Cosmographie de la Lune Noire :
Les lois des mathématiques célestes nous enseignent que les révolutions
des planètes de notre système solaire autour du Soleil, ne s’effectuent pas
selon des orbites circulaires, mais qu’elles suivent des trajets elliptiques.
C’est ainsi, par exemple, que la course de notre Terre autour du
Soleil, ne peut se représenter par un cercle parfait dont le Soleil occuperait
mathématiquement le centre, mais au contraire, elle suit le dessin d’une
ellipse. C’est-à-dire le tracé d’une courbe à la semblance d’un cercle quelque
peu allongé. Le graphique ci-dessous représente une ellipse :
Il en est exactement de même du chemin que parcourt la Lune autour de
la Terre, qui n’est pas celui d’une circonférence mais celui d’une ellipse.
Or, c’est à partir de ces connaissances cosmographiques que nous allons
pouvoir déterminer ce qu’est la “Lune Noire” et qu’elle est son action.
En effet, pour obtenir le tracé d’une ellipse il faut utiliser deux
centres plus ou moins éloignés selon que l’ellipse est plus ou moins aplatie.
Ces deux centres figurent ce qu’on est accoutumé d’appeler les deux “foyers” de
l’ellipse.
Dans le cas qui nous intéresse ici : celui de la révolution de la Lune
autour de la Terre, le premier foyer de la route elliptique de la Lune est
précisément constitué par notre globe terrestre. De telle sorte que grâce à la
connaissance de la position de la Terre relativement à la trajectoire lunaire il
est aisé de déterminer exactement l’emplacement du second foyer. Si l’on se
livre à une observation céleste de ce lieu mathématiquement précisé, on
s’aperçoit qu’à l’endroit du second foyer de l’orbite lunaire il n’y a rien.
Strictement rien, ni corps planétaire, ni débris d’étoiles, ni même le moindre
petit rocher : RIEN !
Et c’est à ce “rien” que l’on a donné le nom magique et attirant de “Lune
Noire”. Voir graphique ci-dessous
:
Apogée : nom
masculin (grec apo, loin de et gê, Terre). Point où la Lune ou un satellite artificiel en orbite autour de la
Terre atteint sa distance maximale par rapport à celle-ci.
Périgée :
nom masculin (grec peri, autour et gê, terre). Point de
l’orbite d’un corps gravitant autour de la Terre le plus rapproché de celle-ci.
La ligne des apsides c’est le grand axe de l’écliptique qui relie les deux foyers.
Ainsi, à la vue du graphique ci-dessus, nous voyons le tracé de
l’orbite elliptique de la Lune autour de la Terre. Un des foyers est celui où
est la Terre et le second est le lieu de la Lune Noire.
Nous voyons aussi que, lorsque la Lune est au périgée, elle est
au plus près de la terre et lorsqu’elle est à son apogée, elle en est le
plus éloignée et elle est au plus près du second foyer qui est le lieu de
la Lune Noire.
La Lune Noire au sens Métaphysique :
Ainsi donc, déterminer la position de la Lune Noire dans une carte
céleste revient à déterminer un point vide ! Cependant ce point est virtuellement
existant puisque mathématiquement calculable, mais matériellement inexistant
puisqu’il n’épouse que le vide et le rien. Gardons-nous cependant de conclure,
trop précipitamment que parce qu’il n’y a rien, ce n’est rien. Que parce que
c’est un point vide de corps matériel visible, c’est un point conséquemment
vide de sens, car ce serait en vérité trop vite et trop légèrement extrapoler.
Selon Saint-Jean de la Croix, il y a en cet univers les
choses visibles, qui selon lui n’existent pas, et les choses invisibles qui,
selon lui, seules existent.
De telle sorte que l’on comprend que grâce à ce point mathématiquement
calculable dans l’espace nommé la “Lune Noire”, on passe du monde à trois
dimensions physique, matérielle, visible, tangible à un autre monde, invisible
cette fois, et tout immatériel. Ainsi, grâce à l’ellipse orbitale lunaire dont
deux foyers sont, je le répète : l’un la Terre, l’autre la Lune Noire, on
comprend qu’en passant de la Terre à la Lune Noire on passe de la
représentation du visible à la représentation de l’invisible à nos yeux et
impalpable à nos mains, mais cependant discernable à notre esprit, puisque
mathématiquement calculable et sans doute bien influente à notre âme.
On ne peut en effet négliger cette présence invisible de la Lune Noire
et l’on est même obligé de convenir qu’elle doit être en vérité d’une grande
puissance, puisqu’à elle seule elle détermine l’ellipse de la Lune et elle
constitue un centre suffisamment agissant pour qu’il ait pouvoir d’incliner
notre satellite à poursuivre un chemin précis dans le ciel qu’il ne saurait en
aucune façon poursuivre si la Terre seule existait.
Lorsqu’on réfléchit au problème de la Lune Noire, et qu’on élève
suffisamment le débat pour sortir l’astrologie du seul domaine du visible et de
la matière afin de l’élever jusqu’au seuil de la métaphysique, on comprend bien
qu’il s’agit avec elle de la preuve de l’existence effective du monde de
l’invisible et de l’action, non négligeable, que ce monde de l’invisible exerce
sur le monde du visible.
Or, qu’est-ce qu’une action qui s’exerce au niveau de l’orbite d’un
corps céleste ? Si ce n’est l’intervention du nombre et du rythme sur les
choses matérielles. Car n’oublions pas que c’est à partir de la loi des nombres
et des rythmes que s’est constitué l’univers du visible, et que c’est sur cette
seule grande loi qu’il repose. Et dans le même temps prenons conscience que
c’est cette loi des nombres et des rythmes qui précisément constitue l’univers
de l’invisible. Qui dit nombre et rythme, ne dit rien en effet, qui soit
palpable et effectif, cependant, du nombre et du rythme tout découle. Le nombre
et le rythme sont créateurs et s’ils venaient à disparaître tout aussitôt
s’arrêterait et s’abîmerait dans le néant.
Ainsi, lorsqu’on aborde la Lune Noire, centre invisible, mais agissant
selon les lois des mathématiques célestes, on aborde la région des nombres et
des rythmes. On entre dans cet univers parallèle à notre univers qui est à ce
point puissant, déterminant, effectif, qu’il incline nos vies à tourner comme
elles tournent et guide nos destins en l’interminable spirale ellipsoïdale que
nous devons franchir et en laquelle nous gravitons. Car c’est selon cette loi
du nombre et du rythme que notre âme se meut.
Nous sentons déjà, au niveau de l’interprétation de la Lune Noire tout
ce que ces simples remarques cosmographiques sur le sujet de l’ellipse et sur
les conséquences du mouvement ellipsoïdal, vont revêtir par la suite
d’important et jusqu’où elles vont nous mener, pour peu que l’on veuille bien
les utiliser comme point de départ à des méditations ayant teneur métaphysique.
En somme, l’inexistence matérielle et effective de la Lune Noire n’est
pas une preuve de l’inexistence de l’influence qu’elle peut exercer sur notre
monde, mais la preuve que son action se doit d’être située sur un
autre plan que le plan du visible.
Ainsi, lorsque dans une carte céleste on en vient par exemple à
questionner les astres réels, c’est-à-dire ceux qui sont des corps physiques
existant effectivement dans le ciel, que l’on peut voir à l’œil nu ou à travers
l’oculaire d’un télescope, on reçoit tout naturellement réponse sur le sujet
des choses de ce monde.
Tandis que, lorsque l’on aborde les astres qui n’existent pas, ceux qui
n’ont d’autre existence que d’être un point d’influence cosmique immanent et
virtuel et qu’aucune enveloppe matérielle ne recouvre, ce sont alors les choses
de l’autre monde que l’on peut débattre avec eux. De telle sorte que ces astres
qui n’existent pas que l’on nomme justement : les “Luminaires Noirs”, ce
sont ces astres qui nous donnent en toute bonne logique des renseignements sur
ce qui n’est pas matériellement pondérable, mais dont la force d’impact sur
l’âme est suffisamment grande pour constituer ce que nous pourrions nommer : notre
motivation de l’au-delà.
C’est d’ailleurs l’avis de René Guenon qui dans son
ouvrage “Le règne de la quantité et les signes des temps” Édition
Gallimard 1945, écrit :
“Les planètes décrivant des ellipses dont le Soleil occupe un des
foyers, on pourrait se demander à quoi correspond l’autre foyer ; comme il
ne s’y trouve effectivement rien de corporel, il ne peut y avoir là quelque
chose qui ne peut se référer qu’à l’ordre subtil.” (page 136 – note 1)
Par conséquent, là où est la Lune Noire dans un thème, là est un
problème qui concerne les deux extrêmes de la vision dialectique : soit
l’anti-monde, soit l’autre monde, suivant le mode du vécu, qui concerne ce qui
n’est pas visible aux yeux des vivants mais, qui constitue en quelque sorte
notre secret dans l’autre monde : notre vérité de l’au-delà. Et quoique le
calcul de la Lune Noire ne soit rien d’autre que le calcul d’une absence,
compte tenu du fait, qu’il s’agit cependant du calcul d’un des deux foyers de
l’ellipse orbitale lunaire, c’est-à-dire d’un point mathématique doué d’une
action cosmique importante, le calcul de cette absence permet de situer le lieu
d’une présence réelle lorsqu’on la transpose dans le monde des forces
invisibles.
Jean Carteret,
qui était un des grands spécialistes de la Lune Noire, disait à son sujet que
c’était : “la présence de l’absence”. Phrase, on le comprend, qui est
lourde de signification.
Mais là ne s’arrête pas le rôle de la Lune Noire. En
effet, outre sa vertu influencielle au niveau des forces invisibles, elle est
douée d’un second et non moins important pouvoir, qui est le pouvoir d’orienter
un être humain par rapport à l’ensemble cosmique. A tel point que l’on pourrait
dire, pour simplifier les choses, que là où est la Lune Noire dans un thème, là
est la boussole qui permet à l’homme de se diriger par rapport au cosmos.
Je m’explique. Supposons que la Lune Noire n’existe pas, que se passerait-il
en ce cas ? Eh bien, faute d’un second foyer, la Lune tournerait autour de la
Terre selon un cercle parfait dont la Terre serait alors le centre. Or chacun
sait qu’une orbite circulaire n’a pas d’axe et ne peut de ce fait subir ni
orientation, ni direction, ni polarisation dans l’espace. En fait, un cercle
apparaît comme quelque chose de très impersonnel incapable à lui seul de se
situer par rapport à l’ensemble cosmique. De telle sorte que si le système
Terre/Lune était circulaire il ne nous permettrait pas de situer l’être humain
par rapport à cet ensemble cosmique.
Mais voilà qu’apparaît précisément la Lune Noire, second foyer de
l’orbite lunaire et voilà que le cercle devient ellipse. Et chacun sait qu’une
ellipse, déterminée qu’elle est par un grand axe et par un petit axe, et par là
même susceptible d’orientation spatiale donc, de polarisation cosmique. Ainsi donc,
voilà que grâce à l’apparition de la Lune Noire, le plan orbital de la Lune
devient orientable dans l’espace. Voilà donc aussitôt grâce à la position de la
Lune Noire dans un thème, et sa position en Signe, en Maison et en Aspects,
voilà qu’un être humain devient orientable par rapport à l’univers cosmique.
Cela veut dire que si, avec la Lune l’individu était orientable par
rapport au plan terrestre du visible et du quotidien, avec la Lune Noire il
échappe au plan de la phénoménologie immédiate de ce monde à trois dimensions,
puisque avec elle il est orientable par rapport au cosmique. Ceci est très
important.
Si l’évidence de l’orientabilité possible de l’ellipse par rapport à
l’inorientabilité du cercle ne vous apparaît pas immédiatement à l’esprit, il
suffit de faire l’expérience suivante : placer en imagination sur une
table des assiettes rondes sans aucuns motifs, et placez, près de ces assiettes
un plat ovale et aussitôt l’évidence va vous frapper. A savoir que de quelque
côté que l’on tourne les assiettes elles sont inorientables par rapport à la
table, tandis que selon la façon dont on dispose le plat ovale, dont les
contours sont précisément elliptiques, il sera toujours possible de l’orienter
par rapport à la table. En effet, le plat ovale présente deux axes : un
grand et un petit. Voir graphique ci-dessous :
Ainsi, on pourra par exemple l’orienter dans le sens de la longueur de
la table, selon que le grand axe sera dans la longueur de la table. Ou encore,
dans le sens de la largeur, de la diagonale ou autre, selon l’orientation du
grand axe du plat.
C’est exactement ce qui se passe dans l’espace, dans cette grande table
étoilée qu’est notre univers. Aussi, par rapport à cette grande table qu’est le
cosmos, le plat ovoïde de l’orbite lunaire est-il toujours orientable. Et nous
avons compris ipso-facto que la présence de la Lune Noire, quoiqu’elle
soit présence de l’absence, permet l’orientabilité de l’âme humaine par rapport
à la grande table de l’univers galactique, où sont posées les nourritures
cosmiques, celles que l’on nomme “invisibles”, je veux dire le pain de l’âme.
Dom Neroman qui
fut, pendant la période d’entre les deux guerres, l’un des promoteurs des
recherches sur les luminaires noirs, ne fut pas sans remarquer que ce foyer
constitué par la Lune Noire, quoiqu’effectivement vide, possédait ainsi qu’il
l’écrivit : “l’utilité pratique de polariser l’ellipse”.
“Polariser ellipse”, c’est très intéressant car cela signifie :
l’orienter dans le cosmos. Ainsi, avec la Lune Noire il s’agit de la
polarisation d’une âme dans l’espace infini. Ce sont ces renseignements-là que
nous donne la position de la Lune Noire dans un thème.
Avec la Lune Noire il ne s’agit donc pas de situer l’homme par rapport
aux choses de ce monde, mais bien plutôt de situer l’âme par rapport aux choses
de l’autre monde. Tel est notre propos.
En effet, la Lune Noire ne nous donne pas de connaître les modalités
terrestres de cette seule vie, mais le rôle que l’âme est appelée à jouer quand
elle sera livrée au grand TOUT et le sens qui lui faudra prendre. On
pourrait dire, d’une manière plaisante, que l’interprétation de la Lune Noire
se doit de donner au natif ce que l’on conviendra d’appeler, si vous le voulez
bien : “le mode d’emploi de l’âme”. Toute interprétation correcte de la Lune
Noire doit donc se situer à ce niveau et mettre l’accent sur ces choses-là, et
non pas sur le monde du visible, du terrestre, de la matière et du quotidien.
Avec la Lune Noire se révèlent de grands mystères.
Remarquons par ailleurs, qu’un mouvement elliptique, quel qu’il soit,
soumet tout mobile qui le parcourt à une destinée de vitesse relative
essentiellement calculable et non uniforme. En effet, toute planète qui décrit
une ellipse, ne peut la parcourir qu’à une vitesse variable, tantôt accélérée
et tantôt au contraire ralentie, selon qu’elle passe à proximité du foyer de
l’ellipse ou selon qu’au contraire elle en est éloignée.
C’est ainsi par exemple qu’en ce qui concerne la révolution
ellipsoïdale de la Lune autour de la Terre, la vitesse de notre satellite se
trouve accélérée lorsque celui-ci passe au point le plus voisin de la Terre
(Périgée) et elle se trouve, au contraire, ralentie lorsqu’il parvient au point
de son plus grand éloignement (Apogée).
On peut donc dire que la marche lunaire, lente à l’apogée, rapide au
périgée, s’exprime par phases successives. Or, il convient de considérer
essentiellement cette variabilité de vitesse comme un indice de vie. En somme
toute orbite elliptique se situe à l’origine d’un rythme vital dont l’orbite
circulaire serait totalement incapable. En effet, si l’orbite de la Lune était
rigoureusement circulaire, sa vitesse en serait de ce fait uniforme et n’aurait
par conséquent ni ralenti, ni accélération, ni reprise. Il n’y aurait donc pas
de pulsation cyclique, c’est-à-dire au fond, il n’y aurait pas de vie
manifestée car la marche de la Planète serait invariable, uniforme et de ce
fait comme morte. Car c’est seule, une succession d’états différents qui est la
caractéristique même de la vie. En effet, une succession d’états identiques est
inconcevable. Dans l’invariabilité on ne peut en effet parler d’une succession
d’états. On peut parler d’un état constant, figé, mort, car une telle monotonie
est une absence de vie.
On sait d’ailleurs, astronomiquement, que toutes les orbites
planétaires tendent, à plus ou moins longue échéance, à passer de la courbe
elliptique à la courbe circulaire, c’est une loi. Courbe où la planète à jamais
invariable et identique à elle-même en tous les points de sa course, n’est rien
d’autre chose qu’une courbe d’uniformité et de mort. Ainsi, c’est en parcourant
une ellipse que la planète fait la preuve de sa vie puisque sa vitesse variant
à chaque instant en de successifs mouvements d’accélérations et de
décélérations est l’indice même d’un rythme vital primordial.
Ecoutons du reste, pour nous en convaincre, ce qu’écrit Dom
Neroman à ce sujet : “De toute façon ce foyer vide est une sorte
d’anti-astre, aussi nécessaire au système orbitale que l’est par exemple le
pôle sud d’un barreau aimanté à l’existence du pôle nord, comme les deux pôles
de l’aimant, les deux foyers de l’orbite coexistent nécessairement et
cesseraient ensemble d’exister s’ils se rapprochaient chacun jusqu’au centre de
l’ellipse qui deviendrait un cercle neutralisant la pulsation vitale”.
Or il n’y a donc aucun doute, c’est la présence seule de la Lune Noire
qui transforme le mouvement circulaire de la Lune autour de la Terre en un
mouvement ellipsoïdal, c’est-à-dire en d’autres termes, que c’est la Lune Noire
qui donne vie et rythme à la Lune.
Je crois que nous n’avons plus aucun doute au sujet de la Lune Noire.
C’est elle qui situe l’homme par rapport à l’invisible, c’est elle qui lui
donne le sens de sa destinée et de son orientation cosmique.
C’est elle qui lui livre le contenu de son au-delà, de son autre monde
et elle n’en est pas moins dans le même temps la donatrice de vie. Joignez ces
deux pensées et concluez.
C’est bien là, la manière de montrer que la vie de l’âme passe au-dessus
des choses créées et suit le grand axe de l’éternité, que la vie, la vraie vie
est précisément du domaine de l’invisible.
L’Axe de la Lune Noire :
Pour en finir avec les données cosmographiques sur le sujet de la Lune
Noire et les conséquences que l’on peut en tirer, nous allons offrir à nos
méditations une dernière remarque. C’est que la Lune Noire ne doit pas être
regardée dans un thème comme un point valorisé, mais plutôt comme un point
appartenant à un axe contenant sa propre dialectique. C’est qu’en effet,
lorsque nous avons positionné la Lune Noire en degré de longitude sur
l’écliptique, il faut aussitôt rechercher le degré opposé et le mentionner sur
la carte céleste. On est alors en présence d’un axe thématiquement agissant, à
un bout de cet axe se situe la Lune Noire et à l’autre bout son opposite.
Le lieu de l’axe où se trouve la Lune Noire prendra le nom de “Tête de
la Lune Noire” et le lieu opposé se nommera la “Queue de la Lune Noire”. A
partir de cet instant on quitte la réalité des mathématiques célestes pour
entrer dans le jeu d’une pure dialectique intellectuelle.
En effet, avec la tête de la Lune Noire nous nous trouvions, bien sûr
en présence du vide, mais nous nous trouvions encore en présence d’un point
mathématiquement calculable à défaut d’être un astre réellement existant.
Tandis que maintenant avec la queue de la Lune Noire, non seulement
nous ne sommes plus en présence d’un astre réel, mais encore, nous ne sommes
même plus en présence d’un point cosmographiquement déterminé. Cette fois il
n’y a absolument plus rien !
Le point opposé à la Lune Noire n’est plus, en effet, que le produit
d’un raisonnement. Il se présente un peu comme une sorte de cône d’ombre que
pourrait projeter la Terre sur la roue zodiacale, des effets magnétiques
qu’elle reçoit en provenance de la Lune Noire.
Si l’on suppose la Terre au centre de la roue zodiacale, la Lune étant
située à un certain degré d’un certain signe, le cône d’ombre se produit au
degré opposé. Mais ce n’est qu’un simple raisonnement. Or une chose extrêmement
singulière va se passer au niveau de cet axe, c’est qu’en entrant dans ce jeu
dialectique voilà que la Lune Noire va recevoir un nom de baptême, et que nous
sommes soudain en présence non plus de la Lune Noire mais en présence de
“Lilith”. Voilà qu’elle a été nommée : “Lilith”.
Or, vous savez que lorsqu’on a nommé les choses elles existent, les
hiéroglyphes disent : “Rien n’existe avant d’avoir reçu son appellation”,
car c’est le verbe qui est créateur, le verbe qui s’est fait chair comme le dit
St Jean : “Au commencement était le verbe et le verbe s’est fait chair.”
L’Axe Lilith/Priape :
Voilà que la Lune Noire est nommée, elle s’appelle Lilith et dans le même
temps le pôle opposé de Lilith a reçu aussi un nom de baptême : Priape.
Nous voici donc maintenant face à un couple. Voilà qu’apparaît par le jeu de la
logique des nombres un axe Lilith/Priape, qui est cosmographiquement vide de
corps planétaire, matériel, réel, mais chargé d’un sens symbolique lourd de
conséquence.
Maintenant nous allons quitter la cosmographie et demander à la
mythologie qui est Lilith.
Lilith à travers la Mythologie :
Selon les textes hébraïques, ce nom de Lilith est celui qui fut donné à
la première femme d’Adam. Dans l’alphabet de Ben Sira on peut y lire ce
qui suit :
“Lorsque l’éternel a créé son
monde et a créé le premier homme, il a vu qu’il était seul et il lui a aussitôt
créé une femme de la terre comme lui et son nom était Lilith. Aussitôt, ils ont
commencé à se quereller lui disait, tu coucheras en-dessous et elle disait,
c’est toi qui coucheras en-dessous puisque nous sommes égaux et tous les deux
formés de la terre. Et ils ne s’entendaient pas. Quand Lilith a vu qu’il en
était ainsi, elle a prononcé le nom ineffable et s’est évanouie dans l’air”.
Ainsi dès les premiers textes, Lilith apparaît comme un personnage
hostile à l’homme, elle se présente comme sa rivale. En outre, elle est
inaccessible, intouchable puisqu’elle est celle qui “s’évanouit dans l’air” quand on veut la saisir.
Mais ce n’est pas tout. Au livre de la Genèse, Lilith est évoquée et,
elle est même nommée dans l’ancien testament par le prophète Isaïe. Or, les
traducteurs, Saint Jérôme et Simac ont rendu ce nom de Lilith par le mot :
Lamia, qui a le sens de démon femelle ou de spectre de la nuit. Ainsi, le
caractère monstrueux de Lilith est donc formellement établi.
Dans les textes Rabbiniques : Le Talmud ou la Cabale, elle reparaît de
même, sous son aspect d’ange maudit. Dans le Talmud on peut y lire ceci : “Il est défendu de dormir seul dans une
maison car celui qui le fait, Lilith s’en saisira”. Et l’alphabet de Ben
Sira donne la formule de l’exorcisme, cette formule est la suivante : “Lilith hors d’ici ! ” Formule du reste,
dont les juifs se serviront pendant des siècles pour se protéger des maléfices
de Lilith. C’est ainsi par exemple, que les chambres des femmes en couche
étaient placardées aux quatre coins de cette inscription.
En somme, il apparaît donc à
travers ces divers textes et à travers les coutumes qui s’en suivirent que la
première des femmes de l’homme, ou pour être plus précis, que la première des
femmes sans hommes poursuit dans les traditions anciennes un rôle assez
inquiétant et assez menaçant.
Or l’imagination des peuples ne crée point de prototypes inutiles, en
créant ce personnage symbolique de Lilith nul doute que l’inconscient collectif
n’ait créé là un mythe lourd de conséquence, et cet être hybride nommé “Lilith”
qui est à la fois ange, femme et démon, ne va pas rester un symbole isolé qui
jamais ne trouvera sa contrepartie humaine, bien au contraire. Il est facile de
retrouver en toutes femmes apparentées à Lilith – qu’elle prenne pour l’homme
le visage de l’amazone, ou la voix de la Sirène, – le fil qui nous conduit à un
certain personnage féminin à la fois fascinant, admirable et dangereux. Ce
personnage que le cinéma contemporain a imposé sous le nom de vamp, dont la
renommée n’est plus à faire et dont l’attrait sadique qu’elle exerce sur
certains hommes n’est rien d’autre que la manifestation symbolique du rôle de
la Lilith. Disons en quelque sorte que Lilith a fait souche. Une lignée
innombrable de Lilith a peuplé la Terre qui subit la malfaçon du créateur et
l’étrange destin que l’éternel lui assigna. Et dans le cycle de ces avatars
elle apparaît sous une infinité d’aspects, elle offre prise à une multitude
d’interprétations sans qu’il soit jamais possible de la réduire aux mesures
d’une seule destinée humaine ni de la camper sous les traits d’un seul
personnage. Elle se nomme Antinéa, ou elle se nomme Salomé, elle
se nomme Sémiramis ou elle se nomme la Vierge Noire, elle a tous
ces noms de sorcière qu’il plaît aux hommes de lui donner. Mais toujours elle
apparaît sous les dehors de la femelle vampirisante, celle qui fascine et
attire quasi magnétiquement le mâle pour mieux se refuser à lui, la vamp vraie
fiancée de Dracula, vampire femelle, insecte goule qui vampirise son homme, qui
le suce, qui le consomme, qui le décortique puis qui le rejette.
Sans compter qu’avec ses valeurs de vide, que nous avons
cosmographiquement concédé à la Lune Noire, il n’est plus question d’être dupe.
Nous savons, et le symbole nous l’a montré, que toute femme signée Lilith n’est
rien d’autre que la fascination du vide. Au reste, rien n’est plus attirant,
rien n’est plus envoûtant que le vide. Le vide à une existence puisque certains
s’y précipitent qui ne le veulent pas !
Eh bien c’est cela Lilith, c’est comme un tourbillon qui aspire et
entraîne, avec dans les yeux le mystère des abîmes et dans la voix des
inflexions de chair et de sexe qui ouvrent en l’âme des fleurs somptueuses et
brûlantes, mais combien vénéneuses, mortelles.
Et c’est ainsi qu’avec Lilith nous rejoignons le personnage de la
triple Hécate telle que nous l’a léguée la Mythologie. C’est l’antique déesse
qui tenait en ses mains le fouet, le poignard et la torche, et dont la triple
vertu était de ce fait de punir, de sacrifier et d’éclairer. C’est un mythe
riche et très intéressant.
Toute femme apparentée à Lilith se présente donc comme une Hécate avec
ce triple pouvoir, toute femme signée Lune Noire tient en sa main ces trois
attributs : Le fouet pour punir, le poignard, disons les mots, pour castrer et
la torche pour incendier et peut-être éclairer.
Or l’iconographie antique nous a de plus livré Lilith sous les traits
d’une femme mortellement belle, mais, dont le vagin s’ouvre au milieu du front.
Ce symbole allusif est celui-là même de la femme castratrice, que nous
rencontrerons en astro-psychanalyse dont la projection névrotique n’est rien
d’autre de ce que les psychanalystes ont nommaient : “le vagin denté”. Il en sera aussi question dans un cours qui aura
pour titre : “Les impératifs sexuels de la Mante Religieuse”.
Et sans doute bien est-ce Lilith, première épouse d’Adam
et non pas Eve, mais probablement Lilith qui lui ayant fait goûter la pomme le
castra du paradis. Certainement, car ce n’est pas du tout le rôle de l’Eve mais
de la Lilith.
Dialectique Eve/Lilith :
Une dialectique Eve/Lilith serait à tenter, et elle ne serait rien
d’autre que la dialectique Lune/Lune Noire.
Or si l’on fait appel au livre de la Genèse, livre XI 21, 22, 23 on
peut y lire ce qui suit :
“Alors l’éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui
s’endormit. Il prit l’une de ses côtes à la place de laquelle il referma la
chair. De la côte qu’il avait prise à l’homme, l’éternel Dieu forma une femme
et l’amena à l’homme. Et l’homme dit : “Celle-ci cette fois, est os de mes os
et chair de ma chair. Elle sera appelée “femme” car elle a été prise de
l’homme”.
Voyez-vous dorénavant, aussi loin que l’on remonte dans les traditions
anciennes, toujours on verra la Lilith ou toute femme à elle assimilée
poursuivre son rôle de rivale et d’ennemie d’Eve : la femme éprise de
l’homme et que Lilith ne cesse de menacer dans son couple et dans ses enfants.
Lilith, nous l’avons bien compris, c’est la belle amazone, c’est la
mystérieuse étrangère qui passe et qui arrache un homme de son foyer et lui
fait renier femme, enfants, tuer s’il le faut pour l’entraîner dans un
tourbillon d’aventures, le plumer s’il se peut pour l’abandonner au désespoir
et parfois au suicide. C’est terrible car telle Cybèle elle ne pardonne
pas, telle Artémis elle fait dévorer ses mâles à ses chiens.
Enfin la légende nous livre que Lilith, donc celle que Dieu d’abord créa
avant et qui précéda Eve, Lilith est à jamais stérile. Elle est donc celle qui
fascine l’homme mais avec laquelle il lui est impossible de s’unir pour
engendrer. Ce personnage de Lilith, stérile à jamais, on le retrouvera avec
toute son ambiguïté, chez toutes les déesses vierges de la Mythologie, que ce
soit Déméter ou Cybèle, Salammbô ou Hécate, Artémis,
ou Minerve, Isis, ou Ishtar et bien d’autres encore. C’est
toujours, sous des récits divers et en des formulations renouvelées, du même
mythe qu’il s’agit et les attributs de toutes ces déesses toujours sont les
mêmes : le croissant de Lune sur la tête, justement comme il en est pour Artémis
et la barque lunaire sous les pieds, symbole parfait de la tragique Lune Noire,
comme il en est pour Isis. Ou bien le voile aussi, comme il en est pour Salammbô.
Toute femme signée Lune Noire a des aspects de Salammbô, d’Artémis
ou d’Isis. Si vous voulez bien comprendre le problème de la Lune Noire,
prenez un livre de Mythologie et lisez ce que disent les auteurs sur Artémis,
sur Isis, sur Salammbô, relisez au besoin le livre de Gustav
Flaubert (Rouen, le 12/12/1821 à 4h – la Lune noire est angulaire sur
la pointe de l’Ascendant Scorpion) : “Salambo” ; Federico Fellini (Rimini,
Italie, le 20/01/1920 à 21h – la Lune noire est angulaire au FC) voir l’image
féminine qu’il projette dans ses films.
Voyez-vous, c’est telle Artémis, la pucelle en toute sa pureté,
faite de distance et de refus et que protège sa froideur même. Mais c’est aussi,
la veuve, expérimentée mais solitaire.
Il y a une très belle formule de Joëlle de Gravelaine, qui avec Jean
Carteret était une grande spécialiste de la Lune Noire, sur les émules de
Lilith elle disait que : “elles étaient des femmes de silence, de distance
et de refus”. C’est une jolie peinture.
Vécue tragiquement, la Lune Noire, en effet, n’est que froideur et
refus, solitude et silence, elle est absence, elle est Mort. Et ainsi
inaccessible, Lilith est l’image même de l’Apogée.
Qu’est-ce qu’en effet que l’Apogée de la Lune ? Si ce n’est sa plus
grande inaccessibilité. En effet, quand elle est à son apogée la Lune est au
plus loin, c’est à son apogée qu’elle devient Lilith, et c’est ce que la
légende a traduit en disant : “Qu’elle murmurait le nom ineffable et
s’évanouissait dans les airs.”
A son apogée, en effet, la Lune atteint son plus grand éloignement de
la Terre, elle va extrapoler sa courbe et prendre la tangente, ne va t-elle pas
alors murmurer le nom de l’ineffable et disparaître ? cette image de l’apogée
explique les valeurs de dégagement, d’isolement et de recul des femmes marquées
Lune Noire. Mais à l’apogée, il y a toujours fatalement une retombée, car le
maximum est atteint pour une courbe en ellipse, Lilith certes s’évanouit dans
les airs, mais c’est plutôt comme un suicide : elle disparaît elle ne crée
rien, c’est ce qui est dit à tout jamais : elle est stérile.
L’autre Type de Lune Noire :
Mais comme en toutes choses il y a son contraire, et ne peut exister de
nuit sans qu’existe le jour, car toutes ténèbres présupposent la lumière, de
même ce qui est en bas a son reflet dans ce qui est en haut. A l’opposé de ce
tragique type Lune Noire, telle que nous venons de le dépeindre sous les traits
de la femelle castratrice et mortelle, il est un autre type Lune Noire qu’il ne
conviendrait pas d’omettre.
En effet, à toute perversion ou banalisation s’oppose immanquablement
une sublimation, une spiritualisation. Il apparaît, selon le mode du vécu, un
second type Lune Noire qui peut se présenter sous les dehors de la lucidité.
Autant la première est toute de dureté, toute de cruauté, toute de sadisme,
toute de solitude mal acceptée. Autant la seconde est toute de rigueur, de
pureté, de vertu. Luminaire Noir, Lilith prend alors en ce cas, valeur de
“lumière noire”, de “lumière froide”.
C’est qu’il ne s’agit pas avec Lilith d’une femme de chair, d’une femme
réellement incarnée, mais d’une entité féminine pratiquement inaccessible.
Lilith n’est pas incarnée, elle est immanence, immatière. Elle est, comme il en
est astronomiquement, ce lieu ponctuel qu’aucun astre ne recouvre, cette femme
qu’aucune chair ne revêt.
Lilith, sous son aspect sublimation/spiritualisation a été envoyée à
Adam par des puissances supérieures et nul doute qu’elle détienne un grand
pouvoir ésotérique. La tradition hébraïque veut en effet, qu’elle ait prononcé
le nom “ineffable”. Le texte est formel, il dit : “Elle a prononcé le nom
ineffable et s’est évanouie dans l’air”.
Elle a prononcé le nom “ineffable” au moment où elle se détachait de la
Terre, au moment où elle s’envolait soudain sous des ailes de lumière. Ainsi
Lilith celle qui, très énigmatiquement, attire l’homme et qu’il ne peut jamais
atteindre, fut-elle dépêchée pour qu’à travers épreuves et souffrances il
parvienne à la lumière. Pour qu’à travers une verticalisation du thème, ils
parviennent à la conscience.
Paul Valéry, né
le 30 octobre 1871 à Sète (Hérault) à 19 heures.
Son thème était puissamment marqué par la Lune Noire puisqu’elle était
conjointe à l’Ascendant et au trigone du MC, Paul Valéry n’a écrit que des
œuvres où transparaît cette lumière froide de la lucidité, il n’a écrit que des
thèmes où transparaît cette constante volonté d’être toujours, je le cite : “conscient
de sa conscience”.
De même, dans l’œuvre du capricornien Henry Miller, (né le 26
décembre 1891 à New York U.S.A à 12h 30mn) dont le thème est dominé par une
conjonction venant de se coucher, de la Lune Noire avec Saturne, Maître du
Milieu du Ciel, du Soleil, de Mercure et de Vénus en Capricorne. En outre, elle
aspecte le MC, le Soleil et Mercure. Voit-on l’auteur constamment aux prises
avec le vide aspirant de femelles vampirisantes qu’il lui faut rejeter ou
dépasser pour entrer dans le trône de sa lucidité. Si l’on voulait en quelque
sorte résumer toute l’œuvre millérienne, on pourrait, je crois, donner cette
phrase-là comme un grand résumé. Il est aux prises avec des femelles
aspirantes, cette espèce d’abîme, de gouffre, de vide, qu’il lui faut rejeter
ou dépasser pour rentrer dans le thème de sa lucidité et de sa vérité
d’écrivain. C’est ici toute la lutte de Miller, c’est ce qu’il nous dépeint
tout au long de pages et de pages à n’en plus finir.
Aussi bien, comprendra-t-on maintenant, qu’il y a dans le principe de
la Lune Noire une stérilité du visible mais dans le même temps, une fécondité
de l’invisible.
Dialectique Lune/Lune Noire :
Et si nous reprenons, maintenant à nouveau la dialectique Lune/Lune
Noire ébauchée plus haut, et mettons en face à face Lilith première femme
d’Adam, qui fut stérile et Eve, seconde femme d’Adam, qui enfanta, nous pouvons
dire qu’à la Lune Noire Lilith : stérilité du visible et fécondité de
l’invisible, s’oppose la Lune Eve qui est fécondité sur le plan du visible et
stérilité sur le plan de l’invisible.
Avec la Lune dans un thème se lisent les problèmes de la fécondation,
avec la Lune Noire se lisent les problèmes de la sexualité. Ce n’est pas du
tout la même chose. Problème de la sexualité parce que la sexualité est un
problème de la nuit de notre être, de la nuit de notre vie et parce que la
sexualité c’est un problème métaphysique, et non pas la fécondité.
Avec la Lune, il y a une mise au monde au visible, elle est donc
importante pour ceux qui vivent sur le plan de la vie, de l’instinct. Avec la
Lune Noire il y a mise au monde à l’invisible, elle est donc importante pour
ceux qui vivent sur la recherche de l’abstraction. Et dans les œuvres de Henry
Miller précisément c’est une femme Lune Noire, cette femelle vampirisante,
vêtue de noir qui accouche l’homme à lui-même, qui l’accouche sur le plan de
l’invisible, qui fait l’auteur.
Là où est la Lune il y a ce qui se voit, par exemple il y a les
comédiens, c’est ce qui se voit. Tandis que là où est la Lune Noire, il y a ce
qui ne se voit pas, c’est-à-dire il y a
les coulisses. Là où est la Lune se produit un gonflement d’imaginaire, mais là
où est la Lune Noire pas du tout, il n’y a pas de gonflement d’imaginaire, là
se produit une quintessence de la lucidité.
Les produits de Lilith et les productions d’Eve sont aux antipodes l’un
de l’autre. Avec la Lune, nous touchons aux valeurs de présences du créé, avec
la Lune Noire nous touchons aux valeurs d’existences de l’incréé.
Si l’on veut mettre une dernière fois en dialectique la Lune Noire et
la Lune on peut dire que : A l’opposé de la Lune qui est réflecteur du Soleil,
la Lune Noire est le réflecteur de la nuit, elle est l’œil de la nuit, c’est
l’œil de Seth, celui qui regarde la nuit des êtres et qui voit la
profondeur de nos ténèbres intérieures : sexualité, luxure, péché qui sont des
problèmes métaphysiques, mais dans le même temps elle regarde la nuit des
choses elle voit ce qui est au-delà, elle voit “ces choses qu’on ne voit pas et qui seules existent” selon la
phrase de Saint Jean de la Croix. Elle est le lieu d’un sacrifice qu’il
faut rendre conscient pour pouvoir évoluer.
Dialectique Lilith/Priape
Enfin, si nous voulions résumer la Lune Noire, nous pourrions dire
qu’elle est silence, tout en elle est silence et fécondité du silence dont
Priape est le fruit. Paul Valéry dans un poème qui a pour
titre “Palme” écrivit ces très beaux
vers :
“Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr”.
Eh bien, c’est, je crois, en lui toute la dialectique de l’axe
Lilith/Priape : Lilith, le silence et Priape, le fruit mûr.
Lilith, en effet, second foyer de l’orbite lunaire est par définition
l’invisible et le silence. Aussi bien, là où est Lilith dans un thème là sont
les valeurs de silence, là sont les puissances du silence d’un être, là où est
la Lune Noire, il y a le monastère au sens le plus général du terme,
c’est-à-dire qu’il y a le retrait de l’être en lui-même en son silence, en sa
méditation. Et en face il y a Priape qui est le fruit du silence. Ainsi la tête
de la Lune Noire rend silencieux le monde extérieur et la queue de la Lune
Noire : Priape, au contraire, renvoie ce silence en parole, en acte, en écrit.
Lilith est la réflexion, Priape l’élocution ; Lilith est la pensée, Priape la
parole ; Lilith est la lucidité, la maîtrise, la possibilité de dépouillement, l’excellence
du choix et Priape est le résultat de toutes ces vertus.
Enfin, pour saisir la différence entre Lilith et Priape, on peut
établir dans un petit tableau la dialectique suivante :
En outre, dans le thème de Paul Valéry, la Lune Noire qui est à l’Ascendant est dans le signe des Gémeaux.
C’est une étrange rencontre que celle de la Lune Noire avec ses valeurs
de silences et celles du signe mercurien des Gémeaux qui est essentiellement
bavard. Qu’a bien pu donner cette position ? Eh bien, elle jouera à deux
reprises dans la vie de Paul Valéry. Une première fois, la Lune Noire avec ses
valeurs de refus et de silence poussa Paul Valéry à faire une tentative de
suicide. Il voulut se pendre et il choisit pour cela le lieu probablement le
plus marqué Lune Noire qui soit possible d’imaginer, car il se pendit dans un
placard ! Ce qui est exactement la marque de silence et d’obscurité de la Lune
Noire, c’est aussi la marque du refus : on ferme la porte, on refuse le monde,
c’est encore la marque du double étouffement.
Mais là où Lilith en Gémeaux a joué, et ceci de manière verticale,
c’est lorsqu’il pratiquera durant plus de cinquante ans la communication avec
lui-même. En effet, tous les matins il se levait à cinq heures et jusqu’à huit
heures il méditait sur un mot, un fait, une phrase et il débattait avec
lui-même. C’est ce qui va donner par la suite une œuvre dépouillée de mots et
d’hyper-lucidité, les mots sont réduits mais combien justes et percutants.
Lisez des titres comme
“la Soirée avec M. Teste” qui est une
éthique intellectuelle
ou bien, ses “Cahiers” qui furent le laboratoire de son œuvre. Eh
bien, c’est ici la manifestation des valeurs des Gémeaux que sont les mots, la
parole, qui ont été transformés par la Lune Noire, c’est-à-dire portés à
l’hyper lucidité par réduction. Ici c’est le plus haut niveau, la
verticalisation du signe.
Par conséquent, la Lune Noire dans la première Maison l’entraîna, nous l’avons
vu, en un premier temps vers un refus de lui-même qui trouva son point
dramatiquement culminant dans ce geste du suicide. Au moment où l’homme plongea
dans cet abîme ouvert sous ses pieds précisément par le refus de soi : Lune
Noire sur l’Ascendant. Donc ici dans un premier temps c’est le négatif.
Puis en un second temps, ce fut le côté positif de la Lune Noire qui
exerça et habitua Paul Valéry à une espèce de remise en question permanente de
lui-même, et à travers les Gémeaux que sous-tend la Maison I, c’est une remise
en question des valeurs Gémeaux/Maison I c’est-à-dire des valeurs d’intellect
dont Monsieur Test porte précisément
témoignage.
En somme, lorsque l’on étudie le rôle de la Lune Noire dans un Secteur
terrestre, il suffit de se rappeler qu’elle retire ce Secteur de la réalité,
elle le dépossède en quelque sorte de son contenu matériel, terrestre, visible,
pour le recharger éventuellement d’une valeur d’invisible, c’est-à-dire d’une
valeur spirituelle, d’une teneur métaphysique. Il y a avec Lilith en Maison, un
processus de dématérialisation, puis de recréation dans un monde parallèle.
Afin de comprendre cette manière d’alchimie à travers laquelle se livre
la Lune Noire, imaginons une Lune Noire en Secteur XII. Il va donc s’opérer une
inversion des valeurs de la XII, c’est-à-dire une inversion des valeurs
d’épreuves terrestres de la XII en valeur de puissances magiques dans les
choses relatives à la XII, c’est-à-dire dans une quelconque sphère occulte ou
secrète. Ou encore, il peut s’agir d’épreuves de l’invisible.
Imaginons une Lune Noire en Secteur VI avec par conséquent son
opposite, la queue de la Lune Noire : Priape, en Secteur XII. On pourra penser
que l’individu fait silence dans la Maison VI, qui est la Maison de son
travail : il fait silence sur son travail, il ne communique pas son
travail, il va pendant longtemps travailler seul sans jamais rien communiquer,
il va s’enfermer dans les valeurs de verticalisation du Secteur VI, bien-sûr,
s’il le vit au plus haut. Puis un jour, lorsque l’eau du savoir aura rempli la
coupe de la Lune Noire, il rendra ce silence en parole dans le Secteur XII. La
XII, au plus haut niveau, c’est un Secteur qui s’occupe des choses secrètes,
des choses occultes.
Enfin, nous savons que dans un thème la Maison est le lieu de l’action
c’est-à-dire le lieu de l’événement matériel, aussi bien, avec sa valeur de
refus la Lune Noire sera-t-elle refus de l’événement, et elle apparaîtra donc
comme l’état de l’action. C’est-à-dire que relativement aux choses de la Maison
considérée elle ne sera pas promotrice d’événements ou de changements, mais
promotrice de durée.
Supposons une Lune Noire en Secteur V, sa valeur de refus s’exercera
sur les choses de la V, de telle sorte que le destin prendra alors tournure du
refus de l’amour ou du refus de l’enfant. Mais dans le même temps, voilà
qu’elle va “verticaliser” les valeurs créatives de la V. Ainsi, en
verticalisant, elle permet alors d’entrer dans une création de l’esprit, que ce
soit une création intellectuelle, artistique, spirituelle peu importe… elle
peut entraîner le natif à créer une œuvre qui sera dégagée des contingences du
terrestre et qui peut entrer dans sa durée et dans sa pérennité.
La Lune Noire en Maison VIII est très intéressante à étudier, car selon
le domicile Scorpion de Lilith elle en est de ce fait la Maison symbolique.
Sise en VIII la Lune Noire se vivra comme d’un refus de la mort, c’est-à-dire
comme d’un refus du disparaître et comme une volonté de durer par au-delà sa
mort. De telle sorte que la mort jouera dans le destin un rôle particulier.
Blaise Cendrars,
né le 1er septembre 1887 à La Chaux de Fonds, canton de Neuchâtel
(Suisse) à 19 heures 45 minutes.
Il présentait la Lune Noire parfaitement angulaire sur la pointe de
l’Ascendant.
Poète et assistant du grand metteur en scène Abel Gance, il passionnait
les jeunes poètes en herbe. L’un d’eux Jean Epstein, étudiant lyonnais et
passionné de cinéma vient solliciter Blaise Cendrars sur la thèse qu’il
prépare : une étude de littérature comparée d’après les progrès ou les
reculs de l’organisation logique des styles.
Grande et heureuse surprise : Cendrars lui répond, l’encourage et
lui propose une rencontre. Une amitié va s’instaurer entre les deux
hommes.
Dans Écrits sur le cinéma, Tome I Éditions Seghers, Jean Epstein parlant de
Blaise Cendrars écrit ceci :
“Tout mon souvenir de Cendrars est associé à de la nuit : un
visage ravagé, rongé, pénétré et serti d’une ombre dont je ne peux le
détacher ; une manche, sans main ni bras, mais qui s’agite parfois, émerge
un peu de l’obscurité et montre son vide noir.” (Pages 31 et suivante).
L’image est saisissante : la nuit, l’obscurité, le vide noir, le
visage pénétré d’une ombre, etc… N’est-ce pas là un climat Lune Noire ?
En outre, le 3 août 1914, Blaise Cendrars s’engage comme volontaire
dans la guerre 14/18 il est affecté au 1er Régiment Etranger qui
sera rattaché à la Légion étrangère. Le 28 septembre 1915, il a perdu le bras
droit au cours de l’attaque de la ferme Navarin. D’où le passage de la
citation : “sans main ni bras”.
Les Astres Conjoints à Lilith ou à Priape :
Ainsi, les planètes conjointes à Lilith ou à Priape, s’il en est, vont
revêtir une importance particulière, voire même quasi exceptionnelle
puisqu’elles nous diront les raisons pour lesquelles l’homme entre dans son
silence avec les astres conjoints à Lilith, et les raisons pour lesquelles
rompant le silence il entre dans son évangélisation avec les astres conjoints à
Priape. Vous voyez ce qu’est cet axe Lilith/Priape ? C’est le silence
(Lilith) et le résultat du silence (Priape). Il est donc particulièrement
intéressant de voir s’il y a des planètes conjointes à Lilith ou à Priape puisqu’elles
nous disent pourquoi, de quelle façon, et en quel mode l’homme fait silence et pourquoi, de quelle façon, et
en quel mode il se décide à parler.
Planète conjointe à Priape :
Il est en outre des plus importants, lorsqu’on en arrive à l’examen de
Priape, de remarquer la place occupée par l’astre qui lui est conjoint. Vous
observez l’axe Lilith/Priape, vous regardez s’il y a des astres autour et
aussi, dans quelle Maison cela se situe. Et puis vous regardez tout particulièrement
s’il y a un astre conjoint à Priape.
Or, cet astre, peut en effet se situer soit avant, soit après Priape,
je veux dire dans le sens sénestre de 0° à 360°, si par exemple cet astre est
positionné à 11° d’un signe et que Priape se trouve à 12° il sera donc avant
Priape. Et si la planète est positionnée à 13° d’un signe et que Priape se
trouve à 17° du signe à ce moment-là on dira que la planète est positionnée
après Priape.
Si la Planète est située après Priape, l’influence de Priape vient en quelque
sorte “buter” sur cette Planète de telle sorte que l’élocution qui est le fait
de Priape se trouve en quelque sorte contenue par la planète qui fait office de
barrage ou de vasque. C’est quelque peu semblable à l’eau d’une source qui se
déverse dans un bassin : la planète conjointe est ce bassin. Ainsi Priape
est donc modifié, marqué en quelque sorte par la forme même du bassin
c’est-à-dire par le mode d’expression de la planète considérée.
Prenons par exemple une conjonction de Priape et de Jupiter, en
supposant que Priape se trouve situé avant Jupiter. On en peut donc conclure
que le bassin sera d’essence jupitérienne. Qu’est-ce qu’un bassin jupitérien ?
Eh bien c’est quelque chose de vaste, de somptueux, de spacieux. Donc l’eau de
l’expression, l’eau de Priape aura de la largeur, de l’emphase, de la
tolérance... C’est-à-dire toutes les vertus jupitériennes mais aussi tous ses
travers.
Supposons maintenant que Priape soit conjoint à Saturne et que Priape
soit située avant Saturne. Le bassin sera alors saturnien, c’est-à-dire il sera
étroit, vertical, mais profond, exactement comme un puits et l’eau de
l’expression sera pareille à ce puits, froide, peut-être même glaciale, mais
profonde comme est un puits, grave, mesurée, savante, d’ailleurs ne dit-on pas
de quelqu’un qu’il est “un puits de savoir”, ou encore “un puits de
science” ! Certes, la parole sera glaciale, peut-être y aura-t-il une
économie de langage, une rigueur, mais combien la parole sera pure et
désaltérante à l’âme assoiffée !
Supposons maintenant, que dans l’une et l’autre de ces deux
conjonctions Priape soit positionnée après Jupiter ou après Saturne et ceci
toujours dans l’ordre sénestre. Le bassin manquera ou bien il ne sera pas
dressé car il n’y aura pas de planètes après Priape, ou plutôt, le bassin sera
construit avant la source, et l’eau de la parole s’écoulera sans être retenue
par rien et elle sera torrent, raz-de-marée, inondation. Toute expression
deviendra alors démesurée, toute communication par l’eau de la parole sera rendue
gigantesque, océanique, car l’océan n’est pas contenu dans un bassin, alors
soit qu’elle se disperse ou bien soit qu’elle déferle, il y aura
quasi-impossibilité de transmettre un discours en un temps limité, le discours
deviendra illimité, si l’être à une heure pour s’exprimer il lui en faudra
trois…
Par conséquent que la planète soit placée après ou avant Priape c’est
toute la différence entre le glacier et l’avalanche. Là où est la tête de la
Lune Noire là est la cime de la montagne, car la Lune Noire est un symbole de
réduction, comme la cime réduit la montagne. Et là où est la queue de la Lune
Noire c’est-à-dire Priape, là est un glacier si un astre le retient, mais si
l’astre fait défaut là est l’éboulement, l’avalanche.
Et puisque l’homme fait silence avec la Lune Noire et qu’il rend ce
silence en parole avec la queue de la Lune Noire, nous comprenons bien qu’avec
l’axe Lilith/Priape nous ne sommes rien moins qu’en présence de l’axe de la
sublimation.
Regardez donc dans quelle Maison se trouve votre axe sublimatif,
c’est-à-dire dans quelle Maison se trouve la Lune Noire dans votre thème et
vous saurez que dans cette Maison-là, et pour les choses de cette maison-là et
à travers les données de cette Maison-là vous faites silence et qu’à l’opposée,
à travers les choses de la Maison où se trouve Priape, vous rendez ce silence
en parole, en écrit, c’est l’œuvre. D’un côté c’est la méditation de l’œuvre et
de l’autre c’est l’œuvre accomplie qui est donnée au monde.
Vous avez bien compris : l’axe Lilith/Priape c’est l’axe de la
sublimation. Et c’est ce que dit expressément le poème de Paul Valéry. Ce poème
est essentiellement signé Lune Noire, il a pour titre : “Palme”. Ici l’auteur nous confie le secret de Lilith et de Priape
– son secret puisqu’il avait Lilith sur l’Ascendant et Priape sur le
Descendant, ainsi, l’axe Lilith/Priape chez Paul Valéry se superposait à la ligne d’horizon. Il écrit :
“Calme, calme,
Reste calme, connaît le poids
D’une palme portant sa
profusion.
Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr
!”.
Henri Miller,
dont le thème présente une Lune Noire importante, écrit dans “Nexus” :
“Ce sur quoi je voulais mettre
la main, si tant est qu’on puisse jamais saisir des faits aussi impalpables,
c’était ce point crucial dans l’évolution d’un génie, ce moment où, du roc le
plus aride, sourd la fontaine d’eau vive. De même que les vapeurs célestes
s’amassent dans de vastes réservoirs qui se répandent ensuite en rivières et en
fleuves, de même, me disais-je, doit-il exister, dans l’esprit et dans l’âme,
un réservoir qui attend d’être transformé en mots, en phrases, en livres, pour
se perdre à nouveau dans l’océan de la pensée”.
Ce “réservoir de l’âme”, nous l’avons bien compris, c’est la Lune Noire
et de même que pour Priape ce réservoir de l’âme aura la forme, la dimension,
l’essence de la planète qui par conjonction le touchera.
C’est évident, ce sont des notions très simples à comprendre et à
traduire. L’astrologie est tout entière faite de choses simples comme cela et
évidentes. Quand on aborde le royaume de Dieu c’est très simple, on sera
certainement surpris quand on va mourir, de la grande simplicité du plan divin,
c’est tellement simple qu’on ne peut pas l’imaginer ni le percevoir.
Prenons un exemple, imaginons une conjonction de la Lune Noire et de
Neptune. L’individu se repliera dans son silence pour des raisons neptuniennes,
et selon le mode du vécu, c’est-à-dire selon le niveau vibratoire ou bien il
s’enfoncera dans une silencieuse confusion et ici ce sont tous les brouillards
de Neptune. Tout sera brouillé : pensées, paroles dans lesquelles ce
malheureux personnage se noiera sans pouvoir appeler, ni crier, ni communiquer
avec autrui, puisque cette conjonction de Lilith et de Neptune crée le silence
dans tous domaines neptuniens. Ou bien, positivement, en une haute méditation
neptunienne peu à peu s’emplira en l’être ce réservoir mystique, ce sera
véritablement l’homme du monastère. Tandis que de l’autre côté, avec Priape, il
rendra en écrits ou en paroles tout ce qu’il aura accumulé, à savoir, tout cet
enrichissement auquel il sera parvenu.
Supposons une conjonction de Lilith avec Mars, elle pourra être, selon
le niveau du vécu, le repli sur un silence méchant et haineux, ou bien au
contraire, ce que l’on a coutume de nommer “le silence des forts”, c’est-à-dire
de ceux qui savent et qui se taisent. Je dirais même de ceux qui savent se
taire et ne parler qu’à bon escient.
Supposons une conjonction de Lilith avec Uranus, elle pourra se
traduire par le silence de l’être inadapté, à travers Uranus, ou bien à travers
le silence de l’être qui réfléchit à l’énoncé de paroles novatrices ou à la
création d’ouvrages nouveaux ou originaux, ou encore à des inventions
nouvelles, qu’il rendra de l’autre côté au monde à travers Priape.
Imaginons une conjonction de Lilith et du Soleil, au niveau le plus
bas, le silence se fera par démesure d’orgueil (Soleil), ou bien, au plus haut,
le silence portera pour fruit une vaste synthèse, que l’individu traduira en
paroles ou en écrits à travers Priape.
Il en sera ainsi pour toutes les planètes : avec Lilith le silence se
fera aux deux extrêmes de la symbolique de chaque astre, vers le plus terrible
suicide de l’être muré en lui-même, fermé dans son silence ne pouvant plus
communiquer, ou bien au contraire, vers la plus haute réalisation intérieure,
ceci toujours à travers la symbolique de la planète.
Mots-Clés
Pour finir, voici une liste de mots-clés d’après les astrologues,
concernant Lilith :
- Contestation
- Transgression - Rébellion - Négation - Refus - Castration - Dislocation -
Dissociation - Pulsion de mort - Auto-agressivité - Suicide.
-
Orgueil
- Distance - Silence - Secret - Mystère.
-
Fascination
- Séduction.
- Sacrifice
- Initiation - Rédemption - Sublimation - Pureté.
Il est bon de ne pas faire l’amalgame avec Saturne et Pluton, bien que
Lilith ait quelque rapport sensible avec ces planètes.
En effet, avec Saturne, il y a la notion de frustration, de
culpabilité, c’est-à-dire tout ce qui est du ressort du manque et du deuil,
mais il n’y a pas la “sanction-guillotine” ni le processus sacrificiel
immédiat.
Avec Pluton, il y a les notions d’expiation, de tribunal des enfers,
d’angoisse, de mutation, de transformation, mais ici il s’agit d’un processus lent.
Avec Pluton, il n’y a pas d’événement immédiat. Saturne fait éprouver la
culpabilité qui conduira au châtiment plutonien, tandis que la Lune Noire
armera le bras du bourreau et exécutera la sentence.
D’autre part, s’il y a quelque chose de sacrificiel dans la nature de
Saturne et de Pluton, ni l’un ni l’autre n’ont quoi que ce soit à voir avec la
transgression ou la désobéissance.
La Lune Noire, marque la remise en question qui peut aller jusqu’au
changement radical, le rejet définitif, la prise de conscience illuminatrice,
selon, bien sûr, les planètes et les secteurs touchés. Et cela, évidemment, en
transit et direction sur le thème natal.
Disons que là où elle se trouve - et surtout dans les angles du thème,
fortement aspectée ou liée aux luminaires - elle signe l’individu. En fait, il
en est comme pour les dominantes.
Conclusion
En conclusion, il faut savoir que c’est dans les années 60 que les
astrologues français - particulièrement les astrologues femmes qui semblaient
fascinées par cet astre virtuel dans lequel elles se reconnaissaient peut-être
inconsciemment - ont commencé à s’intéresser sérieusement à la Lune Noire. Par
la suite, leurs travaux ont incité les astrologues européens et américains à se
pencher sur les problèmes posés par ce que l’on peut finalement considérer
comme “un nœud d’intense vibration”.
La Révolution de Lilith :
Cet entretien sur Lilith ne saurait être complet si on passait sous
silence les positions de Lilith. C’est qu’en effet, à l’heure actuelle on ne
recense pas moins de six éphémérides à son sujet, ce qui fait, il faut bien le
reconnaître, désordre. Nous allons donc examiner la révolution de la Lune Noire
afin de comprendre sa progression dans le zodiaque.
La Lune tourne autour de notre Terre en décrivant une ellipse dont
l’excentricité est de 1/18e.
Par conséquent, 1/18e, cela signifie que si l’on
représentait l’orbite lunaire en prenant 18 cm pour le grand axe de l’ellipse,
la distance qui séparerait les deux foyers serait de 1 cm. Voilà pourquoi on
dit : “excentricité de 1/18e”.
Ainsi selon la courbe de cette ellipse, en quinze jours de distance,
l’éloignement de la Lune varie de 363 300 Km au Périgée à 405 000 Km à
l’Apogée.
Toutefois, ce mouvement ellipsoïde de l’orbite lunaire n’est pas le
seul mouvement dans l’espace.
En effet, l’ellipse ainsi décrite autour de nous par la Lune ne reste
pas immobile dans son plan. Elle tourne dans ce plan autour de la Terre et cela
dans le sens direct, c’est-à-dire dans le sens même par lequel elle est
parcourue par la Lune. Autrement dit, la ligne des apsides tourne dans le sens
direct à raison de 40°39’ en moyenne par an, ce qui lui fait faire le tour du
zodiaque en 8 ans et 311 jours et demi. Ainsi, le pas journalier moyen de Lilith
est de 0°06’30”.
Voir graphique ci-dessous :
Donc, son pas journalier moyen est de 0°06’30” et sa révolution
zodiacale moyenne est de 8 ans, 10 mois et quelques
jours.
D’autre part, le mouvement de la Lune présente des irrégularités dues à
l’attraction du Soleil. D’ailleurs, le terme désignant ce phénomène est le mot
féminin : évection.
Ainsi, les positions corrigées de la Lune Noire représentent des
corrections au niveau des positions de la Lune par rapport à son déplacement.
Concernant ces différentes positions de la Lune Noire, Francis
Santoni l’auteur des Éphémérides Auréas s’en est expliqué :
« Au niveau du calcul de la
Lune Noire les positions corrigées représentent des étapes entre le passage du
calcul de la Lune Noire Moyenne et le calcul de la Lune Noire Vraie.
La Lune Noire de Marc Bériault se classe dans les
nombreuses Lunes Noires corrigées qui se limitent généralement au 2e
terme (le 1er terme lié à “l’évection” astronomique d’une amplitude
de 15,5° et d’une période de 31,8 jours est négligé dans les positions
corrigées – le 2e terme a une amplitude de 9,6° et une période de
206J).
Les Lunes Noires corrigées qui me sont connues sont les
suivantes :
a) La correction
publiée par Henri J. Gouchon dans le Dictionnaire astrologique
(Dervy-Livres), est de plus ou moins 5°.
b) La correction
de 12,33° extraite d’un ouvrage astronomique de Bouasse. Il en
existe des éphémérides (Guy Launay) (La Lune Noire, 1986, diffusion
Arjuna).
c) La valeur
usuelle pour la Lune Noire corrigée utilise une correction de 11,6° extraite
par un astrologue du livre d’Astronomie Générale de Danjon
(après de nombreux calculs il donne la valeur de 8,7°, puis de 11,6° dans une
parenthèse immédiatement après et sans justification).
d) Des variantes
à cette correction de 11,6° tentent de prendre en compte la forme non
sinusoïdale de celle-ci. Par exemple, celle de Max Duval dans ses
Tables de Lilith, Dervy-Livres, 1988.
e) La valeur
proposée par Axel Harvey, dans Considerations in 3, 1988,
préconisait quant à lui la valeur de 8,6° d’après l’astronome Tisserand Traité
de mécanique céleste, Paris, Gauthier Villars, 1894.
f) La Lune Noire
de Marc Bériault de 2000 correspond à la valeur e). Elle a donc
une correction de 8,6° qui se rapproche de la valeur 9,6° du 2 e terme
de la position “vraie”. »
Nous voyons là que nous
avons affaire à des débats de mathématiciens où l’arbitraire semble avoir le
dernier mot. Et face à l’arbitraire, mieux vaut s’en remettre à sa propre
expérience du terrain.
De son côté, Joëlle de Gravelaine qui fut avec Jean
Carteret une spécialiste de la Lune Noire, s’est exprimée clairement sur ce
sujet dans son ouvrage : “Le retour de
Lilith” aux éditions Espace Bleu, à la page 11 du dit ouvrage on peut y
lire :
“Certains auteurs, utilisent la Lune Noire corrigée. Pour ma part,
depuis plus de vingt ans, je place la Lune Noire non corrigée dans les thèmes,
après avoir pendant dix ans, comparé les deux positions systématiquement”.
N’étant pas, spécialiste ni même amateur de Lune Noire, de ce fait,
cette situation me place d’emblée dans une position d’impartialité et
d’objectivité. Cependant, je dois reconnaître que j’ai obtenu des résultats
très significatifs avec la Lune Noire Moyenne, c’est à cette
fin que je partage l’idée de Joëlle de Gravelaine.
Enfin pour être tout à fait complet sur le sujet de la
Lune Noire. A savoir qu’on désigne la Lune Noire Vraie, dans les
éphémérides, par les termes suivants :
Français : Lune Noire Vraie
Anglais : Black Moon True
Allemand : Schwarzer Mond Wahrer
Espagnol : Luna Negra Verdadera
Italien : Luna Nera Vera
Quant à la Lune Noire Moyenne, elle est mentionnée par
les termes suivants :
Français : Lune Noire Moyenne
Anglais : Black Moon Mean
Allemand : Schwarzer Mond Mittlerer
Espagnol : Luna Negra Media
Italien : Luna Nera Media
Frédéric Muscat
Bonjour, merci pour ce savant article. Pouvez-vous m'éclairer plus précisément ce passage : « si par exemple cet astre est positionné à 11° d’un signe et que Priape se trouve à 12° il sera donc avant Priape. Et si la planète est positionnée à 13° d’un signe et que Priape se trouve à 17° du signe à ce moment-là on dira que la planète est positionnée après Priape. » ?
RépondreSupprimerMerci de votre attention.