Pour bien comprendre ce que sont les nœuds lunaires, il est avant tout
nécessaire de bien visualiser le mouvement de la Lune dans l’espace, car notre
satellite parcourt son orbite d’une manière complexe.
Au XVIIIe siècle il était vital pour les flottes des grandes
puissances navales (Angleterre en tête) de déterminer avec une faible marge
d’erreur, quelques milles marins seulement, la longitude d’un navire en pleine
mer : le souverain anglais promit donc une récompense de 100 000 livres à
qui trouverait une méthode appropriée. Comme le comprend facilement
l’utilisateur contemporain des grandes lignes aériennes, qui sait bien ce
qu’est le décalage horaire, se déplacer dans le sens de la longitude signifie
“changer d’heure”. Pour la déterminer, il faut donc disposer d’une bonne
montre. On peut la déduire en prenant compte que, en une minute de temps, aux
latitudes moyennes, la Terre tourne d’environ 20 km.
Les spécialistes de mécanique céleste ont aussitôt pensé que la Lune
pouvait être une excellente montre naturelle, facile à observer de partout, à
condition bien sûr de reconstruire et de prévoir son mouvement autour de la
Terre avec suffisamment de précision. Malgré leurs efforts, les plus grands
savants de l’époque, tels Euler et Clairaut, échouèrent à trouver cette
“théorie de la Lune” : aucun n’obtint la précision requise par les
amiraux. Et c’est un horloger, John Harrison, qui empocha la récompense du roi
George II, en 1759, pour avoir construit une horloge capable de donner “l’heure
exacte” à la minute près, même après des mois de navigation.
L’échec des spécialistes du ciel n’était certainement pas dû à leur
incapacité mais à l’extrême difficulté du problème d’un point de vue mathématique.
Poser les équations décrivant la physique du problème – dans le cas de la Lune,
les équations de Newton – était très simple… mais les résoudre l’était beaucoup
moins : chaque fois qu’on avança des hypothèses simplificatrices pour
réduire le problème, on finit par négliger un effet physique produisant des
écarts significatifs entre la solution trouvée et les observations.
Pourquoi une orbite si compliquée ?
Pourquoi le mouvement de la
Lune est-il si complexe par rapport à celui des planètes ? Le cas des
orbites planétaires est particulier pour deux raisons : les planètes sont
si petites par rapport au Soleil et si “espacées” entre elles que leurs
mouvements respectifs peuvent être décrits avec une approximation satisfaisante
en considérant comme dominante la force d’attraction gravitationnelle du Soleil
et comme de petites “perturbations” les forces des autres planètes ; en
second lieu, les distances des planètes entre elles et par rapport au Soleil
sont très grandes comparées aux dimensions des différents corps, que l’on peut
décrire mathématiquement comme des “points matériels” mobiles. Dans ces
conditions, les orbites se comportent conformément aux trois lois de Kepler,
qui sont :
1) Les
orbites des planètes sont des ellipses dont le Soleil occupe l’un des foyers
(1609) ;
2) Les
aires balayées par le rayon vecteur joignant le centre du Soleil au centre
d’une planète sont proportionnelles aux temps mis à les décrire (1609) ;
3) Les
carrés des périodes de révolution sidérale des planètes sont proportionnels aux
cubes des grands axes de leurs orbites (1619).
Mais ces lois ne
peuvent être ainsi appliquées à la Lune, sans autres précautions, sauf à
admettre des écarts grossiers avec les observations.
Certes, la Lune se
déplace sous l’influence gravitationnelle prédominante de la Terre, mais
l’attraction du Soleil produit des effets non négligeables, comme Newton
l’avait d’ailleurs déjà compris.
En outre, la petite distance moyenne entre la
Lune et la Terre ne permet pas de considérer les deux corps comme des
points : il s’agit d’objets étendus et surtout de forme légèrement non
sphérique. En conséquence l’orbite de la Lune n’obéit aux lois de Kepler que
très approximativement : ce n’est pas une ellipse avec configuration et
orientation constantes dans le temps, et sa forme comme sa disposition dans
l’espace varient continuellement, et assez rapidement. En effet, lors du
précédent cours (Cours n°46 Les Luminaires Noirs), nous avions vu que : « l’ellipse
ainsi décrite autour de nous par la Lune ne reste pas immobile dans son plan.
Elle tourne dans ce plan autour de la Terre et cela dans le sens direct,
c’est-à-dire dans le sens même par lequel elle est parcourue par la Lune.
Autrement dit, la ligne des apsides tourne dans le sens direct à raison de
40°39’ en moyenne par an, ce qui lui fait faire le tour du zodiaque en 8 ans et
311 jours et demi. Ainsi, le pas journalier moyen de Lilith est de 0°06’30”. »
Les nœuds lunaires sous l’angle astronomique :
De plus, l’orbite de la Lune n’est pas située dans l’écliptique,
c’est-à-dire elle n’est pas située dans le plan dans lequel la Terre se meut
autour du Soleil. D’ailleurs c’est très simple à comprendre car s’il en était
rigoureusement ainsi, il y aurait obligatoirement une éclipse de Soleil à
chaque Nouvelle-Lune, ce qui n’est pas le cas.
Or, le plan dans lequel la Lune se meut est incliné, en moyenne, de
5°08’ sur celui de l’écliptique. De telle sorte que ces deux plans : celui de
l’écliptique d’une part et le plan orbital de la Lune se coupent
nécessairement. Voir graphique ci-dessous :
On appelle “ligne des nœuds” ou “axe des nœuds lunaires” la droite
d’intersection de ces deux plans voir figure ci-dessus.
Ainsi, le Nœud Ascendant («) est
le point d’intersection qui marque le passage de la Lune de la déclinaison Sud
à la déclinaison Nord. Autrement dit, lorsqu’elle monte de dessous à dessus
l’écliptique d’où le terme : ascendant.
Le Nœud Descendant (Á) est
le point d’intersection opposé au Nœud Nord. Ici, c’est le lieu du passage de
la Lune de sa déclinaison Nord à sa déclinaison Sud. Elle passe sous
l’écliptique d’où le terme : descendant. Voir graphique ci-dessous :
L’axe des nœuds lunaires se symbolise comme suit : «Á
« = Le
nœud ascendant, appelé aussi nœud nord, ou nœud boréal de la Lune, la Tête du
Dragon. Les anciens le nommaient aussi : Le Caput Draconis. Les
hindous le nomment : Rahu.
Á = Le
nœud descendant ou nœud sud de la Lune, ou nœud austral, la queue du Dragon.
Les anciens le nommaient aussi : La
Cauda Draconis. Les hindous le nomment : Kethu.
La droite qui joint les nœuds (ligne des nœuds) n’est pas fixe. Les
deux graphiques ci-dessous nous montre, selon la figure 2, qu’elle (la
ligne des nœuds) a tourné d’un certain angle par rapport à sa position dans la
figure précédente : figure 1.
En outre, la ligne des nœuds tourne dans le sens rétrograde, c’est pour
cela que les nœuds moyens rétrogradent toujours, le pas journalier moyen est de
0°06’, la révolution zodiacale des nœuds a donc une durée de 18,6 ans.
Différence entre le Nœud Moyen et le Nœud Vrai :
Le Nœud lunaire moyen est calculé d’après l’inclinaison moyenne de
l’orbite lunaire.
Cependant, l’excentricité et l’inclinaison de l’orbite de la Lune
oscillent. Ainsi, l’excentricité varie entre 0,044 et 0,067, et l’inclinaison
oscille entre 4°58’ et 5°19’ ; comme on l’a vu, le plan de l’orbite tourne
dans l’espace et effectue une révolution complète en 18,6 années environ ;
l’orbite achève son tour sur son plan en 8,85 années.
En conséquence, le calcul du nœud vrai tient compte de
tous ces paramètres et correspond ainsi à la position exacte du croisement de
l’orbite de la Lune avec l’écliptique.
Dans la pratique, le nœud vrai est préférable au nœud moyen puisqu’il
est plus précis.
Le schéma ci-dessous illustre la signification géométrique des trois
angles nécessaires pour décrire l’orientation d’une orbite dans l’espace (en
l’occurrence ici celle de la Lune autour de la Terre).
Enfin, d’ordinaire dans les Ephémérides il est mentionné uniquement la
position du nœud Nord (<),
puisque celle du nœud Sud est à l’opposé (180°) ainsi il n’est pas nécessaire
de le mentionner. De même, dans les cartes du ciel, nous inscrivons uniquement
la position du nœud Nord (<), le
nœud Sud étant toujours à l’opposé du nœud Nord, donc nul besoin d’alourdir le
graphique en positionnant le nœud Sud. Par exemple, dans le thème de Gérard
Depardieu, le nœud Nord (<) est à 3° du Taureau par conséquent, le nœud
sud (Á) est à 3° Scorpion, on mentionne uniquement le nœud Nord (<) comme
ci-dessous :
Or, nous comprenons bien que, puisque l’orbite de la Lune est inclinée
sur le plan de l’écliptique et que les deux grands cercles de la sphère se
coupent suivant un diamètre, les deux points de rencontre de cette trajectoire
ne peuvent que revêtir un certain intérêt. La fameuse droite d’intersection du
plan de l’écliptique et du plan de l’orbite lunaire, qui détermine ainsi l’axe
des nœuds, demande donc qu’on l’étudie tout particulièrement.
Les nœuds sous l’angle de la tradition :
Selon les données générales de la tradition, il est dit que le premier
de ces points d’intersection se nomme le nœud ascendant. On l’appelle, du reste
aussi, le nœud nord. Le second point se nomme le nœud descendant, on l’appelle
encore : le nœud sud.
En outre, le nœud ascendant est réputé bénéfique, on le dit de nature
jupitérienne. Tandis que l’autre point, le nœud descendant est dit être
maléfique, il serait de nature saturnienne.
Allons voir cela d’un petit peu plus près. A partir des seules données
astronomiques, nous allons comprendre un peu mieux le problème.
Puisque astronomiquement, le plan lunaire est incliné par rapport au
plan solaire : l’écliptique, cela signifie que la Lune, en décrivant son
orbite, se trouve donc, tantôt au-dessous du plan de l’écliptique, tantôt
au-dessus de ce plan. Sauf, bien entendu quand elle passe à l’un ou à l’autre
de ces deux nœuds qui sont précisément, le point d’intersection de ces deux
orbites.
Il s’ensuit donc, qu’à l’un de ces nœuds, la Lune passe du dessous au
dessus, tandis qu’au nœud opposé elle passe du dessus au dessous. Or, c’est
précisément quand il y a passage du dessous au dessus, que le point
d’intersection est nommé nœud ascendant, c’est l’évidence même. Tandis que
lorsqu’il y a passage du dessus au dessous, le point d’intersection est nommé
tout naturellement nœud descendant.
Or, vous sentez bien qu’une telle remarque cosmographique est
importante, et elle est lourde de conséquence sur le plan même de
l’interprétation des nœuds lunaires. A dire le vrai, même si vous avez compris
cela, vous avez compris toute la symbolique d’influence des nœuds lunaires.
Le passage du dessous au dessus, n’est rien d’autre en effet, que
l’émergence de la Lune au-dessus du plan du Soleil. C’est-à-dire, le passage du
monde lunaire au monde solaire. Le passage du monde intérieur lunaire, le
passage de la nuit intime de l’être : la Lune, au monde extérieur : le Soleil,
c’est-à-dire à la lumière du social.
Par conséquent, là où est le nœud ascendant, là est le passage de l’en
soi à l’hors soi, ou si vous préférez, le passage de l’interne à l’externe, de
l’intime au social, etc.
Donc le nœud ascendant, nous dit comment un être sort de soi pour
accéder à autrui.
Le nœud ascendant, nous raconte toute l’histoire de l’extraversion d’un
être, c’est très important, car la connaissance de ce modus vivendi est
capitale pour la parfaite préhension d’une âme humaine.
Et, à l’inverse, avec le nœud descendant, il y a passage du plan du
Soleil au plan de la Lune. C’est-à-dire qu’il y a passage du monde solaire au
monde lunaire, c’est-à-dire du monde du visible, du monde extraverti, du monde
social au monde de l’invisible, de l’introversion, de l’intime.
Le nœud descendant nous raconte, par conséquent, toute l’histoire de
l’entrée en soi-même, toute l’histoire de la descente dans la profondeur de son
âme, là où sont les richesses de la méditation, les citadelles de la
concentration, en un mot, le noyau de la personnalité.
C’est très important, car la connaissance de cette seconde face du modus-vivendi
est non moins capitale pour la parfaite préhension d’une âme humaine. Non moins
capitale, que le fut la connaissance avec le nœud ascendant de l’autre aspect
antinomique de l’être, son modus vivendi social.
Si vous voulez, avec le nœud ascendant il y a un modus vivendi
social, tandis qu’avec le nœud descendant nous avons le modus vivendi
intime.
Toutefois, à travers cette explication, on comprend les raisons qui ont poussé les astrologues de la tradition à nommer “bénéfique” le nœud ascendant et “maléfique” le nœud
descendant. C’est tout simplement, qu’ils ont pensé que l’extraversion d’un
être c’est-à-dire sa sortie vers le social valait beaucoup mieux ou était
meilleure que son entrée en lui, que sa descente dans son monastère intérieur.
Mais ce n’est là qu’une question de point de vue, car nous ne sommes peut-être
pas obligés de partager cette vision. Selon nous, dire que la sortie hors de
son intimité vers le social est bénéfique, n’est pas plus exacte que de dire
que la plongée en soi hors du social et vers l’intime est maléfique. Allons
donc ! Tout dépend de la fenêtre à travers laquelle on regarde le monde.
On a voulu tout simplement signifier que la sortie vers l’extérieur
était plus heureuse que la descente au fond de soi-même.
Car la sortie vers l’extérieur est promotrice d’effets visibles et elle
engendre une éventuelle et apparente réussite sur le plan de la matière et du
terrestre, alors que la descente en soi-même, en ne mettant plus du tout
l’accent sur le monde matériel et ses pompes, se solde bien souvent par une
apparence d’échec.
Je dis bien Apparence, et j’en connais certains, dont la réussite
intérieure surpasse la réussite extérieure de tels autres.
C’est-à-dire qu’il faut se méfier des illusions et des trahisons de ce
qui se voit par rapport à ce qui ne se voit pas. Ce qui se voit est très mensonger.
Et en ce sens, vous comprenez bien que la valeur des nœuds lunaires est
à remettre en question. Il ne s’agit pas de juger les choses sur l’apparence.
Par contre, nous pouvons très bien garder la terminologie de nœud
jupitérien qui est donné au nœud ascendant. En effet, ceci va tout à fait dans
le droit fil conducteur de Jupiter, avec ses notions d’extraversion et
d’horizontalité. Et nous pouvons également conserver la terminologie de nœud
saturnien pour le nœud descendant, puisque Saturne c’est la planète de
l’introversion et de la verticalité.
Ainsi allons-nous dépasser cette terminologie de Bénéfique et de
Maléfique, et ne plus considérer les nœuds lunaires que comme deux portes,
situées dans un thème et qui font communiquer le monde intérieur de la Lune
avec le monde extérieur du Soleil.
Les nœuds se situent entre ciel et terre puisqu’ils sont les points
même de section de l’orbite luni-terrienne et de l’équateur céleste. Et ainsi,
appartenant au système Lune-Soleil dont ils sont les points d’intersection, ils
sont donc le jour et la nuit de notre âme. Ceci si l’on s’en tient à ce que
représentent exactement le Soleil et la Lune : ils sont notre inconscient
et notre surconscient. Ou si vous préférez encore ils sont notre logique et
notre intuition. Vous voyez bien que nous sommes loin des notions de bien et de
mal, de bénéfique et de maléfique. Et plus que tout encore sont-ils l’essence
et l’existence des choses, c’est-à-dire le concret et l’abstrait, nos rapports
avec le visible et l’invisible, notre vie à ce monde et notre vie à l’au-delà.
Le Dragon :
Je vous faisais remarquer, qu’en symbolisme, la ligne des nœuds
s’appelait le Dragon. Ceci est lourd de sens.
Voyons cela en détail, le premier des deux nœuds : le nœud
ascendant, c’est la tête du Dragon. Le second des deux nœuds : le nœud
descendant c’est la queue du Dragon.
Toute vie humaine se présente comme une légende au cours de laquelle il
faut un jour affronter son Dragon. Au cours de laquelle, il faut un jour couper
la tête du Dragon pour exister et se trouver afin de pouvoir accéder à la
chambre secrète de son âme.
Et la présence des nœuds lunaires dans notre thème est la preuve qu’une
vie humaine, c’est le geste, le récit de notre lutte avec le Dragon.
Ainsi, l’axe des nœuds se présente donc comme un seuil qu’il nous faut
franchir. C’est ce qui est dit dans les légendes, où le seuil est franchi après
la lutte avec le Dragon et le triomphe sur le Dragon, permettant ainsi à l’être
d’avoir enfin accès à la chambre secrète de son âme.
Le Dragon dans un thème, c’est une antenne active qui exige toujours,
pour être vécu et vaincu, un combat, parfois difficile, tant il est dit et
vrai, que rien ne s’obtient dans la facilité et dans le confort. Les plus grandes
choses sont celles qui s’obtiennent le plus difficilement.
Toutefois, l’axe des nœuds est dans le même temps un des aspects du
libre arbitre, puisque nous restons libres de franchir ou non ce seuil proposé.
Le héros lorsqu’il rentre en lutte avec le dragon a toujours le droit de
refuser le combat et de s’enfuir. Il ne deviendra l’Initié que s’il assume le
combat et s’il en triomphe par sa pureté, son ascétisme et le travail intérieur
qu’il a pu faire avant cette lutte. Franchir le seuil, cela veut dire, qu’il
faut couper la tête du Dragon qui est le gardien du seuil, et parvenir à la
queue du Dragon qui est libératrice.
Certes, la lutte avec le Dragon n’est pas chose aisée car l’axe du
Dragon (l’axe des nœuds lunaires) est difficile à prévoir car il remonte le
zodiaque en sens inverse. Voyez déjà tout ce qu’il y a de tordu dans cette
démarche. La marche est rétrograde. Il est seul à le faire, bien sûr, les
planètes rétrogrades de temps à autre dans leur marche apparente, mais elles
n’ont pas pour habitude de toujours rétrograder, tandis que le nœud rétrograde
toujours.
L’interprétation des nœuds lunaires :
A la lumière de ce que nous savons et de ce qui vient d’être dit,
l’interprétation est très aisée. En effet, la ligne des nœuds nous fait
comprendre que la lutte avec le Dragon est constituée par deux démarches
simultanées et complémentaires, qui consistent pour l’une à rencontrer le monde
extérieur et à oser l’affronter, ce qui est le propre de la dialectique de la
tête du Dragon qu’il faut réussir à couper ; et l’autre à se rencontrer
soi-même et oser plonger jusqu’aux racines de notre Moi, ce qui est cette fois
le propre de la dialectique de la queue du Dragon qui est issue et libération.
Ainsi pour connaître le visage de notre Dragon, il n’est que d’examiner
avec la plus grande attention tout ce qui, dans un thème, se trouve pris dans
la ligne des nœuds, que ce soit une planète, un angle terrestre, une Lune noire
ou un Soleil noir. C’est là proprement le visage du Dragon.
Supposons qu’en un thème Mars soit conjoint à un nœud. Eh bien, le
visage du Dragon est un visage martien. Si c’est Vénus qui s’y trouve, ça n’est
pas mieux ! Le visage est vénusien, il faut s’en méfier encore plus. Si c’est
la Lune noire, le visage du Dragon se confond avec Lilith. Si c’est la pointe
de l’Ascendant, le visage du Dragon en ce cas c’est soi-même etc.
C’est ainsi qu’il convient de considérer la ligne du Dragon, comme le
lieu du combat à livrer avec la planète qui éventuellement se trouve prise par
conjonction ou aspect, mais surtout par conjonction avec la ligne des nœuds.
Et selon qu’elle participe au nœud nord ou au nœud sud, elle est
l’obstacle qu’il faut nécessairement affronter pour sortir de soi-même et aller
vers les autres, ou bien, entrer en soi et aller vers son âme.
Le Dragon, disais-je, est gardien d’un seuil. De telle sorte que l’on
peut considérer toute planète qui est prise dans la ligne des nœuds et comme
ainsi prise dans une porte, ou plus exactement, qu’elle est la porte elle-même
qui fait communiquer notre monde intérieur et le monde extérieur. Ainsi, il est
des portes de toutes formes et de toutes espèces et de toutes dimensions. Il
est des portes solaires, des portes lunaires, des portes mercuriennes, des portes
vénusiennes etc. Il en est de terribles et que garde Cerbère : ce sont les
portes plutoniennes, à la semblance de cette porte de l’enfer telle qu’Auguste
Rodin la sculptât.
Il en est encore qui ont le visage de l’amour, ce sont les portes
vénusiennes, mais elles ne sont pas les moins terribles. Il en est de hautes et
de spacieuses, ce sont celles que garde Jupiter, et il en est aussi d’étroites
et sombres que garde Saturne. Il en est qui sont haineuses, ce sont celles de
Mars, il en est d’autres qui débouchent sur le mystère ce sont celles de
Neptune. Il y en a de mortelles qui donnent sur les ténèbres et le néant, ce
sont celles du Soleil noir.
Bref, il y a des portes à la semblance de tous les astres. A chaque
porte est un Dragon, chaque porte se présente comme un carrefour.
Elle est comme le carrefour d’Œdipe, là où chacun doit rencontrer le
sphinx où il faut lutter, vaincre et passer ou alors se démettre et renoncer à
jamais à soi et au monde. Il est nécessaire de lutter et de passer, et dans cette
lutte avec le Dragon, il y a quatre solutions possibles.
- La première solution
c’est la victoire.
- La deuxième solution
c’est la défaite.
- La troisième solution
c’est une guerre perpétuelle.
- La quatrième solution
c’est une espèce de négociation amiable avec la planète qui garde le seuil. En
ce dernier cas, l’homme fait une sorte de pacte avec cette planète, et il évite
de la combattre, mais seulement, puisqu’il n’ose pas l’affronter, il la traîne
avec lui et il passe toute sa vie avec le Dragon sur le dos.
Différence entre les astres conjoints au nœud nord ou au nœud sud :
Différencions toutefois la planète située sur le nœud ascendant et la
planète située sur le nœud descendant.
La planète conjointe avec le nœud ascendant nous dira comment nous
débouchons sur le monde extérieur. La planète conjointe au nœud descendant nous
dira les raisons pour lesquelles nous rentrons en nous-même et en quel mode
nous le faisons.
Imaginons par exemple que dans un thème le nœud nord soit conjoint à
Pluton, nous en pouvons déduire que le natif débouche sur un monde extérieur
d’une essence plutonienne. Il débouche sur Pluton, c’est-à-dire sur un monde
mystérieux, angoissant, implacable, etc... donnez toute la terminologie de
Pluton avec ses forces d’impacts et ses faiblesses dramatiques, vous aurez la
traduction de cette porte.
Le nœud ascendant est conjoint à Mars, l’être débouche alors sur un
monde extérieur violent, agressif, de combat, de compétition, d’ennemis.
Avec Vénus il débouche sur l’amour, c’est-à-dire qu’il débouche sur la
tendresse, sur la beauté, sur le charme, etc.
Avec Uranus, il débouche sur le monde de la soudaineté, de l’inattendu,
de l’excentricité etc.
Le monde extérieur a donc ainsi autant de visages qu’il existe de
points sensibilisés dans un thème avec lesquels le nœud ascendant est
susceptible de se conjuguer.
Une mention spéciale est à faire en ce qui concerne la conjonction du
nœud ascendant avec la Lune. Que se passe t-il en ce cas ?
Je vous disais qu’avec le nœud ascendant l’être sort de son monde
lunaire pour rentrer dans le monde solaire, et voilà qu’il rencontre la Lune,
le monde lunaire. Il ne sort de son monde intime que pour retourner en ce monde
intime, toujours il veut sortir de lui et toujours c’est lui-même qu’il
retrouve. Il y a là un court-circuit, une espèce d’asphyxie terrible. C’est
tout le mythe de Narcisse qui se trouve exprimer là, un tel fait céleste peut
conduire, si le thème n’est pas structuré par ailleurs, jusqu’aux portes de la
folie.
A l’inverse, une planète conjointe au nœud descendant nous dira le
chemin du repli sur soi-même. Avec Vénus le repli se fera par et pour l’amour.
Avec Neptune, le retour sur soi-même passera à travers la vertu neptunienne :
la prière, la méditation. Avec Mars, l’être rentrera en lui à la suite de
conflits, de guerre avec autrui, c’est-à-dire, à la suite de problèmes
martiens.
Avec la Lune, il conviendra de noter une excellence de la plongée en
soi, elle sera doublement intime, doublement lunarisée puisqu’en sortant du
monde solaire pour rentrer dans le monde lunaire le natif va rencontrer la
Lune. Quelle merveilleuse barque pour l’emporter dans son monde intime !
C’est la barque des anciens égyptiens.
La descente dans son monde intérieur prendra autant de visages qu’il
existe de points sensibilisés dans un thème, avec lesquels le nœud descendant
est susceptible de se conjuguer.
Une mention spéciale est à faire dans le cas d’une conjonction du nœud
descendant avec le Soleil. Avec le nœud descendant, l’être veut sortir du monde
solaire pour opérer un retour sur lui-même et voilà qu’il retrouve le monde
solaire et qu’il est hors circuité de lui-même. Toujours il veut rentrer en
lui, toujours il veut se rencontrer et toujours ce sont les autres qu’il
trouve. C’est-à-dire que jamais il ne parvient à descendre en son âme, jamais
il ne parvient à se trouver car toujours il est projeté vers l’extérieur. Voilà
une difficulté.
Plus généralement, on peut considérer le nœud ascendant comme une mise
en lumière et le nœud descendant comme une mise à la nuit.
De telle sorte qu’avec la ligne des nœuds, l’être se trouve selon que
l’un ou l’autre des deux nœuds l’emporte, devant un choix à opérer entre la
lumière et la nuit, entre l’existence et l’essence, un choix entre matière et
énergie.
Il s’ensuit que lorsque dans un thème, l’accent est mis sur le nœud
ascendant, la matière prévaut sur l’essence. Tandis que lorsque dans un thème,
l’accent est mis sur le nœud descendant, c’est l’inverse qui se produit, le
natif passe du monde de la matière au monde de l’énergie.
N’oublions pas que ces deux propositions du destin ont l’une et l’autre
leur puissance, il ne s’agit pas de les juger. Car nous ne le ferions alors
qu’à travers la ligne de nos propres nœuds, ce qui n’aurait pas de sens, car ce
ne serait qu’une subjectivité négative.
La conquête du monde extérieur entreprise avec le nœud ascendant, est
une libération de son monde intérieur. Mais de son côté, la conquête du monde
intérieur, telle qu’elle est entreprise avec le nœud descendant, est une
libération des entraves du monde et des chaînes du karma.
Chacune de ces démarches a sa force et sa faiblesse.
Les nœuds lunaires avec les trois grands axes :
Outre l’examen des conjonctions éventuelles des planètes avec les nœuds
lunaires, la comparaison de l’axe des nœuds avec les trois autres grands axes
du thème est propre à verser une lumière supplémentaire sur la connaissance
d’une âme.
J’ai bien dit, des trois grands axes, car vous m’avez toujours entendu
parler des deux axes, à savoir, l’axe Ascendant/Descendant et l’axe du
Milieu-du-Ciel et du Fond-du-Ciel, mais maintenant on peut ajouter le troisième
axe qui est : L’axe Lilith/Priape.
Un certain nombre de cas peuvent se présenter, et nous allons les
examiner.
Position de la ligne des nœuds
par rapport à la ligne d’horizon.
a) Nœud
ascendant, conjoint à l’Ascendant.
C’est alors une puissance qui est accordé à l’être ou tout au moins une
tendance à la puissance. Ceci est compréhensible, puisqu’en ce cas
l’extraversion lui est facile. Elle est, en quelque sorte sa pente naturelle et
il passe aisément vers l’extérieur.
b) Nœud
descendant, conjoint à l’Ascendant.
Il s’ensuit ici une impossibilité d’extraversion de la personnalité,
l’être ne parvient plus à communiquer avec autrui et c’est l’asphyxie.
c) La ligne des
nœuds est en trigone et sextile avec la ligne d’horizon.
C’est là un beau facteur d’harmonie, c’est comme une sorte
d’accélérateur de personnalité. Il y a équilibre entre l’extraversion et
l’introversion.
d) La ligne des
nœuds est en double quadrature, avec la ligne d’horizon.
C’est là l’indication d’une difficulté, l’être se manifeste
inopportunément. Il agit par exemple au mauvais moment, ou bien, il se retire
au moment où de toutes évidences il lui faudrait se manifester et
s’extravertir. Une telle particularité thématique, à dire le vrai, apparaît
comme un frein de la personnalité.
Position de la ligne des nœuds
par rapport au Méridien.
a) Le nœud
ascendant est conjoint au Milieu-du-Ciel.
C’est l’indication d’une réussite facile, d’une émergence sociale
facilitée, d’une ascension rapide. L’accent est mis sur l’œuvre.
b) Le nœud
descendant est conjoint au Milieu-du-Ciel.
C’est l’indication d’une réussite qui est rendue extrêmement difficile.
L’être ne parvient pas à exercer sa profession. Sans doute, se montre-t-il trop
introverti pour parvenir à sortir de lui-même dans un contexte social. En ce
cas, l’accent est mis sur l’être.
c) La ligne des
nœuds est en trigone et sextile avec l’axe du méridien.
C’est le signe d’un beau et facile destin social, l’être est pondéré
dans son extraversion et son introversion. Il s’adapte aisément.
d) La ligne des
nœuds est au double carré de la ligne du méridien.
Le destin social est rendu difficile, il se fait mal. L’être n’arrive
pas à trouver ses chances.
Examinons la position de la ligne des nœuds par rapport à l’axe
Lilith/Priape.
La conjonction de ces deux axes ou leur trigone mutuel, permet à l’être
une sortie facile vers l’extérieur.
Au contraire, une quadrature ou une opposition : par exemple le nœud
ascendant étant sur Priape et le nœud descendant sur Lilith, ce qui représente
bien une opposition. Cela est l’indication d’une tendance à vivre dans son
monde intérieur. Il y a une inadaptation foncière sous une adaptation
apparente. C’est-à-dire que vu du dehors, l’être paraîtra à l’aise, mais en
fait, pour peu qu’on l’examine plus profondément on s’aperçoit qu’il n’habite
pas sa vie.
Conclusion :
Enfin, d’une manière générale, si l’on apprécie astronomiquement, les
différences qui existent entre les nœuds de la Lune, la Lune noire et le Soleil
noir, on entre dans une dialectique, qui sur le plan de l’interprétation
éclairera plus encore notre propos et nous permettra de conclure.
Les nœuds de la lune, parce qu’ils sont une relation entre
le Soleil et la Lune (en effet, ils sont les deux points d’intersection des
deux plans soli-lunaire) prennent de ce fait dans l’interprétation un caractère
d’organe de liaison entre l’astre du jour (Soleil) et l’astre de la nuit
(Lune). Ils se présentent donc dans le thème comme une sorte de sas qui permet
le passage du monde lunaire au monde solaire et vice versa.
De son côté la Lune noire, dans la mesure où elle est une
relation entre la Terre et la Lune (elle appartient en effet au système
ellipsoïdal Terre/Lune) prend donc, dans l’interprétation le sens d’organe de
liaison entre notre monde terrestre et l’astre de nos nuits (la Lune). Elle est
en quelque sorte le sas qui permet de passer de la réalité au rêve et vice
versa.
Enfin, c’est parce que le Soleil noir se présente comme une relation
Soli-terrienne (il appartient en effet, au système de l’ellipse de la Terre au
Soleil) qu’il figure au niveau de l’interprétation, comme un organe de liaison
entre les influences symboliques de la Terre et les influences symboliques du
Soleil que nous lui avons vu prendre.
Mais quels que soient ces trois points fictifs que sont : les nœuds
lunaires, la Lune Noire ou le Soleil Noir, ils ont tous pour effet de porter
notre âme vers les problèmes de l’invisible, de l’élever et de la faire entrer
en une métaphysique.
Les nœuds lunaires selon l’astrologie indienne :
En astrologie indienne le Nœud Nord ou la tête du Dragon est dénommée Rahu
et la Queue du Dragon ou le Nœud Sud, Kethu.
Chez les Indiens, les Nœuds sont considérés à part entière comme des
planètes.
Le Nœud Nord, Rahu, a une action bienfaisante, il
augmente ce qu’il touche. Conjoint à des bénéfiques, il augmente leur bonté et
conjoint à des maléfiques, il augmente leur malice. Il est bon avec les
bénéfiques et mauvais avec les maléfiques.
Le Nœud Sud, Kethu, réduit et brûle ce qu’il touche.
Conjoint à des bénéfiques, il réduit leur bonté et conjoint à des maléfiques,
il diminue leur malice. D’une certaine façon, ses effets sont favorables avec
les maléfiques et nuisibles avec les bénéfiques.
Ainsi, l’astrologie indienne considère les Nœuds lunaires comme
l’astrologie traditionnelle.
Les nœuds lunaires en cosmobiologie :
L’école allemande des mi-points, considère les nœuds lunaires comme un
facteur thématique au même titre que les planètes et ils ne font pas de
différence entre le nœud ascendant et le nœud descendant, puisque, du fait de
leur opposition, ils forment un axe.
Quant à leur interprétation, elle découle selon eux, naturellement du
nom même de ce facteur : nœud. Or, un nœud sert à “nouer” des
liens.
C’est pourquoi, en cosmobiologie, les nœuds symbolisent toutes les
“relations” qui peuvent être nouées : Familiales, affectives, sociales,
professionnelles, amicales, etc.
Réflexions sur les nœuds lunaires :
Après avoir exposé ce que représentent les nœuds en astrologie et leur
symbolisme selon la tradition, on peut
se poser la question suivante :
Quelle connaissance possède-t-on réellement de ce facteur astronomique
dans la sphère de la pratique astrologique ?
Si je disais laconiquement “rien”, je vexerais beaucoup de personnes
qui travaillent sur ou avec cette donnée.
Il n’en est pas moins vrai que nous ne savons pas grand-chose, de bien
établi surtout, en cette matière. Pour ma part, je pèche par complète ignorance
et qu’on ne croit pas que ce soit par parti pris : ce n’est que par
insuffisance. On a beau consacrer sa vie à l’astrologie ; il y a tellement à
faire qu’on ne saurait valablement se consacrer à tout, de sorte qu’il y a des
préférences marquées pour tel ou tel sujet. Et ce n’est pas parce que je n’ai
pas pu me consacrer à la recherche en matière de nœuds lunaires que j’en
éprouve en soi quelque réticence.
Cela entendu, il n’est pas inutile de commencer par préciser ce que
nous transmet la tradition à ce sujet.
La tradition :
Ptolémée n’est pas loquace. La mention des nœuds lunaires ne figure
même pas parmi les pièces constitutives de l’astrologie exposées au Livre
premier de sa Tétrabible. Elle
n’apparaît qu’à deux reprises, juste ce qu’il faut pour pouvoir s’en faire une
certaine idée. Livrons ces deux citations :
“De plus, si les Luminaires
succèdent aux Maléfiques tenant les Angles ou que les Maléfiques soient opposés
aux Luminaires, surtout si la Lune est dans les nœuds et dans les signes
difformes comme le Bélier, le Taureau, l’Ecrevisse, le Scorpion et le
Capricorne, cela fait des bossus, mutilés, boiteux ou paralytiques”. (Livre III chapitre 17 “Des vices et maladies du corps”).
“Dans les nœuds, elle (la Lune)
aiguise l’esprit et aide à la promptitude de l’invention, à l’industrie et fait
les hommes plus adroits”.
(Livre III chapitre 18 “De l’âme”).
Cela revient à dire qu’il n’y a là que deux notes occasionnelles
situant l’importance secondaire du phénomène, lequel est considéré uniquement
par rapport à la Lune elle-même et seulement dans le phénomène de conjonction.
En outre, du fait que dans la première note il y a aggravation d’un mal (“surtout...”) dans une dissonance
lunaire, et, dans la seconde, accentuation de qualité dans une configuration
lunaire neutre, le facteur des nœuds est considéré comme un élément
d’intensification de la donnée lunaire qui s’en trouve comme soulignée, sans
qualification particulière. Enfin, il n’est nulle question de différenciation
des deux pôles de l’axe des nœuds.
C’est tout. Mais il n’est pas interdit d’y regarder de plus près. Ainsi
au chapitre III du livre II consacré à l’astrologie mondiale, Ptolémée déclare
: “La première et plus puissante cause de
tels événements (mondiaux) est la conjonction du Soleil et de la Lune dans les
Eclipses, avec les passages des Planètes en ce même temps”. Or, n’est-ce
pas sous la conjonction des nœuds qu’arrive “le
défaut du luminaire” ?
Dans la circonstance particulière de l’éclipse, phénomène hautement
considéré, ce facteur astronomique revêt donc une exceptionnelle importance ;
seulement là toutefois.
Visiblement, Ptolémée refuse de donner dans la cosmogonie-cosmologie
chaldéenne dont un Démiurge place, parmi les signes et les planètes, un grand Dragon
orienté la tête au nœud ascendant et la queue au nœud descendant. Nous n’avons
que des débris, qu’une caricature de cette vision chaldéenne évoquée par A.
Bouché-Leclercq :
“Pour les Gnostiques (...) le
Dragon était un monstre qui surveillait de là-haut l’univers entier, et au
levant et au couchant. De là l’idée d’allonger sa tête jusqu’à l’Orient, sa
queue jusqu’à l’Occident. Ce furent probablement les fabricants d’oracles
chaldéens - des contemporains de Ptolémée - qui se chargèrent de mettre dans
cette posture le grand Dragon que le démiurge créa même avant les signes du
Zodiaque et les Planètes. Comment et pourquoi la tête du Dragon fut-elle
assimilée au nœud ascendant de l’orbite lunaire, supposé à l’Orient, et la
queue au nœud descendant, nous ne sommes pas obligés de le savoir. Une raison
qui se présente d’elle-même, c’est que tous les peuples primitifs croient la
Lune avalée par un Dragon quand elle s’éclipse...”
Peu après Ptolémée, Tertullien parle déjà de l’influence que les
astrologues attribuent à cet axe dragonnique ; les grecs du Bas-Empire puis les
Arabes en feront grand état, à titre de lieux d’abord, influant sur les
planètes, puis à titre d’entités planétaires, ayant aussi leurs spécificités
propres. Le Caput Draconis (nœud Nord) sera rangé dans une catégorie
masculine puis assimilé à une planète masculine ; la Cauda Draconis (nœud Sud) appartiendra au type féminin puis sera
traitée comme une planète féminine.
Au Xe siècle l’Astrologue Al-Biruni écrit : “Nombre d’astrologues accordent une nature précise aux nœuds,
l’ascendant et le descendant, de la Lune, en disant que le premier est chaud et
Bénéfique et montre l’augmentation de toutes choses, alors que l’autre est
froid, Maléfique, et s’accompagne d’une diminution de toutes influences. On
raconte que les Babyloniens affirmaient que le nœud ascendant augmentait les
effets des planètes, les Bénéfiques comme les Maléfiques, mais ces affirmations
ne font pas l’unanimité, car l’analogie semble plutôt tirée par les cheveux.” (Le
Livre de l’Instruction en les Eléments de l’Art de l’Astrologie)
Au XIIIe Siècle Guido Bonatus, dans son Liber Astronomiae : “la
Tête du Dragon est une Bénéfique naturelle, (…) elle est de la nature de
Jupiter et Vénus, et c’est pour cela, qu’elle a le pouvoir d’augmenter et de
signifier les choses qui subissent une augmentation, on veut parler des
dignités, de la richesse, de la splendeur et de la bonne fortune. (…) la Queue
du Dragon est mauvaise par nature, et est de la nature féminine, composée de
celle de Saturne et Mars. Et elle a le pouvoir de signifier la diminution, et
la mise à l’écart, c’est-à-dire la chute et la pauvreté, et la diminution de
tous les biens et de toute chance.” (Liber Astronomiae Tractatus
Quartus Cap. VIII)
De son côté, Antoine de Villon dans son ouvrage “l’Usage des Ephémérides” (Paris 1624) en donne une des meilleures
illustrations. Or, cet auteur, outre qu’il précise en marge que le nœud Nord
est exalté en Gémeaux et en chute en Sagittaire, et inversement du nœud Sud, ne
consacre que deux pages de sa copieuse œuvre à la question, excellent résumé du
bagage traditionnel :
“Le chemin donc ou la section
par laquelle les planètes coupent et traversent l’écliptique passent du côté du
septentrion (nord), s’appelle nœud ascendant ou tête du dragon, et se décrit en
cette sorte < : le
chemin au contraire ou la section par
laquelle traversant l’écliptique passent du côté du midi, s’appelle nœud
descendant ou queue du dragon, et se forme en cette manière >. Les
demi-cercles qui depuis l’un et l’autre des nœuds penchent de côté et d’autre
au respect de l’écliptique, sont appelés bornes, extrémité, ou ventre du dragon
: à savoir celui qui penche du côté du septentrion ventre boréal et celui qui
tourne du côté du midi, austral. Ces nœuds font leur mouvement sous le Zodiaque
dans un certain temps déterminé, car ceux de la Lune avancent tous les jours
contre l’ordre des signes de 3 minutes et quelques secondes, et sont d’une très
notable force au respect de ceux des autres planètes, à cause de la grande
vertu que ces lieux reçoivent de la Lune, sur toutes les autres parties du
Zodiaque. D’où vient que la tête du
dragon est de même nature que les deux fortunes Jupiter et Vénus, et augmente
la force des planètes avec lesquelles elle se conjoint ; tellement qu’avec les
bons elle est bonne et fortunée, et avec les mauvais très pernicieuse. La queue
du dragon au contraire est de la nature des infortunes Saturne et Mars, car
elle préjudicie grandement et diminue la force des planètes avec lesquelles
elle se conjoint, puisque avec les bons il est mauvais et avec les mauvais
salutaire”.
En fin de compte n’est guère retenu qu’un aspect du phénomène dans sa
bipolarité : la valeur “bénéfique” du
nœud Nord parce qu’ascendant et la valeur “maléfique”
du nœud Sud puisque descendant.
Et les modernes :
De nos jours, il y a une génération d’anciens qui ont adopté les nœuds
en confiance, dans la foulée de tout ce que la tradition a fait passer, ne
craignant pas d’aller jusqu’à marquer leurs aspects avec tous les autres points
du thème, quitte à ne pas en tirer grand-chose. En marge, certains ne marquent
ces nœuds qu’en cas d’éclipse solaire ou lunaire, voire lorsqu’ils sont en
conjonction d’une planète, y voyant un indice valorisateur en vérification ou
déjà établi. D’autres se font d’eux une idée personnelle qui va parfois jusqu’à
l’aberration du “dada”. Enfin, depuis les années soixante, il y a, derrière la
paternité de Jean Carteret, une génération de jeunes pour qui cet axe du Dragon
est un facteur fondamental du thème. Facteur assimilé à une situation donnée,
celle d’un passage, d’un seuil à franchir, la tête étant la barrière à laquelle
on se bute, un mur infranchi, un blocage, un arrêt..., la queue, une porte
entrouverte, une facilité à exploiter... C’est cette pensée que j’ai exposée
plus haut.
Qui a raison ? Qui a tort ? Que sait-on en fin de compte ? C’est là
qu’est la véritable question et aborder un tel sujet comme étude ne peut
aboutir qu’à un appel au travail.
Henri Selva a été beaucoup plus radical sur la question. En effet, en
1930, lors d’une réunion à la Société Astrologique de France qui portait sur la
question des nœuds de la Lune, celui-ci déclara : “Là où il n’y a rien,
il ne peut y avoir d’influence” Certes, à cette époque, la Lune Noire
n’était pas encore connue, mais on devine aisément quelle aurait été sa
position sur ce sujet…
Ne soyons pas sectaire comme Henri Selva et ne passons pas à l’autre
extrême comme le font de nos jours certains naïfs qui de divagation en
divagation voient à travers ces points des résonances “karmiques”…
Au contraire, essayons d’édifier une technique de recherche, afin de
voir si les nœuds ont une réelle influence ou non.
Repartir à zéro :
A priori,
il est logique d’admettre que l’influence ou le facteur lunaire est plus
sensible ou plus fort lors du passage de la Lune à la ligne des nœuds, allant
de la latitude australe à la latitude boréale, ou inversement, car sa latitude
est alors nulle ou faible ; surtout comparativement au temps où elle se trouve
à sa latitude extrême + ou - 5°. Car, dans la conception synthétique d’un
phénomène astrologique qui est l’expression du système solaire, tout passe par
le Soleil, donc par la voie solaire qu’est l’écliptique.
Mais il n’y a pas lieu de faire exception avec la Lune ; les planètes
sont logées à la même enseigne. On sait que le mouvement de leurs nœuds est
insignifiant : moins d’un degré par siècle. Voici le tableau du nœud Nord de
chaque planète pour le XXe siècle :
Mercure
: 17° Taureau,
Vénus
: 16° Gémeaux
Mars : 19° Taureau,
Jupiter : 9° Cancer,
Saturne
: 23° Cancer,
Uranus
: 13° Gémeaux,
Neptune
: 11° Lion,
Pluton
: 19° Cancer.
Ce qui se conçoit, théoriquement, pour notre satellite doit se
concevoir pour chaque planète. A savoir, par exemple, que la tendance martienne
devrait être, en soi, plus prononcée lorsque Mars est autour du 19° du Taureau
et du 19° du Scorpion. Mais encore faut-il le vérifier.
Frédéric Muscat
Excellent je partage merci Frederic
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerEt que penses-tu d'une planète en carré aux noeuds, elle serait similaire au carré de l'axe Ascendant /Descendant que tu évoque dans ton article ? ?, merci encore Frédéric pour ce laborieux travail sur les noeuds lunaires
RépondreSupprimerJ'ai été conquis par ce travail.
RépondreSupprimerBien qu'il ne m'annonce rien de bon : j'ai Uranus conjoint Nœud Sud. Et la quasi-totalité des planètes et le milieu du Ciel concentrées autour de ce Nœud Sud.
Mais bon, merci de la démarche