Tout le monde s’accorde à dire
que Sigmund Freud est l’inventeur de l’inconscient. Dans une de mes lectures,
je suis tombé sur un personnage du XVIIe siècle du nom de Bernard de Mandeville
(1670-1733), lequel n’a pas été sans m’émouvoir.
Bernard
de Mandeville (1670-1733)
En effet, qui est Bernard de
Mandeville ? C’est écrivain Néerlandais, d’origine française qui a vu le jour
le 15 novembre 1670 à Rotterdam. Après avoir étudié la philosophie et
la médecine à
l’Université de Leyde, Bernard Mandeville devient
docteur en médecine en 1691,
et s’installe en 1693 en Angleterre pour le reste de sa vie. Il sera très influencé par le théologien Pierre
Nicole et les philosophes Pierre Bayle et Blaise Pascal.
Son intérêt pour la chair vient
de la chose médicale dont il a fait sa profession. Il est médecin et donc il
examine les corps. Mais, de surcroît, il est, comme on dit alors « médecin
des âmes ». Logique, puisque souvent, lorsque les corps souffrent, les
âmes en sont la cause. Il fera donc l’hypothèse révolutionnaire qu’une grande
partie de ces souffrances résultent de l’emprisonnement de corps concupiscents dans
des carcans moraux édictés par des récits tenus pour édifiants. Et fort de
cette hypothèse, il constatera que faire parler les hystériques, les hypocondriaques
et autres maniaques, pour leur faire dire tout ce qu’ils n’osent pas énoncer et
bien d’autres choses encore, les aide et remet leurs symptômes aussi bien que
la confession absolvait autrefois les pêchés. Mandeville parvient donc à la
conclusion qu’on peut libérer individuellement les malheureux enchaînés dans
les camisoles morales dissimulées dans les grands récits.
Comme l’homme est intelligent, il
poursuit son raisonnement. A savoir que si l’on peut libérer les patients individuellement, ne
pourrait-on pas envisager de les libérer collectivement ? Fort de cette
intuition, il se risque à écrire une fable, La
fable des abeilles. Avec brio, il parvient à la conclusion que la libération
des passions concupiscentes entraîne l’opulence dans la Cité alors que le
bridage de ces passions amène la misère et la décadence de la Cité.
Certes, sociologiquement la finalité est discutable, puisque cette œuvre
lui vaut encore aujourd’hui de passer pour l’apôtre du libéralisme le plus cynique,
mais il n’en demeure pas moins qu’il a mis le doigt sur ce que Sigmund Freud nommera,
deux siècles plus tard, « l’inconscient ».
Frédéric MUSCAT
Bravo Frédéric pour cette découverte
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