Mercure conjoint
au Soleil et à Uranus.
Remarques
Le Senne le classe comme un Nerveux “hautain”, c’est-à-dire
(sous-inactif et étroit), la sous-inactivité est la résultante d’un Neptune
angulaire au MC qui ajoute à ce que nous avions dit de Saturne se transformant
en inactif. L’étroitesse est également due à Saturne.
Les Nerveux
Émotivité - Primarité
Dominante
Lune
(Cancer)/Mars (Bélier) – Gémeaux
Paul Verlaine :
né le 30 mars 1844 à Metz (Moselle) à 21 heures.
Opposition Lune -
Neptune angulaire sur le Méridien reliée au Soleil en Bélier par semi-carré et sesqui-carré.
Mars est angulaire au DS et il a maîtrise sur le Soleil, Mercure, Uranus et
Pluton en Bélier.
Charles Baudelaire
: né le 9 avril 1821 à Paris à 15 heures.
Valorisation d’une Lune en
Cancer au semi-carré du MC, au carré d’une conjonction Soleil - Saturne et
trigone à Mercure. Valorisation du Bélier par la présence du Soleil, de
Saturne, de Jupiter, de Vénus et de Mars.
Alfred de Musset
: né le 11 décembre 1810 à Paris à 11 heures.
Valorisation d’une
Lune-Gémeaux approchant du minuit opposée à une conjonction Soleil - Mercure -
Saturne.
Lord Byron : né
le 22 janvier 1788 à Londres (Angleterre) à 14 heures.
Valorisation d’un Mars
en Cancer, angulaire à l’Ascendant, au sesqui-carré du MC et opposé à Mercure
conjoint au Soleil.
non-Activité - Primarité
Dominante Lune
- Neptune - Vénus (Poissons)
Alfred de Musset
: né le 11 décembre 1810 à Paris à 11 heures.
Neptune angulaire au MC. Et la Lune en Gémeaux opposée à l’amas en Sagittaire et
au sequi-carré de l’AS.
Charles Baudelaire
: né le 9 avril 1821 à Paris à 15 heures.
Saturne important conjoint au Soleil et carré à la Lune.
Composante lunaire : Lune en Cancer par son semi-carré au MC et
son carré au Soleil.
N’oublions pas la règle que nous avions vue plus haut concernant Saturne
: Lorsque Saturne est dominant dans un
contexte affectif (Lune, Vénus ou Neptune), il cesse d’être inémotif et actif
pour devenir émotif-non-actif. C’est typiquement le cas ici.
Paul Verlaine :
né le 30 mars 1844 à Metz (Moselle) à 21 heures.
Importance de
l’opposition angulaire sur l’axe du méridien Lune - Neptune.
Émotivité - non-Activité
Dominante
Lune
- Neptune
(Cancer-Poissons) Vénus - Saturne dans un cadre affectif.
Edgar Allan Poe
: né le 19 janvier 1809 à Boston (USA) à 2 heures 30 minutes.
Lune en Poissons angulaire au FC. Conjonction Saturne - Neptune qui
s’apprête à se lever.
Frédéric Chopin :
né le 1er mars 1810 à Zelazowa-Wola, près de Varsovie (Pologne) à 18
heures.
Conjonction Soleil - Vénus en Poissons angulaire au DS, carré à une
conjonction Saturne - Neptune angulaire au FC.
Remarques
Le Nerveux de comportement étudié ici n’a rien à
voir avec le Nerveux de tempérament (Hippocrate). Verlaine
cité par Le Senne comme étant un cas de Nerveux de comportement
(caractérologique) est un Lymphatique dans le classement d’Hippocrate. Baudelaire
qui est rangé sous le Nerveux de comportement est un cas de Bilio-Nerveux
de tempérament.
Le Nerveux tempéramental est marqué en général par
Saturne, ce qui secondarise l’individu, alors que le Nerveux comportemental,
est primaire (Mercure). La
caractérologie ne nous donne qu’une facette de l’individu : par exemple, Charles
Baudelaire, est classé par Le Senne comme un Nerveux, c’est vrai
: C’est le Baudelaire excentrique, buvant l’alcool, fumant l’opium. Aussi, ses
poèmes sont courts, ils sont écrits sous l’impulsion d’une émotion car il y
avait chez lui un manque d’activité accompagnée d’une émotivité. Mais son thème
nous présente d’abord un Saturne puissant, il n’est que “lunarisé”, c’est
Saturne qui lui a permis de polir et repolir sa vie durant, son chef d’œuvre, “les
fleurs du mal”, c’est ici que l’on voit apparaître la secondarité
saturnienne. D’ailleurs, nous est-il permis de qualifier de primaire celui qui
a écrit : “A chaque minute nous sommes écrasés par la sensation du temps”
?
Alfred de Musset
est intéressant, dans la mesure où Le Senne le classe dans le type Nerveux
de comportement. C’est vrai à un bout : C’est le Musset jeune, précoce,
fougueux, avide de plaisir et de jouissances, livré aux excès de sa
sensibilité, le jeune dandy aimant l’alcool et les excitants. Mais à l’autre
bout, il y a aussi le Musset triste, grave, aigri, méfiant, despotique, dur.
D’ailleurs toute son œuvre s’articule autour de cette bi-polarité. Dans “La
nuit d’octobre” il s’adresse au noir et aux ténèbres puis, dans “La nuit
de mai” il établit un dialogue avec une muse. Dans “Les caprices de
Marianne” les deux protagonistes sont : Cœlio l’amoureux transi et Octave
le viveur.
Dans une lettre à Georges Sand, il écrira : “Je ne montre en moi
qu’Octave; les tromperies des femmes m’ont rendu méchant et cynique. Mais je ne
rêve que d’être Cœlio
: c’est ma vraie nature”.
Que nous dit son thème ? Il est marqué par une opposition dominante d’une Lune
en Gémeaux à une conjonction Soleil/Mercure/Saturne en Sagittaire, cette
opposition s’approche du méridien. Pour comprendre cette opposition, il faut
d’abord éliminer le Soleil qui valorise essentiellement les trois autres
planètes que sont Mercure, Saturne et la Lune. Nous avons donc la Lune/Gémeaux
d’un côté et Mercure/Saturne de l’autre. Dans ce trio, Mercure joue un rôle
double, car il participe au pôle lunaire du fait de sa maîtrise sur les Gémeaux
où se trouve la Lune, et il participe au pôle saturnien, puisqu’il est conjoint
à Saturne. C’est pourquoi en dépit de l’antagonisme absolu des deux natures
Lune/Gémeaux - Saturne, il y a un double jeu mercurien qui fait que l’on peut
trouver des tendances communes aux deux individualités opposées.
C’est pour ces motifs que Musset est selon les critères de la
caractérologie un Nerveux (Lune - Gémeaux) para Sentimental
(Saturne). Par conséquent, nous avons donc affaire à un émotif - non-actif avec
une ambivalence au niveau du retentissement des représentations (primarité -
secondarité). D’ailleurs ses poèmes ne sont pas courts, il a écrit des pièces
de théâtre. Il y a incontestablement du Sentimental chez Musset. Ici, c’est
aussi un Saturne dominant qui s’exprime avec la Lune, qui perd son inémotivité
et son activité pour devenir en finale un Émotif - non-Actif - Secondaire (Saturne).
Alfred de Musset
: né le 11 décembre 1810 à Paris à 11 heures.
Charles Baudelaire
: né le 9 avril 1821 à Paris à 15 heures.
Le Senne le classe parmi les Nerveux “indisciplinés” (très-étroit
et très inactif). L’indiscipline serait à mettre au crédit d'une Lune en Cancer dans un cadre Bélier.
Frédéric Chopin :
né le 1er mars 1810 à Zelazowa-Wola, près de Varsovie (Pologne) à 18
heures.
Est classé par Le Senne parmi les Nerveux “triste et compatissant”
(sous-inactif et large). Conjonction Saturne/Neptune angulaire au FC et
conjonction Soleil/Vénus angulaire en Poissons.
Paul Verlaine :
né le 30 mars 1844 à Metz (Moselle) à 21 heures.
Il est classé par Le Senne comme un Nerveux “dissolu” (très
inactif et large). Inactivité de la Lune et de Neptune et la largeur est le
fruit de Neptune.
Jacques Offenbach
: né le 20 juin 1819 à Cologne (Allemagne) à 3 heures.
Son thème présente un Ascendant Gémeaux avec un Mercure piqué sur la
pointe de l’Ascendant ; le Soleil en Gémeaux s’apprête à se lever. La Lune est
levée en compagnie de Vénus. Ici, il y a un côté Nerveux : C’est l’être léger,
espiègle, plein d’humour et de gaieté. Contrairement à Musset, ici c’est
Jupiter angulaire au MC qui intervient comme sous-dominante, ce qui donne le
bon vivant, gai et joyeux. On peut dire qu’ici nous avons un type Nerveux
para-Sanguin.
LA CONSTELLATION DU NERVEUX
Chez le Nerveux, on aura un climat qui va s’articuler autour de la
Lune (Cancer), Mercure (Gémeaux) et de Mars
(Bélier). Concernant la note martienne (Bélier) il vient apporter sa note d’Émotivité
et de Primarité, il vient comme un facteur d’appoint, car si Mars est
trop fort on aura une tendance Colérique.
Le climat s’articule autour des constellations du style : Lune/Mercure
; Lune/Mars ; Mars/Mercure : apportant ici surtout une Activité (Mars)
et une Primarité.
Enfin, notons que le Nerveux pur de René Le Senne est
quasiment rare en ce qui concerne les notabilités, car nous avons pu voir, que
parmi les Nerveux célèbres, intervenait souvent un Saturne
(Musset, Baudelaire), ce qui en fait davantage des Nerveux para Sentimentaux.
Les Sentimentaux
Émotivité - non-Activité
Dominante
Lune
- Neptune
- Cancer
Alfred de Vigny
: né le 27 mars 1797 à Loches (Indre-et-Loire) à 22 heures.
Neptune angulaire à l’Ascendant et la Lune est conjointe au Soleil ;
Saturne est en quadrature de trois planètes vitales : Mercure, Vénus et
Jupiter.
non-Activité - Secondarité
Dominante
Saturne
> Lune
- Neptune
- (Vénus)
Henri Frédéric Amiel : né le 27 septembre 1821 à Genève (Suisse) à 10 heures.
Saturne opposé à la Lune, et Neptune est au carré du Soleil et trigone
au MC. Notons au passage le carré Saturne/Mars, Saturne venant bloquer
l’activité de Mars.
Leconte de Lisle
: né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul (Ile de la Réunion) à 21 heures. Saturne
est en Poissons angulaire au MC, au carré de l’Ascendant et au sesqui-carré du
Soleil.
Les Sentimentaux
Émotivité - Secondarité
Dominante
Lune
- Neptune
> Saturne
émotif
Leconte de Lisle
: Saturne en Poissons carré à Vénus (l’aspect est angulaire), et la Balance
contient le Soleil et Mercure.
Ce qui correspond au Sentimental de Le Senne, c’est un Saturne
émotif auquel s’ajoute la part d’inactivité de Lune - Neptune
voire Vénus. Autrement dit, c’est un Saturne dans un cadre
affectif : Luno-neptunien voire vénusien.
William Wordsworth
: né le 7 avril 1770 à Cockermouth, Cuberland (Angleterre) à 22 heures. Saturne
est au trigone de l’Ascendant, au sextile de la Lune qui est angulaire au MC,
au carré d’une conjonction Soleil - Vénus et il forme un trigone avec Mercure.
Enfin ce Saturne est en Cancer. La conjonction Lune - Neptune est angulaire au
MC. Notons que la présence du Soleil en Bélier vient apporter une
sur-émotivité.
Ce poète anglais avait un besoin de rêverie mélancolique et de
méditation poétique, se réfugia au bord d’un lac, solitaire pour ne plus
entendre que la chute de la pluie et le cri des oiseaux aquatiques, et ne voir
que la forêt sur la pente de la colline, la brume au fond du vallon, en
communion avec son silence intérieur.
Marcel Proust :
né le 10 juillet 1871 à Paris à 23 heures 30 minutes. Saturne puissant par son
angularité au MC et son trigone à la Lune angulaire à l’Ascendant. L’émotivité
liée à l’inactivité est représentée par une conjonction Lune - Neptune
angulaire à l’Ascendant et la valorisation du Cancer par la présence du Soleil,
de Mercure, de Jupiter et d’Uranus en Cancer. Ici aussi nous avons un Saturne
qui devient émotif - non-actif du fait qu’il est dans un cadre affectif (Cancer
- Lune - Neptune).
Le théâtre de Molière est l’œuvre d’un
Sentimental :
Alceste a tous
les traits caractérologiques de la conscience sentimentale : honnêteté -
explosions brusques - aller et retour entre la société et la solitude -
maladresse - désir touchant et ridicule de faire coïncider son idéal moral et
l’image de Célimène, notons que cette dernière est le prototype de la Nerveuse
de comportement : elle est jeune, coquette, spirituelle et
médisante.
Harpagon est un
Sentimental très secondaire, durci par l’avarice.
Chrysale et Orgon
sont des Sentimentaux grognons.
Arnolphe et Alceste
sont des Sentimentaux attirés vers des nerveuses (Agnès et Célimène),
comme ce fut le cas d’Alfred de Vigny par Marie
Dorval.
Or, le thème de Molière présente des traits du Sentimental,
malheureusement son heure de naissance nous est à jamais inconnue. Cependant,
le ciel du jour de sa naissance qui eut lieu le 15 janvier 1622 à Paris,
présente une importance de Saturne et de Neptune. Saturne est opposé au Soleil
qui se trouve en Capricorne, Saturne est en Cancer. Quant à Neptune, il est au
carré de Saturne et il a maîtrise sur la Lune, Mars et Vénus qui occupent le
signe des Poissons.
Les Colériques
Émotivité - Primarité
Dominante
Mars
- Bélier
- Jupiter
Léon Gambetta :
né le 1er avril 1838 à Cahors (Lot) à 20
heures.
Conjonction Soleil - Mars en Bélier au trigone du MC. Jupiter
semi-carré à la Lune.
Jean Jaurès : né
le 3 septembre 1859 à Castres (Tarn) à 12 heures.
Mars en Lion angulaire au MC, conjoint au Soleil, à Mercure et à Vénus.
Jupiter est au trigone de l’Ascendant et au sesqui-carré de la Lune en
Sagittaire.
Alexandre Dumas père : né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts (Aisne) à 5 heures 30
minutes.
Conjonction Lune - Mars au sextile d’une conjonction Soleil - Mercure.
Honoré de Balzac
: né le 20 mai 1799 à Tours (Indre-et-Loire) à 11 heures.
Conjonction Soleil -
Jupiter qui entre en culmination et Jupiter s’oppose à la Lune.
Victor Hugo : né
le 26 février 1802 à Besançon (Doubs) à 22 heures 30 minutes.
Jupiter est au sextile de l’Ascendant et opposé au groupe Vénus -
Pluton - Soleil qui plus est, Jupiter est maître de Vénus - Pluton - Soleil
-Mercure en Poissons.
Raimu (Jules-Auguste
César Muraire, dit) : né le 18 décembre 1883 à Toulon (Var) à 3 heures.
Jupiter en Lion conjoint au MC au carré de l’Ascendant. Conjonction Lune
- Mars angulaire au MC au trigone du Soleil.
Émotivité - Activité
Dominante
Mars
- Jupiter - Bélier (chaud et feu)
Auguste Rodin :
né le 12 novembre 1840 à Paris à 12 heures.
Conjonction Soleil -
Jupiter angulaire au MC, au sextile de l’Ascendant et au sextile de Mars. Mars
envoie un trigone à l’Ascendant.
Activité - Primarité
Dominante
Mars
- Bélier - Jupiter
François 1er : né le 12 septembre 1494 à Cognac (Charente) à 22 heures.
Conjonction Soleil - Jupiter au carré de l’Ascendant et Mars est
angulaire au FC, au sextile de l’Ascendant et opposé à la Lune.
Ce qui correspond au Colérique de Le Senne, c’est un composé Jupiter
- Mars.
C’est le tempérament Bilio-Sanguin d’Hippocrate. On peut
y ajouter une dominance des Signes de Feu. Quand
l’activité est fortement marquée dans un thème, un apport lunaire va accentuer
la Primarité sans pour autant diminuer l’Activité. C’est le cas
d’Alexeandre Dumas Père :
L’émotivité : Conjonction Lune - Mars en Taureau.
L’activité : Soleil à l’Ascendant Lion.
Primarité : Conjonction Lune - Mars.
Remarquons : ici,
la puissance de la Lune qui est reliée au Soleil angulaire à l’Ascendant et à
Mars, d’où se dégage une puissance du groupe émotivité - primarité. Mais ici,
l’inactivité de la Lune a été entièrement corrigée par Mars et le Soleil.
Paul Déroulède :
Emotivité : Valorisation de Mars conjoint au Soleil,
de Jupiter conjoint à l’Ascendant et de la Lune angulaire au MC.
Activité : Mars conjoint au Soleil au carré de
l’Ascendant.
Primarité : Puissance de Mars, de Jupiter, de la Lune
et le signe des Gémeaux est à l’Ascendant.
En fait, ce thème présente bien le trio Jupiter - Lune
- Mars.
Un exemple significatif est celui d’Henri VIII d’Angleterre :
né le 28 juin 1491 à Greenwich (Angleterre) à 11 heures.
Jupiter conjoint
au MC au carré de l’AS ; Mars conjoint à l’AS ; la
Lune
en Bélier
se couche au carré d’un Soleil Cancer. L’angularité de Neptune
vient amplifier la structure, ici nous avons le colérique type : excellent
archer, champion de tennis, grand cavalier. Aimant la table et les plaisirs. On
connaît par ailleurs son destin de Barbe-Bleue. Ici se révèle un être
infantile, en proie à des pulsions sauvages : Lune Bélier en VII, Soleil Cancer
et Mars de la Vierge qui donne le type “anal relâché”.
Les Passionnés
Émotivité - Activité
Dominante
Soleil
- Lion
secondairement Mars - Jupiter - (Pluton/Scorpion)
Émotivité - Secondarité
Dominante
Soleil
- Lion
secondairement Saturne émotif.
Activité - Secondarité
Dominante
Soleil
; puis Saturne - Capricorne.
Il en résulte que ce qui correspond au Passionné de Le Senne, c’est un
type solaire
(surtout Soleil - Lion), le Soleil étant à la fois Émotif - Actif - Secondaire.
Uranus
correspond également au type Passionné, ainsi que Pluton.
Par ailleurs, une association de Mars - Jupiter (émotivité -
activité) et de Saturne - Uranus (Saturne apportant la
secondarité, et Uranus l’étroitesse du champ de conscience qui braquera le
natif sur un seul but) donne le caractère Passionné. Ici Pluton et le Scorpion
peuvent se substituer à Mars.
Les Signes qui marquent le Passionné sont surtout les Signes de Feu
(Lion) - le Capricorne (si l’émotivité y participe).
Napoléon Ier : né le 15 août 1769 à Ajaccio (Corse) à 11
heures 30 minutes.
Jupiter se lève,
Ascendant Scorpion. Le Soleil en Lion est angulaire au MC.
Uranus
est au couchant.
Louis XIV : né
le 5 septembre 1638 à Saint-Germain-en-Laye à 11 heures 11 minutes.
Jupiter Scorpion
se lève. Le Soleil est angulaire au MC et au sextile de l’Ascendant.
Paul Claudel :
né le 6 août 1868 à Villeneuve sur Fère (Aisne) à 4 heures.
Le Soleil en Lion se lève et il y a une
culmination de Jupiter au trigone du Soleil.
Johann Wolfgang Gœthe : né le 28 août 1749 à Francfort sur le Main (Allemagne) à 12 heures.
Ascendant Scorpion
conjoint à Saturne - Pluton. Le Soleil est angulaire au
MC.
Adolph Hitler :
né le 20 avril 1889 à Braunau-sur-Inn (Autriche) à 18 heures 30 minutes.
Uranus se lève,
le Soleil est au couchant, Saturne culmine au MC et il y a une
conjonction Jupiter - Lune en Capricorne.
Charles de Gaulle
: né le 22 novembre 1890 à Lille (Nord) à 4 heures.
Uranus angulaire
à l’Ascendant. Le Soleil en Scorpion est opposé à Pluton et au
sextile de la conjonction Jupiter - Mars.
Valéry Giscard d’Estaing : né le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne) à 21 heures 20 minutes.
Uranus angulaire
au DS a maîtrise sur l’amas Verseau qui contient le Soleil, Mercure, Vénus et
Jupiter. Cet Uranus est au carré d’un Mars angulaire au FC et il forme un
trigone à Saturne qui ce dernier a une maîtrise sur l’amas Verseau.
L’image de Giscard est “alignée” sur ce trigone d’Uranus à Saturne du
Scorpion en Secteur III au sextile de l’Ascendant et au trigone du MC. Cet
uranien saturnisé et virginisé, sur fond nocturne (les planètes sont situées
sous l’horizon) et hivernal (le Verseau), c’est l’homme à la silhouette
longiligne, rétracté, à dominante d’intériorisation et de froid. C’est l’homme
au tempérament Nerveux et dont le caractère est typiquement celui du Passionné
essentiellement cérébral, en un mot, c’est le Passionné froid de style Saturne
- Scorpion : ferme, tenace, calme, contrôlé, endurant, inébranlable, qui
consacre une âpre volonté au service de l’ambition : la tendance maîtresse du
Passionné.
Les Sanguins
Ce type ne correspond pas au Sanguin d’Hippocrate.
Le Senne n’a pas étudié le Sanguin en groupant les propriétés constitutives
deux à deux. Il place ce type à l’opposé du Sentimental (E-nA-S). C’est le
passage du subjectif à l’objectif.
En effet, le Sanguin trouve son appui dans l’objectivité,
la perception et l’analyse du monde extérieur. Si le Sentimental
est qualifié “d’une âme sans esprit”, le Sanguin est “un esprit sans
âme”.
Le Sanguin de caractère (Le Senne) est typiquement celui
de Mercure
des Gémeaux.
Il donne toutes les caractéristiques du Sec. Le Sanguin de Le
Senne c’est un Sec avec une légère valeur de Froid, qui donne ce type
calme, soigné et poli.
En effet, si Saturne astre sec peut être émotif, Mercure
est le type sec non-émotif, il est aussi (Mercure) plus primaire
que secondaire ; et son activité est toute de curiosité intellectuelle et
pragmatique.
Henri de Régnier
: né le 28 décembre 1864 à Honfleur (Calvados) à 5 heures.
Mars en Gémeaux angulaire au DS. Le Soleil et Mercure sont en Capricorne
ce qui apporte la froideur.
Charles Maurice de Talleyrand : né le 2 février 1754 à Paris à 21 heures.
Lune qui sort de culmination en Gémeaux. Saturne et Mercure
sont en Capricorne et le Verseau contient le Soleil et Vénus. Par
conséquent il y a donc une valorisation des signes saturniens qui apporte le
côté froid in-émotif. Avec cependant une part de secondarité.
Anatole France : né le 16 avril 1844 à Paris à 7 heures
Vénus est piquée sur
l’Ascendant Gémeaux. Saturne angulaire au MC occupe le Verseau et envoie
une quadrature à Mercure.
Les Phlegmatiques
Dominante de Froid et stabilité. Par conséquent,
les signes de Terre - Saturne - le Capricorne. Ici, c’est le
Saturne
non-Émotif : le Saturne froid.
Le Maréchal Joffre
: né le 12 janvier 1852 à Rivesaltes (Pyrénées orientales) à 8 heures.
Type solaire : Soleil à l’Ascendant en compagnie de Mercure, le tout
est en Capricorne d’où la puissance du froid. Saturne qui a maîtrise
sur l’Ascendant, le Soleil et Mercure, est en aspect de l’Ascendant, du Soleil
et de la Lune. Ce thème illustre bien le fait : que le Soleil angulaire fait valoir
le Signe où il se trouve.
Hippolyte Taine
: né le 21 avril 1828 à Vouziers (Ardennes) à 16 heures.
Mars angulaire au FC en Capricorne aspectant le Soleil et
l’AS, ce qui donne l’activité. Culmination d’une conjonction Saturne - Lune au MC. Saturne
venant apporter la secondarité et le froid.
Homme à système : “On peut considérer l’homme comme un animal
d’espèce supérieure qui produit des philosophes ou des poètes à peu près comme
les vers à soie font leurs cocons, et les abeilles leurs ruches.”
Pour lui, l’homme était “un produit de la race, du milieu, du
moment.”
Paul Doumer : né
le 22 mars 1857 à Aurillac (Cantal) à 3 heures.
Saturne est
couché au DS, il a maîtrise sur l’Ascendant Capricorne, il est au
carré du Soleil et au trigone de Mercure. La part du Bélier a donné l’activité.
Raymond Poincaré
: né le 20 août 1860 à Bar-le-Duc (Meuse) à 17 heures.
Mars angulaire à
l’Ascendant en Capricorne donnant l’activité. Saturne est conjoint au
Soleil en Lion, signe qu’occupent également Mercure et Jupiter. Par conséquent
: puissance de Saturne et de Mars.
Il est à noter que Mars en Capricorne, développe l’activité
de Mars au détriment de son émotivité. De là toutes les variantes sont
possibles : Mars saturnisé etc.
Les Amorphes
Dominante lunaire inférieur. Le terme Lune
inférieure signifie que le natif vit au bas niveau. Ce caractère se rencontre
surtout chez le type morphologique du dilaté accompli, dont le visage ne
présente ni creux, ni relief, ni méplat. Ici domine la paresse, l’indiscipline
sexuelle, le goût de la table, l’individu est un gros dormeur, peu soucieux de
propreté... C’est un “mou”.
Le thème peut-il faire apparaître un lunaire
inférieur, moyen ou supérieur ?
J’ai personnellement posé la question à André
Barbault. Je vous livre sa réponse :
“Pour répondre à la question fondamentale que
vous évoquez : le niveau du potentiel humain qui nous échappe. Lunaire
inférieur, ou moyen sinon supérieur ? Si l’on trébuche, c’est qu’il n’est
pas sûr que le thème a réponse à la question. N’est-ce pas là que, peut-être,
le milieu a le rôle le plus évident ? Je le crois en tout cas puisque je
ne peux pas faire autrement. Il faut bien savoir que l’astrologie ne deviendra
vraiment adulte qu’à cette étape décisive où l’on (si possible une équipe de
chercheurs genre CNRS) fera de la recherche comparative sur des ensembles de
gens ayant le même thème, jumeaux devant les astres, ceci pour aller jusqu’au
bout de ce que l’on peut trouver. En attendant, nous sommes encore des petits
garçons en la matière.”
De son côté, René Le Senne ne cite qu’un amorphe : Louis XV, quant
à Gaston Berger, il cite dans cette catégorie Jean de La Fontaine.
Louis XV : né à
Versailles, le 15 février 1710, 8h 28 minutes. Son thème présente un lever de
Mercure en Poissons opposé à la Lune angulaire au DS qui
vient de se coucher. Saturne angulaire au FC, carré à
l’AS et sesqui-carré au Soleil. Louis XV s’est laissé mener par ses favorites,
il a laissé la corruption envahir les rouages de son gouvernement sans avoir eu
pour l’avenir du pays, la réaction nécessaire. De même, il ne s’est pas
préoccupé de la formation de son petit-fils : le futur roi Louis XVI, après la
mort du dauphin.
Jean de La Fontaine
: (Château-Thierry le 8 juillet 1661) Malheureusement l’heure de sa naissance
nous est à jamais inconnue. Mais, cependant le thème du jour est très parlant :
le Cancer
est occupé par une conjonction de quatre astres : le Soleil, Mercure, Vénus et
Saturne, le tout au trigone d’une Lune en Poissons maîtresse de
l’amas en Cancer. Par ailleurs, l’amas en Cancer est au carré de Neptune
et au trigone de Mars, c’est ce dernier aspect qui lui a permis d'écrire ses
fables. Il était épicurien, libertin, aimant le jeu et les femmes, son plaisir
était de dormir, de paresser, passant sa vie d’enfant choyé de l’une à l’autre
de ses protectrices. En fait, chez lui, nous assistons à un mélange de Nerveux
(Le Senne) et d’Amorphe.
Les Apathiques
Dominante Saturne inférieur. Saturne inférieur est un Saturne vécu au
plus bas niveau. Ici l’être est fermé, mélancolique, sombre, la passivité est
liée à la force des habitudes.
Nicolas II de Russie : Saturne est angulaire au FC, carré à l’Ascendant Vierge et
opposé à une conjonction Soleil - Mercure angulaire au MC, en outre, il est au
trigone de la Lune et au sesqui-carré de Neptune. Par conséquent, nous avons
ici un Saturne très puissant. Le dernier des Romanov est l’un des plus
illustres saturniens négatifs (non réalisé) connu, c’est
un pur Apathique. Tous les observateurs ont été frappés à quel point ce tsar
gardait toujours son calme, alors que dans l’atmosphère dramatique, puis
tragique de son règne, tout son entourage était accablé, effaré, consterné.
Mais, cette force d’inertie n’exprimait nullement une puissance, une maîtrise,
une supériorité. Elle traduisait un fond d’intime indifférence, de faiblesse,
de désistement vital.
Louis XVI :
(Versailles, le 23/08/1754 à 6h 25mn) Ici on a un lever d’une triplice Soleil -
Mercure - Jupiter opposée à un Uranus Poissons puissant angulaire
au DS, carré au MC et en aspect de la Lune. Saturne aspecte
l’Ascendant, le MC, les luminaires et Vénus.
Tout d’abord la triplice du lever en fait un pur Sanguin (de
tempérament d’Hippocrate) ravalé à la condition lymphatique par ses conflits
intérieurs. Son état jupitérien se limite à une bonne constitution physique, et
à un bon appétit. Car psychologiquement, ce Sanguin tout en embonpoint est
bloqué par ses inhibitions saturno-uraniennes qui font de lui un faible, un
être résigné, un pur Apathique de caractère. Ici, nous voyons le rôle d’un
Uranus (Surmoi), bloquant et inhibant, dans un cadre virginien.
Tableau Général des Corrélations Astrologiques
Ce tableau a été établi en mettant au bout de chaque axe, les types
opposés. C’est ainsi que l’opposition du Colérique à l’Apathique
souligne l’opposition de Mars à Saturne inférieur.
Du Passionné à l’Amorphe nous avons l’opposition du
Soleil à la Lune. Du Sanguin au Sentimental
nous avons l’opposition de Mercure à Saturne.
Enfin, du Nerveux au Flegmatique, nous avons
l’opposition Lune à Saturne.
Conclusion
Une fois en possession de la
silhouette typologique du personnage, l’astrologie sort allégrement de cette
prison des typologies pour atteindre la constellation singulière du sujet. Elle
peut se permettre de critiquer la psychologie appliquée qui demeure trop
souvent dans les cadres rigides d’un “étiquetage”, simpliste de l’individu.
C’est précisément l’écueil de la caractérologie de Le Senne que de fixer chaque
individu dans l’un de ses huit types (même s’il envisage des mixotypes, cela ne
change rien) comme si les gens ne pouvaient pas porter la marque de plusieurs
types, même de natures opposées. L’astrologie peut revendiquer d’être une
psychologie concrète, car elle tente avec succès de situer l’individu dans ses
différents aspects, familial, professionnel, conjugal, amical, idéologique :
c’est ce que se propose précisément l’analyse de la structure individuelle. Il
est évident qu’un Saturnien sera “signé” dans un style général de comportement
; il aura une manière d’être saturnienne qui le signalera comme tel un peu
partout. Mais notre saturnien peut avoir un Jupiter florissant en IV, et il
sera jupitérien à sa manière dans sa famille et à la maison ; s’il a Mars en secteur
XI, il donnera les signes du colérique dans ses relations amicales, etc.
Sans aller jusqu’à des cas de
dissociation de la personnalité, les cas de “bipolarité” et même de
“tripolarité” sont monnaie courante.
Prenons le cas de Wolfgang Gœthe,
cet être présente trois natures dominantes : solaire, lunaire et saturnienne.
Quand Le Senne se contente d’en faire un Passionné, il n’exprime que son côté
solaire (qui, il est vrai, domine) sinon une sorte de donnée moyenne qui réduit
l’analyse à une formule simpliste et détruit toute mise en mouvement
dialectique de la personnalité si vivante et si riche du personnage.
La supériorité incontestable de
l’astrologie est précisément de saisir ces relations intimes des personnages
intérieurs qui dialoguent en chacun de nous.
Frédéric MUSCAT
Toutes mes félicitations pour ce travail bien fouillé et remarquable. Je m'intéresse à la caractérologie depuis plusieurs mois avec les mêmes sources que vous et je suis en mesure d'apprécier à quel point vous avez bien cerné le sujet ainsi que ses rapports avec l'astrologie. Bien que mon approche soit légèrement différente, j'apprécie énormément la démarche que vous avez faite. Quelle aubaine pour nous astrologues et chercheurs d'avoir à notre disposition toute cette documentation psycho biographique provenant d'une source indépendante de l'astrologie.
RépondreSupprimerMerci beaucoup de l'intérêt que vous portez à ce travail, l'essentiel est qu'il vous apporte. Cordialement
SupprimerCommentaire précédent signé : vincentgodbout@hotmail.com
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